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 1827. 
 Août. 
 II  n’en  est  pourtant  résulté  que des  grains  légers  et  
 suivis  d’un  calme  presque  complet durant  la nuit entière  
 ;  aussi notre  navigation n’offre-t-elle guère d’autres  
 désagrémens que les  inquiétudes assez naturelles  
 produites  par  Faction  de  courans  violens  et  la proximité  
 dç côtes  jusqu’alors  inconnues. 
 Les observations de la journée nous  ont appris que  
 le  courant n’avait  pas  été de moins  de  cinquante-huit  
 milles  à  l’ouest  dans  les  quarante-huit  heures  écoulées. 
   Heureusement  jusqu’à  présent,  chaque matin  
 nous  avons  régulièrement  revu  les  points  quittés  la  
 veille  au  soir,  ce  qui  nous  empêche  de  laisser ni  lacune  
 ni  indécision dans notre  exploration. 
 Les calmes de la nuit ont fait place, au point du jour,  
 à de petites  fraîcheurs  de  S. O .  et S.  S.  O .,  qui nous  
 ont permis  de ranger la côte  à  deux  lieues  au  plus de  
 distance.  Après  avoir  dépassé  l’entrée  d’une  rivière  ,  
 à midi,  nous  sommes restés quelque  temps  en calme,  
 devant une plage agréable, couverte de beaux ombrages  
 et  de  nombreux bouquets  de  cocotiers.  A  trois  
 lieues  à  l’intérieur,  le  mont  Eyriès  élève  son double  
 piton  au-dessus  des  nuages.  Plusieurs  pirogues  se  
 promènent  le  long  du rivage ,  mais  aucune  ne témoigne  
 l’envie de  venir à nous. 
 Livrés  au  calme  le  plus  parfait,  nous  sommes  
 néanmoins  entraînés  à l’ouest par le courant qui nous  
 porte  à  moins  d’une  demi-lieue  de  terre.  Déjà  Feau  
 décolorée m’annonce le fond,  et  la  sonde accuse effectivement  
 cinquante  brasses.  Vainement je veux  profiter  
 de  quelques  risées  folles  et  impuissantes  du N. 
 N.  O.  au  N.  N.  E .,  pour  écarter  la  côte;  mes  manoeuvres  
 n’aboutissent  qu’à me jeter  de  plus en plus  
 vers  la  te rre,  et déjà  je  crains  d’être réduit  à  la  nécessité  
 de  laisser  tomber  une  grosse  ancre  en  pleine  
 côte,  ce  que  je  voudrais  éviter  à tout prix. 
 En  outre,  vers  cinq  heures,  les  naturels  qui  
 nous  observaient  depuis  long-temps,  et  qui  s’étaient  
 sans  doute  consultés  sur  ce  qu’ils devaient  faire,  jugèrent  
 probablement  l’instant  favorable  pour  faire  
 main-basse  sur  la  grosse  pirogue  qui  venait  flotter si  
 près de leurs côtes.  Ils s’embarquèrent dans une vingtaine  
 de pirogues qui portaient chacune de trois à huit  
 hommes, et s’avancèrent vers nous  de toute la vitesse  
 de  leurs  pagaies.  Ils  étaient  armés  d’arcs  et  de  flèches  
 ,  et  n’apportaient  absolument rien  autre  chose ;  
 aussi je n’eus  pas  le moindre  doute  sur  la  nature  de  
 leurs  intentions,  et je m’apprêtai à les repousser. Arrivés  
 près de la corvette,  ils  s’avancèrent avec circonspection  
 ,  et s’arrêtèrent à la distance d’une demi-encâblure  
 pour  s’entr’attendre.  En même  temps  ils  nous  
 firent long-temps des signes pour nous  engager à aller  
 à  terre,  en  criant et discourant  à haute  voix  les  uns 
 avec les autres. 
 Je les  laissai  faire,  décidé  à ne point  les  effrayer,  
 s’ils  se montraient  bien  disposés ,  mais  en  ayant  soin  
 de me  tenir  sur  mes  gardes.  Je  leur  adressai  même  
 quelques démonstrations amicales qui ne produisirent  
 aucun  effet.  Au  bout  d’un  quart  d’heure,  ennuyés  
 sans doute de voir que je ne conduisais point le navire  
 à terre suivant leurs  désirs, un des  sauvages  de  la pi- 
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