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 des  Eu rop é en s   auprès  de  lu i  p o u r   le  se rv ir ,  à  l ’imitation  de  
 P a lo u ,  qui  a  plusieurs  A n g la is   sous  sa  dépendance. 
 Auss itô t  le  grand  cano t  fut  armé  sous  le  commandement  de  
 M M .  Gressien  et  Pâ ris .  P o u v a n t  être  u tile   comme  soldat  et  
 comme  m éd e c in ,  et  d’ailleurs   aimant  to u t  ee  qui  est  d ram 
 a tiq u e ,  je   me  jo ignis   à  ces  messieurs.  Nous  nous  mettons  
 à  l ’eau  auprès  de  l ’île  Onéata  ,  cher ch an t  à  nous  emparer  
 de  quelques   naturels  et  à  d é liv re r   ceux  de  nos  hommes  que  
 nous  p ourron s   rencontrer.  Nous  sommes  b ien tôt  rejoints  
 p a r   M M .  D u d em a in e ,  J a con  et  C a n n a c ;  le   p rem ie r ,  après  
 a v o ir   couch é   cb ez  son  am i,  av a it  été  désarmé  par  lu i ;   le   second  
 ,  ch a rgé  de  l’observation  des  m a ré e s ,  av a it  été  entiè re ment  
 dép o u illé  p a r   les  in sula ires ;  le   troisième  faisait partie  du  
 can o t  commandé  p ar M .  F a ra gu e t  :  il  fut  également  d évalisé;  
 mais  comme  il  se  lamentait  b e a u c o u p ,  Tahofa  lu i  p ermit  de  
 revenir. 
 Nous  poursuivons   les  naturels  jusqu’auprès  du v illa g e   d’O -   
 lé v a ,  qui  ap p artient  à  la  mère  de  Touï-T onga,  L à ,   M .  G re s -   
 sicn  et m o i ,  qui  étions  en  a v a n t ,  nous  vîmes  de  très-près  le   
 matahoulai de  T a h o fa ,  bomme  in t r é p id e ,  digne  p a r   sa  b r a v 
 ou re   et scs nombreux  exploits d’être  le  lieutenant du Napoléon  
 de T o n g a -T a b o u   ;  les  siens le  nommaient K o u liv a ïlé ;   et  on  le  
 désignait à   b o rd   de  l ’Astrolabe  p ar  un  nom  injurieux   re la tif  à  
 certaines  fonctions  q u ’on  lu i av a it vu remplir.  Je m’av ançai seul  
 v ers Koulivdilé p ou r  le désarmer,  en  lu i disant  ;  Ihaï maté maté  
 ( je   ne  te  tuerai  p a s ) ;   mais  i l   p r it  la   fu ite ,  après  m’ av o ir   
 attendu  quelques  instans.  P en d an t  que  M .  Gressien  suiv ait  la  
 c ô t e ,  je   pénétra i  dans  l ’in té r ie u r ,  à  la   tête  de  h u it  à  dix  
 h ommes ,  dans  l’intention  de  co u p e r   la  retraite  à  nos  ennemis  
 ,  que  nous  p oursuivîmes  quelques  instans sans  p o u v o ir   les  
 atteindre. 
 S u r   ces  entre faites,  a r r iv ent M M .  G u ilb e r t ,  Samson  et Bertran 
 d ,  ap p or tan t  l ’o rd re ,  donné  p a r  le  commandant,  d’in c en dier  
 les  maisons des  îles voisines ;  ce  qui  fut  aussitôt  exécuté  : 
 toutes  les  cabanes des  îles  Onéata  ,  Manima et P a n gaï-Modou  
 de v in ren t  promptement  la  p ro ie   des  flammes. 
 Dès  que  cet  incendie  fut  te rm in é ,  nous  revenons  à  b o rd ;  
 e t ,   sans  a v o ir  eu le   temps de  p rendre  aucune  espèce  d’aliment,  
 nous  partons  de  nouveau  p o u r   une  expédition  p lus   im p o r ta 
 n te ,  dirig é e   contre  T o n g a -T a b o u ,  et  commandée  p ar  
 M M .  Gressien  et  G u ilb e r t.  Nous  débarquons  près  ÿO lé v a ,  au  
 nombre  de  d ix -n eu f;  M .  Pâ r is   reste  avec  c in q   hommes  dans  
 le  grand  c a n o t ,  q u i  devait  suivre et  p rotéger  nos mouvemens.  
 B ien tô t un vaste incendie a  consumé le  v illa g e  SO lé v a  et toutes  
 les  p iro gues   qui  l’entourent. 
 Immédiatement  a p rè s ,  nous  nous  dirigeons  vers  le   v illa g e   
 sacré,  nommé M a fa n g a ,  qui  con tien t les tombeaux des chefs et  
 les temples  dédiés aux   esprits  :  c’est le   sanctuaire de  toute  l ’î l e ,  
 q u i  est elle-même  un  lieu   s a c r é ,  comme  son nom  l ’in d iqu e .  Jam 
 a is ,  dans aucune  g u e r r e ,  ce  sanctuaire n’a été  souillé  p ar  les  
 combats.  Notre  p ha lan ge  de  d ix -n e u f marche  en  co lon n e  s e r rée  
 le  lo n g   de  la  grève ;  quatre  h om m e s ,  à  la  tête  desquels est  
 M .  G u ilb e r t,  suivent un  sentier voisin  p o u r   v o ir   si,  dans  cette  
 direction  ,  ils ne  d é co u v r iron t  p o in t  de n a tu re ls :  l’ordre  bien  
 p o s itif  est  donné  de  ra llie r   le   gros de  la   t ro u p e ,  s’ils  v iennent  
 à  faire feu.  B ien tô t  nous  entendons  un  coup   de  fu s il,  des  cris  
 tumultueux   et  le   ca p o ra l  ap p elan t au  secours.  Ce  malheureux  
 R ic h a rd ,  après a v o ir   fait  feu  sur  un  n a tu r e l,  ne  p ut  modérer  
 son  impétuosité  ;  i l   ch a rgea  la   ba ïonnette  en  a v a n t ,  et  il  ne  
 tarda  pas  à  être  entouré  et  p ercé  de  coup s .  M .  G u ilb e r t  demande  
 du  secours ;  j ’ar rive  aussitôt  auprès  de  R ich a rd   :  ils  
 étaient  huit  contre  moi-,  ils m ’ont  assas siné,  furen t  ses  premières  
 paroles.  V o y an t  qu’i l  éta it  blessé mor te llemen t,  je  dis  a  
 V ig n a le   et  à  R e y   de  le   p o r te r  dans le   c a n o t ,  où  je   ne  crus  pas  
 de v o ir   l ’a c com p a gn e r ,  ma  p ré s en c e ,  dans  ce moment  si  cr itiq 
 u e ,  me  paraissant  plus  u tile   au  feu  comme  so ldat  qu’auprès 
 du blessé  comme  médecin. 
 Plu sieu rs   centaines  de  naturels  armés  de  fusils  et  de  casse-  
 têtes,  défendent  vigoureusement  les  ap p roches  de M a fa n g a. 
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