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 tiennent  toujours  à  leurs  postes  dans les fossés et  lés  
 retranchemens,  bien  qu’ils  se montrent rarement. 
 Sur les  neuf hetires  et demie,  une  pirogue  a paru  
 près de la plage entre Mafanga et Nioukou-Lafa;  trois  
 Anglais  semblaient  vouloir  la  tramer  du  côté de Mafanga. 
   Contrariés  par la force  du  vent,  ils  l’ont enfin  
 abandonnée,  et se  sont  retirés  avec  un groupe de naturels  
 sur Nioukou-Lafa. 
 Le  vent  a  continué  à  souffler  avec  beaucoup  de  
 force  à l’E.  S.  E . ,  accompagné de violentes rafales  et  
 d’une pluie continuelle. Le mauvais temps nous  a em-  
 pêcbés de recommencer la canonnade. 
 A trois  heures  après midi une  petite pirogue, conduite  
 par Martineng,  a débordé de la plage vis-à-vis de  
 Slafanga ;  comme ce marin  ne  pouvait seul gouverner  
 l’embarcation ,  un naturel  lui â  prêté la main jusqu’à  
 une  certaine distance  de  terre ;  puis  il  s’est  jeté  à  la  
 nage et  a laissé Martineng  seul venir à bord. 
 Ce matelot a déclaré  qu’il  était  envoyé  au  nom  de  
 Tahofa  pour  m’annoncer  que  tous  les  hommes  de  
 r  Astrolabe  allaient  m’être  renvoyés  incessamment,  
 pourvu que je promisse  de ne plus tirer sur Mafanga.  
 Martineng  nous  a  appris  que  cette  décision  n’a  été  
 prise  que  la  nuit  dernière,  après  de  longues  et  fréquentes  
 conférences entre les chefs où  les prisonniers  
 ont été successivement amenés et interrogés. Du reste  
 les naturels ne leur avaient  fait  aucun  mal.  Les meilleurs  
 guerriers  de  l’île,  au nombre de  trois mille ,  se  
 trouvaient en  ce moment  rassemblés  à  Mafanga avec 
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 d’immenses provisions de flèches, de lances,  de casse-  
 têtes  et  même  de  fusils.  Les  naturels  avaient  creusé  
 une quantité de fossés et  de chausse-trapes  en travers  
 de la place,  et avaient  abattu  une  foule de  cocotiers,  
 de bananiers  et  d’autres  arbres  pour  former  des  barricades  
 sur les divers points de Mafanga.  Il paraît que  
 notre  artillerie  aurait  fait  peu  de  mal  aux  naturels,  
 et Martineng n’a eu connaissance que d’un seul homme  
 tué  avant-hier  par  le coup  de  canon  de  retraite  tiré  à  
 mitraille. 
 Comme Martineng  était  un  des  hommes  dont  les  
 intentions  m’étaient  le  plus  suspectes,  je  ne  voulus  
 point  le  laisser  communiquer avec  le  reste  de  l’équipage  
 dans la crainte que  ses rapports ne produisissent  
 un mauvais effet  sur  l’esprit de  ses  camarades.  Je ne  
 lui donnai que  le  temps de prendre un verre  de vin  et  
 une poignée de  tabac,  puis je  le fis  reconduire  sur-le-  
 champ  à  terre  avec  la  pirogue,  après  lui  avoir dicté  
 ma  réponse  à  Tahofa.  C’était  de  déclarer  simplement  
 à ce chef que  du  moment  où  les  prisonniers  seraient  
 rendus  à leur bord ,  toute  hostilité cesserait de  
 notre  part,  et que je  quitterais  même  l’île  sans délai. 
 A peine Martineng eut-il mis  les pieds  à te rre,  qu’il  
 fut  entouré  de  naturels  qui  semblaient  l’interroger  
 avidement  sur  le  résultat  de  son  message,  et  qui  le  
 conduisirent  devant  Tahofa.  A  quatre  heures  et  demie  
 ,  il reparut au bord de la mer,  et s’avança jusqu’au  
 récif  ;  de là ,  il  annonça  au  grand  canot qui  avait  été  
 envoyé  au  devant de lu i,  que  Simonet  et  Reboul  se  
 trouvant pour  le moment absens de Mafanga , Tahofa 
 1827. 
 M a i.