
 
        
         
		robes  étaient  de  soie  b ro ebée c t  b rodée d’o r ,  et  garnies  de  dia-  
 inans  de  p r ix .  Beaucoup   de  ces  p ierres  précieuses  appartenaient  
 a  la fam ille ,  le   plus gran d  nombre éta it seulement p rêté. 
 L e   jeu n e   bomme  so rtit  le   premier de  son  p a la n q u in ,  o u v r it  
 ce lu i  de  sa  fem m e ,  vo ilé e   d’une  gaze  b leu e   et  le  fron t  ce int  
 d une tr ip le   co u ron n e  de  diamans.  I l   la conduisit  dans  l ’ap p artement  
 du  l i t ,   avec  une  len teu r  in con c e vab le .  E l le   ne  faisait  
 que  deux  pas  p a r  minute.  T o u te s   les  p a r ticu la r ité s   de  la   cé rémonie  
 se  passèrent  de  la même  m an iè re ,  ce  q u i  était  vraiment  
 désespérant  p o u r   n o u s ,  ca r   la  curiosité  nous  fo rça it  à  nous  
 ten ir ,  p a r  une température aussi é le v é e ,  dans u n e   chambre p a r faitement  
 c lo s e ,  remplie  d ’au tan t de personnes  q u ’elle  p ou v a it  
 en  co n ten ir ,  et  où  b rû la ien t  des  torches  et un  g ran d   nombre  
 de bo u g ie s   et  de  parfums.  Je  crois  que  nous  n ’eûmes  jamais  à  
 supp o rte r  une  ch a leu r   aussi  ac cab lan te .  Que  devait-ce  être  
 p o u r  ce sp au v re s   ép oux  q u i charges  de vêtemens y  demeuraient  
 p lu s   de  quatre heures? 
 En fin   la mariée  ar r iv é e   dans  son  a p p a r tem en t,  on  fit  cercle  
 autour  d’e l l e ,   et  l ’ ép oux   le v a   son  vo ile   avec  une  p e tite   b a guette. 
   L a   jeune  personne  demeura  im m o b i le ,  les  y e u x   fixés  
 en  ter re.  Sa  fig u r e ,  p o u r   c e lle   d’une  C h in o ise ,  n ’était  ni  belle  
 n i  la id e .  L ’impassibilité  de  ses  traits  était  une  chose  bien   rem 
 a rqu ab le .  A u cu n   p l i ,   aucun   sillon   ne  semblait  sur  ce  teint  
 av o ir  jamais manifesté  l ’expression  d’un  désir ou  d’une  volon té .  
 C ’est  une  v ra ie   figure de  cire  ab solumen t  semblable  à  ce lle   de  
 nos  madones  de  c am p a g n e ,  et  ornée  comme  elles.  Je  ne  peux  
 dire   quelle  éta it  la   co u leu r   c t  l’expression  de  ses y e u x ,   e lle   ne  
 les  le v a  p o in t  dans  notre  p ré sen c e ;  ce  qui  semblait  demander  
 un  g ran d   e x e rcic e .  I l   en  éta it  de  même  de  ce lu i  q u ’exigèrent  
 les  longues  cérémonies  dans  lesquelles  on  leur  ap p ortait  d iverses  
 sortes  de  fruits  q u ’ils  faisaient  semblant  de  g o û te r ,  to u jo 
 u r s   avec  b eau co u p  de  len teu r ;  c ’éta it des  emblèmes  relatifs  à  
 le u r   n o u v e l  état  et  con c ern an t  les  devoirs  du  maria ge.  P lu s   
 ta rd  ils p riren t des  robes blan ch e s  et p lus   légères. 
 Ce  qui  para îtra assez  p laisant  dans  ce t  usage  de prendre  une 
 NOTES. 7 5 1 
 femme  sans la   co n n a ît r e ,  c ’est  le  sens  d’une des devises  de l ’entrée  
 que  M .  P a ap e  n ous   exp liqu a   et  qui  disait  :  J e   cherche  un  
 coeur,  qu’i l   fa lla it  p lu tô t  traduire p a r   :  Je  cherche  de  l ’a rgent.  
 U n   jo u r   que  nous allâmes rendre visite  au m a r ié ,  M .  Gaimard  
 c t m o i ,  après  les  politesses  d’u sa g e ,  la   gravité  de  son  état  ne  
 l ’empêcha  p o in t  de  demander  à  mon  compa gnon  s’il  v ou la it  
 lu i  vendre  son  p ara p lu ie .  P reu v e   que  rien  ne  p eu t  ra len tir  le  
 désir  b ro c an teu r   de  ce  p eu p le .  C ’ est  lu i  qui  fait tout  ce  q u i  est  
 r e la t if au  commerce,  ct  sous  le  gouvernement  d oux   des  H o llandais  
 ils d o iv en t  se  trou v e r   très-heureux . 
 [ E x t r a i t   da  J o u rn a l de  M .  Quoy. ) 
 S i  nous  v ou lion s   cite r   toutes  les  personnes  qui  nous  ont  
 a c cu e illis   à Am b o in e   avec  la   plus   co rd ia le   h o sp ita lité ,  i l   nous  
 fau dra it  nommer  l’un  après  l’autre  tous  les Eu rop é en s   qui  hab 
 iten t  cette  co lon ie .  C ’est  cependant  p o u r  moi  un  devoir  de  
 reconnaissance  de  consigner  dans  ce   jo u rn a l  la   complaisance  
 a vec  la q u e lle   M .  Pa ap e   ,  secrétaire  du  go u v e rn em en t,  mc  
 p ro cu ra   les  occasions  de  réu n ir   p o a r   la   co lle ction   de  l ’A s t ro lab 
 e   les  dessins  les  plus  cu r ieu x . 
 I l  n ’ était b ru it à notre  arrivée  à Am b o in e  que  des  noces  p ro chaines  
 du  fils  d’u n   rich e  marchand  chinois  avec  la   jeune  fille  
 d’un  mandarin  q u i ,   sous  le   titre  de  ca p ita in e ,  préside  au  
 commerce  de  la   co lo n ie .  M .  Pa ap e  eut  assez  de  cr éd it  p ou r  
 faire  ap p o r te r   cb e z   lu i  le  costume  com p le t  des  d eux   futurs  
 ép o u x ;  bien   p lu s ,  le   cap ita in e   ch in o is   lu i-m êm e   poussa  la  
 condescendance  ju squ ’à  poser dev ant m o i,  rev êtu  de la  magni-  
 que  rob e  du  fiancé.  T an d is   que  je   dessinais,  dans  tous  leurs  
 d é ta ils ,  les  bizarres  figures  q u i  cb amar raient  ce   rich e   v ê te m 
 e n t ,  le  b on   cap ita ine me  su p p lia it  de  ne  pas  essayer à  retrace 
 r   son  v isage;  ca r  c’é ta it ,  a s su ra it- il,  une  cause  de  mort.  I l  
 ap p o r ta it  p ou r  p r e u v e ,  que  M .  Lejeu ne  à  son  passage  sur  la  
 C o q u ille ,  ay ant dessiné  les  traits  d’un  Chin o is   ,  le  malheureux  
 modèle  n’a v a it  pas  manqué  de  m o u r ir ,  to u t  juste  un  an  ou