500 VOYAGE DE L ’ASTROLABE. 501
t ii
I ' ■
1827^
7 juillet.
Pl. ex.
CHAPITRE XXVII.
SEJOUR AU HAVRE CA R T ER ET . EXPLORATION DE LA NOUVELLE-BRETAGNE.
A une heure après midi, aussitôt que le pont a
été dégagé des manoeuvres qui l’encombraient, la
chaloupe a été expédiée à l’anse de l’Aiguade, et a été
de retour à quatre heures et demie avec une cargaison
complète. L ’eau se fait très-aisément, et est
d’une excellente qualité; mais la houle oblige à prendre
des précautions pour les embarcations.
Au moment où la chaloupe quittait le bord, on a
vu sur la rive opposée quatre ou cinq naturels occupés
a pêcher. Ils ont eu des communications avec les
officiers qui ont descendu à terre dans la chaloupe,
et leur ont vendu un poisson et un phalanger, en témoignant
le désir d’obtenir du fer, et de venir à bord
pour cet objet. Ces sauvages sont de la même race que
ceux que nous avons vus, il y a quelques années, au
port Praslin ; mais ils doivent être d’une tribu différente
, attendu qu’ils n’ont paru se souvenir ni du navire
ni d’aucun de nous.
L’équipage a été occupé, durant l’après-midi, à 1827.
monter sur le pont toutes les manoeuvres renfermées
dans la cale, telles que câbles, orins, bouts de grelins n. xcix
et autres cordages, pour leur faire prendre l’air et
mettre de l’ordre dans cette partie du bâtiment.
Toute la journée et la nuit, la pluie a été continuelle.
Il règne dehors un grand vent de S. E. et de
S . , mais les hautes montagnes dont nous sommes environnés
ne le laissent point entrer dans la baie, et
la mer y est parfaitement calme. Il serait triste que
nous fussions destinés au même sort que d’Entrecasteaux
; on sait que durant les huit jours que ce navigateur
passa en ce mouillage, les torrens de pluie furent
si constans, qu’on ne put se livrer à aucune
observation astronomique. Déjà, vingt-cinq ans auparavant,
Bougainville avait été exposé au même contretemps
dans le port Praslin.
Néanmoins je ne pus résister au désir de faire une
course à terre. Je sentais encore une pesanteur et un
malaise général que j ’attribuais au besoin de prendre
quelque exercice. Aussi, dès neuf heures, accompagné
du seul Jean Jacques , un des matelots du bord,
homme fort vigoureux, je mis pied à terre sur l’ile aux
Cocos, derrière la corvette. Malgré la pluie qui ne
cessait de tomber par torrens, je gravis jusqu’au sommet
de cette île qui peut être élevée de quatre-vingts
ou cent toises aiî-dessus du niveau de la mer. C ’est
une masse compacte de madrépores, avec une couche
encore très-légère de terreau. Néanmoins sa surface
entière est couverte d’arbres appartenant en grande