
 
        
         
		!ui  
 r  , 
 m en t,  nous  fûmes  environnés  et  escortés  d’une  grande  multitude  
 ,  ou  se  d is tin gu a ien t,  par  leurs  e r is ,  les  enfans  les  plus  
 b iu y an s   et  les  p lus   importuns  du  monde.  On  ar r iv a it  chez  
 P a lo u   p a r   une  large  rue  parfaitement  alignée  et  bordée  de  
 murailles  hautes  de  h u it  p ied s ,  dont  la matière  était  un  ione  
 fo rt  artistement  enlacé.  Dans  une  vaste  et  première  enceinte  
 s  levait une maison  lon gu e   de  quarante pas ;  c ’était la demeure  
 de  P a lo u   et  de  ses  serviteurs  mâles;  elle  était  déserte  en  ce  
 moment.  Nous  y   remarquâmes  une  ingénieuse  charpente  en  
 co c o t ie r ,  qu,  réunissait  la   fo rce  à  une  élégante  simplicité.  Un  
 second enclos  nous  laissa  v o ir  le  c h e f ,  assis  au  seuil d’une maison  
 plus  petite.  Nous n ’étions  pas  a ttendus ;  une expression  de  
 p la isir  anima  les  traits du  gros  c h e f ,  et  nous  ayant  fait  à  tous  
 quatre  ( te l  était notre  nombre) beaucoup  d’am it ié s ,  il  regretta  
 que  notre  c a p ita in e ,  M .  d’U r v i l le ,  et  M .  J a cq u in o t ,  le  
 second  cap ita in e ,  ne  nous  eussent  pas  a c com p a gn é s ,  nous  recommandant  
 expressément  de  rev en ir  b ien tô t  avec  ces  messieurs  
 et tous  les  autres  officiers. 
 J ’ai  déjà  dit  que  deux  A n g la is ,  John  et S in g le to n ,  sont emp 
 lo yés  au  service  de  P a lo u   :  S in g le to n ,  qui  a v a it ,  lors  de  
 notre  p assage,  v in g t-s ix   ans  de  séjour  dans  l’î le ,   para ît  s incèrement  
 attaché  à  son  p a t r o n ,  qui  l ’a  marié  et  convenablement  
 lo g é   auprès  de  lu i.  J o h n ,  qui  est jeu n e   et  a le r te , m’a  semblé  
 Offrir un mélange de  bonnes et mauvaises  qualités  te)  que  nous  
 n avons  pu  savoir  s i ,  durant  notre  station  dans  ces  î le s ,  cet  
 nglais  a  p lus   été  notre  ami  que  notre  ennemi. 
 A prè s   une  co llation   de  fru it s ,  que  P a lo u   s’excusa  de  nous  
 a v o ir  donnée  si  légère ,  nous  nous mîmes  en  r o u te ,  guidés par  
 i>ingleton,  p o u r   visiter M oua  et  ses  environs.  Nous  examinâmes  
 àeux fa lé  paléogo  (maison  des  e spr its ),  où  des  débris  de  
 p iro g u e s ,  ex-voto v e rm o u lu s ,  étaient  le  seul meuble  remarqua -  
 Me  ;  p uis nous  traversâmes une vaste  clair ière environnée d ’a r bres  
 gigantesques.  C ’était  dans  ce t  espace  tabou  ( s a c r é )   nue  
 ja d is ,  au  temps  oû  T o n g a   b r illa it  de  p ro sp é r ité ,  on  s’asscm-  
 a it p o u r  ces danses nocturnes  q u ’éclairaient mille  flambeaux, 
 et d o n tC o o k   décr it  les  riantes  solennités. A  cette  p la c e , comme  
 nous  l’avions  déjà  fait  plusieurs  fois  à  la  Nou ve lle -Z é lan d e   ,  
 nous  ne  foulâmes  (|ii’avec  respect le   sol  qui  av a it  reçu les traces  
 de  l ’immortel  marin  ,  no tre maître  et notre  devancier  dans  nos  
 recherches  aventureuses. 
 C ’est au  sein  des  forêts  que  les  anciens  habitans  de  ces  contré 
 e s ,  idolâtres  de  leurs  rois  (toui-tongas),  ava ient  p lac é  les  
 tombeaux  de  cette  race  sacrée.  Ces  monumens  d’un  âge  plus  
 entreprenant  étonnent  aujourd’hui  par leu r  masse et leu r  étendue. 
   Les  fa ï- to k a s ,  ainsi  se  nomment  ces  sépulture s ,  sont des  
 éminences  artificielles   an  sommet desquelles  s’é lè v e n t ,  sur  un  
 p lan   q u a d ra iig u la ire ,  trois  ou  quatre  assises  de  gros b locs   g ranitiques  
 disposés comme  des  degrés, d ont  chacun  aurait quatre  
 à  cinq  pieds  de  hauteur.  Si  un  seul degré  s’élève  au   sommet  du  
 te r tr e ,  c ’est  q u ’un  seul  to u ï-ton g a   do rt  dans  la  s ép u ltu re ;  si  
 les  os de  toute  une  famille  ont  été  déposés  en  un  tombeau comm 
 u n ,  trois  ou  quatre  d eg ré s ,  l ’un  sur  l ’au t r e ,  in d iq u en t  cette  
 réunion.  Quelques -un s   de  ces  monumens  qui  ne  contiennent  
 q u ’une  seule  d épouille  sont disposés en  ovale. J ’ai  compté  plus  
 de  douze  de  ces  immenses  co n s tru c tion s ,  et  encore  en  laissions 
 nous  un  grand  nombre  de  côté ;  j ’ai  mesuré  p lus   d u n e   
 p ie rre   de  h u it  à  quinze  pieds  de  lo n g u eu r ;  et  j ’ai  co n çu   une  
 haute  idée  de  ces  hommes  des  anciens tem p s ,  qui  ont  élevé  sur  
 les  restes de  leurs  rois  ces  impérissables  mausolées,  dans  une  
 île   fondée  sur  le   c o r a il,  où  Ton  trou v e ra it  à  peine  une  roche  
 de  deux  pieds  cubes.  Je  me  les  suis  figurés  bien  différens  de  
 leurs  descendans  am o llis ,  ceux   q u i ,   dans  leurs  p iro g u e s ,  a lla 
 ien t  cb e rch e r   à p lus   de  cent  cin quan te  lieues  les  b locs   énormes  
 qui  composent  ces  tom b e a u x ,  qui  les  ta illaien t  sans  le  
 secours  du  f e r ,  et  p a rv en a ien t ,  p ar  des  moyens  in con n u s ,  a  
 les  p la c e r   sur  ces  m am e lon s ,  où  p ar  leu r   p rop re  poids  ils  
 sont  fixés  à  jam a is ,  comme  ces  monumens  druidiques  de  la  
 B r e ta g n e ,  q u ’on  dirait  posés  sur  la   terre  p lu tô t par  le  charme  
 des  talismans  que  par  la  puissance  de Tbomme. 
 Les   habitans  actuels  de  T o n g a   con temp len t  avec  un  saint 
 j t'f.