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 avait  placé  l’enfant  sur  les  genoux  du  vieillard  qui  
 semblait attentif à recueillir  l’inspiration divine  :  il est  
 certain qu’il paraissait  vivement ému,  et  les  assistans  
 qui  portaient  tous  au  cou  une  guirlande  de  feuilles  
 A'artocarpus,  semblaient  être  plongés  dans  un  profond  
 recueillement.  L’enfant était attaqué d’une fièvre  
 continuelle,  et  nos  médecins  qui  l’examinèrent  ne  
 purent  recommander que des  bains  fréquens  qui  rentrent  
 déjà dans leurs  habitudes. 
 Malgré  l’appétit  qui  nous  tourmentait,  le dîner se  
 fit  encore  long-temps  attendre.  Enfin  parut  un  cochon  
 d’une grosseur  honnête  et préparé  au  four  suivant  
 la coutume du  pays. Malheureusement les cuisiniers  
 avaient  été  pressés,  et  le  cochon ne  se  trouva  
 qu’à moitié cuit. Toutefois nous  sûmes nous contenter  
 de ce mets en y joignant quelques morceaux d’ignames  
 et  quelques  verres  d’eau,  car  on  ne  put  même  pas  
 nous procurer  de  cocos.  Dès que nous eûmes apaisé  
 notre  faim,  nous  fîmes  nos  adieux  à  Palou,  et  nous  
 le  quittâmes,  emportant  en  nous-mêmes  une  faible  
 opinion de  l’hospitalité  de  ce chef.  MM.  Quoy,  Gaimard  
 et  Samson  prirent  la  route  de  la  partie  occidentale  
 de  1 d e ,  dans  l’intention  de  coucher  le  soir  
 a  Bea,  chez Tahofa,  et  de  se  rendre  le  jour  suivant  
 à Hifo,  chez  les missionnaires. 
 Comme  nous  regagnions  notre  canot,  on  nous  fit  
 voir  un  beau  hangar  sous  lequel  étaient  logées deux  
 grandes pirogues doubles  appartenant à Palou ,  dont  
 l ’une  avait  cinquante - trois  pieds  de  long.  Tout  
 près  de  cet  endroit,  se  trouve  la maison  qu’habitait 
 M.  Lawry,  et  que Palou a  soin  de  lui  réserver  pour  
 l’époque où  il reviendra  l’occuper. 
 Nous  partîmes  de Moua  à  trois  heures  environ;  à  
 l’aide de la pleine mer, nous  réussîmes  à passer,  bien  
 qu’avec  quelque  difficulté,  entre  Nougou-Nougou et  
 One-Ata,  de  sorte  que  nous  fûmes  de  retour à bord  
 à cinq  heures  du  soir,  à  mon  extrême  satisfaction.  
 En doublant la pointe de  Pangaï-Modou,  nous  vimes  
 Tahofa assis  sous  un  arbre,  et notre ami Kokako qui  
 s’amusait  à  courir  le  long  de  la  plage  avec  quelques  
 naturels. M. Guilbert,  qui était resté de garde à bord,  
 m’apprit que Tahofa n’avait point quitté la corvette de  
 toute  la  journée,  ce  qui  prouvait  évidemment  qu’il  
 n’avait  eu aucune envie de  se trouver  avec  nous  chez  
 Palou;  je  supposai  qu’il  pouvait  exister  quelques  
 motifs  de  refroidissement entre  ces deux  eguis. 
 M.  Guilbert  avait  acquis  d’un  des  naturels  une  
 médaille en  bronze  du  second  voyage de  Cook  :  c’est  
 la seule  qui ait paru à bord durant toute la  relâche. 
 Toute  la journée,  il  a  soufflé une petite brise d’O.  
 N.  O.  avec  un  temps  assez  beau.  L’équipage  a  lavé  
 son linge,  et les voiles ont été mises au sec. 
 Langui,  cet  homme  de  confiance  de  Toubo  dont  
 j ’ai  déjà  parlé,  et  qui  a  long-temps  navigué  sur  des  
 batimens  anglais,  est  revenu  aujourd’hui  pour  me  
 communiquer  les  détails  qu’il  m’avait  promis  sur  les  
 îles  Fidji.  H  m’a  donné  les  noms  et  les  positions  de  
 plusieurs de  ces  iles avec beaucoup  d’intelligence,  en  
 expliquant  la  direction  des  récifs,  et  distinguant  les  
 îles  peuplées  d’avec  celles  qui  ne  l’étaient  pas,  tout 
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