neii à celle des tourmentes des climats antarcti([ues.
Durant quinze mois que nous avons passés sur la
Coquille entre les tropiques, nous n’avons rien vu
qui appi'ochat du temps affreux qui a régné aujourd’hui.
Notre consolation est d’espérer que ces circonstances
doivent être rares, autrement il serait impossible
de songer à faire des explorations hydrographiques
dans ces parages.
Vers quatre heures après midi, on a profité d’un
moment où le vent s’était un peu modéré pour dé-
grécr les perroquets, ce qui n’a pu s’exécuter sans
briser une des barres du grand perroquet, dans une
secousse occasionée par une grosse lame.
Le vent du N. O. et les torrens de pluie se sont
maintenus une partie de la nuit. Mais à une heure le
calme est survenu, et le navire est resté à la merci
d’une mer horriblement clapoteuse qui l’a beaucoup
latigiié. 11 a même plus souffert qu’il ne l ’avait fait
j)ar des coups de vent plus impétueux, mais où la mer
était moins ébranlée.
On a vu quelques noddis et sternes à tête noire.
Une de ces dernières, épuisée de fatigue, s’est laissée
prendre le long du bord avec un échiquier à insectes.
Grand nombre de papillons de l’espèce chrysippe
fiotlaient aussi sur les eaux de la mer, arrachés sans
doute des bocages fleuris des iles Tonga, par la force
du vent.
On a pris un requin assez gros pour régaler amplement
tout l’équipage. Malgré la peine que je m’étais
donnée pour soutenir la corvette le plus au vent qu’il
m’était possible, les observations de la journée ont
démontré que le courant nous avait entrainés de quarante
milles à l’ E. N. E. dans les quarante-huit heures.
Tout semble se réunir pour nous repousser loin
de Tonga-Tabou; mais je suis déterminé à lutter
contre les obstacles et à ne céder qu’à la dernière
extrémité.
Le ciel s’est décidément embelli, mais le vent persiste
au N. O ., et nous sommes réduits à courir des
bordées. I^a mer est agitée par de grosses lames du
N. O., croisées par de longues houles du S. O. Malgré
le dernier coup de vent, celles-ci sont les plus
fortes, attendu qu’elles sont produites parles vents
qui régnent plus au sud.
A onze heures, la brise a augmenté à la suite d’un
grain. Dans les vingt-quatre heures écoulées, il y a
eu encore seize milles de courant à l’est ; ainsi, malgré
toutes nos manoeuvres, nous sommes à cinq ou six
milles plus loin de Tonga-Tabou que nous ne l’étions
hier.
Bonne brise d’O. et d’O. N. O ., forte houle, beîm
temps du reste. Les vents alisés semblent avoir disparu
pour faire place à ceux du côté opposé. 11 faut
bien nous borner à louvoyer, mais les courans nous
entraînent aussi dans l’est. Voilà, je pense, un exemple
bien capable de fortifier le système qui établit que
les îles de l’Océanie ont pu recevoir leur population
de l ’ouest contre la direction des vents alisés. Des
pirogues surprises en mer par des temps comme celui
qui règne depuis quelques jours, ont dù nécessaii
3 et lit