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lance pour la faire entrer dans la bouche du canon ,
mais elle ne fit qu’en toucher le bord. Mariner, surpris
de l’insolence et de la témérité de ce guerrier,
voulut l’en punir et le coucha en joue avec un mousquet;
mais au moment où il lâchait la détente, une
flèche vint frapper le canon du fusil et lui fit manquer
son coup. Alors notre champion poussa un cri de
triomphe et s’en alla en toute hâte au fort. Cet intrépide
guerrier avait déclaré, long-temps avant la bataille,
qu’il combattrait corps à corps contre un canon ,
et lui enverrait sa lance dans la bouche comme pour
exprimer son mépris par cette avanie. En conséquence
il avait adopté le nom àe. fana-fonoua, qui signifie canon
en langue du pays i .
L ’arrivée de la nuit put seule mettre fin à ce combat
furieux. Finau en profita pour se retirer avec son armée
et ses canons à Nai-Afou, où il se détermina à
construire un fort pour se retrancher. Il l’entoura
d’un fossé et d’une palissade double ; trois jours suffirent
pour cet objet : plusieurs mois s’écoulèrentensuite,
pendant lesquels les deux partis eurent presque chaque
jour des escarmouches sanglantes avec des alternatives
de succès et de revers pour chacun d’eux.
N ous sommes obligés de renvoyer le lecteur au récit
détaillé de Mariner pour les événemens qui eurent
lieu durant cette mémorable guerre. Les combattans
de Vavao et de Hapaï déployèrent tour à tour une
bravoure admirable, et leurs exploits n’auraient eu
' Mariner, I , p. i 63 el 164.
besoin que d’un Homère pour passer à la postérité.
Pour mieux compléter la ressemblance , certains en-
lèvemens de femmes, certains sacrifices aux dieux
vinrent animer la scène et lui donner un intérêt dramatique
tout particulier i .
Enfin le bouillant Finau, fatigué des lenteurs de
cette guerre et désespérant d’enlever de vive force la
citadelle de Felle-Toa, manifesta le désir qu’il avait
de voir la paix se conclure. En conséquence les prêtres
et les chefs de son armée s’abouchèrent avec ceux
de Vavao : au bout de quatre ou cinq entrevues, les
chefs de Vavao vinrent présenter leurs devoirs à Finau.
Cet egui, dans un long discours , renouvela encore
ses protestations d’innocence; il loua adroitement
les chefs de Vavao des témoignages de fidélité
qu’ils avaient donnés à la mémoire de Toubo-
N iouha dans la guerre qu’ils venaient de soutenir ; et
pour preuve de ses bonnes intentions, il leur déclara
qu’il était décidé à s’établir à Vavao, qu’il garderait
seulement avec lui un petit nombre de ses mata-boulais,
et qu’il renverrait tout le reste de ses guerriers
aux îles Hapaï, dont il donnait le gouvernement à
Toubo-Toa, sous la condition d’un tribut annuel.
Le lendemain, Finau, à la tète de ses chefs et mata-
boulais, fit sa visite à la forteresse de Felle-Toâ, et
rendit ses hommages à sa tante Touï-Oumou. La paix
fut décidément conclue. Finau fit raser la citadelle de
Felle-Toa, et conserva celle de Nai-Afou. Quelques
1 Mariner, I , p. 170 et suiv.
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