de rOcéanie, ou Mélanésiens de la Nouvelle-Irlande
et de la Nouvelle-Guinée.
Il a paru content quand je lui ai parlé des îles Fidgi
et de l’intention où j’étais de les visiter ; mais il n’a su
que répondre quand je lui ai dit que ses compatriotes
seraient de braves gens, s’ils ne mangeaient pas les
hommes comme des cochons. Sur le désir que je lui
ai témoigné, Ritchett m’a promis de me chercher
quelque naturel de Fidgi qui fût capable de me conduire
au travers de ces îles, et que je pusse laisser sur-
une d’elles. Du reste, il paraît que les relations entre
ces îles et Tonga-Tabou sont aujourd'hui plus rares
qu’autrefois.
Dans la nuit, le vent soufflait déjà bon frais de
l’E. S, E . , avec de fortes rafales et un temps très-
chargé. Au point du jour, le coup de vent était déclaré,
et a soufflé sans interruption avec une grande
violence jusqu’à dix heures, où il a commencé à se
modérer. Ces mauvais temps ne me permettent point
d’envoyer les canots à la recherche des ancres.
J’eusse difficilement imaginé qu’en ces parages on
pût essuyer des coups de vent aussi impétueux et
aussi longs. Si, lors de notre séjour forcé le long des
récifs, nous eussions eu le malheur d’essuyer une nuit
comme la dernière, sans aucun doute c’en était fait
de l'Astrolabe et de presque tous ceux qui la montaient.
Des hunes de la corvette nous pouvions voir la
lame qui venait se briser contre ces terribles coraux,
en formant une nappe brillante et perpétuelle qui
s’élevait souvent à quinze ou vingt pieds de hauteur.
Nous avons encore été contrariés par une forte
brise d’E. S. F ., un temps couvert et des grains de
pluie. Cependant la chaloupe a fait deux voyages à
l’eau sur Pangaï-Modou.
Quoique la journée fût loin d’ètre belle, je voulus
1 employer a faire une visite aux missionnaires de
Hifo. A sept heures et demie du matin, je m’embarquai
dans la baleinière avec M. Caimard : Ritchett
devait me servir de pilote. Poussés par une forte
brise, nous franchîmes rapidement les six milles qui
nous séparaient d’Atata. Celte île, couverte de cocotiers
élancés et d’autres arbres de divers genres, offre
l’aspect le plus riant, mais elle est entièrement ceinte
de récifs contre lesquels brisait avec fureur une mer
soulevée par les gros vents qui venaient de régner.
Redoutant la houle du large, je n’osai prendre la roule
extérieure qui eût été la plus facile; après quelques
tentatives inutiles, nous réussîmes à donner au travers
des flots d’écume dans un canal profond, mais
fort étroit, qui règne entre les deux îles Atata et Tou-
faka. Quand nous eûmes dépassé la pointe sud d’A tata,
ce canal s’oblitéra tout-à-fait, et de ce point jusque
devant Hifo, nous ne cessâmes pas de naviguer
au travers des coraux : à chaque instant le canot touchait
contre des roches, et souvent l’équipage était
obligé de se mettre à l’eau pour le traîner. Enfin le
fond ayant manqué entièrement, pour éviter de plus
grandes fatigues à nos matelots, nous mîmes pied à
terre à près d’un mille du rivage, avec de l’eau souvent
jusqu’au-dessus des genoux. M. Caimard et moi nous