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 rir  alternativement  des  bordées  au  nord  et  au  sud. 
 Les  courans continuèrent de nous porter vers  l’est,  
 mais avec beaucoup  moins de  force  qu’ils  ne  faisaient  
 d’abord.  Le  5,  à  six  heures  du  soir,  nous  trouvons  
 fond  de  sable  et débris de coquillages,  en  filant cent  
 brasses de ligne. Nous ne sommes pas à plus de trente  
 lieues  de  la côte. 
 Pour  me  contrarier  de  plus  en  plus,  et  me  ravir  
 l’espoir  que  j ’avais  de  faire  une relâche sur  la pointe  
 nord-ouest de  la Nouvelle-Hollande,  le  vent passe au  
 S.  O . ,  et  je  suis  obligé  de  reprendre  les  amures  h  
 bâbord.  Cette nouvelle  série de  contrariétés  dure encore  
 cinqjournées  entières. 
 Les  pétrels  noirs  ont  reparu  en  foule.  Le  maître  
 canonnier  a  pris  a  sa  ligne  un  des  coryphènes  qui  
 nous suivent depuis plusieurs jours. Ce poisson forme  
 un excellent mets,  bien préférable  à la bonite. 
 Pour la première  fois  depuis  long-temps,  le  venta  
 soufflé  avec quelque  force dans  la nuit,  et  la  houle a  
 battu de nouveau les  flancs  de  l’Astrolabe. 
 Les  vents de  l’O.  et du S.  O.  font  enfin place  aux  
 calmes,  et  dans  la journée  suivante aux brises du S.  
 Celles-ci nous  permettent  du  moins  de  gouverner  à  
 1 O . ,  tout en me forçant de  renoncer définitivement à  
 la relâche du golfe Exmouth. 
 Dans un calme,  à cinq heures et demie du matin,  le  
 thermométrographe  est  envoyé  à  trois  cents  brasses  
 de profondeur.  Là il  n’y  a plus  que  13°,  2 de température  
 ,  tandis  qu’il n’y  en  a pas moins de 26°,  7  à  la  
 surface de  la mer. 
 La rosée  devient  très-abondante  durant la nuit,  la  
 température  est  agréable,  et  tous  les  malades  sont  
 rétablis ,  à  l’exception  du  seul  Béringuier  dont l’état  
 donne beaucoup d’espoir. 
 Toute cette journée a été  consacrée à rider  les haubans  
 et  les  étais.  Ces  manoeuvres  avaient  déjà  beaucoup  
 donné depuis notre départ,  et nous devons nous  
 préparer contre les gros  temps des mers antarctiques. 
 Obligé définitivement de renoncer à visiter les côtes  
 voisines de  l’Australie,  je  vais  diriger  ma  route  afin  
 de  passer  du moins  sur  la  position  assignée  aux  îles  
 Tryals,  sur les anciennes cartes, à quatre-vingts lieues  
 des côtes et entre le dix-neuvième et le vingt-deuxième  
 degré de  latitude-méridionale. 
 La brise du S.  a fraîchi,  et nous  pousse  désormais  
 un peu plus  rapidement,  malgré  la  houle  qui s’est  en  
 même temps soulevée. L ’air devient piquant,  quoique  
 nous  soyons encore sous  le dix-huitième degré de  latitude  
 australe.  Le  courant  nous  emporte  régulièrement  
 de  douze  à  vingt  milles  à  l’ouest chaque  jour.  
 Nous  sommes  fréquemment visités par les  phaétons. 
 Le  vent  redevenu  mou  nous  abandonne  aux  longues  
 houles  du  S.  S.  O.  qui  sont  désormais permanentes. 
 Béringuier  a  eu  une  rechute,  et  cette  fois  sa  maladie  
 donne de graves inquiétudes. 
 A neuf heures  du  matin je mets à profit  un  calme  
 profond pour  tenter  une  expérience  plus  concluante  
 encore  que  toutes  les  précédentes.  Le  thermométrographe  
 est  envoyé avec le plus grand  soin  à huit  cent 
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 t  novembre. 
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