6.
rir alternativement des bordées au nord et au sud.
Les courans continuèrent de nous porter vers l’est,
mais avec beaucoup moins de force qu’ils ne faisaient
d’abord. Le 5, à six heures du soir, nous trouvons
fond de sable et débris de coquillages, en filant cent
brasses de ligne. Nous ne sommes pas à plus de trente
lieues de la côte.
Pour me contrarier de plus en plus, et me ravir
l’espoir que j ’avais de faire une relâche sur la pointe
nord-ouest de la Nouvelle-Hollande, le vent passe au
S. O . , et je suis obligé de reprendre les amures h
bâbord. Cette nouvelle série de contrariétés dure encore
cinqjournées entières.
Les pétrels noirs ont reparu en foule. Le maître
canonnier a pris a sa ligne un des coryphènes qui
nous suivent depuis plusieurs jours. Ce poisson forme
un excellent mets, bien préférable à la bonite.
Pour la première fois depuis long-temps, le venta
soufflé avec quelque force dans la nuit, et la houle a
battu de nouveau les flancs de l’Astrolabe.
Les vents de l’O. et du S. O. font enfin place aux
calmes, et dans la journée suivante aux brises du S.
Celles-ci nous permettent du moins de gouverner à
1 O . , tout en me forçant de renoncer définitivement à
la relâche du golfe Exmouth.
Dans un calme, à cinq heures et demie du matin, le
thermométrographe est envoyé à trois cents brasses
de profondeur. Là il n’y a plus que 13°, 2 de température
, tandis qu’il n’y en a pas moins de 26°, 7 à la
surface de la mer.
La rosée devient très-abondante durant la nuit, la
température est agréable, et tous les malades sont
rétablis , à l’exception du seul Béringuier dont l’état
donne beaucoup d’espoir.
Toute cette journée a été consacrée à rider les haubans
et les étais. Ces manoeuvres avaient déjà beaucoup
donné depuis notre départ, et nous devons nous
préparer contre les gros temps des mers antarctiques.
Obligé définitivement de renoncer à visiter les côtes
voisines de l’Australie, je vais diriger ma route afin
de passer du moins sur la position assignée aux îles
Tryals, sur les anciennes cartes, à quatre-vingts lieues
des côtes et entre le dix-neuvième et le vingt-deuxième
degré de latitude-méridionale.
La brise du S. a fraîchi, et nous pousse désormais
un peu plus rapidement, malgré la houle qui s’est en
même temps soulevée. L ’air devient piquant, quoique
nous soyons encore sous le dix-huitième degré de latitude
australe. Le courant nous emporte régulièrement
de douze à vingt milles à l’ouest chaque jour.
Nous sommes fréquemment visités par les phaétons.
Le vent redevenu mou nous abandonne aux longues
houles du S. S. O. qui sont désormais permanentes.
Béringuier a eu une rechute, et cette fois sa maladie
donne de graves inquiétudes.
A neuf heures du matin je mets à profit un calme
profond pour tenter une expérience plus concluante
encore que toutes les précédentes. Le thermométrographe
est envoyé avec le plus grand soin à huit cent
1.S27.
t novembre.
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