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passaient tout leu r temps dans leurs p irogues ou sur les flancs
du n a v ire . On les empêchait d y pénétrer en hissant les filets
d’ab orda ge; autrement ils eussent co u v e r t le navire et auraient
p eu t-ê tre essayé de l ’enlever. Indépendamment des vivre s
q u 'ils apportaient, ils nous v enda ient encore leurs armes et un
g ran d nombre de co q u ille s que nous les déterminions à amasser.
Comme ils sont très-bruyans, c ’étail un vacarme co n t in u e l,
semblable aux foires les p lus tumultueuses de campagne.
T o n g a -T a b o u n’est p lus maintenant g o u ve rné par un seul
chef. L e s trois que j ’ai déjà nommés se sont insensiblement
emparés de l’ autorité et se la p artagen t chacun dans son district.
L e désir de v iv re en p aix leu r a fait chasser le ch e f spirituel
ou to u ï- to n g a , homme b e lliq u eu x et en trep ren ant, qui est
maintenant relégué dans l ’île de V a v a o . I l y a encore deux
autres chefs , dont Tun assez puissant g o u ve rne le canton de
Hifo qu’hab itent les missionnaires, nous ne Tavons jamais vu
réuni aux précédens ; l ’a u t r e , nommé T o u b o , le premier de
tous p ar la naissance, s’étant fa it ch r é t ie n , s’est vu ab andonné
des siens; de sorte qu’il n ’a p lus d’autorité dans un pays que
ses ancêtres ont g o u v e rn é , et où on n e l ’ac co rd e qu’à ce lu i qui
peut réun ir auprès de lu i le plus de guerriers possible. Ce
sont des missionnaires taïtiens q u i l ’ ont c o n v e r t i, et on dit
même q u ’il a con tribué à é lo ign e r de lu i tous ceux qui ne
vou la ien t pas devenir chrétiens. I l ne lu i reste que le souven ir
de ce qu’i l a été et une petite église q u i ne sert p resque à rien.
Mais q u o iqu ’qu’i l soit d é ch u , le p o u v o ir de la naissance est si
gran d parmi ce p euple , que dans les cérémonies il conserve
toujours le premier ran g.
T a h o fa , P a lo u , L a v a k a , viven t en b on n e in te llig en c e .
Depuis lo n g - tem p s Tîle est parfaitement tran q u ille . E lle sc
gouverne p o u r ainsi dire toute seu le ; c'es t une espèce d’anarchie
tranquille, si je p eux me servir de cette expression. Dans
ce tr ium v ira t, T a h o fa est le g u e r r ie r , i l p eut réun ir sous ses
ordres deux mille hommes. Les A n g la is l’appellent le Bonaparte
de Tîle.
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C ’est un p e tit homme de cin quan te ans , sec , v i f et entreprenant,
comme n o u s le v e r ron sh ien tô t. P a lo u , moins âg é , ressemb
le à une énorme outre pleine d’h u ile , tan t il est g ro s ; mais sa
physionomie est douce et agréable ; c ’est l ’orateur, il entend
un peu l’anglais. La va ka ne para ît appartenir à cette association
que p arce qu’i l est tr è s - r ich e . C ’est un b on g a rçon un
peu b ê t e , et qui n’a g it que sous l ’influence des deux autres ; je
ne le flatte pas , q u o iq u ’il fût mon ami et q u ’il p ortât mon
nom. Ce fut lu i qui fit les premières démarches lo rsque nous
étions sur le ré c if. Quo iqu e ces chefs soient respectés du
p e u p le , leu r p o u v o ir est néanmoins tellement limité qu’ ils
auraient eu bien de la peine à empêcher que nous fussions
entièrement dépouillés si nous avions fait naufrage. Chacun
d’eux a au to u r de soi une p etite co u r q u ’ il n ourrit. E l le sc
compose de chefs secondaires et de conseillers nommés M a ta -
boulais.
A p rè s nous être promenés quelques heures aux en v iro n s , et
a v o ir visité les ruines assez considérables des tombeaux des
anciens so u v e ra in s , on nous servit un gros cochon cu it en
entier avec des ignames. L e commandant retourna à b o rd avec
une partie de Tétat-major, tandis que M M . G a im a rd , Sainson
et moi , partîmes p ou r le v illa g e de Hifo qu’hab itent les
missionnaires, to u t -à - fa it à l’ extrémité de Tîle. Nous étions
conduits p a r iin jeune A n g la is , nommé James, q u i, ayant fait
naufrage très-jeune dans ce t a r ch ip e l, av a it été re cu e illi p ar
P a lo u q u i l ’avait adopté p o u r son fils. I l en p ortait même le
n om , et v iv a it à la manière des naturels dont i l avait entière-
m en tp r is le s cou tum e s , c ’ est-à-dire qu’i l n ’a v a itq u e la ceinture
de co u v e r te .
N ous fîmes ce soir-là quatre lieues , et allâmes co u ch e r
à Béa chez mon ami L a va ka q u i , q uo ique pris au dépourvu ,
nous re çu t b ien . C ’ est aussi la demeure de T a h o fa et 1 un des
v illa ges les plus importans de Tile. I l est fortifié de fossc.s et
peu élo ign é d’un étang salé qui communique à la mer. Nous
en partîmes le lendemain d’assez b onne heure , traversâmes ou