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 1827.  Nous  passâmes  la  nuit  aux  petits  bords  entre  les  
 Si'picmbie.  ¡ig^ Gucbc, Gagui et Rouïb. Le cône immense de cette  
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 dernière lïe  s’aperçoit de  toutes  parts  dans  cet  archipel  
 à une grande distance ,  et  procure  une  reconnaissance  
 très-commode. 
 J’avais le dessein de passer entre Gagui et Waigiou,  
 afin  d’explorer  la partie occidentale  de celle-ci,  et  j’ai  
 voulu en tenter  l’aventure. Mais le vent,  toujours fixé  
 au  S.  E.  et  S.  S.  E . ,  m’en  a  empêché ;  j ’ai  donc  filé  
 sous  le  vent  de  Gagui,  en  me  tenant  à  six  ou  sept  
 milles de sa côte occidentale. 
 Dans  la soirée,  nous  nous  sommes  trouvés  à  six  
 lieues de la petite île Doïf dont nous  avons  fixé la position. 
   Elle  est  médiocrement  haute,  et  l’on  dirait  
 qu’elle est accompagnée de quelques îlots dans l’ouest.  
 Nous avons observé plusieurs  lits  de  courant  qui rendent  
 la  mer  Irès-clapoteuse,  et  font  murmurer  ses  
 eaux  comme  celles d’un torrent  rapide. 
 Poursuivant  lentement  notre  route,  à huit heures  
 et demie du matin,  des  angles  horaires  furent  observés  
 à  six milles  au  nord  de  la  plus  occidentale  des  
 îles Boo. Elles forment un  petit  groupe de terres  très-  
 basses et de dix  ou  douze  milles  d’étendue  de  l’est  à  
 l’ouest.  En même  temps  nous  distinguions le sommet  
 beaucoup  plus  élevé des  îles  Popo,  distantes  de  plus  
 de trente milles,  et  la cime aiguë de Pisang  surgissait  
 déjà sur l’horizon le plus pur et  le mieux  terminé. 
 Sur  les  onze  heures,  comme  nous  avions  déjà  dépassé  
 les  îles  Boo,  nous  découvrîmes  dans  le  sud-  
 ouest un koro-koro ,  portant pavillon  hollandais,  qui 
 faisait mine  de se diriger  sur nous.  Lorsque nous n’en  1827.  
 fômes plus qu’à un mille,  nous  vîmes  qu’il  était  cou-  Septembre,  
 vert de monde,  de  caisses  et  d’objets  divers.  Sur  la  
 haute  plate-forme qui se trouve  au  centre,  on  distinguait  
 des personnages vêtus de  brillantes  tuniques en  
 étoffes  chinoises,  à  la  façon  des  Malais,  et  la  tete  
 ceinte  d’une espèce  de turban.  Les  rameurs  battaient  
 en cadence  les flots tranquilles de la mer, au son d’une  
 musique retentissante de tam-tams, goum-goums,  etc. 
 Ce  petit bâtiment était couvert de bannières,  de  flammes  
 et  de  banderoles  de  toutes  les  formés  et  de  
 toutes les couleurs ; mais le pavillon  hollandais  se  détachait  
 plus  spécialement  sur l’avant,  sur  l ’arrière et  
 au  sommet du  grand mât. 
 A  midi  et demi  je  laissai  porter  à l ’O. N. O. pour  
 donner au koro-koro  le moyen  de communiquer avec  
 nous ,  comme  il  avait  paru  d’abord en  avoir  le désir. 
 Mais  il  continua sa route vers  les des Boo sans  se  déranger, 
   de  sorte  que  nous  reprîmes la nôtre. Je  conjecturai  
 que  ce  koro-koro  était  monté  par  quelque  
 raja de Guebe,  de Ternate  ou  de Tidore,  en  ce  moment  
 en tournée pour  percevoir  les  tributs dus  à son  
 souverain ;  qu’à  la vue de notre  navire qu’il  avait d’abord  
 pris  pour  un  hollandais,  il  avait  eu  l’envie  de  
 nous  rendre  visite ;  mais  qu’ayant  vu  un  autre  pavillon  
 ,  il  avait  jugé  convenable  de  continuer  son  
 chemin. 
 A deux heures  nous virâmes de  bord a trois lieues  
 de  la  haute  et  verdoyante île Pisang,  qui  s’élève  du  
 sein des  flots  comme  une  tour immensç. Elle  est  ac- 
 TOME  IV.