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avait envoyé à leur recherche, et qu’il me priait d’attendre
encore jusqu’au lendemain matin , où tous les
Français seraient renvoyés ensemble à leur bord.
On vit ensuite les naturels, pleins de confiance en
ma promesse, s’avancer librement et sans crainte au-
delà des remparts, et chercher les boulets enterrés
dans le sable. J’étais émerveillé de voir ces hommes si
perfides eux-mêmes à notre égard se confier d’une
manière aussi naïve à la parole que je venais de leur
donner. Toutefois, pour la n u it, nous restâmes encore
en branle-bas de combat, et la surveillance la
plus sévère fut exercée par les officiers et les maîtres
sur les moindres mouvemens des matelots.
Il semblait enfin devoir se réaliser, l’unique espoir
sur lequel je comptais , celui de voir les naturels divisés
d’opinions, et las de ce genre de guerre passif
auquel ils se trouvaient réduits, se décider à relâcher
leurs prisonniers. Il était vraiment temps que cela
finit, car ma position devant Mafanga n’était plus
tenable. Une conversation que j ’avais eue le matin
avec Collinel, le maître d’équipage, m’avait démontré
qu’il se trouvait à peine cinq ou six matelots sur qui
je pusse compter; tous les autres eussent passé avec
joie du côté des sauvages !...
Toute la nuit le vent avait encore soufflé avec violence
à l’E. , et les grains s’étaient succédés presque
sans interruption. Au jour, le ciel s’est éclairci, la
brise a tombé et la pluie a cessé.
Les naturels sont revenus en foule sur la plage et
ont même commencé à démolir leurs fortifications ;
1827.
M a i.
une brèche a été pratiquée à travers les remparts,
pour faire passer une pirogue ; un cochon, quelques
corbeilles d’ignames et quelques régimes de bananes
y furent embarqués , puis elle se dirigea vers la corvette
, sous la conduite de Martineng et d’un naturel
que nous reconnûmes bientôt pour être l’ami particulier
de M. Gressien, le bon Waï-Totaï. Cet honnête pi. lxxxu.
mata-boulai, tout en obéissant à Tahofa, son chef,
blâmait sa trahison et paraissait désolé de la conduite
de ses compatriotes à notre égard.
En mettant le pied à bord, le pauvre Waï-Totaï
tremblait de tous ses membres, il ne m’aborda qu’à
demi-prosterné et d’un air suppliant ; ce ne fut qu’a- w.
près l’avoir rassuré par des paroles amicales, et lui i-xnxviii.
avoir plusieurs fois répété que nous le regardions toujours
comme noire ami, qu’il put prendre sur lui de
s’acquitter du message dont Tahofa l’avait chargé.
Il m’expliqua alors que Simonet et Reboul s’étaient
enfuis dans l’intérieur de l’île , aussitôt qu’ils avaient
appris que les chefs s’étaient décidés à rendre leurs
prisonniers, mais qu’on avait envoyé de toutes parts
à leur poursuite, et que Tahofa comptait pouvoir me
les livrer dans la journée , pieds et poings liés, avec
les autres captifs ; qu’en conséquence ce chef me
priait encore d’attendre jusqu’à ce qu’on se fût assuré
des fugitifs.
Sans aucun doute ces deux malheureux, déserteurs
à l’ennemi, avaient mérité un châtiment sévère, et
les lois de la discipline militaire l’eussent impérieusement
exigé dans les circonstances ordinaires du seiil
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