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 Jis 
 pense  pas  dans  le  deuil  de  se  déchirer  la  peau  de  la  figure  el  
 d’y   tra c e r   deux  grands  ronds  de  sang  sur  les pommettes.  Dans  
 ces c ir co n s tan c e s ,  quelques  femmes  ont un  tatouage  b lan ch â tre  
 qui  ressemble  à  des marques  de  lèp re  ou  de  petite  v é ro le ,  
 ce  qui  les  rend affreuses.  E n   gén é ra l elles ne sont  pas mal  lo rs q 
 u ’elles  sont  jeu n e s ,  et  seraient mieux  enco re  .si  elles  ne  c o u paient  
 pas  le u r   ch e v elure  en  la  défigurant.  L a   fille  de  P a lo u   
 a v a it  beaucoup  de  ressemblance  avec  certaines  statues  é g y p tiennes  
 ;  elle  av a it le   bras et la  main  très-bien  faits. 
 [E x tr a it  du  Journ al de M .  Quoy. ) 
 P A G E   6 7 . 
 Tout  semble  promettre  la  meilleure  intelligence  
 entre les Français  et les insulaires. 
 Les   habitans  de  Tong^a  observent religieusement lu s a g e ,  re marqué  
 p ar  les  plus  anciens  na v ig a teu rs ,  de  ch an ge r  de  nom  
 avec  1 ami  qu’ils  ont  choisi ;  dès  l ’o rigin e   de nos  lia ison s ,  ils  le  
 mirent  en  pratique  à  b o rd .  Lc s   deux  chefs P a lo u   e t  La va ka  ,  
 q u i  depuis no tre  échoua ge  étaient  restés  nos  fidèles  commensaux  
 ,  av a ien t  adopté  des  amis  parmi  nos  officiers,  e l  les  gens  
 de  leu r   suite  avaient  aussi  fait  leurs  ch o ix   parmi  le   reste  
 de  l ’équip age.  P o u r  m o i ,  occupé  presque  to u t  le  jo u r   à  dessiner  
 les  sujets  variés  qui  se  présentaient  en  fo u le ,  j ’avais  eu  
 peu  de  relations  p a rticulières   avec  les  indigènes  ,  lorsque  deux  
 jours  après  notre  a n c ra g e ,  l ’A n g la is   R itch e t t ,  que  j'a v a is   eu  
 occasion  d’o b lig e r  en  ren ouvelan t  son  accoutrement  eu ro p é en ,  
 m’ab orda  sur  le   p o n t ,  et  me  montrant un  homme  assis à  l e -   
 eart  sur  le   b a s tin g a g e ,  me  dit  que  ce t  homme  v o u la it  être  
 mon  ami.  Je  demandai  à  R itch e tt  q u e l était  ce personnage  que  
 je   n avais  pas  encore  aperçu  parmi  les  autres  insulaires.  «  Oh I  
 Mon s ieu r ,  me  rép ondit  l ’A n g la is ,  c ’est  un  grand  ch e f et  un  
 grand  gu e r r ie r ;  cc thomme  est  le  N apo léon  de T o n g a -T a b o u . »  
 A   une  aussi  imposante  dén om in a tion ,  je  ne  b a lan çai  p as ;  je 
 m’avançai  vers  le  ch e f qui me  tendit  la   main en  so u r ian t,  j’ap-  
 p n y a l  mon  nez  contre  le   sien.  Je  lu i  dis  mon  n om ,  i l   m’app 
 r it  le   s ien ,  et  dès  ee  moment  je  devins  p ou r   toute  la   p op u la 
 tion   de  l’île  un  autre  lu i-m êm e .  M on   n o u v e l  ami  se  n ommiiit  
 T a h o fa .  . . .   ,  ,1 
 L ’A n g la is   n e   m’a v a it  pas  trom p é ,  Tiiho fa  jouissait  réellement  
 d’ une auto rité   et d’un  crédit  fort  étendus;  nous  en  eûmes  
 p lus   la rd   des  preuves  qui  nous  coûtèrent  malheureusement  
 trop  cher .  Ce  c h e f,  qui  eut  une  influence  si  fatale  sur  notre  
 séjour  à  T o n g a ,  p o u v a it  avo ir  quarante-cinq  ans ;  sa  taille  
 n ’excédait  pas  cin q   pieds  trois  pouces.  Ses  b elles  formes  a c cu saient  
 une  grande  v igu eu r   musculaire  ;  sur  toute  sa  personne  
 régn a it  une propreté  remarquable ;  comme  tous  les  insulaires,  
 il  p ortait  gutour  des  reins  un  la rg e   jup on   d’ étoffe  d’ib iscu s ,  
 sans aucun  ornement  qui  an n on çâ t  son ran g suprême. Sa figure  
 imposante  empruntait  un  caractère  singulièrement  n o ÿ e   d u n   
 fron t  élevé  qui  a lla it  s’élargis.sant  vers  les  tem p e s ,  et  que  co u ronnaient  
 des  cheveux  b ru n s ,  rares  et  frisés.  Son  rega rd était  
 doux  et  v i f  en même  tem p s ,  ses  lèvres   minces  et vermeilles affectaient  
 souvent  un  sourire  qui  n’a v a it  rien  de  fran c.  Enfin  
 sa  fig u r e ,  sa  v o ix   in s in u an te ,  ses  hab itudes  flatteuses,  d e ce -  
 la ien t  un  homme  infiniment p lus   avancé  que  ses  compati lotes  
 dans  les  voles  de la   civilisation  , mais p eut-être  
 Cdle  T a h o fa   était  sans  d o u te ,  p ar  sa  b r a v o u r e ,  1 A ch ille   de  
 ces  p a ra g e s ,  mais  nous  trouvâmes  aussi  en  lu i  p lus   d un  rap p 
 o r t  avec  le  sage  U ly s se . 
 Dans  l’état  p o litiq u e   q u i  régissait  alors  T o n g a ,  1 autorité  
 suprême  ,  partagée  en  apparence entre  les  trois chefs  ,  se  trou v 
 a it  réellement  réunie  dans  les  seules mains  de T a h o ta .  Lo rs   
 que  les  habitans  de  l ’ile   eurent  chassé  la   race  antique  de  leurs  
 L is ,   P a lo u ,   La vaka  et  T a h o fa   furent  conjointement  investis  
 de la   souveraine puissance. T a h o fa , doué de qualités guerrieres,  
 ren dit  au  pays   d’émluens  services  dans  les  combats  et  des-  
 lors  i l   s’éleva  dans  l ’opinion  des  insulaires  bien  au-dessus  de  
 «es  deux  collègues ,  q u i , à  des goûts tout p a c ifiq u e s ,  jo ign aient