i r i
19-
courte durée, autrement ils rendraient notre navigation
fort épineuse ; mais l’expérience que nous avons
acquise nous a prouvé q u e , dans cette saison du
moins , le mauvais temps n’est guère durable sur la
côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée.
Dès cinq heures dix minutes , nous remettons le
cap à l’ouest, afin de poursuivre notre route dans le
détroit de Jobie. Les terres de cette île conservent le
même aspect de la manière la plus uniforme, et la
côte dans toute son étendue ne paraît offrir aucune
anse, aucune crique propre à recevoir un bâtiment de
notre dimension. Nous laissons derrière nous les îles
des Traîtres. Les terres de Mysory se montrent peu
à peu ; fort basses dans leur partie orientale, elles se
relèvent par degrés vers l’ouest, et présentent quelques
monticules de hauteur médiocre.
On voit peu de fumées sur Jobie et point de traces
de culture, ce qui annonce une faible population.
Vers quatre heures du soir, une pirogue, qui s’était
détachée de Mysory, semblait faire route sur nous ;
mais, après avoir amené ses voiles, elle est retournée
vers la terre avec ses pagaies.
A six heures du soir, nous n’étions pas à plus de
quatre milles au N. E. de deux petits îlots situés à
quatre milles de la côte de Jobie ; mais nous ne vîmes
point de traces du grand brisant qui les environne sur
la vieille carte hollandaise de la baie du Geelwink.
A cette heure, nous distinguions déjà la pointe O .
de Jobie, les sommets de Bultig, et dans le nord
le mont Schouten sur Mysory, qui paraît être la par-
M
lie la plus orientale de celte île aperçue par d’Entrecasteaux.
Toute la nuit, il a fait à peu près calme, el nous
avons filé à peine un demi-mille. Toutefois, par l’effet
du courant, nous nous étions beaucoup avancés dans
l’O. N. O. et nous avions déjà perdu de vue les deux
îlots.
Les montagnes de Jobie s’abaissent de plus en plus
vers sa pointe occidentale ; le canal qui les sépare de
Bultig n’a que six milles de largeur. Bultig est une île
montueuse, de forme irrégulière, et qui sur une longueur
de dix ou douze milles n’a pas plus de quatre
milles de largeur. Ti’ois îlots arrondis , nommés les
Trois-Soeurs, se trouvent près de sa pointe E.; et
devant sa pointe O ., sont deux petits îlots semblables
que j ’ai nommés les Frères.
Une pointe assez remarquable, dans le S. O. de
Mysory, a reçu le nom de pointe Lair ; du reste nous
passons à une trop grande distance de cette île , pour
tracer avec exactitude les contours de ses côtes.
Nous continuons d'avancer, plus en quelque sorte
par l’action du courant que par celle du vent, tant il
est faible et variable. Des morceaux de bois et des arbres
entiers passent souvent le long du bord, et par
l’effet du mirage prennent de loin l’apparence de pirogues
ou de rochers à fleur d’eau, au point que nous
y sommes le plus souvent trompés.
A six heures du soii’ , et à dix-huit milles devant
nous, se déploient à nos regards les terres basses et
uniformes de l’île Longue. Nous passons en panne la
TOME l Y . 3 8
1827.
A o û t .