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forces réunies de Tonga-Tabou , pour recouvrer les
prisonniers enlevés par les sauvages de la manière
la plus perfide. Enfin, le récit de ttlariner contient
une foule de traits qui montrent combien ces naturels
sont traîtres et dissimulés, même à l’égard les
uns des autres. Je citerai particulièrement l’assassinat
de Tougou-Aho par Toubo-Niouha et celui de Toubo-
Niouha par Toubo-Toa, la trahison de Tarkaï, la
conduite atroce de Finau envers les chefs de Vavao,
et ses perfides intentions contre le prêtre Toubo-Tea,
même à l’article de la mort.
Du reste, ces hommes sont susceptibles *d’une
force de caractère et d’une énergie fort remarquables.
Leur bravoure va souvent jusqu’à la témérité la plus
audacieuse, et le véritable guerrier tonga ne sait point
reculer devant le danger le plus imminent ; témoins
Touï-Hala-Fataï résolu de rendre le dernier soupir
sur le champ de bataille, Toubo-Niouha qui tue quarante
ennemis de sa propre main, ce guerrier intrépide
qui prend le nom de Fana-Fonoua et combat
corps à corps contre un canon, et ces sujets dévoués
qui se torturent de la manière la plus cruelle, et se
donnent quelquefois la mort sur la tombe de leurs
chefs.
Si l’on en croit Mariner, ce qu’il y aurait de plus
extraordinaire chez ces insulaires, c’est qu’ils seraient
aussi modestes que braves ; on les verrait rarement se
vanter de leurs prouesses, comme cela est si fréquent
chez les peuples sauvages, et même chez ceux qui
sont le plus civilisés. La jactance et la forfanterie
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seraient bannies de leurs discours ; celui qui voudrait
lui-même rappeler le souvenir de ses exploits en perdrait
tout le mérite aux yeux de ses concitoyens G
On ne saurait refuser à ces sauvages d’être naturellement
doux, aimables et complaisans dans leurs
relations habituelles. Ils ont même un ton général de
politesse et de courtoisie, une aisance naturelle dans
les manières, et un certain tact des convenances qu’on
ne s’attendrait guère à rencontrer dans un peuple
aussi voisin de l’état de nature. 11 est fort rare qu’ils
s’abandonnent à ces transports de fureur, à ces colères
soudaines si ordinaires aux Zélandais. Un refus
ne les émeut jamais; ils savent dévorer un affront
sans y paraître sensibles ; mais le souvenir en reste
gravé dans leur coeur, et ils ne manquent pas d’en
tirer vengeance aussitôt qu’ils peuvent le faire.
Sous le rapport de l’intelligence, les habitans de
Tonga m’ont paru bien supérieurs à ceux de Taïti, et
je les placerais volontiers sur la même ligne que ceux
de la Nouvelle-Zélande. Mariner nous a tracé le portrait
le plus flatteur du jeune Finau, et les raison-
nemens qu’il lui prête en diverses circonstances annonceraient
que ce chef était doué de facultés intellectuelles
d’un ordre fort élevé 2. Son ambitieux père ,
quoique plus cruel, était aussi heureusement partagé
de ce côté. Tahofa, dans l’ensemble de sa conduite
et de ses manières, nous a paru ne le céder en rien à
un Européen pendant tout le séjour de l’Astrolabe à
> Mariner, I , p. 198 et 199. — 2 Mariner, II, p. 54 et suiv.