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 1827. 
 24  octobre. 
 26. 
 27. 
 Les  courans,  qui  jusqu’à  ce  moment  ont  porté  à  
 l’ouest,  changent  de  direction,  et  portent  de  vingt  
 milles  et  plus  à  l’est  dans  cette  journée  et  les  suivantes. 
 Un ou deux  coryphènes aux brillans  reflets  {dorades  
 des marins) sont devenus nos fidèles compagnons  
 de voyage;  mais  ils  sont  très-défians,  et  nul appât ne  
 peut  les engager à mordre à la ligne. 
 Le  courant  a  repassé  lout-à-coup  dans  le  sens  
 inverse  et nous  a portés de  trente milles  à  l’O.  S.  O.  
 Ces  brusques  variations  ne  paraissent  guère  susceptibles  
 de  s’expliquer que  par  les  divers  renversemens  
 de marées provenant du détroit de Torrès et du grand  
 archipel d’Asie. 
 Dans  les  huit jours  passés,  tous  mes  efforts  n’ont  
 abouti  qu’à  avancer  de  soixante  et  dix  lieues  au  S.  
 S.  O.  Empressé  comme  je  le  suis  d’aller  reprendre  
 dans  rOcéan-Pacifique  la  suite  de  mes  travaux,  je  
 suis cruellement  contrarié par ces  nouveaux retards ;  
 mais  les  épreuves  déjà  subies m’ont  accoutumé  à  la  
 patience. 
 J’ai  profité  du  calme  pour  reprendre  nos  expériences  
 thermométrographiques depuis si long-temps  
 suspendues.  L ’instrument  envoyé  à  une  profondeur  
 verticale  de quatre cents  brasses,  sans  rencontrer  le  
 fond,  nous  a  prouvé  que  la  température  de  la  mer  
 n’était  plus que  de  7°,  7  à cette distance,  tandis  qu’à  
 sa surface elle s’élevait jusqu’à 28».  Ainsi, dans ces parages  
 voisins de la grande lerre australienne,  les  températures  
 sous-marines  suivaient  encore une  loi sem- 
 D E   L ’A S T R O L A B E . 663 
 blable  à  celle  que  nous  avions  si  souvent  observée  
 dans les mers tout-à-fait ouvertes. 
 Quelques coryphènes  et  autres poissons entourent  
 la coque du navire. A une certaine distance des bandes  
 nombreuses  de  gros  souffleurs  s’agitent  à  la  surface  
 des eaux,  ^ 
 Renvoyé  à  deux  cents  brasses  de  profondeur,  le  
 ihermométrograpbe n’indique plus que 7<>,  5 de différence  
 en moins pour la température des couches inférieures, 
   les supérieures se trouvant toujours à 28°, 2. 
 Je  désirais  vivement  reconnaître  les  dangereux  
 écueils situés dans ces parages, mais les vents d’O. ne  
 me  permirent point d’accomplir ce projet.  A  dix heures  
 et demie du matin,  P Astrolabe devait passer à dix  
 lieues  dans  l’est  de  l’écueil  où  se perdit  le  navire  le  
 Lively,  et à la même heure, dans  la soirée, nous passions  
 à huit lieues dans  l’est du récif du Mermaid. Le  
 seul  indice qui  eût pu nous  faire séupçonner le  voisinage  
 des écueils du Rowley,  a été le calme parfait qui  
 de huit à dix heures du soir a tout-à-coup succédé aux  
 longues  houles  du S.  O.  Il  semblait  vraiment  qu’un  
 obstacle puissant  devait seul arrêter  l’effet de  ces immenses  
 oscillations. 
 Si  j ’ai  éprouvé quelque  regret  de  ne  pouvoir  conduire  
 l’Astrolabe sur le bord des  écueils du Rowley,  
 j ’ai dû m’en consoler à l’aspect de la carte que nous en  
 a  donnée le  capitaine  King.  Ce  savant  navigateur  a  
 offert  aux marins  le travail  le plus satisfaisant  sur ces  
 bancs dangereux,  encoi’c  si mal connus avant qu’il  les  
 eût explorés. 
 1827. 
 Octobre.