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 du  doublage.,  raidissait  violemment  le  câ b le -e b a în e ,  dernier  
 espoir  de  s a lu t;  un matereau ,  qui  défendait T a n iè r e ,  frapp ait  
 de  temps  à  autre  sur  les  c o r a u x ,  et  donna it  alors  d’horribles  
 secousses  au  mât  d’artimon  ;  ch aq u e   mouvement  de  roulis  
 laissait  v o ir   l ’intér ieur  du  n a v ir e ,  où  l ’activité  de  nos  compagnons  
 contrastait avec  T indo lcnce des  chefs  du  pay s ,  accroup is   
 dans  tous  les  endroits  où  ils  gênaient  le moins  à  la manoeuvre.  
 U ne  immense  quantité  de  pirogues  entouraient  la   corvette  :  
 une  p artie  était  échouée  sur  les  ré c ifs ,  et  les  naturels  armés  
 p rofitaient  de  la  marée  p o u r   p ê ch e r   et  prendre  des  c o q u illages. 
   L o rs   de  no tre d ép a r t ,  plusieurs  p irogues  sc  détachèrent  
 pou r   nous  suivre  ;  mais  b ientôt  elles  nous  ab an d on nè ren t,  et  
 la  n u it  v in t nous  dérober  la  vue  de  ce t afïïigeant  tableau. 
 U n e   heure  a p rè s ,  le   c ie l  étant  sombre,  nous  louchâmes  sur  
 les  co raux   de  l ’île   M a gonh a .  Le s   canotiers  sautèrent  à  Teau,  
 e t ,   après  mille  p e in e s ,  réussirent,  en  traînant  le  cano t  sur  
 les  r é c ifs ,  à  nous  remettre  en  p leine  e a u ,  dans  Touest  de  
 P an g a ï-M o d o u .  Je  questionnai  alors  James  sur  la   route  à  
 ten ir ;  il  m’avoua  qu’il  ne  s’y   reconnaissait pas  la  n u it ,  et nous  
 in v ita   à  bien  rega rder  devant  n o u s ,  parce  qu’il  fa lla it  donner  
 dans  la   cou p u re   d’une  b a rriè re   de  récifs  sur  lesquels  la  mer  
 b r is e ,  et  où  no tre  frêle  e sq u if  eût  été  mis  en  p ièces .  L e   vent  
 étant  de  Ta r r iè re ,  je  fis  route  sous  la  misaine  prête  à  amener,  
 tenant  les  avirons  armés.  S u r   les  h u it  h eu re s ,  nous  étions  à  
 toucher  les  récifs  ( c e   sont  ceux  qui  jo ign en t  A ta ta  à  la  grande  
 î l e ) ;   la   voile   fut  amenée  à  temps,  e l  nous  les  prolongeâmes  
 à  l’a v iro n ,  remontant  vers  le  n o rd ,  essayant  à  chaque  instant  
 de  pénétrer  dans  ce  qui  nous  semblait  des  co u p u re s ;  mais  
 b ien tô t  nous  ta lon n ions   rudement  sur  les  c o r a u x ,  ca r   la   mer  
 éta it  grosse  p o u r   notre  embarcation  bien  chargée.  Nos  hommes  
 parv en aien t  à  la   remettre  à  flo t ;  puis  nous  recommencions  
 un  moment  après  ;  au  b o u t de  deux  h eu re s ,  nous  étions  
 si  bien  environnés  de  c a illo u x ,  qu’on  ne  p o u v a it  plus  donner  
 un  coup  d’aviron  sans  to u che r .  E n f in ,  nous  réussîmes  à  nous 
 d é g a g e r ,  en  faisant  route  d ro it  à  Tes t;  p u is ,  remontant  au  
 n o rd ,  nous  vînmes  con tou rn e r  l’île   A ta ta ;  et  à  son  a b r i,  vers  
 les  deux  heures  du  m a t in ,  nous  tro u v an t  dans  une  eau  tranquille  
 et  exténués  de  fa t ig u e ,  je  fis  je te r   le   g r a p in ,  et  nous  
 goûtâmes  tous  un  p rofond  sommeil  sur  les  bancs  du  canot. 
 L e   22  au  jo u r ,  nous  continuâmes  notre  ro u te ;  et  vers  les  
 h u it heures  du m a t in ,  à  basse m e r ,  nous vînmes  nous  échouer  
 sur  la  p la g e ,  à  en viron   un  mille  de  l ’établissement  des  M is sionnaires. 
   Nous  sautâmes  tous  à  T eau ,  c l   traînâmes  le   canot  
 jusque  p ar  six  pouces d’eau.  A lo rs   ch a cun   p r it  un  p a q u e t ,  e t ,  
 laissant  à  un  homme  la  garde  du  can o t  entièrement  désarme,  
 nous  nous  rendîmes ch e z   les M is s ion n aire s,  suivis d’une  trentaine  
 de  naturels  d’une  curiosité  fatigante. 
 L a   maison  en  b o is ,  de  jo lie   ap p a ren c e ,  entourée  d’un  
 ja rdin   p o ta g e r ,  éta it  protégée  p a r   une  palis.sade  bien   c lo se ,  
 avec  un e  porte munie  d’un  fo rt  cadenas.  On  v in t nous  o uvrir  
 et  refermer  soigneusement  cette  p o r t e ,  ne  laissant  pénétrer  
 aucun  des n a tu r e ls ,  q u i  s’on  dédommagèrent  en  grimp ant  sur  
 les  co cotiers   des environs  d’où  leurs  regards  p long ea ien t  dans  
 T intérlcur. 
 L e s  dames  des  deux missionnaires  et un  d’e u x ,  M.  T h om a s ,  
 étaient  alors à  l’établissement.  J’expliqu ai  à  ce  dernier  ce  dont  
 j’étais  chargé  ;  il  m’indiqua  une  chambre  p ou r  p la c e r   tous  nos  
 o b je ts ,  et  s’informa  ensuite  de  la   position  cr itiq ue  du  b â tim 
 en t,  qui  le   mettait  lui-même  dans  u n   état  c ru e l  d’an x ié té ,  
 sachant  bien  q u e ,  si  les  naturels  se  p ortaien t  une  fols  à  q u e lques  
 excès  envers  les  F ra n ç a is ,  les  Européens  de  Tîle  en  
 seraient  tous victimes.  I l  saisit un  moment  où TAnglais  James  
 était  absent p o u r  me  dire  de  me  délier  de  lu i  comme  des  .sauvages; 
   q u ’élevé  parmi  eux   il  en  a v a it  toutes  les  h ab itu d e s ,  et  
 que  la Mission  était  lo in   d’a v o ir   à  s’en louer. 
 Je  questionnai M .  Thoma s  sur  le   sort  qu’il  pensait  nous être  
 réservé  dans  le  cas  où  l'Astrolabe   v iendrait  à  sombrer  contre  
 les  r é c ifs ,  seul  cas  où  nous  Tahandonnerions,  «  Nos  hommes  
 p ourraien t-ils   débarquer  leurs  effets?  —   Ils  seront  p illés . 
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