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 le N.  E .,  et  peu  après  les  terres  de  la  Tasmanie  au  
 travers de  la  brume.  A dix  heures qiiarante-buit minutes, 
   nous  passons  à  deux  milles au sud  de  Mews-  
 tone,  puis  nous  continuons  à  contourner  la  cote  à  
 trois  ou  quatre  milles  de  distance  pour  nous  diriger  
 vers  la  baie  des  Tempêtes,  poussés  par  une  belle  
 brise de l’O.  N. O.  variable  à l’O.  S.  O. 
 Vers  deux  heures  un  quart  après  midi,  l’Astrolabe  
 rangeait le cap Sud à une  lieue,  et  là je reconnus  
 que  nos  montres  nous  plaçaient  beaucoup  trop  à  
 i ouest.  A  trois heures  et  demie,  j'étais  arrivé devant  
 l’entrée  du  canal  d’Entrecasteaux,  et  je  gouvernais  
 sur  la  pointe Tasman.  Mais je  songeai  qu’il  était  déjà  
 fort  tard,  et je  tenais  à  m’assurer  un mouillage pour  
 la^nuil.  En outre,  je n’étais pas  fâché que P Astrolabe  
 put visiter le beau canal découvert et  reconnu  par  les  
 vaisseaux  français  que  commandait  d’Entrecasteaux. 
 Ainsi je me  décidai  à  laisser  porter  au nord.  Nous  
 passâmes  fort  près  de  plusieurs  pâtés  dangereux  qui  
 semblent encore s’étendre au large des récifs marqués  
 sur la carte à l’entour des  lies Stériles.  Sur  la  pointe  
 d’un de ces brisans, nous remarquâmes tout, le devant  
 d’un navire  qui  paraît  s’être dernièrement  perdu  sur  
 ces  roches ;  le  beaupré  est  encore  en  place,  et  le  
 bâtiment  a  du  être  de  cent  tonneaux  environ.  A  
 mesure  que nous entrions dans  le canal,  la brise mollissait  
 de  plus  en  plu s,  en  variant  au  sud  et  même  
 a  lest.  Enfin,  a  sept  heures  vingt  minutes,  comme  
 nous nous trouvions par le travers de l’île aux  Ikrdrix  
 et à mi-chenal  environ ,  il  y  eut  calme  ]dat,  et je fus 
 bien  obligé  de  laisser  tomber  l’ancre  de  bâbord  par  
 trente brasses  fond de vase.  Heureusement il fit beau  
 durant  la  nuit  qui  suivit,  car,  dans  cette  position,  
 la corvette eût été fort mal pour les vents du sud,  
 Après  une  traversée  de  dix-sept  cents  lieues  environ  
 ,  après  soixante-seize  jours  d’une  navigation  
 accompagnée de plus d’une privation, nous voilà arri-  
 A'és  à  la  pointe  extrême  de  l’Australie,  et  je  vais  
 enfin  visiter  cette  Tasmanie  qui me  fit  éprouver  tant  
 de  regrets  lors  de  la  campagne  de  la  Coquille.  Du  
 bord,  mes avides regards parcourent les  alentours de  
 notre mouillage,  et  ce  que  j ’aperçois  suffit  déjà pour  
 m’annoncer  qu’une  différence notable  existe  entre la  
 constitution  générale  de  cette  contrée  et  celle  de  la  
 Nouvelle-Galles  du  Sud.  Ici les  terres  sont bien  plus  
 hautes,  les pentes sont plus roides,  le  sol plus  tourmenté  
 ,  et son  aspect  extérieur  se  rapprocherait sous  
 quelques rapports  de celui de  la Nouvelle-Zélande.  II  
 y  a  de  belles  forêts,  mais  beaucoup  d’espaces  sont  
 dépouillés  et  desséchés  :  la  teinte  de  la  végétation  
 est  triste  et  brûlée  comme  celle  de  la  Provence  au  
 mois d’août. Nous ne pouvons découvrir aucune apparence  
 de population  civilisée ni sauvage,  à  l’exception  
 d’une fumée  unique qui s’élève de l’île Huon.  Il paraît  
 que  les  colons  de Van-Diemen  n’ont  pas  encore  fait  
 d’établissemens dans cette partie du canal.