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 Août. 
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 Je  remarquai aussi  que  les diverses espèces d’insecles  
 sont beaucoup plus variées et plus fréquentes dans ces  
 lieux cultivés que dans  ceux qui sont encore abandonnés  
 aux  mains  de  la  nature.  Sur  le  petit nombre  de  
 grands  arbres  qui  ont  été  conservés  au  milieu de ces  
 plantations  ,  j ’ai  vu  voltiger  quelques  émeraudes  ;  
 mais  il  m’a  été  impossible  d’en  approcher  un  seul  à  
 portée de  fusil. 
 J’ai  cheminé le long  du  petit  sentier  qui  suit  la direction  
 du  rivage,  et  qui m’a ramené  aux  villages  de  
 Doreï  et  Kouao.  A  notre approche  les  femmes  ont  
 encore  témoigné  quelque  timidité,  mais  les  hommes  
 et  les  enfans  sont  tout-à-fait  familiarisés  avec  nous,  
 et  nous  accompagnent  sans  peine  partout  où  nous  
 voulons  aller.  Après  avoir  conversé  quelque  temps  
 avec  eux,  à  l’ombre  d’un  bel  arlocatpus,  vers  trois  
 heures  je  suis  rentré  à  bord.  La  pièce  la  plus  curieuse  
 de  ma chasse était un beau mainate, oiseau que  
 j ’avais vu  trois  ans  auparavant à Soura-Baya,  chez  le  
 colonel  Bonelle,  et  qui  est  susceptible  d’un  certain  
 degré d’éducation,  comme en France  le  merle  ou  l’é-  
 tourneau. 
 M.  Quoy  a  tué  un  émeraude  arrivé  à  l’instant  où  
 il  ne  possède  encore  que  les  deux  filets  de  la  queue  
 et  la gorge métallique,  sans  avoir  ces  flancs  orangés  
 qui  donnent  tant  de  prix  à  sa  robe  comme  objet  
 de  parure.  Divers  autres  chasseurs ont  tué plusieurs  
 colaos  et gouras ou pigeons couronnés. 
 Une  partie  de  l’équipage  a  été  envoyée  à  l’aiguade  
 pour  laver  son linge et ses  hamacs.  Les  naturels  ont 
 cessé d’apporter  du  poisson,  sans  doute  à  cause  du  
 peu  de  profit  que  leur  présentait  cette  branche  de  
 commerce  comparativement  à  celle  des  oiseaux  de  
 paradis. 
 A neuf heures, j’ai  mis pied  à  terre près du  village  
 de Doreï,  et je me  suis  long-temps promené dans les  
 bocages  et les  plantations  voisines.  Une  sorte de langueur  
 générale  ,  un  affaiblissement  dans  toutes  les  
 parties  du  corps,  m’a  fait  perdre  le  goût  des  longues  
 excursions  :  la  relâche  de  Doreï  n’a  pas  produit  sur  
 ma  santé tout l’effet que j’en  attendais. 
 A  l’approche d’un grain  fort  noir,  vers une  heure  
 après  midi,  j ’ai  frété  une  pirogue  de  naturels  pour  
 me  ramener  à  bord.  Comme  j ’y  arrivais,  le  grain  a  
 éclaté,  et  la  pluie  a  tombé  par  torrens  jusqu’à  cinq  
 ou  six  heures  du  soir.  La  crue  subite  des  torrens  
 a  couvert  la  rade  d’eaux  très-fangeuses  :  ces  eaux  
 roulaient  vers  la  mer  avec  autant  de  rapidité  que  
 celles d’une rivière,  et  entraînaient une quantité  prodigieuse  
 de morceaux d’arbres et de  débris de plantes  
 arrachés  aux  forets  du  rivage.  Peu  avant  la  nuit,  
 le  ciel  s’est  éclairci,  et  il  a  fait ensuite beau temps  et  
 calme. 
 Le  reste  de  l’équipage  est  allé  laver  ses  effets  à  i  sopiemi)...,  
 l’aiguade.  Les naturels ont cessé tout-a-fait d’apporter  
 du poisson,  et notre pêche  à  la  seine  comme  au  tré-  
 mail  est  très-stérile,  de  sorte que nous sommes  dans  
 une  grande  pénurie  de  vivres  frais.  Nous  sommes  
 à  peu  près  réduits  aux  corps  des  oiseaux  tués  à  la  
 chasse  el préparés  pour  les  collections  d’histoire  na- 
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