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Toutes leurs armes sont moins artistement travaillées
qu’à Tonga-Tabou, quoique absolument dans
le même genre. Il faut cependant en excepter le casse-
tête à main, formé d’un bouton sphérique de quatre
pouces de diamètre, avec un manche d’un pied de
longueur, taillé dans un seul morceau d’un bois très-
dur, d’un poli parfait dans toute son étendue, souvent
enrichi de ciselures au manche, et incrusté de
dents humaines au bouton. Pour le rendre plus solide
et plus pesant, ce bouton est ordinairement formé
de la partie noueuse du bois. Cette arme, que les naturels
portent constamment à leur ceinture, doit être
fort dangereuse entre leurs mains ; elle me paraît
même plus redoutable que le mere des Zélandais,
dont elle tient la place pour les Kaï-Bitis.
Ces pirogues amenèrent aussi quelques femmes
qui étaient toutes fort hideuses. Mon ami Ounong-
Lebou , chef de Nanrongha , qui portait avec orgueil,
au cou, la médaille dont je l’avais décoré la veille,
voulait absolument me vendre une de ces femmes,
avec un cochon, pour un fusil ; j ’eus beaucoup de
peine à lui faire comprendre que je n’avais nullement
besoin de femme à b o rd , et le cochon seul lui fut
acheté moyennant un kilogramme de poudre.
M. Caimard, en galant chevalier, et toujours docile
au penchant qui l’entraînait vers le beau sexe,
même quandll ne méritait guère cette épithète, M. Caimard
s’était élancé dans une pirogue pour se rapprocher
de ces dames et leur offrir ses hommages. Une
manoeuvre imprévue, qu’il nous fallut exécuter, détacha
du bord la pirogue où il se trouvait ; et durant
près de trois quarts d’heure il resta entièrement a la
discrétion des sauvages et à une assez grande distance
du navire. Les naturels auraient certainement
pu emmener M. Caimard à terre sans que nous eussions
pu les en empêcher, et je ne crois pas qu’il nous
eût jamais été possible d’obtenir sa délivrance, s’ils
eussent tenu à le garder chez eux. Mais les insulaires
ramenèrent leur hôte à bord, sans lui avoir fait aucun
mal ; seulement ils avalent commencé à se montrer
fort importuns à l’égard de tous les objets que le docteur
se trouvait avoir sur le corps. Cela me fit soupçonner
que ces braves gens se seraient montrés à terre,
à l’égard des Européens qui seraient allés les voir,
beaucoup moins réservés qu’ils ne l’avaient été a bord.
La crainte de nos armes entrait probablement pour
beaucoup dans leur conduite honnête et pacifique.
Un peu au large de la partie la plus occidentale de
Viti-Levou, el à plus de dix lieues de distance, nous
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