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 de bonne heure  à ces diverses  connaissances  ;  chacun  
 d’eux  ne  pouvant  entrer en  fonction  qu’à  la mort  de  
 son père ,  il  en  résultait que c’était ordinairement des  
 hommes  d’un âge mûr.  Les  eguis  avaient  coutume de  
 ne  rien  entreprendre  sans  les  consulter;  aussi  ces  
 mata-boulais jouissaient communément de l’estime des  
 chefs  el  de  la  considération  des  classes  inférieures.  
 Exempts  d’ambition  personnelle,  puisqu’il  leur  était  
 impossible de franchir  les limites de  leur  classe,  tous  
 leurs  désirs,  tous  leurs  soins se bornaient à travailler  
 dans  l’intérêt  de  leurs  patrons  et  de  leurs  familles ;  
 comme ce  but  dépendait  immédiatement  du  nombre  
 des cliens  de  la  famille et  de  leur dévouement,  il  en  
 résultait nalurellement que  les mata-boulais  devaient  
 aussi s’occuper sans cesse  du bien-être des  classes subalternes. 
   Les mata-boulais  étaient  en  quelque  sorte  
 les médiateurs constans et désintéressés  des  rapports  
 des  nobles  avec  les hommes du  peuple ;  leurs  efforts  
 avaient toujours pour  objet  d’adoucir  toute espèce  de  
 collision  fâcheuse entre  ces deux  castes,  en  rappelant  
 aux  premiers les  obligations de leur  rang  et  ce  qu’ils  
 devaient  à leurs  sujets,  et à ceux-ci  les  devoirs  que la  
 religion elle s   coutumes de leur  pays  leur  imposaient  
 envers  leurs  supérieurs.  Mariner,  qui  le  premier  
 nous  a  fait  connaître  l’existence  et  les  fonctions  des  
 mata-boulais,  fait le plus grand éloge des personnes de  
 cette classe,  et déclare qu’en général  ils  remplissaient  
 dignement  les  devoirs  auxquels  ils  étaient  appelés  '. 
 I  Mariner,  I I ,  p.  89  et  suiv. 
 Les  lils,  frères,  et  en  général  tous  les parens des  
 mata-boulais  qui ne sont  point  appelés  à  en  remplir  
 les  fonctions,  forment  la  classe des mouas.  Ils  assistent  
 les mata-boulais  dans  l’exercice  des  cérémonies  
 publiques,  dans  le  maintien  de  la  police  générale  et  
 dans  la  surveillance  des  jeunes  eguis.  Ils  professent  
 en  outre  les  arts  et  métiers  jugés  libéraux  à Tonga ;  
 tels  sont  ceux  qui  ont  pour  objet  de  construire  les  
 pirogues ,  de  tailler  les  dents  de  baleine,  de bâtir  les  
 maisons  et  les  caveaux  en  pierre,  de  fabriquer  les  
 filets ,  de pêcher et  de construire les grandes  cases  >. 
 Enfin  les  touas  constituent  la dernière classe de  la  
 société,  le  peuple  proprement dit ;  ils  sont  par  leur  
 naissance  kaï-fonoua,  comme  qui  dirait  vilains,  
 attachés  à  la  glèbe.  Les  plus  distingués  parmi  eux  
 peuvent  prétendre  à  exercer conjointement  avec  les  
 mouas les  quatre métiers ci-dessus mentionnés ; d’autres  
 sont chargés du tatouage,  de ciseler et d’incruster  
 les casse-têtes ,  et de faire la barbe avec des  coquilles.  
 Enfin  ceux du  dernier  rang  sont  cuisiniers ou  laboureurs  
 ,  et  il est  défendu  à ceux-ci  de changer  de  maîtres  
 et  de fonctions. 
 Il paraît  que ces peuples  n’avaient point  d’esclaves  
 proprement dits ,  quoique  la  condition  des  derniers  
 louas  ne  fût  guère  qu’une espèce  de  servitude.  Sans  
 doute  les  prisonniers  faits  dans  les  combats  étaient  
 massacrés ou rendus à leurs tribus respectives, quand  
 la  paix était faite. D ’ailleurs  lorsque  les  iles Tonga se 
 Mariner,  II,  p.  90  et  91.  
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