
 
        
         
		breux  ,  mais il n’y  en a que cinq  ou  six  dont  l’activité  
 soit mlatigable.  Pour le plaisir de persécuter les hommes  
 ,  ils résident plus  souvent  à Tonga  qu’à Bolotou.  
 Ce sont  eux  qui  tourmentent  les  femmes  endormies  
 pour  leur  faire  faire  de  mauvaises  couches,  qui  égarent  
 les  voyageurs,  qui  leur  sautent  sur le dos pendant  
 la  nuit,  leur  occasionent  des  cauchemars  et  
 des  songes effrayans durant leur sommeil.  Enfin c’est  
 à l’influence  funeste de ces  génies  du mal  que  les  naturels  
 attribuent  toutes  les  petites  tribulations  qui ne  
 peuvent  pas  être  l ’effet  de  la  colère  des  premiers  
 dieux.  Rien  ne  ressemble  plus  aux  Hotoua pou  que  
 lidée  que  les  gens  du  peujile,  en  certaines  contrées  
 de  la France,  se  font  des  latins,  loups-garous, fa r fa 
 d e t s , fo lle t s ,  gobclins,  etc.  Ces  esprits malins  ne  
 sont  l’objet  d’aucun  culte,  et  ne  sont  même  jamais  
 visibles  G 
 Mawi  est  une  divinité  couchée  tout de  son  long,  
 qui supporte la  terre sur son  dos,  et  les  tremblemens  
 de  terre  sont  occasionés  par  les  mouvemens  que  
 cette  espèce  d’Atlas  ou  d’Encelade  fait pour  essayer  
 de  se  mouvoir,  quand  sa  position  devient  trop  pénible  
 ;  alors  les  naturels  poussent  de  grands  cris  et  
 frappent la  terre  à  coups de  bâton  ,  pour le  forcer à  
 rester  tranquille.  Du reste,  ils ne  lui  rendent  aucun  
 autre  cu lte ,  et  se  soucient  fort  peu  de  savoir  où  il  
 est,  alléguant  que  personne ne  pourrait jamais  aller  
 le  voir 2. 
 Toutes  ces  divinités  sont  tellement  respectées,  et  
 tout  ce  qui  se  rapporte  à  leur  culte  est  l’objet d’une  
 vénération  si  profonde  ,  qu’on  n’a  presque  jamais  
 lieu  d’observer  un  seul  exemple  d’impiété  avérée.  
 Cela  cessera  d’étonner,  quand  on  apprendra qu’une  
 croyance adoptée par  tous  ces  insulaires,  surtout par  
 ceux  des  basses  classes,  établit  que  toutes  les  misères  
 auxquelles l’homme  est  sujet  sont  les  justes  cbâ-  
 tiniens de  ses crimes  , et que  celui qui  se  rend coupable  
 d’offense  envers  les  dieux  ,  s’expose  aux  plus  
 tei'ribles maladies,  et  même à la mort.  On  sent  bien  
 que  cette  conviction  doit  opposer  un  frein  aux  passions  
 des  touas et même d’une  partie des mouas dont  
 l’ame  ne  survit  point  au  corps.  Sans  avoir  le même  
 empire  sur  l’esprit  des  chefs  ,  elle  doit  encore  agir  
 avec force,  attendu qu’ils  tiennent  toujours aux jouissances  
 de cette vie,  et qu’après  tout ils préfèrent  une  
 mort  glorieuse  suj  le  champ  de  bataille  ,  à  une  fin  
 lente  et pénible  sous  les  atteintes de  la maladie  et  au  
 milieu  des  lamentations  de  leurs  amis  «. 
 Les  dieux  manifestent  souvent  leur  présence  par  
 un  sifflement  particulier  ;  c’est  pourquoi  il  est  défendu  
 (tabou)  de  siffler  ;  cette  action  étant regardée  
 comme  irrespectueuse  envers  les  dieux. 
 Une  de  leurs  traditions  les  plus  singulières  est  la  
 suivante. 
 Un jour Tangaloa,  l’un de  leurs  dieux,  alla pêcher  
 à  la  ligne  ,  et  il  arriva  que l’hameçon  resta  accroché 
 il" 
 i'