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projette au Pérou & dans le refie des Indes, hrau-
roit pas de moindres avantages.
, reffources ont mis le gouvernetnent eh
état de fubvenir, fans efforts extraordinaires , aux
-oixante millions qu'ont coûté les expéditions
d Alger & de Buenos-Ayres , fi c eV e ll quelques
avances faites par l'entrepreneur des vivres de la
marine, & de quelques emprunts faits auxgremïos 3
ou corps des marchands. Ces emprunts font fe-
crets & doivent être peu considérables ; car fans
cela ce corps perdroit la confiance du pubic ,
qui lui prete tous fes fonds , à raifon dJun &
demi ou deux pour cent 5 intérêt très-modique qui
prouve que l’Efpagnol n'entend rien à l'agiotage.j
que ce -commerce intérieur offre peu de reffour-
ces ; que l'agriculture neft pas en vigueur, & que
le gouvernement n’infpire qu'une très-légère confiance.
Cette derniere obfervation eft démontrée par
1 efpace de fept ans qu'il a fallu pour remplir un
emprunt de dix millions à rente viagère , quoiqu'il
offrît aux prêteurs un intérêt de neuf pour
cent. C 'e ft la première opération de finance qu ait
fait 1 Efpagne : fi l'on y joint les contrats que donna-
le roi régnant à fon avènement au trône , pour
f t. ^ £^re une dette d'environ quarante millions
laiffee par Philippe V , 8c qu’ il dépenfa à faire
planter les jardins de la grange. Ces contrats
font tombes dans un tel di (crédit , que les proprietaires
les offrent à quatre-vingt cinq pour cent
de perte.'
L emprunt des dix millions étoit deftiné à éteindre
les charges onéreüfes à l'état j comme il n’a
point rempli cet ob je t, on l'aura, fans doute,
employé à fubvenir à d'autres befoins.
C e s emprunts exceptés , l'Efpagne n'a donc pas
de dettes, a moins qu'on ne.veuille parler de celles
de Philippe V . Ferdinand VI. déclara en montant
fur le trône , qu'il ne vouloit pas les payer. Il ne
faut cependant en rien conclure contre l'équité de
ce prince. C e ne fut qu’après plufîeurs confulta-
tions de jurifconfultes, & fur-tout de théologiens,
qu'il fe décida à ce manque de bonne-foi 5 & il .
n'en conferva pas moins le titre de Jufte , qu'on ;
lui avoit donné. Il eut enfuite des remords , & il :
en fit part a fon confeffeur , qui étoit jéfuite.
Celui-ci ofa demander au roi pourquoi il avoit !
pris ce parti 5 il lui répondit que telle avoit été
fon opinion dans le tems. Lé confeffeur voulut le
nier ; mais le roi , qui avoit confervé l'avis du
jéfuite écrit, & figné de fa main, le confondit,
& bientôt l'éloigna de fa. perfonne.
Charles III. trouvant cent cinquante millions
d épargné, déclara qu'il payeroit les dettes de fon
pere 5 mais que ,les,étrangers ne feroient rembourrés
qu apres les nationaux. Il paya , en effet, environ
un cinquième du capital, & fufpendit en-
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fuite fes paiemens. L'Efpagne, après cela, peut-
elle compter beaucoup fur fon crédit chez l'étranger
? Elle trouveroit auffi peu de reffources dans
fon intérieur. Les deux feules villes riches Sc commerçantes
, Cadix & Barcelone, ne confîeroient
pas leurs fonds au gouvernement, ayant, par la
liberté du commerce,dans les Indes, des moyens
plus lucratifs & plus fur s de les faire valoir.
Madrid , fur lefquelles , dans les befoins urgens T
le gouvernement auroit pu compter 5 mais elles
font éteintes aujourd'hui : leurs fonds fe font dif-
perfés , & , d'ailleurs, elles avoient en ferme les
revenus qui font aujourd'hui en régie. Nous avons
vu jufqu'à quel point l'état peut compter fur les
g r em io s . On auroit de la peine à augmenter les
impôts, ils font déjà trop confidérables $ il eft
donc évident que l ’Efpagne eft peu en état de faire
la guerre, & qu'elle s'épuiferoit aifément.
Les revenus publics fe divifent, en Efpagne .
en rentes générales & rentes provinciales.
Les rentes générales font, les douanes, la vente
du tabac, du fe l, du plomb, du cuivre & du vif-
argent , les polies , le papier timbré , &c. Ces
rentes font en regie , & le clergé y eft fournis
comme les autres corps de l’état.
Le bail des rentes provinciales ne regarde que
les vingt-deux provinces de la couronne de Caf-
tille; il comprend lalcavala , dont le clergé eft
exempt , impôt qui date depuis l'année 1329 ; H
confilte en un droit payable fur toute marchandife
achetée, vendue , ou échangée. C e t impôt n'eft
pas égal par-tout ; il eft de huit pour cent fur
toutes les marchandifes qui entrent dans Madrid ,
& qui fouvent font arbitrairement eftimées. Dans
plufîeurs villes , comme Alicante , Cordoue &
Murcie, &c- il eft permis aux marchands de s'abonner
pour le droit d'alcavala.
Il exifte en Efpagne trois coutumes , relativement
aux finances. La première eft celle de là
province franche de Bifcaye , qui ne payoit rien
autrefois , mais fur laquelle oft a commencé à
mettre quelques légers impôts. Les dépenfes de là
communautéfont couvertes , par une taxe égale
& modique impofée fur chaque feu.
La fécondé eft celle de la couronne d'Arragon ,
où l'impofîtion eft arbitraire & perfonnelle , excepté
dans la Catalogne , où il exifte un cadaftre
& une taxe proportionnelle. »
La troifième enfin, eft celle dont j'ai déjà parlé,
& qui regarde les provinces de Caftille.
L é même voyageur d i t , tome I. page 238, en
parlant des douanes d'Efpagrie & de la ville de
Sainte-Marie.^ » Oh defeend dans le port par trois
“ larges degrés, & c'eft-là qu'on s'embarque pour
w C ad ix , après avoir été fouillé. On vous fouille
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.#> encore à quelques cens pas en avançant dans
sa la mer 3 vous ne manquez pas d'être fouillé en
« arrivant à la baie 5 & l'on fouille pour la
.*> quatrième.fois à la porte de Cadix.
». Il n’ y a pas au monde de pays plus étrange
» que l'Efpa'gne, & fur-rout Cadix , pour ce
» genre de vexation.
» Le gouvernement entretient une foule de
» mercenaires, âmes viles, q u i, pour vingt fols,
» Iaifferoient paffer tous les contrebandiers de la
*> terre, mais qui font très-exaéfc à vuider les po-
» ches d'un homme honnête. Chaque ville d ‘Ef-
•-> pagne met un impôt fur fa délicateffe j en en-
» trant & en fortant , il doit une portion de fa-
» bourfe aux gardes de la douane , s'il ne veut
» être vexé , fouillé & retardé. Ceux de Cadix
« font les plus infoleos qui exiftent parmi cette
•* troupe avide j ils ont l'effronterie, fi vous paffez
30 feulement la porte de la ville pour aller au
*• niole , de vous demander pour boire , avec uil
» ricanement & un ton qui lignifient : donnez,
» fînon je vous fouille.
Plus loin , on trouve d e s . obfervations très-ju-
dicieufes de l'auteur, fur quelques nouveaux ré-
glemens publiés en Efpagne en 1778 , pour favo-
ïifer 1 induftrie , qui eft une des foürces de la finance
des gouvernemens.
C e s réglemens ont accordé la liberté du com-
inerce des Indes., en y comprenant , outre les
ifles fous le vent , Campecho , Sainte-Marthe &
Rio deL hacha.
Une partie de la côte de Terre-ferme & le M e xique
, font feuls excepté dé cette liberté de commerce.
.
La fortie des foies , l ’entrée de différentes étoffes
de laine, de fil & de foie , ont été prohibées j
. f e .nouv?au fyftcme a été un des fruits que
l’hiftoire philofophique des deux Indes a produit
en Efpagne, quoiqu'elle y ait été proferite.
L Efpaghe avoit d’abord commercé avec fes
colonies, par le moyen delà flotte & des Rallions
qui partaient de Cadix tous les trois ans &
quon avoit ceflfé d'employer depuis 17 40 / On
leur avoit alors fubftitué des vaiffeaux nommés
de r é g i[ i r e , qui ne partoient pas , comme les gal-
Jions , a des termes fixes, mais ne mettoient à la
voile, qu'avec une permiflion expreffe du gouvernement
, & après beaucoup de formalités. Mal-
gré ces entraves , 1 ufage des vaiffeaux de regillre
produmt en peu de tems un bien fenfible.
Les Indes , qui ne voyoient auparavant des
vaifieaux Espagnols qu'à des époques marquées , 1
A> uv e 01Sn?es rune ^ l'autre, ^voient le tems >
a 0UbJler la métropole. Les colonies ne prenoient ’
que lentement fes g oû ts , fes moeurs, fes trfages, |
La fréquence des expéditions , qui fut la fuite du
nouveau fyftême, ouvrit une correfpondance fui-
vie entre l'Efpagne & fes colonies.^ Elle leur fit
connoître & aimer tous les befoins qui pouvoient
être fatisfaits en Europe j le fuccès avoit furpafle
les efpérances des commerçans Efpaghols , lorf-
que le nouveau réglement a paru. Il a peu fatisfiiit.
les habitans de Cadix ; mais il paroiffoit attendu'
avec impatience'du relie de la nation.
Malaga Çarthagène , Alicante , Barcelonne,
cilbao 3 Je Fefrol & Ja Corogne 3 peuvent libre-
. ment expédier en droiture leurs marchandifes ou
leurs fruits dans les Indes. Il relie à favoir fi ces
diverfes villes pourront faire ufage de . cette liberté
: l'expérience a prouvé le contraire.
Le chargement d’un navire pour les Indes, pra-
pofe dans Alicante depuis lîx mois, n’a pas encore
pii etre rempli.
Si l’on fuppofe le tems de paix , & qu’il fe
trouve dans les divers ports de l’Efpagne des
commerçans riches , auxquels le commerce des
Indes elt connu, quels feront les réfultats du nouveau
reglement?
. ’ Par P0fition j ne peut pas recevoir
plus d etendue ; lepetit efpace quelle occupe au
lein des mers eft extrêmement peuplé , & ne peut
pas 1 etre davantage j de forte que-l’amour du gain
engagera tel particulier qui vit dans les terres à
envoyer fes fonds dans cette ville 5 mais il ’ ne
peut pas y tunfporter fa famille, parce que le
tejrrem eft etreonferit. Ses fonds feront ainlî doublement
utiles, en ce qu’ils fourniront une ref-
fource de plus au commerce , & qu’ils reviendront
enfuite enrichir le pays qu’il habitera. T e l
etçit un ^ des grands avantages de la polîtion de
C ad ix , & du privilège quelle feule avoit de faire
le commerce des Indes.
L ’Efpagne médiocrement peuplée en raifon de
fon etendue, devoit-elle donner un nouvel appât
a ravidite . Devoit-elle augmenter les reffources
des ports de mer , déjà trop grandes , & qui fe
multiplient toujours aux dépens des campagnes
parce que le commerce paroït offrir des gain! plus
journaliers , plus fdrs & plus multipliés que ceux
quon obtient par l'agriculture ? La facilité de fe
tranfporter dans les divers ports qui jouiffent à
prefent de la hberte du commerce des Indes ne
peut-elle pas nuire à la population du centre’ du
r é J S S n t . Jremlel'e obleâ;lon contre le nouveau
Les diverfes fpéculations qui fe faifoient à C a dix
pour lés Indes , étoient à-peu-près connues.
i-.es interelies a ce commerce favoient varier mul-
tipher ou borner leurs demandes, en raifon’ de la
.confommanon & des fpéculations qui avoient été
■ iaites-fur la place. Il M M cependant, malgré
cette connoiflànce due à une longue pratique