ments euffent été autrefois un fujet de fcandale
à vos frères ? faut-il encore quaujourdhui votre
faujfe vertu leur devienne funcfte ? ) (M . Beau-
zée. )
P O N C T U E R , v. a&. C ’eft obferver les règles
de la P onctuation. O n d it, C ette copie eft b e lle ,
mais e lle eft m al ponctuée. O n entend encore par
Ponétuer , D élîgner par un P o in t. [Anonyme,)
P O R T E R , A P O R T E R , T R A N S P O R T E R ,
E M P O R T E R . Synonymes.
Porter n’a précifém ent rap o rt qu’à la charge du
fardeau. Aporter renferm e l ’idée du fardeau &
.celle du lie u où l’on le porte. Tranfporter a rap
o rt non feulem ent au fardeau & au lieu où l’on.doit
T e porter y mais encore à l ’endroit d’où on le prend.
Emporter enchérit pardeffus toutes ces idées, en y
ajo u tan t une attribution de p ro p riété à l ’égard de la
choie d o nt on fe charge.
N ous fefons porter ce q u e , p ar fo ib leffeou par
bienféance , nous ne pouvons porter nous-m êm es.
N o u s ordonnons qu’on nous aporte ce' que nous
fouhaitons avoir. N ous félons tranfporter ce que
nous voulons changer de p lace. N ous, perm ettons
S emporter ce que nous lailfons aux autres ou ce
que nous leu r donnons.
L es crocheteurs portent les fardeaux dont on les
charge. L es dom eftiques aportent ce que leurs
m aîtres les envoient chercher. L es voituriers tranf-
' portent les marchandifes que les commerçants envoient
d’une v ille dans une autre. L es voleurs emportent
ce qu’ils ont pris.
V irg ile a loué le pieux E née d’avoir porté {on
père Anchife fur fes épaules, pour le fâuver du
fac de T ro ie . S. L uc nous ap re n d , que les prem
iers fidèles aportoient aux apôtres le prix des
biens qu’ils vendoient. L ’H iftoire nous m ontre que
la P rovidence_punit l ’abus de l ’a u to rité , en la
tranfporiant en d’aütrès mains. S i un de nos traducteurs
avoit bien fait attention aux idées accef-
foires qui caraCtérifent les fynonym es, il n’auroit
pas dit que le m alin E fprit emporta Jéfu s-C h rift,
au lieu de dire qu’il le tranfporta. ( U abbé Gl~
RARD.)
( N . ) P O R T R A I T , f. m. E fpèce particulière
de D efcription , qui a pour objet la figure extérieure
& le caraCtère intérieur de la perfonne réelle
ou feinte que l’on fe propofe de faire connoître :
ainfi , cette D e fc rip tio n , pour être c o m p lè te ,
réunit la P rofopographie & l ’É thopée. Voye\ DeSt-
£ R IP T IO N , P r OSOPOGRAPHIE , E t HOPEE.
L es Portraits d’im agination doivent toujours
ê tre vraifemblablés ; & ceux d’après nature , avoir
p o u r bafe la vérité. L es uns & les; autres doivent
ê tre faits avec art & intelligence , mais avec force
& vivacité : le g o ût doit choifir les traits & les
raprocher avec fineffe , pour m énager des coptraftes
tels que la nature les raffemble toujours, 8c qui
fervent à rendre plus faillants les traits principaux ,
Comme les ombres dans un tableau font mieux
fortir les objets éclairés. Choififfons quelques exemples.
Lucius - Catilina , Lucius - Catilina , forti
nobili genere natus , d’une maifon illuftre , avoit
fu i t magna vi & ani- une âme très - forte & un
mi & corporis, fed corps vigoureux, mais un
ingenio malo pravo- caraCtère méchant & dé-
Huic ab adolef- pravé. Dès fes premières an-
centia bella inteftina, nées, les diffenfions intefti-
coedes, rapituB , dif- nés, les meurtres , les vols,
cordia civilis , grata la dilcorde civile , eurent
fuére ; ibique juven- pour lui des attraits & ce
tutem Juam exercuit. furent lès exercices de fa
Corpus patiens ine- jeuneffe. Il eft incroyable à
diæ , algoris , vigi- quel point il fupportoit la
lice j fupra quam a d - faim , le froid, & les veil-
quam credibile eft. les. C’étoit un homme har-
Animus audax, fu b - d i, artificieux, fouple, ca-
dolus, varius , eu ju s pable de tou,t feindre & de
libet rei fimulator ac tout diffimaler, avide du
dijjimulator , alieni bien d’autrui, prodigue du
appetens , fu i profu- fien , emporté dans fes pafi*
f u s y ardens in cupi- fions, parlant.avec afîez de
ditatibiis ; fa t is lo - facilite, mais peu pourvu
quentice , fapientioe de jugement. Son génie
parum. Vaftus ani- vafte le portoit toujours à
mus immoderata, in- des chofes exceffives , in-
credibïlia, nimis alta croyables , trop élevées*
femper cupiebat. | ( Salluft. Catil. V .)
Ajoutez à ces premiers traits, qui font de main
de maître , les chapitres x rv , x v , & x v i ,. qui
font la fuite naturelle du V e , & qui n’en font
féparés que par une longue digrefïïon fur les révolutions
des moeurs dans la republique ; & vous
aurez un Portrait achevé. Mais raprochez-en celui
que fait Cicéron dans fa Harangue pour. M. Coe->
lius (v. vj. n. n , 1 3 ) , cité dans l ’article fui-
vant ; & un autre fait de la même main, dans
la II. Catilinaire ( / v , v. n. 7 , 8, 9 ) : non feulement
vous aurez tout ce qui peut faire copnoître
ce fameux chef de conjuration ; mais vous pourrez
encore comparer le faire de l ’hiftorien avec le faire
de l’orateur, & juger de la différence des tons qu’exige
celle des eirconftanees.
Perfonne n’ignore que les Mémoires du cardinal
de Retz font une galerie de tableaux , où *i’on
trouve les Portraits de tous les perfonnages dif-
tingués de fon temps ; & plufieurs y font en miniature.
On peut les appeler Portraits hiftori-
ques.
I l en eft d’autres, qui ont l ’air d’être hiftorî-'
ques-, mais qui font purement de fiâion ; tels fqnt
beaucoup de Portraits admirables dont le Télémaque
eft rempli : c’eft allez ici d’en avertir, fans
en citer aucun exemple ; car qui liroit ce D étions
naire-, fans avoir lu plufieurs fois & fans vouloir
relire encore ce cher - d’oeuvre de 1 immortel Fe-
nélon ?
Un autre ouvrage également lu & digne de l’être,
c’eft le livre des Caractères de la Bruyère : on y
trouvé beaucoup de Portraits finis, qu on peut
appeler allégoriques, parce que l ’auteur a prétendu
fixer davantage fes maximes générales en les
perfonnalifant. J’invite à lire fpécialement les Portraits
de Giton & de Phédon , qui terminent le
ch . VI.
On trouve aulïi des Portraits intéreffants & bien
faits dans nos bons poètes : Boileau , Racine , Molière
,• Voltaire , en font pleins ; & tout le monde
les connoît. Je vas pourtant en donner deux exemples
charmants ; l»e premier eft de Voltaire.
E t r e femme fans jalon fie,
E t b e lle fans coquetterie ;
B ien jug er fans beaucoup fa v o ir ,
E t bien parler fans le v ou lo ir }
N ’être haute n i familière ,
N ’a v o ir point d ’inégalité j . C’eft le Portrait de LA VALLIERE:
I l n ’eft ni fini n i flatté.
Le fécond eft le Portrait de madame de Roche-
fort , par M. le duc de Nivernois.
Senfib le a v e c dé lica te fle,
E t diferète fans fauffeté , ■
E lle fait jo indre la finefle
A l ’ aimable na ïv eté :
Sans ca pr ic e , h um eu r , n i fo lie ,
E lle eft je u n e , v iv e , & jo lie :
E lle refpe&e la raifon
E lle détefte l ’importure :
T r o is fyllabes forment fo n nom ;
E t lés tro is G râ c e s , fa figure.
En général, on ne doit peindre que les perfonnages
néceflaires à connoître , & on doit les-
peindre à propos : les Portraits inutiles fur chargent
le difeours , les Portraits mal placées le font
grimacer. On ne reprochera aucun, de ces défauts
au Portrait, de S. Athanafe , par l’abbé de la Blet-
îerie , dans l’Hiftoire de Jovien ( pages 12.8—
*33- )
Je finirai par une remarque de l ’abbé de Befplas
\Ejfais furVEloquence,de la Chaire ( pag. 1853—
1190. ) « Ne lailfons pas, dit - i l , ignorer aux
» orateurs , que le goût des .tableaux ne làuroit
» apartènir au grand genre : ils font dans l ’Élo-
» quence , ce que le Portrait eft dans la Peinture;
» je veux dire , qu’ils font dans la clalfe des talents
». imitateurs , affervis aux bornes étroites des fujets
» qu’ils ont fous les ieux. C ’eft aux peintres d’Hif-
» toire que font réfervés les premiers honneurs ,
* comme dans l ’Éloquence aux orateurs qui em-
» ploient le pathétique : eh pourquoi ? parce que
» ces derniers repréfentent la nature en mouvement,
» les autres ne peignent que fon repos ».
( M. B e a u zé e . )
( N. ) P O R T R AJ T , C m . Belles-Lettres.
Defcription de la figure ou du cara&ère d’une
perfonne, quelquefois de l ’une & de l ’autre. Lorf-
que c’eft une efpèce d’hommes que l ’on peint, comme
l ’avare , le jaloux , l ’hypocrite, la prude, la coquette
; ce n’eft plus un P o r tra it, c’eft un caractère
: & c’eft là ce qui diftingue la fatire permile,
de la fatire qui ne l’eft pas. La Bruyère fut accufé
d’avoir fait des Portraits : il n’avoit fait que des
caractères ; mais la malignité, en les appliquant
& en calomniant le peintre , avoit deux plaifirs à
Ja fois'. Voye-{ A llusion, Satire.
La Poéfie , l ’Éloquence , & l’Hiftoire font également
fufceptibles de cette forte de peinture ; il
faut feulement obferver que leur manière n’eft pas la
même.
J’ai déjà dit qu’en Poéfie, & fingulièrement dans
le Poème héroïque , l’art de peindre eft l ’art d’efi
quiffer avec efprit & de laiffer à l ’imagination le
plaifir d’achever l ’image. De tous les poètes épiques,
l ’Ariofte eft le feul qui fe foit amufé à finir
un Portrait y celui de la beauté d’Alcide : le ton
libre & badin de fon: Poème l ’a permis. Mais ni
Homère , ni Virgile , ni le Taffe, n’ont peint la
figure que par efquiffe & d’un trait rapide l ’intérêt
dominant de l ’aCtion ne leur a pas laiffé le
loifir de peindre en détail. Voye^ E sq u is se .
Dans des Poéfies dont le fujet , moins vafte ,
moins férieux, moins entraînant, permet au poète
de s’égayer ou de, fe repofer fur un objet unique ,
un Portrait fini fera placé , s’il eft intéreffant.
Dans l ’Élégie ou dans PÉglogue , l ’amant, occupé
de fa maitreffe, peut naturellement s’en retracer
les charmes & 11’en rien oublier. De même,
lorfque la nature du Poème exige qu’un objet allégorique
foit décrit, comme dans les Métamorphofes,
le poète ne fauroit mieux faire que de rendre l ’idée
fenfible aux ieux : alors peindre, c’eft définir. Virgile
aura dit en paffant , male fuada famés ; Ovide
décrira ce-que n’a fait qu’indiquer Virgile,
Hirtus erqt criais ; cava lumina , pallor in oie ,&c,
Ovide aura décrit l ’Envie :
P allor in ore Çedet,macies in corpore toto ,
Rnfquam. rècla actes, Vivent rubigine dentes :
P éclora Jelle virent, lingua eft fujfuja veneiïo ;
yifus abejty tiiji qiiern viji movere dolores, &c.
Voltaire, en paffant, touchera quelques traits de
ce même vice :
L à g ît la (ombre E n v ie , à l’oeil timide & lo u ch e ,
Yerfans fur des lauriers les poifonsde fa bouche;