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la liberté . & le fà lu t de toute la Grèce ; & vous
en ave^ des exemples qu’on ne fauroit démentir :
car on ne peut pas accufer d’avoir fa i ll i , ces
grands hommes qui ont combattu pour la même
caufe dans les plaines de Marathon, près de
Sa lamine O d’Artémife , & devant Platée. » Mais
» il en ufe bien dune autre forte, dit l’auteur
» grec : & tout d un coup, comme s’il étoit inf-
» pire par un dieu & pqfledé de l’efprit d’Apollon
» même, il s ecrie en-jurant par ces vaillants dé-
» fenfeurs de la Grèce . . . Par cette feule figure
» du Serment . . . il déifie ces aticiens citoyens
» dont il parle , & montre en effet qu’il faut re-
» garder tous ceux qui meurent de la forte , comme
» autant de dieux par le nom defquels on doit
» jurer : il infpire à fes juges l’efprit & les fen-
» timents de ces illuftres morts ; & changeant le
» tour naturel de la preuve en cette grande &
» pathétique. rhanière d’affirmer par des Serments » fi extraordinaires , fi nouveaux , & fi dignes de
» fo i, il fait entrer dans l’âme de fes auditeurs
» une efpece d antidote contre les -mauvaifes im-
» prenionsil leur élève le courage par des louan-
.» ges j- en un mot , il leur fait concevoir, qu’ils
» ne doivent pas moins s’eftimer pour la bataille
» qu ils ont perdue contre Philippe , que pour
» les vi&oires qu’ils ont remportées à Marathon &
» a Salamine ; & par tous ces- différents moyens ,
» renfermes dans une feule figure,» dans fonparti ». il les entraîne
L orateur romain nous a laiffé l ’exemple d’un
Serment religieux employé à propos & avec avan-
tage ( In Pifonem. i i j , 6 , 7 ). I l fortoit de charge a la fin de fon fameux confulat ; i l étoit dans la
tribune aux harangues , prêt â faire un di(cours au
peuple ; le tribun lui défend de parler & le borne
au Serment ordinaire , qui devoit être touf fim-
plement d avoir tout fa i t dans la vue du bien
public. Cicéron , juftement indigné de cet obftacle
aufh mjufte qu’imprévu , élève tout à couple flyle
de la formule , change le Serment légal en une
grande & magnifique figure , & jure , contre l’attente
de tout le monde & fpécialement du tribun,
ou? la République & Rome doivent à lui feul leur
lalut : Sine ullàdubitatione juravi, B impublic am
atque hanc. urbem meâ unius opéra effe falvam.
Ce Serment énergique fit plus d’effet que le dif-
cours qu’il avoit préparé , & lui valut le témoi-
gnagè que le peuple lui rendit fur le champ par
âcclamation , que jamais Serment ne fut plus vrai :
M ik i populys romanus univerfus illâ in con-
cione , non unius diei gratuladonem , fe d oeter-
nitatem immortalitatemque donavit } quum meum
jusjurandum taie atque tantum, juratus ipfe , unà
voce & confenfi approbavit. (M . B e a u z É e . )
(N . ) SERMENT, JUREMENT, JURON.
Synonymes.
Le Serment fe fait proprement pour confirmer
là fincerité d’une promeffe ; le Jurement, pour
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confirmer la vérité d’un témoignage; & le Juron
n’eft qu’un ftyle dont le peuple fe fert, pour
donner au difeours un air alluré & prévenir la défiance.
Le mot de Serment eft plus cfufoge , pour exprimer
l’aCtion de jurer en public & d’une manière
iolennelle. Celui de Jurement exprime quelquefois
de l’emportement entre particulier. Celui de Juron
tient de l ’habitude dans la façon de parler.
Le Ser ment du prince ne l ’engage point contre
les lois ni contre les. intérêts de fon État. Les
fréquents Jurements ne rendent pas le menteur
plus digne d’être cru. Les Jurons font prefque
toujours du bas ftyle ou du très-familier ; il y a peu
d’occafions férièufes ôd ils puiffent être placés avec
grâce. ( L ’abbé GlRARD.)
* SERMENT, VOE U . Synonymes.
( T C e fout deux aCtes religieux, qui fuppofent
egalement une promeffe faite fous les ieux de Dieu
& avec invocation de fon faine nom : c’ eft du moins
l ’alpeét commun fous lequel on doit envifager ces
deux mots, quand on les cônfidère comme fyno-
nymes ; mais alors même ils ont des différences,
qu’il "eft néceffaire de remarquer). ( M. B e a u -
ZÉE.)
Tout Serment , proprement ainfi nommé, fê
raporte principalement & directement à quelque
homme auquel on le fait. C’eft â l’homme qù’on
s’engage par là ; on prend feulement Dieu à témoin
de ce à quoi l’on s’engage , & l ’on fe foumet aux
effets de fa vengeance , fi l ’on vient à violer la
promeffe qu’on a faite ; fuppofé que l ’engagement
par lui-même n’ait rien qui le rendît illicite ou
nul, s’il eût été contracté fans l ’interpofition du
Serment.
Mais le Voeu eft un engagement ou Ton entre
directement envers Dieu ; & un engagement volontaire
, par lequel on s*impofe à foi-même , de
fon.pur mouvement, la néceffité de faire certaines
choies , auxquelles fans cela on n’auroit pas été
tenu, au moins précifément & déterminément : car
fi Ton y étoit déjà indilpenfablement obligé , il
n’eft pas befoin de s’y engager : le Voeu ne fait
alors que rendre l’obligation plus forte & la violation
du devoir plus criminelle ; comme le manque
de fo i , accompagné de parjure , en devient
plus odieux & plus digne de punition, même de la
part des hommes.
Comme le Serment eft un lien acceffoire qui
fuppofb toujours la validité de l'engagement auquel
on l ’ajoute, pour rendre les hommes envers
qui l ’on s’engage plus certains de la bonne foi
de •celui qui 1e. fait : dès .là qu’il ne s’y trouve
aucun vice qui rende cet engagement nul ou illicite
, cela fuffit pour être affilié, que Dieu, veut
bien être pris à témoin de l’accompliffement de
la promefïe; parce qu’on fait certainement, que
l ’obligation de tenir fa parole eft fondée fur un§
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des maximes évidentes de la loi naturelle, dont il
eft l ’auteur. ' , . -
Mais quand il s’agit d’un Voeu ', par lequel on
s’ engage directement envers Dieu , a certaines
choies auxquelles on n’étoit çoint obligé d’ailleurs :
la nature de ces chofes n’ayant rien par^ elle-
même , qui nous rende certains qu’il veut bien accepter
l ’engagement ; il faut , ou qu’il nous donne
à connoître la volonté par quelque voie extraordinaire,
ou que Ton ait là-delfus des précomptions
très-raifonnables , fondées fur ce qui convient aux
perfections de cet être fuprême. ( Le chevalier DE
J A U COU R T . )
( T Nulle Puiffance fur la terre ne peut délier
les fujets du Serment de fidélité qu’ils ont prêté
à un prince, fi ce n’eft le prince même qui l a
reçu. Tout Voeu contraire à celui de la loi. naturelle
ou d’une lo i pofitive, eft moins un Vceu
qu’un facrilège.
» Les ifraélites , dit l ’abbé Fleuri, étoient fort
» religieux à obferver leurs Voeux St leurs Servi
ments : pour leurs V oe u x , l ’exemple de Jephté
» n’eft que trop fort ; pour les Serments , Jofué
» garda la promelfe qu’il avoit faite aux gabao- j
» ni tes , quoiqu’e lle fût fondée fur une tromperie 1
» manifefte ) ». ( M. B e a u z Ée . )
‘ (N .) S IFFLANT , E , adj. Gramm. Quifiiffle.
Les articulations organiques fifflantes font celles
qui nailfent d’une interception imparfaite de l’air
fonore ; de manière que, quand la partie organique
mife en mouvement refteroit dans l ’état où ce mouvement
la met d’abord , il s^échaperoit encore alfez
d’air pour produire l ’articulation , & pour la-faire
durer long temps comme une forte de fifflement.
On donne aulfi le nom de fifflantes aux confonnes
qui repréfentent les articulations fifflantes.
11 y en a- deux labiales, V & F : quatre linguales
; lavoir les deux dentales Z & S , & les
deux palatales J & C H . Cette dernière articulation
, qui eft la forte de J , n’a point de con-
fonne'propre dans aucune langue, à moins que le
^ hébreu ne foit cette confonne, puifque, félon
la remarque de S. Jérôme ( In cap. 63. lfa ïoe ) ,
in eâ flridor quidam non nofiri fermonis inter-
firepic.Quoi qu’il en foit, les allemands la repréfentent
par S C H ; & les anglois , par S H.
L ’afpiration H peut elle-même être regardee
comme fifflante, parce que l ’expulfîon de l ’air
fonore peut durer comme un fifflement : & fi on
n’a pas fait nettement la remarque de ce principe ,
on en a du moins fenti la vérité & fuivi les con-
féquences ; puifqu^on a employé v pour h dans
veneti venu de titroi, f pour h dans l’elpagnol
hayer pour facere , f pour h dans feptem venu de
W'arrtt, & c . ) ( M . B E A U Z É E . )
SIGNE , SIGN A L . Synonymes.
jLe Signe fait connoître ; i l eft quelquefois
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naturel. Le Signal avertit ; il eft toujours arbi-
traire.
Les mouvements qui paroiflent dans le vifage
font ordinairement les Signes de ce qui fe pafle
dans le coeur. Le coup de cloche eft le Signal qui
appelle le chanoine à l ’églife*
On s’explique par Signes avec les muets ou les
fourds ; & Ton convient d’un Signal pour fe faire
entendre des gens éloignés. ( Uabbe GlRARD. )
S I G N E S ( écriture p a r ) , Littérature.
L ’ écriture par Signes, par Caractères , par Notes ,
ou par Abréviations , eft une feule & même
choie.
Nous nous contenterons de remarquer i c i , que
Plutarque, dans la Vie de Caton Ê U t iq u e , fait
Cicéron inventeur de la manière d’écrire avec des
S i g n é s à l ’occafion de la' confpiration de Catilina
; & qu’i l paroît, par une lettre du//V. x i l l
à Atticus , qu’il fe fervoit de cette manière d’écrire,
puifqu’i l y fait mention de ce qu’il écrivoit, êid
<r*fjMov , par Signes : exprelfion qui fait voir que
cet art étoit emprunté des grecs. Dion - Calïïus ,
dans le LV livre de fon Hiftoire , nous aprend que
Mécène le communiqua au Public par Aquila , ton
affranchi. I l paroît aulfi par Suétone , que Céfar
lui-même écrivoit avec des Signes, per notas. Dans
la vie de Galba , on trouve cette façon,de parler :
Quia notatai} non perferipta erat fumma , ne
hoec quidem accepit. On trouve encore furcelùjet
unpaffage remarquable dans le digefte {lib. x x i x ) ,
Lucius-Titius miles, notario fuo tefiamentum
feribendum notis diclavit, & antequam litteris
perferiberetur , vitâ defunclus efi. Voici le portrait
que Manilins, dans le IV liv. de fes Afironomiques3
fait d’ un notaire :•
Hic Grjcriptor erit velox , cui littéra verbum e jî,
Quique notis linguarrt fuperet, curjiifique lùquentis
Excipiat lotigas nova per compendia voces.
Baxter a du penchant à croire que cette manière
d’écrire étoit générale , avant qu’un muficien eût
inventé l ’alphabet : car Ariftoxène, contemporain
d’Ariftotfe , dans fon Traité de la Mufique , fait
de l ’art d’écrire , une partie de la Mufique.
Le même Baxter croit que les notes de mu-
fique & les caractères dont fe fervent les médecins,
font encore des relies de ces anciens caractères ou
nota ; pour ne rien dire des Sigloe romaines, ainfi
nommées pour fïnguloe , qui n’étoient autre chofe
qu’une ou deux lettres , pour exprimer tout un
mot , & qui par conféquent étoient plus tôt des
abréviations que des Signes ou des chiffres. Les
îtpà T-pà^ara des égyptiens étoient des Signes fa-
crés , Notoe facroe , empruntés des interprètes des
fonges. Artémidore appelle partout ces fymboles
facrés o-vpuoe ; terme q u i, dans l ’Écriture lainte,
marque aulfi des prodiges. Quamfcitè per no$as nof.