
occupé, foil pour l ’avoir imaginée toute autre quelle
le m0nde fent ]a jufteffe .jj >
ennir la Ponctuation , comme je l ’ai fait dès le
commencement, l ’Art d’indiquer dans l ’écriture par
' j S/ § neS reSus> la proportion des paufes que l ’on
doit faire en parlant.
t cf ta* eres ufiiels de la Ponctuation font
a îrgule, qui marque la moindre de toutes les
paules_, une paufe prefque infenlïble ; un Point &
une Virgule, qui défigne une paufe un peu plus
gran e ; les deux Points, qui annoncent un repos
encore un peu plus confidérable le Point, qui
marque la plus grande de toutes les paufes. *
L e choix de ces caraftères devant dépendre de
la proportion ou il convient d’établir dans les
paufes , 1 art. de ponctuer le réduit à bien con-
noitre les principes de celte proportion : or il eft
evi..ent_quelle doit fe régler fur les befoinsdela
reipiratron , combinés néanmoins avec les fens partiels
qui continuent les propolitions totales.
• , °'i^'/»a 'n”aTO*t égardqu aux befoinsde larefpira-
uon, le difeours devroit fe partager en parties à peu près
égalés; & fouvent on fulpendroit mal-adroitement
un fens qui pourroit même par là devenir inintellig
ib le ; .daotjes foison uniroit enfemble dés fens
lont a fort drffemblables & fans liaifon , on la fin de
aa're ^ ^ un fens avecie commencement d’un
2a .C° nl? K on ne fe propofoit que la
d l t o a ™ des fens partiels , fans égard aux
befoins de la refprratron; chacun piaceroit les ca-
rafteres difrrncrits, félon qu’i l jngeroit convenable
d anatomiferplus ou.moins les parties du difeours-
1 un le oouperoit par maffes énormes, qui mettaient
hors d baleine ceux qui poudroient les prononcer
de fuite ; 1 autre le réduirait en particules, qui
feraient de la parole une efpèce de bégaiement dans
la bouche de ceux qui voudroient marquer toutes les
paules écrites.
30. Outre qu’il faut combiner les befoins des poumons
avec les fens partiels , - il eft encore indif
penfable de prendre garde aux différents degrés de
iubordination (jui conviennent à chacun de ces fens
partiels dans 1 enfemble d’une propofition ou d’une
période, & d’en tenir compte dans la Ponctuation
mt une gradation proportionnée dans le choix
des lignes. Sans cette attention, les parties fubal-
«ernes du troifième ordre, par exemple, feraient
féparées entre elles pat des intervalles égaux à
ceux qui diftiriguent les parties du fécond ordre
& du premier; & cette égalité des intervalles amè-
nerait dans la prononciation une forte d’équivoque
puifqu elle préfenteroit, comme parties également
dépendantes d’un même Tout, des fens réellement
Subordonnés les uiis aux autres & diftingués par différents
degrés d’affinité. .
Que faudrait - il donc penfer d’un fyftême de
Ponctuation qui exigerait , entre les parties
fubalternes d’un membre de période , des intervalles
plus confidérables qu’entre les membres primitifs
delà période? T e l eft celui de l’abbé Girard , qui
veut ( tome i l , page 463 ) que l ’on ponctue ainfi la
période fuivante :
S i l on fa i t attention à ta conformation délicate
du corps féminin : fi L'on connoît l'influence
des mouvements hyjlériques : & f i l ’on fa it que
I action en eft aufiî forte qu irrégulière ; on excu-
fera facilemint les foiilej/hs des femmes.
C ’ell l ’exemple qu’il allègue d’une règle qu’il
énonce en: ces termes : « Il n’eft pas effençiel aux
» deux points de fervir toujours à diftiliguer, des
» membres principaux de période; il leur arrive
» quelquefois de fe trouver entre les parties fubal-
” ternes d’un membre principal, qui n’eft diftingué
» de 1 autre que par la Virgule p o n c t u é e . Cela a
» lieu lorfqn on fait énumération de plufieitrs chofes
» indépendantes entre elles, pour les rendre tontes
» dépendantes d’une autre qui achève le fens ».
Mais, je le demande, qu’importe à l ’enfemble de la
période 1 indépendance intrinsèque des parties que
1 on y réunit ? s’il y faut faire attention pour bien
p o n c t u e r , & s’il faut p o n c t u e r d’après fû règle de ’
l ’académicien ; i l faut donc écrire aiufi la phrafe
fuivante f.
j L officier -, le foldat : & le valet f e font enrichis
a cette expédition.
Cependant 1 abbé Girard lui-même n’y met que
des Virgules; & il fait bien, quoiqu’i l y ait énu-
meration de plufieurs chofds indépendantes entre
elles , rendues toutes dépendantes de l’attribut
commun , f e font enrichis à cette expédition
lequel attribut achevé le fens. Ce grammairien a
lenti fi vivement qu i l n y avoit qu’une bonne
Métaphyfîque qui pdt éclaircir les principes1 des
langues , qu’il fait continuellement lés frais d’aller
la chercher fort loin , quoiqu’elle foit foùvent afiez fimple & aflez frapante ; il lui arrive alors
de laiffer la bonne pour des pointilleries ou du précieux.
II s.eft encore mépris fur le titre de fbn feizléme
difeours , qu’il a intitulé De la PonCtuaficn fran-
Ç o ife . Un fyftême de Ponctuation , conftruit fur
de folides fondements, n’eft pas plus propre à la
langue fran çoife qu’à toute autre langue : c’eft
une partie de r_0bjet.de la Grammaire générale; &
cette partie effencïelle de l ’Orthographe ne tient
de l ’ufage national que le nombre , fa figure , & la
valeur des lignes qu’elle emploie. ■■
Mais paffons au détail du fyftême qui doit naître
naturellement des principes que je viens d’établir.
J’en rédais toutes les règles à quatre chefs principaux,
relativement aux quatre efpèces de caractères ufités
dans notre Ponctuation.
I. D e la Virgule. La Virgule doit être le feul
caraCtère. dont on fafïe ufage partout où l ’on ne
fait qu’une feule divifion des fens p a r tie ls fa n s
wrcine foudivifion ftbalterne La'raifon de cette
première règle générale eft que « divifion dont
i l s’agit fe fefant pour -ménager la toibieüe ou de
l ’organe ou de l ’intelligence, mais toujours un
peu aux dépens de Trinité de la penfee totale, qui
eft réellement indivifible il ne. faut accorder aux
befoins de l ’humanité que ce qui leur -eft indif-
penfablement néceffaire, & çonferver le plus fçru-
puleufement qu’il eft poflible la vérité & 1 unité
de la penfée / dont la parole doit préfenter une
imao-e fidèle. C’eft donc le cas d’employer la
Virgule , qui eft fuffifante pour marquer un repos
ou une diftinCtion , mais qui, indiquant le moindre
de tous les repos, défigne aufli une div.inon qui
-UArV. r>pn Vnnïté de l’exoreffion & de la penfée.
liers. . . .
i°. Les parties fi mil air es d une meme propoh-
tion eompofée doivent être féparées par des Virgules,
pourvu qu’il y en ait plus de deux, & qu’aucune de
ces parties ne foit foudivifée en d’autres parties fubalternes..
.. . '
Exemples pour plufieurs fujets : La riche J] e , Le
plaijir , la fan té , deviennent des maux pour
qui ne fa it pas. en ufer ( Théorie des fentiments,
chap. xiv. )
Le regret du pajfé , le chagrin dupréfent ,
Vinquiétude fur l'avenir, font les fléaux qui
affligent le plus le genre humain. (Ibid.)
Exemple de plufieurs attribus réunis fur un même
fujet : Un prince d?une naiffance^ incertaine ,
nourri par une femme projlituée , élevé par. des
bergers, & depuis devenu chef de brigands, je ta
les premiers fondements de la capitale du monde.
.( Vertot, Révolut. rom. Yiv. i* ) a Exemple de plufieurs verbes raportés au meme
fujet : I l alla dans cette caverne , trouva les.
inflruments, abattit les peupliers, & mit en un
feul jour un vaijfeau en état de voguer. (Télémaq.
liv . v u . ) A
Exemple de plufieurs compléments d un meme
verbe: A infi que d’autres encore plus anciens
qui enfeignèrent à fe nourrir de bled, à fe vêtir,
à fe faire des habitations , à fe procurer les
befoins de la vie, à fe précautionner contre les
bétes féroces. ( Trad. par l’abbé' d’Olivet de cette
phrafe de Cicéron, qui peut aufli entrer en exemple-
Etiam fuperiores qui fruges, qui vejliciim , qui
tecta , qui cultum vitoe, quiproefidia contra feras
invenerunt. ( Tufcul. liv X X V .)
L ’abbé Girard Çtom. I l ,pag-Al 6 ) fe conforme
d la règle que l’on vient de propofer, & ponctue
avec la Virgule la phrafe fuivante :
Je connois quelqu’un . qui-loue fans e (limer,
qui décide fa n s connoître , qui contredit fans,
avqir d’opinion , qui parle fans penfer, & qui
s’occupé fans rien faire.
Quatre lignes plus bas , i l ponctue avec les
(Jeux Points unè autre phrafe tout a fait femblable
' à celle-là qui par conféquent n’exigeoit pareillement
que la Virgule..
C ’efl un mortel qui f e moque du Qu’en-dit a-
t-on : qui n eft occupé que du plaijir : qui critique
hardiment tout ce qui lui déplaît : dont
l’efprit eft fécond en fyftêmes , *6- le coeur peu fu f -
ceptible d’attachement]: que tout le monde recherche
& veut avoir à f a compagnie.
Dire , pour juftifier cette, difparate , que les
parties fimilaires du premier exemple font en
raport d’union & celles ,du .fécond en raport de
partie intégrante ; c’eft fonder une différence trop
réelle fur une diftinCtion purement nominale , parce
que le raport de partie intégrante eft un vrai
raport d’union , puilque les parties intégrantes ont
entre elles une union néceffaire pour l ’intégrité
du Tout : d’ailleurs, quelque réelle que put être
cette diftinétion, elle ne pourroit jamais être mife
à la portée du grand nombre, même du grand
nombre des gens de' Lettres ; & ce feroit un abus
que d’en faire un principe dans l ’art de ponctuer „
qui doit être accèffible à tous. Il ne faut donc.que
la Virgule au lieu des deux Points dont s’eft fervi
l ’académicien ; & la feule Virgule qu’il a einr.
ployée, il faut la fupprimer en vertu de la règle-fui-
vante. . '
z°. Lorfqu’il n’y a que deux parties fimilaires ,
fi èlles ne font que raprochées fans conjonction,
le befoin d’indiquer la diverfité de ces parties exige-
entre deux une Virgule dans l ’orthographe & une
paufe dans la prononciation. Exemple : D e s anciennes
moeurs, un: certain ufage de la pauvreté
, rendoient à Rome les fortunes à peu-pris
égalés. ( Montefquieu, Grandeur & décadence des
romains, chap. iv. )
Si les deux parties fimilaires font liées par une
conjonction & que les deux enfemble n’excèdent
pas la portée commune de la refpiration , la conjonction
fuffit pour marquer la diverfité des parties
; & la Virgule romproit mal à propos l ’unité
du Tout quelles conftituent , puifqüe l ’organe
n’exige point de repos. Exemples L ’imagination
& le jugement ne font pas toujours d ’accord.
( Grammaire de Buffier , ti°. 980). I l parle de
ce au i l ne fa it point ou de ce qu’il fa it mal. ( La
Bruyère, chap. xj.) > , 1 . -
Mais fi les deux parties fimilaires réunies par
la conjonction ont une certaine étendue , qui empêche
qu’on ne puiffe aifément les prononcer tout
de fuite fans refpirer ; alors, nonobftant la conjonction,
qui marque la diverfité, il faut faire ufage
de la Virgule, pour indiquer la paufe :.c’eft le
befoin feul'de l ’organe qui fait ici la loi. Exemples :
I l formoit ces foudres, dont le bruit a retenti
par août le monde , 6*. ceux qui grondent encore
fu r le -point d’éclater. ( Péliffon. ) Elle ( l ’Églife )
ri a jamais regardé comme purement__ infpiré de
Dieu que ce que les apôtres ont écrit, ou ce
qu’ ils ont confirmé par leur autorité. ( Boffuet ^
DiJc.fur l ’Hift. univ. part. II. )