
froidement. Voye\ Discohvenance. ( A n o n
y m e , )
Raport , Barreau. Expofé que fait un juge
ou un commiflaire , foit en pleine chambre foit
devant un comité , d’une affaire ou d’un procès
par écrit qu’on lui a donné à voir & à examiner.
Cette partie eft d’un ufagè bien plus fréquent &
a beaucoup plus d’étendue que n’en a aujourdhui
l ’Éloquence éteinte du Barreau ; puifqu elle era-
braffe tous les emplois de la Robe, & qu’elle a
lieu dans toutes les Cours fouveraines & fubaltemes,
dans toutes les compagnies , dans tous les bureaux,
& dans toutes les comhiiffions. Le fucçès de ces
fortes d aftions attire autant de gloire qu’au c nn
plaidoyer, & i l eft d’un aufli grand fecours pour
la défenfe de la juftice & de l ’innocence. Comme
on ne peut traiter ici cette matière que très-légèrement
, je ne ferai qu’en indiquer les principes fans
les aprofondir.
. Je ^âis que chaque compagnie, chaque juridiction
a fes ufages particuliers pour la manière de
raporter les procès ; mais le fonds eft le même
pour toutes , & le ftyle qu’on y emploie doit
partout être le même. 11 y a une forte d’Éloquence
propre a ce genre de difcours , qui confîfte à
parler avec clarté , avec précifion, &avec élégance.
L e but que fe propofe Raporteur eft d’inftruire
les juges, fes confrères, de l’affaire fur laquelle
ils ont à prononcer avec lui ; i l eft chargé au nom
de tous d’en faire l’examen ; i l devient dans cette
occafîon , pour ainfi dire, l ’oeil delà compagnie;
i l lui prête & lui communique fes lumières &
fes connoiffançes : or pour le faire avec fuccès ,
i l faut que la diftribution méthodique de la matière
qu i l entreprend de traiter & l ’ordre qu’il
mettra dans les faits & dans les preuves, y répan^
dent une fi grande netteté, que tous puifTent, fans
peine & fans effort, entendre l ’affaire qu’on leur
raporte. Tout doit contribuer a cette clarté, les
penfées , les expreffions, les tours , & même la
manière de prononcer , qui doit être diftin&e, tran-
quile fans agitation.
J’ai ajouté qu’à la netteté il falloit joindre
de l ’élégance , parce que fouvent, pour inftruire,
i l faut plaire. Les juges font hommes comme les
autres ; & quoique la vérité & la juftice intéreffent
par elles-mêmes , il eft bon d’y attacher encore
plus fortement fes auditeurs par quelque attrait.
Les affaires, obfcures pour l ’ordinaire & épjneufes,
caufent de l ’ennui & du dégoût , fi celui qui fait
le Raport n’a foin de les affaifonner d’un fel pur
& délicat, q u i, fans chercher à paroître , fe fafle
fentir , & qui, par une certaine grâce , réveille &
pique l ’attention.
Les mouvements , qui font ailleurs la plus grande
force de l ’Éloquence , font ici abfolument interdits.
Le Raporteur ne parle pas comme av-opat,
J ’appliquerois volontiers à l ’Éloquence du Raporteur
ce que dit C icéron de c e lle de Scaurus ,
la q u e lle n’étoit pas p ro p re à la vivacité de la
p la id o irie , mais convenoit extrêm em ent à la gravité
d’un fénateur , qu i avoit p lu s de folidité & de
dignité que d’éclat & de pom pe : o n y rem arquoit,
avec une prudence confom m ee, un fonds m erveilleux
de bonne f o i, qui entrainoit la croyance. Ic i
la réputation d’un juge fait partie de fon éloquence ;
& l’idée qu’on a de fa probité donne beaucoup de
poids & d’autorité à fon difcours.
Ainfi , l ’on v o it que , pour réuffir dans les Ra-
ports , il faut s’attacher à bien étudier le prem ier
genre d’É lo q u en ce, q ui eft le fiinple , en bien
prendre le caractère & le goût , & s’en propofer les
p lus parfaits m odèles; être très-réfervè & très-fobre
à faire ufage du fécond g en re, qui eft l ’orné & le
tem p é ré , n en em prunter que quelques traits &
quelques agrém ents , avec une fage circonfpec-
tion , dans des occafîons rares; mais s’interdire très-
févèrem ent le troifièm e fty le , qui eft le fublim e.
Si les exercices des collèges, étoient habilem ent
d irigés, ils pourroient fervir beaucoup aux jeunes
gens pour les form er à la manière, de bien faire
un Raport. A près l ’explication d’une harangue do
C ic é ro n , aprendre de bonne heure l ’art d’en rendre
c o m p te , d’en expofer toutes les parties , d’en
diftinguer les différentes preu ves, & d’en m arquer
le fort ou- le foible , feroit un excellent a p ren -
tiffage~ O n p eu t l ’étendre à todtes fortes de fcien-
c es; & c’eft un des m oyens les plus u tiles p o ur
rendre un com pte judicieux, de bouche ou p ar écrit,
de toutes fortes d’ouvrages. U n journalifte eft un
Raporteur des ouvrages des autres ; la bonté & la
fidélité de fon Raport font fon m érite. (Le chevalier DE J AU COURT.)
( N . ) R A P O R T À , R A P O R T A V E C . Syn.
U n e chofe a Raport à une a u tre , quand l ’une
conduit à l ’a u tre ; ou parce qu’e lle en d épend,
ou parce qu’e lle en v ien t, ou parce qu’e lle en fait
fou v en ir, ou 'p o u r q u elque autre raifon : a in fi,
les fujets o nt Raport aux p rinces; les çftets, aux
eau fes; les copies, auxoriginaux.
U n e chofe a Raport avec une a u tr e , quand
e lle lu i eft p ro p o rtio n n ée, co n form e, fèm blable.
Une copie, en matière de Peinture, a Raport
avec l’original, fi elle lui reffemble & qu’elle en repréfente tous les traits : mais bien qu’elle foit imparfaite,
ginal. ( elle ne laiffe o u ü o u r s . )
pas d’avoir Raport d l’oriB
Les allions humaines , quelque Raport qu’elles
ayent avec les lois & avec les maximes les plus
févères de la Morale, ne font bonnes & méritoires
qu’autant qu’elles ont Raport à une bonne fin. ( M. B e a û z é e . )
( N. ) RÉALISER, EFFECTUER , EXÉCU-
TER. Synonymes.
C ’eft accomplir ce qui avoit été envifagé d’avance ;
mais chacun de ces verbes énonce cet accomplifîe-
ment fous des points de vûe différents.
Réalifer, c’eft accomplir ce que des aparences
ont donné lieu d’efpérer. Effectuer, c’eft aecora- •
plir ce que, des promeffes formelles ont donné droit
d’attendre.' Exécuter, c’eft accomplir une chofe
conformément au plan que l ’on s’en eft formé auparavant.
Ainfi , Réalifer a raport aux apparences ; Effectuer
, à quelque engagement ; & Exécuter, à un
deffein.
On ne réalife guère, dans le mondex, la bienveillance
dont on affeéfe fi fort de donner de vaines
démonftrations : la bonne foi y eft fi rare, qu’on
y eft réduit à encourager par des éloges ceux qui
ont affez de droiture pour effectuer les engagements
'qu’ils ont -contractés : i l femble qu’il y ait
un projet univerfel d’anéantir toute probité, & que
l ’on travaille à Tenvi à l ’exécuter-. ( M. B e a u -
ZÉ E .)~ .
( N. ] RÉBUS, f. m. Exprefilon figurée d’une
penfée par une fuite d’images d’objets dont les noms
rappellent des mots ou des fyllabes, images entremêlées'
de chiffres, de fyllabes, & de mots
félon le befoin, & le tout difpofé fouvent de manière
que l ’arrange ment même y a fon effet particulier.
Ceci jva s’expliquer par des exemples.
Quelquefois de fimples lettres mifes en lignes, &
prononcées pari eurs rioms alphabétiques , font un
Rébus. G , A , C , O , B , I , A , L : la fuite des
noms de ces lettr es fait entendre ces mots ; y ’ni affe^
obéi à elle.-
Quelquefois la difpofition de certaines fyllabes
mifes les unes fur les autres , ou les unes fous les
autres , ou les unes entre les autres, fait tout le
myftère du Rébus , qui s’explique par les prépofi-
fcions fu r yf o u s , entre , & c.
Pir vent venir)
Un vient d'un §
Un fous pir vient fous vent d'un fous venir ;
c’eft à dire, Unfoupir vient fouvent d'unfouvenir*
{ Deus gratiam denegat 1
nus nam bis J
Deu s fuper nus gratiam fuper nam denegat
jfuper bis.
P ri - bonne - fe pren - fait bien - dre-,
c’eft à dire > Bonne entreprife f a i t bien entre prendre.
D ’autres fois on repréfente des mots par des
chiffres , & on les difpofe comme on vient de dire :
on peindra , par exemple , fans fo u ci , par 100 ;
f a i un Jurtout neuf, par ^ tout ; &c.
Dans quelques Rébus on joint aux mots la peinture
de certains objets , afin qu’en nommant ces
objets , on faffe entendre les mots qu’on n’écrit
■ pas. L a Maifon de Savoie-Raconis porte dans fes
armes des chous cabus avec ces mots tout n'eft ,*
ce qui fignifie en Rébus , Tout n e jl qu'abus ;
c’eft ainfi , félon le P. Me'neftrier, que cette Maifon
[ fe plaignoit des effets 'civils de la bâtardife : la
, plainte même eft un abus, & la manière dont elle
eft rendue en eft un autre.
» Les rainiftres pu favoris qui-, dans les der-
- » nièces années de Louis X I , avoient eu fà con-
» fiance , avoient mérité la haîne publique : O li -
» vier le Daim fut pendu ; Doyac fut fouetté ,
: » eut les oreilles coupées & la langue pèreee.
» Le médecin Cottier fut envelopé dans cette dif-
» grâce, i l fut dépouillé de fes terres & con-
», danné à une reftitution- de 50,000 écus : con-
’ » tent d’être é drapé du, naufrage à ce prix, il fit
» repréfenter for la porte de fa maifon un abri-
» côtier avec cette devife, A l'abri - cottier ».
( Hift, de la rivalité de la F r. & de VAngl, par
M. Gaillard, Part. II , ch. xjv. )
Il a été un temps où l ’on fe-fo-i-t grand cas des
Rébus y & où tout le monde voüloit en imaginer
quelqu’un pour défigner fon nom : il paroît, par
le Rébus de Cottier , qu’il attachoit un grand-
prix à cette miferable fadaife. On eft heureufe-
ment revenu de ce mauvais goût ; & Ton ne trouve
plus que fur quelques écrans , compofés par des
gens du peuple , ces monuments ridicules de l ’abus
puéril des homonymes. C ’eft, en effet, connoître
bien peu le prix du temps , que d’en perdre la
moindre partie à compofer ou à deviner des chofes
fi pitoyables ; & j’ai peine à pardonner au P. Jou-
venci de ce qu’il a avancé, dans fon bon ouvrage
latin D e raüone difeendi & docehdi , que les
Rébus expriment leur objet avec quelque agrément
, non fine aliquo fa le ( Part. I , cap. i j ,
art. 4 , §. iij. ) , & de ce qu’il les a indiqués
' comme pouvant fervir aux exercices de la Jeuneffe ,
qui a tant d’autres chofes plus importantes & plus
utiles à aprendre & qui ne s’en occupe pas r
cette méprife , à mon g ré , n’eft pas affez réparée
par un jugement plus fage qu’il en porte prefque
aufli têt , en obfervanc qu’ils peuvent aiféaient