
rime que ceux qui les précèdent. Les Stances de
quatorze vers font des Stances de dix vers, A la
tm detquels on ajodte quatre vers , qu’on peut faire
rimer avec ceux qui les précèdent. Ces for tes de S tan-
ces, encore plus celles de treize & de feize vers, font
très-rares. Les Stances de fept vers fe competent
d'un quatrain&dun tercet, ou autrement d’un tercet
& d'un quatrain j dans la première manière , il doit
fc trouver un repos après le quatrième vers j &
dans la tèconde manière, ce repos doit être après
le troisième vers. Les Stances de neuf vers ne fe
-composent que d’une façon , c’eft a dire que l ’on
fait un quatrain, fuivi d’un quîntil ; aiiifi, le repos,
dans cette Stance, eft placé après le quatrième vers.
Exemple :
J e ne prends point pour vertu
Les noirs accès de triâeftè
D*un loup-garou revêtu
Dès habits de la Sagetle ;
Plus légère que le vent j
Elie fuit d’un faux Savant
La fombre mélancolie,
E t fe iàuve bien fou vent
Dans les bras de la Folie.
Les Stances n’ont été introduites dans la Poéfie
françoile que fous le règne de Henri I I I , en 1580.
Liogeodes , dont les poéfies ont beaucoup de douceur
& de facilité , eft le premier de nos poètes
qui ait fait des Stances. Les irréfolntions , les
douces rêveries s’accommodent allez à leur cadence
inégale : cependanr leur matière peut être enjouée ;
& on arrange de telle façon les vers, que , dans
les fujets galants, chaque Stance fe termine par
un mafeulin, & dans les triftes par un féminin , les
rimes mafeulines étant moins langui {Tantes que les
féminines.
Stance vient de l ’italien Stan^a , qui lignine
demeure, parce qu’a la fin de chaque Stance il
fent qu’i l y ait un fens complet & un repos. Ce
que le couplet eft dans les chanfons, la ftrophe dans
les odes, les S tances le font dans les matières graves
& fpiri tu elles. ( Le chevalier DE J A U CO ÜR T. )
S T E G A ïs O G R APHIE, f. m. Littérature. C’eft
l ’art de récriture fecrète, ou -d’écrire en chiffres,
de manière que 1 écriture.ne puiile être lue que par
le correfpoadant.
Ænéas, le tacticien, inventa, i l y a plus de deux-
mille ans, au raport de Polybe , vingt façons différentes
d’écrire, de manière que perfonne n’y pouvoit
rien comprendre, s’il n étoit dans le fecret.
Mais à préfent il eft bien difficile de rien écrire
de cette manière, qui ne puiffe être déchiffré & dont
on ne trouve le fecret. Le docteur Wallis, cet excellent
mathématicien, a beaucoup contribué à l’art de
déchiffrer.
L a Siéganographie , qui eft aflurément un art
fort innocent, n’a pas laiffé que de paffer, dans des
fiècles peu éclairés, pour une invention diabolique.
Trithèmc , abbé de Spanheim , ayant entrepris de
le faire revivre & compofé à ce deflein plufieurs
ouvrages, un mathématicien, fans doute ignorant,
nommé B 0ville , ne comprenant lien à certains
noms extraordinaires que Trithème n’avoit employés
que pour marquer fa méthode , publia que l ’ouvrage
étoit plein de myftères diaboliques. Poffevin
l ’a copié ; & prévenu de ces imputations , l ’électeur
Frédéric II fit bru 1er l’original de la Stéganogra-
phie de Trithème, qu’il avoit dans fa bibliothèque.
Cependant loifqu’on a été revenu de ces préjugés,
divers auteurs ont donné des Traités de Stégano-
graphie, tels que le Caramuel, Gafpard Schot ,
jéfuite allemand , Wolfang - Erneft E id e l, autre
{'avant allemand , & entre autres un duc de Luné-
bourg, qui fit imprimer , en 1614 , un Traité fur
cette matière , intitulé Cryptographia , c’eft .1 dire,
écriture cachée ; c’eft aufli ce que lignifie Stégano-
graphie , qui eft an mot formé du grec <rrtya.Ss ,
caché y dérivé du verbe s*«>w , je cache ,* & de
}pa<piï, écriture. On trouve plufieurs exemples &
manières de Stéganographie dans les Récréations
mathématiques d’Ozanam. J^oye\ C r y p t o g r a -
p i h i e , C h i f f r e , & D é c h i f f r e r . [ A n o n y m e .)
( N. ). STO ÏC IEN , STO ÏQ U E . Synonymes.
On donna le nom de Stoïciens aux difciples ÔC
aux feétateurs de Zenon , d’un nom grec qui lignifie
Portique j parce que Zénon donnoit fes leçons fous
le portique d’Athènes : ainfi , la philofophie Jloï-
cienne c’eft littéralement la philofophie du portique.
Cet adjeétif étoit futfifant pour qualifier tout
ce qui pouvoit avoir raport à la feéte phiiofophique
de Zénon. Mais elle avoit des principes de Morale
, qui la diftinguoient des autres par une grande
auftérité, & qui infpiroient un courage extraordinaire
: fans être de cette feéte & même fans la con-
noître , quelques hommes ont donné par fois des
exemples d’une vertu auffi auftère & d’un courage
aufli inébranlable- ;Nils n’ çtoient pas Jloiciens , mais
ils pratiquoient leur théorie fans la connoître , ils
étoient Jioïques.
Stoïcien lignifie donc , Appartenant à la feffce
phiiofophique de Zénon ; 3c Stoïque veut dire ,
Conforme aux maximes de cette, feéte. Stoïcien ,
dit Bouhours , va proprement à l ’efprit & a la
doctrine ; Stoïque , à l’humeur & à la conduite.
Des maximes Jloïciennes font celles que Zénon
ou fes difciples ont enfeignées ; les écrits de Sénèque
en font pleins , & en tirent leur principal
mérite. Des maximes Jioïques font celles qui per-
fuadent un attachement inviolable à la v~rtu la
plus «rigide, & le mépris de toute autre chofe,
indépendamment des leçons du portique ; telles
font tant de belles maximes répandues dans le Télémaque.
Une vertu Jldique eft une vertu courageufe &
inébranlable 5 3c telle a été fans contredit celle du prince
prince M a ï i m i l i iî n - J o e e s - L é o p o l d
d e B R U N S W I C K . Une vertu Jloïcienne
pourroit bien n’êlre qu un mafque de pure repré-
fentation ; car il n’ y a eu , dans aucune école ,
autant d’hypocrifle que dans celle de Zénon. Pané-
tius , l ’un de fes difciples, plus attaché à la pratique
qu’aux dogmes ne fa philofophie., étoit plus
(ioïqtie queJioicien : & Sénèque , prêchant faftueu-
fement la pauvreté , mais accumulant fans retenue
d’immenfes richefles, étoit plus Jloïcien que fioï- que.
On a cité plufieurs exemples, où ces mots font
employés îndiftinétement dans l ’un ou l ’autre de
ces fens ; & Ménage a prcfque voulu en conclure,
contre l ’opinion de Bouhours, qu’ils étoient entièrement
fynonymes. Ces exemples prouvent feulement
de deux chofes l ’une : ou qu'il étoit inutile
dans ces exemples d’infifter fur ce qui différencie
ces mots ; ou que les auteurs chez qui on les a pris ,
n’ont pas fait affez d’attention à ce que la juftefle
& la précifion exigeoient d’eux. [M. B e au Z ÉE. )
( N.) S TR O PH E , f. f. Ce mot vient du grec
s'pqcpà , retour , du verbe rp/cpw, je tourne. C ’eft
un enfemble d’un nombre déterminé de vers, delà
même mefure ou de mefures différentes, difpofés
dans un ordre réglé, & fefant partie d’une pièce
de vers compofée de pareils enfembles qui fe fuc-
cèdent. Le mot Strophe a à peu près pour nous le
même fens que Couplet y la différence n’eft que
dans l'application : nos odes procèdent par Strophes
; 3c nos chanfons , par Couplets : s’il étoit
queftion de chant, on chanteroit fur le même air
toutes les Strophes d’une même ode, comme tous les
Couplets d’une même chanfon.
Les grecs & les latins ne s'étoient point aflujétis
à mettre a la fin de chaque Strophe un repos pour
le fens j ils enjamboient de l ’une à l’autre fens
fcrupule : ce n’étoit pas même en mettant dans deux
Strophes, confécutives les fens partiels qui confti-
tuent un fens total ; mais fouvent le nom étoit dans
une Strophe & l ’adjeétif dans une autre, ou bien
le flijet dans l ’une & le verbe dans l’autre, &c. Voyez
Horace ( II. od. 1 ) :
1. Motum ex JÆetcllo cohfule civicum ,
JBellique caufas , & vitia , & modos,
Ludumque Fortunée, gravefque
JPrincipum amicitias, & arma
2. Nondum expiatis uncla cruoribus,
[ Péri culofoe plénum opus aleoe 3
T raclas >• & incedis per ignés
Suppojitos cineri dolofo.
Nos poètes font plus çirconfcrits j ils ne peuvent
enjamber d’une Strophe à .l’autre , & le fens doit
avoir un repos à la fin de chacune.
Dans notre Poéfie lyrique, nos Strophes ne
Gr a m m . e t L i t t é r a t . Tome III.
peuvent pas avoir moins de quatre vers; tA ts peuvent
en avoir cinq , fix, Cep t , huit , neuf, & jamais
plus de dix : la première Strophe fort derègle^mr
luivantes dans la même pièce, pour le nombre Zc
la mefure des vers, & pour la difpofition des rimes. Dans les Strophes de quatre vers, on peut i r'.
rimer le premier avec le troisième, 3c le focorrd avec
le quatrième : telle eft l'ode fecrée de Rouffeau,
tirée du F /. 9 6 , dont les Strophes commencent
par une rime mafeuline ; 3c fon ode ( II. viij ) i
l ’abbé de Chauliea, dont les Strophes commencent
par une rime féminine. On peut %r>, faire rimer le
premier avec le quatrième Sc le fécond avec le ttoi—
fième : telle eft Ji ode de La Motte, intitulée D ia logue
de VAmour le du Poète , dont les Strophes
commencent par une rime mafeuline j Sc comme
les ftances de Malherbe, qui font la fécondé pièce
du Livre V de l ’édition de Ménage ou la feptieme
du Livre IF de l ’édition de S. Marc, & qui commencent
par une rime féminine. On peut 3e. faire
quatre vers à rimes plates ; mais alors i l eft bon
d’employer dans la Strophe deux mefures différentes
de vers, afin d’en rendre la forme fenfible : telle»
font encore les Stances de Malherbe a la reine
Marie de Médicis y pendant f a régence y qui commencent
par deux vers mafoulins r & celles du même
auteur pour M . le duc de B e lle s arde fu r la guéri-
fon de Chryfante , qui commencent par deux vers
féminins.
Les Strophes de cinq vers doivent rouler fer
deux rimes, ce qui donne ou trois vers mafailins
& deux féminins , ou trois vers féminins 8c deux
mafealins : dans l ’un & dans l ’autre cas , i l y a fix
manières de difpofer les vers, que je vas indiquer
ici par les lettres m & ƒ , qui marqueront les vers
mafeulins & les féminins.
Premier cas Second cas.
I. z. 3* 4 5 4 i . 1 î 4 î
m. m. m. ƒ■ ƒ• m. /• / • / . nr.• /• f .:
m. /• m. m. nu f - ƒ • m. ƒ : f - m. m..
/• /• /• /• ni. m. . m. m. m. m. m. f - .
/• m. m. m. /• f - m. /• /• / - / - nu
m. m. /• f . / . m. f . f . f .
Pour les autres efpèces de Strophes ? afin de ne
pas alonger cet article inutilement , je renverrai
aux auteurs qui ont traité de la Poéfie franc aï f e ,
comme M. de Chalons Sc le P. Moùrgues ; mais je
renverrai furtou: aux bons modèles , Malherbe,
Rouffeau , L a Motte , &c. ( M . B e a u z é e . )
S T Y L E , Gramm. Rkétor. 'Éloquence , Belles-
Lettres. Manière d’exprimer fes penfées de vive
voix ou par écrit : les mots étant choifis <5c arrangés
felon les lois de l'harmonie & (k nombre , relativement
a l’élévation ou à la fimplicité du fe jet qu oa
traite, i l en refaite ce qu’on appelle Style. G g g