
les hommes , L'argent ç u E j 'a i dépenfé, Ce à
? P US P enf e\ 5 Le genre de vie AUQUEL on
Je dejtine ,* dans ces exemples, qui, que, quoi ,
& auquel, font relatifs : ils font abfolus dans
ceux-ci j Je fa i s q u i v o u s a accufé , Je ne fa is QUE vous donner , Marquez-moi à QUOI j e dois
771 en tenir, & après avoir parlé de livres , Je vois
-AUQUEL v o u s donnez la préférence ; ils le font
encore dans ces phrafes , qui font interrogatives,
Q u i v o u s a accufé ? q u e v o u s donnerai-je ?
A Q u o i penje-ç-vous ? & après avoir parlé de
livres^, AU QUEL donnez-vous la préférence ? C’eft
la meme choie en latin : quiy quee, qaod y font
relatif s ; quis, quid y font abfolus.
Mais aprofonaiflons une fois les chofes avant
de prononcer. Je Fai déjà dit dans cet article,
& je le répété encore : la lignification propre des
mots eft effenciellement une ; la multiplicité des
fens propres feroit directement contraire au but de
la parole j, cjui eft l ’énonciation claire delà pen-
fée ‘y & fi 1 ufage introduit quelques termes équi-
voques, par quelque caufe que ce fo it, cela eft
tres-rare , & io n ne trouvera pas qu’i l ait jamais
expofé a ce defaut trop confidérable aucun des mots
qui font de nature à le montrer fréquemment dans
le dilcours. Or il eft conftant que qui, quee, quod
en latin, qui, que, quoi , lequel en françois,
font ordinairement des adjectifs conjonctifs' : il
faut donc en conclure qu’ils le font toujours, & que,
dans les phrafes où ils paroilfent employés fans antécédent
, il y a une ellipfe , dont l ’analyfe lait bien
remplir le vide.
Reprenons les exemples pofitifs que l ’on vient
de voir. Je fa i s QUI vous a accufé, c’eft à dire,
j e fa is la perlonne QUI vous a accufé; Je ne
fa i s que vous donner y c’eft à dire , j e ne fa is
pas la chofe QUE je peux vous donner, ou que
je dois vous donner j Marque^ - moi à Q u o i
j e dois m en tenir, c’eft a dire , marquez-moi le
fen tinrent, ou l ’opinion , ou le parti ,& c , à Quoi
j e dois jnen tenir ; en parlant de livres, Je pois
AUQUEL vous donnez la préférence, c’eft adiré,
j e vois le livre AUQUEL vous donnez ta préférence
; le genre mafeulin & le nombre fîngulier du
mot auquel prouvent affez qu’on le raporte à
un nom mafeulin & fîngulier. Mais en général
ces adjectifs étant eftenciellement conjonctifs, &
fuppofant, par une conféquence néceffaire , un antécédent
auquel ils fervent à joindre une propofition
incidente j il a été très - facile à l ’ulage
d’autorifer i ’ellipfe de 'cet antécédent, lorfque les
circonftances font de nature à le défîgner d’une
manière précife ; parce que le but de la parole
en eft mieux rempli , la penfée étant peinte fans
équivoque & fans luperfîuïté : or il eft évident que
c’eft ce qui arrive dans tous les exemples précédents;
il n’y a qu’une perfonne qui puiffe accufer
quelqu’un , & d’ailleurs l ’ufàge de notre langue
eft . en cas d’eiiipfe, de n’employer qui qu’avec
relation aux personnes ; que eft toujours relatif
aux chofes en pareille occurrence, & c’eft la mêtne
chofe de quoi ; pour lequel, ,on ne peut s’en fervir
qu immédiatement , après avoir nommé l'antécédent-,
dont ce mot rappelle nettement l ’idée au moyen de
l ’article dont il efteompofé.
Cette poffibilité de fuppléer l ’antécédent fert
encore de fondement à une autre ellipfe, qui,
dans l ’occafion , en Revient comme une fuite : c’eft
celle du mot qui marque l'interrogation dans les
phrafes où l ’on a coutume de dire que les pré«
vous tendus a pronoms accufé abfoliis font interrogatifs.' Q u i QUI vous a accufé ? c’eft à ; dire Q ( E dites-vous moi donnerai la perfonne u - je ?)
c’eft donnerai à dire A ; ( ; indiquez QU Q I penfez - moi -ce ) q u e je vous vous (faites-moi connoitre la chofe) à ? c’eft QUOI à dire vous
,
penfez i AUQUEL donnez - vous la préférence ?
donnez c’eft à dire ta préférence., ( déclarez le livre) A U Q U e l v o u s jectif conjonctif Dans toutes ces phrafes Y ad
fe trouve a la tête, quoique,
dans l ’ordre analytique , il doive être précédé d’tf»
antécédent ; c’eft donc une néceffîté de le fuppléer
: d’ailleurs, puifqu’il apartient toujours d
une propofition incidente, & l ’antécédent à la principale
, & que cependant il n’y a qu’un feul verbe
dans toutes ces phrafes , qui eft celui de l'incidente
; il faut bien fuppléer le verbe de la principale>
mais comme le ton , quand on parle, indique fuffi-
famment l ’interrogation, & qu’elle eft marquée dans
l’écriture par la ponctuation, ce verbe, doit être
interrogatif; & par conféquent ce doit être l'impératif
fîngulier ou pluriel, félon l ’occurrence , des
verbes qui énoncent un moyen de terminer l ’incertitude
ou l’ignorance de celui qui parle, comme dire y déclarer y aprendre, enfeigner , montrer • faire connaître, indiquer , défigner, nommer
&c ( Voyez Interrogatif ). Dans ce cas, l ’antécédent
foufentendu , que l ’on y fupplée, doit
être le complément de ce verbe impératif, comme
on le voit dans le dèvelopement ahalytique des
exemples que je viens d’expliquer.
Ce que je viens de dire, par raport -à notre langue
, eft eftenciellement vrai dans toutes lesautres
& fpécialement en latin. L e quis & le qu,id 7
quoiqu’ils ayent une terminaifon différente de
qui & de quod > ne font pourtant guère autre
chofe que ces mots même , à moins qu’on ne veuille
croire que quis c’eft q u i, avec la términaifbn du
démonftratif is , qui en doit modifier l ’antécédent,
& que quid c’eft quod, avec la terminaifon du
démonftratif id. Cette opinion pourroit expliquer
pourquoi quis ne s’emploie qu’en parlant des par—
tonnes , & quid en parlant des choies : c’eft que
le démonftratif is fuppofe l ’antécédent homo ; &
le démonftratif i d , l’antécédent negotium ; d’où
vient que quis étoit anciennement au genre com-
mun , ainfî que le$ mots qui en font compofés,
quifquis, a liquis, ecquis , &c. ( Voyez Prifc. x iij,
De fecundâ pron. decl. &VofT. D e anal. iv. 8),
Mais admettre ce principe , c’eft établir en même,
temps la néceffîté de fuppléer ces antécédents ,
foit que les phrafes foient pofilives, foit qu’elles
ayent le fens interrogatif ; & -fî elles font interrogatives
, il y a également néceffîté de fuppléer
le verbe interrogatif, afin de compléter la propofition
principale , & de donner de l’emploi à
l ’antécédent fuppiéé. Au refte , que quis & quid
viennent de qui , quee , quod , & n’en diffèrent que
comme jé l ’ai dit , on en .trouve une nouvelle
preuve , en ce qu’ils n’ont point d’autres cas obliques
que qui, quee y quod , & qu’alors la terminaifon
ne pouvant plus montrer les diftinCtions que
j’ai marquées plus haut, on eft obligé d’exprimer le
nom qui doit être antécédent.
Puifque c’eft la vertu conjonctive qui eft le priü-
cîpàl fondement des lois de la Syntaxe par raport
à l’efpèce : d’adjeCtif dont je viens de parler, il eft
important de reconnoître les autres mots conjonctifs
fujets par conféquent aux règles qui portent fur cette
propriété.
Or il y a en latin plüfieurs adjectifs également
conjonctifs : tels font, par exemple , qualis ,
quant us, quot qui renferment en outre dans leur
fignifîcation, la valeur des adjeétifs démonftratifs
talis, tantus , tô t, de la même.manière que qui ,
quee , quod renferme celle de l ’adjeétif démonftrat
if is , ea,id. Mais dans laconftruCtion analytique,
l ’antécédent de qui , quee , quod doit être modifié
par l'adjectif démonftratif i s , ea , id, afin qu’il
foit pris dans la propofition principale fous la même
acception que dans l ’incidente ; les adjectifs qualis,
quan tus ^ quot , fuppofent donc de même un antécédent
modifié par les adjeCtifs démonftratifs ,
talis, tantus , tôt, dont ils renferment la valeur.
Cette conféquence eft juftifiée par les exemples
fuivants: ÇuALES fumus, TALES effe videamur,
Çic. Vidère mihi videor T A NT AM dimicatio-
nem , qu a n t a nunquam fu i t , Id. De nullo opéré
public o T O T-fenatûs exflant confülta, Qu O T de
meâ domo , Id.
Les adjectifs cujus , cujas, quotus , font auffî
conjonctifs, & ils font équivalents à des périphrafes
qu’il faut rappeler quand on veut en analyfèr les
ufages.
Cujus fîgnifie ad quem hominem pertinens :
ainfî, l ’antécédent analytique de cujus, c’eft is
homo , parce que le vrai conjonctif, qui refte après
la décompofition , c’eft qui , quee, quod. La troisième
églogue de Virgile commence ainfî : Die
mihi, Dameeta , c U J u M pecus ? c’eft a dire ,
Die mihi, Dameeta ( eum hominem) , e u J U M
pecus ( eft hoc pecus ) , ou bien ad quem hominem
pertinens ( eft hoc pecus) : fur quoi j’obfer-
verai en paffant, que l ’interrogation eft exprimée
ici pofîtivement par die mihi, conformément a ce
que j’ai dit’ plus haut, dont cet exemple devient
une nouvelle preuve. Cette manière de remplir la
conftruCtion analytique par raport à l ’adjeCtif cuj
u s , eft autorifee, non feulement par la raifon
du befoin, telle que je l ’ai expofée ? mais par
l ’ufage même des meilleurs écrivains ; je me contenterai
de citer Cicéron ( III. Verrin ) : Ut optimâ
conditione fit i s , CU J A res f i t , CUJUM péri-
culum ; que manque-t- il avec i s , que le nom homo
fuffafamment défigné par le genre de is 3c par le
fens ?
Cujas veut dire ex quâ regione, ou gente oriun
dus : donc l’antécédent analytique de ciijas , c’eft
ea regio , ou ea gens. Voici un trait remarquable
de Socrate, raporté par Cicéron (V* Tufc. ) : Socrates
quidem quum rogaretur CUJ A T EM fie effé
diceret, Mundanum, inquit ; c’eft à dire, quum'
rogaretur ( de eâ regione ) C U J AT-EM Je effé-
diceret, ou bien ex quâ regione oriundum f e ejfé
diceret.
Q u o t u s , c’eft la même chofe que fi l ’on difoit:
in quo ordinis numéro locatus , & par conféquent
i’analyfe affîgne pour antécédent à cet adjectif ,• is
ordinis numerus , dont l ’idée eft reprife dans quotus.
Hora QUOTAefi{ Hor.),' c’eft la même chofe
que fi l ’on difoit analytiquement (Die mihi eum ordinis
numerum) in quo ordinis numéro locata eft
( præfens ) hora.
Je pourrok parcourir encore d’autres adjectifs
conjonctifs & les analyfèr ; mais ceux-ci fuffifent
aux vues de l ’Encyclopédie , où il s’agit plus tôt
d’expofer des principes généraux , que de s’ape-
fantir fur des détails particuliers. Ceux qui long
capables d’entrer dans le philofophique de la Grammaire
, m’ont entendu ; & ils trouveront, quand
i l leur plaira , les détails que je fupprime. Au
contraire , je n’en ai que trop dit pour ceux à qui
les profondeurs de la Métaphyfique font tourner la
tête , & qui veulent qu’on aprenne les langues
comme ils ont apris le latin ; femblables à Arlequin
, qui devine que collegium veut dire collège,
ils ne veulent pas que, dans quota hora, on voye
autre chofe que quelle heure efi - il : à la bonne
heure ; mais qu’ils s’affürent, s’ils peuvent, qu’ils y
voient ce qu’ils y croient voir , ou qu’ils font en état
même de rendre raifon de leur proprephrafe, quelle
heure efi-il 1
Je n’irai pourtant pas jufqu’à fupprimer en leur
faveur quelques obfervations que je dois à une autre
forte de mots conjonctifs, & que l ’on trouve dans
toutes les langues ; ce font des adverbes.
Les uns font équivalents à une conjon&ion & a
un adverbe., qui ne vient à la fuite de la conjonction
que parce qu’il en eft l ’antécédent naturel •
tels font qual'uer, quâm, quandiù , quoties ,
quum , qui renferment dans leur lignification & qui
fuppofent avec eux les adverbes correfpondants *
t aliter y tàm y tandià, totïes, tum. J’ai déjà cité
ailleurs cet exemple : Ut qu o t i e s cum qu e
gradum faciès , TOTIES tibi titarum virtutunt
veniat in mentem, Cic. Je n’y en ajouterai aucun
autre , pour ne pas être trop long.
D ’autres adverbes font conjonctifs y parce qu’ils
font équivalents a une prépofition complète f dont