
.que prtfenfela lettre, il s’eft très-mal expliqué
i l devoit du moins s’étayer de ce que quelques
anciens ont écrit Q pour e u , comme ai, qoe ;
qid pour q u i, quoe, quid. Mais on lui auroit réplique
Jjb que l ’auteur de la Méthode latine
répond a ceux qui emploient cet argument : i° . que
les ançiens s’abrtenoient d’écrire u après q , a
?Pr5s . *> e après d, &c ; parce que le nom épel-
latil de la lettre avertiffoit allez de la voyelle fui-
vante quand elle devoit être la même que celle de
1 épellaüon alphabétique^; ce qui, pour le dire en paf-
M r ’t r “ préfumer que la méthode'de
Mafclef pour lire 1 hébreu,, pourroit bien n’être
pas il éloignée qu on l ’imagine de l ’ancienne manière
de iire ..( V 0ye\ P o in t ) : i 0.q Ue, quand
les anciens ecrivoient q i , qoe , qid, peut-être pro-
nonçoient-ils de même, félon la remarque deQuin-
tilien : Fortafe etiam ficut feribebant, h a lôque-
bantur. ■ ' - ' ‘ f .
Q , comme lettre numérale,monte d une petite barre , y valo ivta l5o0i0t 0s0o0o. ;& fur-
_ Uans les noms propres des romains, Q fignifioit
Qurntus ou Qutntius.
Sur nos monnoies, cette lettre indique qu’elles
ont ete, rrapees à Perpignan. ( M. B e a v z é e .)
Q U A L IT É , T A L E N T ..Synonymes,
Les Qualités forment le caracâère de la per-
fonne; les Talents, enfont l ’ornement. Les pre-
miers rendent bon ou mauvais, & influent fortement
lur 1 habitude des: moeurs : les féconds rendent utile
ou amufant, & ont grande part au cas qu’on fait des
gens.
On peut fe fervir du mot de Qualité en bien &
en mal; mais on ne prend,qu’en bonne part celui de
.J. aient. 1
L ’homme eft un mélange de bonnes & de mau-
va fe Qualités , quelquefois 'bilàrre jufqu’à raf-
ftmbler en lur les extrêmes. Il y J j J gens à
d clients fujets.a fe faire valoir, & dont il' faut
iouttrir pour en jouir : mais, 3 cet égard, je croisqu’il
vaut encore mieux effuyer le caprice du renchéri ,
<jue la fatigue de 1 ennuyeux.
„ , 1 e sg “ ? l‘ !ef ^ucoe" font les plus èffericielles ;
celles de 1 efprit font les plus brillantes. Les Ta-
lents qui fervent aux befoins font les plus nëcefPairès-
penfésU1 fer^ent aux Plai^rs font les mieux récom-
On fe fait aimer ou haïr par fes Qualités ; on fe
lait rechercher par fes Talents.
Pes Qualités excellentes jointes à de rares
J) f9nt 16 Parfai‘ mérUe' ( V a m G l~ 1 I
Q U A N D , LORSQUE . Synonymes.
Ce font deux mots établis pour marquer de certaines
dépendances & circonllances dans les évènements
qu ils reprochent. Mais Quand paroît plus
propre pour marquer la circonflance du temps; &
Lorfque femble mieux convenir pour marquer eellg
de l occâfion. Ainfi je dirois: Il faut travailler
quand- on eft jeune; il faut être * dociles lorfqu’ on
nous reprend a propos : O n 1 ne fait jâùrfais ‘tant de
folies "que quand on aime ; on fe fait aimer lorf-
qu’on aime : Le chanoine va à l’églife quand la
cloche l ’avertit d’y aller ; il fait fon devoir lorfqu’il
alîifte aux offices. (L ’abbéGir a r d .)
!, Q U A N T , POUR. SynoTvymes.
: Ces deux mots font trèsifynonymesé Pour me
paroît cependant avoir meilleuré grâce dans le
difeours, ‘ lorfqu’il s’agit de la perfonne ou de la
chofe qui régit le verbe fuivant : Quant me paroît
y mieux .figurer , lorfqu’il s’agit de ce qui eft réoi
par le verbe. Je dirois, donc, Pour moi, je ne,me
mêle ,d’aucune affaire étrangère ; Quant à moi., tout
m’eft indifférent.,.;
La religion des perfonnes éclairées^ confifte dans
une ,foi vive , dans une Morale pure , & dans une
conduite fimple , guidées par l ’autorité divine &
foutenues par la raifon. Pour celle du peuple, elle
confifte dans une crédulité aveugle & dans les pra.T
tiques extérieures,, autorifées ’’par l'éducation 8c
■ affermies par l ’habitude. .Quant à celle des gens
d’Eglife, on ne la connoitra au juftè que quand oti
en aura féparé les intérêts temporels. ( L ’abbé G l-
RARD. ) "
Q U A N T IT É , f. f. Grammaire. Par Quantité
1 on en ten d en Grammaire, la mefure de-fa durée
du fon dans chaque fyilabe de chaque mot. » On
» mefure les fylkBes , dit l’abbé d’Olivet (Profod.
f rang. pag. 5 3 ) , » non pas relativement à la
» lenteur ou a la, vit elfe accidentelle de la pronon-
» eiatibn, mais relativement aux proportions immua-
» blés qui les rendent ou longues ou brèves. Ainfî ,
» ces deux médecins de Molière ( l’Amour médecin
» a cl. IJ 3 Je. 5 ) , l ’un qui alonge exceffivement
» fes mots, & l ’auire qui bredouille , ne laiffent
» pas d’obfèrver également la Quantité; car quoi-
» que le, bredouille.ui: ait plus vite, prononcé une
'».longue que. fqh- Camarade une brève, toits les
» deux né laiffent pas de faire exa&ement brèves
» celles qui font brèves , & longues celles qui font
» longues 3 avec cette différence feulement, qu’il
» faut à l ’un fept ou huit fois plus de temps qu’a
» l ’autre pour articuler-».j V y a
La Quantité, des- fons , dans chaque fyilabe,
ne: confifte- donc point dans un raport déterminé de
la durée cfirfon, à quelqu’une dés parties du temps
que nous afïîgnoas parnos montres , à une inimité,
par exemple , I à une' fécondé , &c. Elle confifte
dans une proportion invariable entre les fons , qui
peut être çaradtérifée par des nombres : en forte
qu’une fyilabe n’éft longue ou 'brève ‘dans un mot
que par relation à une autre fyilabe qui n’a pas
la même Quantité. Mais quelle eft cette proportion?
TLôngam ejfe diiorum temporum, brevem unius ,
etiam puerifciunt. ( Quintil. IX . iv , 5 ). »U n
» temps , dit i ’abbë d’Olivet (pag. 49 ) r eft ici
» 6e qu’eft le point dans la Géométrie, & l ’unité
» dans les nombres ». ;C ’elt à dire que ce temps
n’eft un , que relativement à un autre qui en eft
le double , & qui eft par conféquent comme deux ;
que le même temps , qui eft un dans cette hypo-
thèfe , pourroit être confidéré pomme deuoc dans
.une autre îuppofîtion , où il feroit comparé avec
un autre temps qui n’en feroit que la moitié. C’eft
en effet de cette manière qu’ii faut calculer 1 appréciation
des temps fyliabiques , fi l’on veut pouvoir
concilier tout ce que l ’on en dit.
- On diliingue généralement les fyliabes en longues
& brèves, & on a(Jigne\ dit l’abbé- d’O liv e t,
un temps à la brève & deux temps a la longue
( Ibid. ). s> Mais cette première divifion dés ly i-
» labes ne fuffit pas, ajoute-t-il un peu plus loin :
» car il y a des longues plus longues, & des
» brèves plus brèves les unes que les autres ». Il
indique les preuves de cette affertion , dans le
Traité de l ’arrangement des mots , par Denys
d’Halicarnaffe ( chàp. xv ) ; & dans ƒ ouvrage de
G . J. Voffius, D e arte grammaticâ ( II. x i j ) ,
ou il a , dit-on , oublié ce paffage formel de Quin-
tiüen : E t longis longiores, Ù brevibusfunt bre-
viores fyllaboe ( IX. iv. )
Que fuit-il de là ? Le moins qu’on puiffe donner
à la plus brève , c’efi un temps , de l ’aveti du
favant profodifte françois. J’en conclus qu’il juge
donc lui-même ce temps indivifible , puifque fans
cela on pourroit donner moins à. la, plus breve :
donc le moins qu’on puiffe donner de plus a la
moins brève , fera un autre temps; la longue aura
donc au moins trois temps ; & la plus longue
qui aura au delà de trois temps , en aura au moins
quatre. Dans ce cas , que devient la maxime de Quin-
tilien , reçue par l’abbé d’O liv e t, Longam ejje duo-
rum temporum , brevem unius ?
Mais notre profodifte augmente encore la difficulté.
» Je dis fans héfiter, c’eft lui qui parle
( P a8 ‘ $1 ) 1 n (lue nous av9ns nos- brèves 8c nos
» plus brèves, nos longues" & nos plus longues.
p Outre cela , nous avons, notre fyilabe féminine
» plus brève que la plus brève des mafeulines :
» je veux dire-celle où entre Ve muet, foit qu’il
» faffe la fyilabe entière, comme il fait la „der-
» nière du mot armée ;Toit qu’il accompagne une
*> confonnë, comme dans les deux premières du
» mot revenir. Quoiqu’on l ’appelle muet, il ne
» l ’eft point ; car il fe fait entendre. Ainfi , à
» parler exactement nous aurions cinq temps fyl-
» labiques, puifqu’on peut divifer nos fyliabes en
» muettes , brèves , moins brèves , longues & plus
» longues ». Par conféquent le moindre temps
fyllabique étant envifagé comme indivifible par
l ’auteur, la moindre différence qu’il puiffe y avoir
d’un de nos temps fyliabiques à l ’autre, eft cet
élément indivifible , & ils feront entre eux dans la
progreffion des nombres naturels 1 , 4 , 3 , 4 , 5 .
Notre illuftre académicien répondra peut - être
que je lui prête des conféquences qu’il n’a point
avouées : qu’i l a dit pofitivement que la plus brève
auroit un temps; que la moins brève auroit un
peu au delà d’un temps , mais (ans pouvoir emporter
deux temps entiers ; qu’ainfi la longue auroit
juftement deux temps, 8c la plus longue un
peu au delà. Je conviens que tel eft le fyftême
de la Pràfodie f 'rançoife ; mais je réponds ,
i° . qu’ii eft inconféqüent, puifque l ’auteur commence
par pofer que le moins qù’on puiffe donner
à la pius brève , c’eft un temps ; ce qui eft déclarer
ce moins un élément indivifible , quoiqu’on
le divife ënfuîte pour fixer la gradation de nos
temps fyliabiques, fans excéder les deux temps
élémentaires : 4°. que cette inconféquence même
n’eft pas encore fuffifante pour renfermer le fyftême
de la Quantité dans i ’efpace de deux temps
élémentaires , puifqu’on éft forcé de laiffer aller
la plus longue de nos fyliabes un peu au delà des
deux temps ; & que par conféquent i l refte toujours
à concilier les deux principes de Quintilien,
que la brève eft d’un temps & la longue de deux ,
& que cependant il y a des fyliabes plus ou moins
longues, ainfi que des brèves plus ou moins brèves
: 30. que, dans ce fyftême , on n’a pas encore
compris nos fyliabes muettes, plus brèves que
nos plus brèves mafeulines ; ce qui reculeroit encore:
les bornes des deux temps élémentaires :
4°. enfin que, fans avoir admis explicitement les
conféquences du principe de l ’indivifibilité du premier
temps fyllabique , on doit cependant les admettre
dans le befoin, puifqu’elles fuivent nécef-
fairement du principe ; & qu’au refte c’eft peut-
être le parti le plus sûr pour graduer d’une manière
raifonnable les différences de Quantité qui diftin-
guent les fyliabes.
Pour ce qui concerne la conciliation de ce calcul
avec le principe, connu des enfants même,
que l ’art métrique,' en grec, & en latin, ne con-
noît que des longues & des brèves : il ne s’agit que
de diftinguer la Quantité naturelle 8c la Quantité
artificielle.
La Quantité naturelle eft la jufte mefure de
la durée du fon dans chaque fyilabe de chaque
mot que nous prononçons conformément aux lois
du méchanifme de la parole & de l ’ufage national.
L a Quantité artificielle eft l ’appréciation conventionnelle
de la durée du fon dans chaque fyilabe
de chaque mot, relativement au méchanifme artificiel
de la verfification métrique & du rhythme~ôra<*
toire.
Dans la Quantité naturelle , on peut remarquer
des durées qui foient entre elles comme les nombres
1 , 4 , 3., 4 , - 5 , ou même dahs._une autre
progreffion ; 8c ceux qui parlent le mieux une