
attentif pour ne pas tomber dans l ’erreur fer ces
matières. « Plufieurs ne peuvent comprendre, dit
» Vaugelas (Rem. 318 ) , comment ces « . . . .
» Pojfeffifs (mon , ton , fort), qui font mafeulins,
» ne laiflent pas de fe joindre avec les noms fémi-
» nins qui commencent par une voyelle ( ou par
»> un h muet ) . . . Quelques-uns croient qu'ils
» font du genre commun, fervant toujours au maf-
» culin, & quelquefois au féminin, c’eft .à dire ,
» à tous les mots féminins qui comencent par une
» voyelle ( ou par un h muet ) , afin d'éviter la
» cacophonie que feroient les voyelles . . . . .
» D’autres foutiennent que ces pronoms font tou-
» jours mafculins ; mais qu’à caufe de la caco-
» phonie on ne laiffe pas de les joindre avec les
» féminins qui commencent par une voyelle ( ou
» par un h muet ) , tout de même, difent - il s ,
» que les efpagnols qui fe fervent de l ’article maf-
» culin el pour mettre devant les'noms féminins
» commençant par une voyelle, difant el aima,
• & non pas la aima. De quelque façon qu’il
» fe fafle , i l fuffit de favoir qu’il fe fait ainfi ; &
» il n’importe guère, ou point du tout, que ce foit
» plus tôt d’une manière que de l'autre
Cela peut n’être en effet d’aucune importance,
s'il ne s’agit que de connoître l’ ufage de la langue
&. de s’y conformer : mais cela ne peut être indifférent
à la Philofophie , fi ce n’eft à la Phi-
lofophie fceptique, qui aime à douter_de tout.
Thomas Corneille crut apparemment qu’une déci-
fion valoit mieux que l ’incertitude ; & il décide
dans fa; Note fur cette Remarque , que cet ufa^e
de notre langue n’autorife pas à dire que mon
ton, f o n , font du genre commun. « Je ne puis
» comprendre , dit l’abbé Girard à ce fujet (tom. 1
Difcours v i j , pag. 376 ) » par quel goût, encore
» moins par quelle raifon , un de nos purifies veut
» que mon, ton, fon ne puiffent être féminins ’
» & qu’ils font toujours mafculins , même en qua-
» lifiant des fubftantifs féminins. Il dit que la vraie
» raifon qui les fait employer dans ces occafions,
» efl pour éviter la cacophonie : j’en conviens*
u mais cette raifon n’empêche pas qu’ils n’y foient
»employés au féminin : bien loin de'cela, c’eft
» elle qui a déterminé l’ufage à les rendre fuf-
» ceptibles de ce genre. Quel inconvénient y a-t-il
» à les regarder comme 'propres aux deux ,. ainfi
» que leur pluriel ? Quoi ! oh aimera mieux con-
» fondre & ' bouleverfer ce que la Syntaxe a de>
» plus confiant, que de convenir d’une chofe dont
» la preuve efl dans l ’évidence du fait ? Voilà ou
» conduit la méthode de fuppofér des maximes 8c
» des règles indépendantes de l ’ufage , & Je ne
» point chercher à connoître lès mots par la nature
» de leur emploi ». L ’opinion de l ’abbé Girard
& la conséquence qu’i l en tire contre la méthode
tt'op ordinaire des grammairiens, me paroiffent
également plaufibl.es ; & je révoque volontiers &
fen? détour, ce que je me rappelle Savoir écrit de con-
tfaire à l'article Gallicisme,
JepafTe à l’obfervation qui concerne la langue al**
lemande : c’eft que l ’ufage y a introduit deux articles
pojfeffifs 8c deux adjedifs pojfeffifs qui ont raport
a la troifième perfonne du fingulier ; l ’un s'emploie
quand la troifième. perfonne eft du féminin; & l ’au*
tre , quand elle eft du mafculin. Cette différence ne
fert qu à déterminer le choix du mot, & n’empêche
pas qu’il ne s’accorde en genre avec le nom auquel
on 1 applique. Ainfi, f o n , quand la troifième per-
fonne eft du mafculin , fe dit en allemand fe in ,
m. Jeine, f. & fein , n; & fien fe dit feiner, itu
f ej nt > f* feines , n. ou bien der feinige 4 ,m. die
feinige, f. das feinige , n : & tous ces mots font
dérivés du génitif mafculin feiner ( de lui ). Mais
fi la troifième perfonne eft du féminin, fon fe dit
en allemand ihr m. , ihre, f. ihr. n j & fiett
fe dit ihrer, mafc. ihre , fém. ihre s , n. ou
-bien der ihrige, m. die ihrige, f. das ihrige , n :
& tous ces mocs font dérivés du génitif féminin
ihrer (/d’eJle). On peut concevoir, par cette propriété
de la langue allemande , combien l ’ufage
a de reffources pour enrichir les langues, p,Qur y
mettre de la clarté , de la préclfion, de la jufteffe ;
& combien il importe d’examiner de près les idio-
tifmes pour en déméler les fineffes & le véritable
* fens. C eft la conciufion que j’ai prétendu tirer de
cette obfervaüon. (M . B e a u z é e . ) .
( N. ) PO S PO SIT IF , IVE. adj. Qui fert ï
être mis après, ou à la fin du mot.
Dans les Diphthongues;, on appelle pofipofi-
tive -, la fécondé des deux voix qu’on y prononce
en une feule émiffion ; comme eu dans D ieu , i
dans lu i , a dans çuatte 3 &e. Voye\ Diphthon-
gue.
Parmi les Particules , il y en a àts poJîpofiti~
ves ; & ce font celles qui fe mettent à la fin du
mot compofé 3 comme graphe dans cofnagraphe ,
géographe,t biographe, hifloriographe , hagiogra-r
phe , &c ; nïantie dans chiromantie , géômantie,
nécromancie, uromantie, &c. F'oyez Particule,
( M. B e a u z é e . )
POUR , AFIN, Synonymes.
Ces. deux mot' font fynonymes dans le fens ou
ils fignifient qu’ on fait une.chofe en vue d’une
autte 3 mais Pour marque une vue plus prochaine 5
A fin en marque une plus éloignée.
On fe piefente devant le prince pour lui faire
fa Cour 3 on lui fait fa Çour afin d'en obtenir des
grâces.
i l femble que le premier de ces mots convient
mieux , lorfque la chofe qu’on fait en vue de l ’autre
en eft une. caufe plus infaillible ; & que le
fécond eft plus a fa place , lorfque la chofe qii’on a
en vue en fe,fiant l'autre en èft une fuite moins
néceflaire.
On tire le canon fur une place affiégée pour y
faire une breche , & afin de pouvoir la prendre par
affaut ou «de l ’obliger à fe rendre.
Pour regarde plus particulièrement un effet qui-
doit être produit $ A fin regarde proprement un but
où l ’on veut parvenir.
Les filles d’un certain âge font tout ce qu’ellès
peuvent pour plaire ,. afin de fe procurer un mari.
(Uabbé Gir ar d .)
(N.*) PO U R , QUANT.^«5ÿno7rym<îj>.
Ces .deux mots font très-fynonymes : Pour me
paroit cependant avoir meilleure grâce dans le
difcours, lorfqu’il s’agit de la perfonne ou de la
chofe qui régit le verbe fuivanf ; Quant me paroît
y mieux figurer, lorfqu’il s’agit de ce qui eft
r^gi P&r le verbe. Je dirois do.nc : Pour moi, je
ne me mêle d’aucune affaire étrangère 5 Quant â
moi , tout m’eft indifférent.
La religion dès perfohnes éclairées confifte dans
une foi vive, dans une Morale pure, & dans une
conduite fimple, guidées par l'autorité divine &
fibutenues par la raifon. Pour' celle du peuple ,
elle confifte dans une crédulité aveugle , & dans
les pratiques extérieures , autorifées par l’éducation
& affermies par la force de l ’habitude. Quant à
celle des'gens d’Églife , on ne la connoitra au jufte
que quand on en aura féparé les intérêts temporels.
( U abbé Gir a r d .)
(N .) PO U R Q U O I ( c’e s t ) , AINSI. Synonymes.
C efl pourquoi renferme, dans fa lignification
particulière, un raport de caufe & d’effet. Ainfi
ne renferme qu’un raport de prémiffe & de con-
fequence. Le premier eft plus propre à marquer
la fuite d’un^évènement ou d’un fait 5 & le fécond,
a faire entendre la conclufion d’un raifonnement.
a femmes , pour l ’ordinaire, font changeantes 5.
* pourquoi les hommes- deviennent inconftants
a leur égard. Les orientaux les enferment, & nous
leur donnons une entière liberté ; ainfi,' nous pa--
roiffons avoir pour elles plus d’eftime.
Rome eft, non feulement un fiège eccléfîafti-
que. revêtu d’une autorité fpirituelle 5 mais encore
un. Etat temporel, qui a , comme tous les autres
E ta t sd e s vues de Politique & des intérêts à ménager
: e’efl pourquoi l ’on y peut très - aifément
confondre les deux autorités. Tout homme eft fujet
à- fe tromper ; ainfi, i l faut tout examiner avant de
croire. ( U abbé Gir a r d . )
EN.) P O U R T A N T , C E P E N D A N T , .
N É A N M O I N S , T O U T E F O I S . Synonymes
i
Pourtant a plus dé force & d’énergie ; il allure
avec fermeté,, malgré tout ce qui pourrok être
oppofé. Cependant eft moins abfolu & moins ferme ;
il affirme feulement contre les apparences contraires.
Néanmoins diftingue deux chofes qui. pa-
roiffent oppolees & il en fibutient une fans- détruire
•1 autre. Toutefois dit proprement une chofe par
exception J il fait entendre qu’elle n’eft arrivée que
dans i’occafion dont on parle.
Que toute la terre s’arme contre la vérité , on
n’empêchera pourtant pas qu’elle ne triomphe.
Quelques dodeurs fe piquent d’une Morale févère}
ils recherchent cependant tout ce qui peut flatter
la fenfualité. Corneille n’eft pas toujours égal ù
lui -même : néanmoins Corneille eft un excellent
auteur. Que ne haïffoit pas Néron ? toutefois il
aimoit Popéa. ( TJ abbé Gir ar d . )
( N. ) PRÉ CAUTIONS ORATOIRE S. » Je-
donne ici ce nom , dit Rollin (Traité des études
Iftf*- 1115 chap.. iij , art. z 6 ) , à de certains'
ménagements que l ’orateur doit prendre pour ne*
point bleffer la délicateffe de ceux devant qui ou
de qui il parle, à des tours étudiés & artificieux
dont i l fe fert pour dire de certaines chofes qui
autrement paroitroient dures & choquantes. J’appelle
tout cela P récautions oratoires , .parce qu’en-
tout cela il y a un art & une adreffe , propres certainement
à la Rhétorique, qui méritent bien qu’on;
y rende les jeunes gens attentifs. Quelques exemples-
rendront lachofe plusfenfîble.
>> Chryfihgonus, affranchi de Sylla , avoit tant
de crédit auprès d-e fon maître, tout-puiffant alors
dans la République , qu’aucun avocat n’ôfa plaider
contre lui en faveur de Rofcius-Amérinus : i l n’y
euî. 9^cf,i:on °lu* eut courage , tout jeune
qu il étoit, de fe charger d’une caufe fi délicate.
I l a grand foin , dans toute la fuite de fon plaidoyer
( Pro Rofcio Amer. . vii j ,. z i , zz , jx ^
2 S * xxxij, 5>i , xxxviij., 110, xlj.vy. 1^7 ) , d’avertir
en plufieurs endroits , que Sylla n’avoit
eu aucune connoiffance de toutes les injuftices de
fon affranchi 3 qu’on s’étoit fort appliqué à les lui
cacher 3 qu’on avoit fermé tout accès auprès de
lui à ceux qui auroient pu lui en donner avis 3.
qu enfin i l n’étoit pas étonnant que Sylla-, chargé
feul du foin ' de rétablir 8c de gouverner la. Répu-
blique-, eût ignoré ou négligé plufieurs chofes
puifiqu’il en ëchapoit beaucoup à la connoiffance
& à l’attention de Jupiter même dans le gouvernement
de l ’univers. On fent bien que de telles P ré -
cautions étoient.abfolument néceffaires*
» Cicéron, dans le plaidoyer intitulé Divination
in Verrem, eft obligé de montrer qu’il eft plus-
digne que Cécilius de plaider contre Verrès. Une
telle caufe , pour ne point choquer 7 devoit être
maniée avec beaucoup d’adreffe & d’habileté j car-
les louanges- qu’on fe donne à foi-même font tou-
jourS ; odieufes^ furtout quand elles roulent fup
1 efpril & fur. l ’Éloquence. Luelligo qitam feopu-
lo f o- difficilique in loco verfer y n-am quum onmis>
ai rogantia odiofa e f l , tum ilia ingenii •- atque-
Eloquejidoe multa molefiijfima. (xj-, 7,6.) C icéron,.
après avoir prouvé que Cécilius n’a aucune*
des qualités néceffaires pour fou tenir un plaidoyer-
fi important y n’a garde de fe les attribuer à lu i