
& la t in , jugeant dé cette tâche par fbn étendue
phyfique , dit qu’elle ne paroît pas infinie, puisqu'on
renferme tous les mots d’une langue dans
un Dictionnaire qui1 ne fait, qu’un médiocre volume.
» Et c’ eft en effet en cette manière, Selon
» lu i , que Jofeph Scaiiger, Cafàuton ^ & autres
» lavants hommes les aprenoient. Ils en ÜSoient
» les divers Dictionnaires , ils les augmentoient
» même de divers mots qu’ils.^ trouvoient dans le
» cours dè leurs é tu d e s& ils rie croyoient point
» les Savoir, qu’ils ne fuffent arrivés à ce degré ».
i l n’eff pas croyable-, & je ne croirai jamais que
laledture d’un Dictionnaire, quelque répétée qu’elle
puiffe être, Soit un moyen propre pour aprendre
avec Succès les mots, d’une langue, fi ce n’eft-
peut-être qu’il ne s’agiffe d’un efprit ftupîde ' à qui
i l ne refte que la mémoire organique, & qui l’a
d’autant meilleure, que toute la conftitution mé-
chanique eft tournée à Son prçfil>i
» Les langues , dit l ’auteur des Racines grèr-
» que s ( Préface~) , ne s’aprennent que par J’ufage ;
» & l ’ufage n’eft autre choSe qu’une répétition
>» continuelle des mêmes-mots appliqués en cent
» façons & en cent rencontres différentes. Il eft a
» notre égard comme un fage maître ,.qui Sait pru-
» demment. faire choix de ce qui-nous eft utile. ,
» & qui peut adroitement faire paffer une infinité
» de fois devant nos ieux les; mots- les- plus né-
» ceffaires , fans nous importuner beaucoup des
» plus rares, lefquels il nous aprend néanmoins
» peu à peu & fans peine , ou par le Sens des
» chofes -, ou par la liaifon • qu’ils ont avec ceux
» dont nous avons déjà la connoiffance. Mais cet
» ufage , pour les langues mortes-,; ne Se peut
» trouver que dans les anciens-auteurs* Et c’éft.
» ce qui- nous montre clairement que ee qu’on
» peut appeler. Y Entrée dès langues: ( a-liufion au
» Jaiiua linguarum de Cor\iénius) ne doit être
» qu’une méthode courte & facile , qui nous Con-
» duife au plus tô t à la leCture des livres les mi eux
* écrits »i
On a vu ( article Méthode ) qu’il faut commencer
par de bons éléments paffèr tout d’abord
à l ’analyfe de la phrafè propre à la langue qu’on
étudie. Mais comme cet exercise ne met pas dans
la tête un fort grand nombre de mots,.orna penfé
à imaginer quelques-moyens efficaces pour y Suppléer.
La. connoiffance des Racines eft pour cela
d’une, utilité dont tout • le monde demeure d’accord
j & de. très-habiles- gens ont Songé â préparer
de leur mieux cette connoiffance, aux jeunes gens.
Lancelot eft., à mon gré , celui, qui. a imaginé.
la. meilleure forme dans Son Jardin des Racines
gilques. mifes en vers français. Étienne Four-
mont , cet. homme né avec, une mémoire prodi-
gieufe .& des difpofitions extraordinaires pour, étudier
les langues, a fait pour le latin ce que Lancelot
avôit fait pour le grec:: Les Racines de la.
Lingue latine mijes' en vers: françois:, parurent
en- j j o 6.iy iiyr,e devenu. r.are , trop peu connu.,, &;
qui mériteroit d’être tiré de l ’oubli où i l Semblé
enfeveli,. ( ^ M. de Vitriers , de l ’Oratoire, a
donné, en 17751 , un ouvrage fémblable fous le titre
de Racines latines à Vufage des Écoles royales
militaires ,& des collèges de la Congrégation de
l Oratoire le P. Houbigant-, de la même Congrégation
) , habile difciple de MaSclef ,. avoit
donné au Public, en 173-2« Sous la même forme,
L e s Racines hébraïques fa n s points-voyelles. )
Ces yers font aifés à retenir , parce que l ’ordre
alphabétique qui y eft Suivi, la mefure & les rimes
régulièrement difpofées , confpirent à les imprimer
aisément &. Solidement dans la mémoire.
( ^ Dans Son Anatomie de la Lingue latine,
publiée en 1764 , feu M. Lebel. a Sait envifager ,
fous un point de vue différent & vraiment lumineux
, les Racines de cette langue : de manière
que , plus on étendra l ’application de Sa méthode ,
plus on s’inftruira de l ’origine ,. dit Sens primitif,
& de l ’énergie ôriginelle & peut-être aftuelle dè
chacun des mots, Sans les étudier en détail l ’un
apres l ’autre y parce que les Racines ne Sont pas
particulières à chaque mot, mais qu’elles Sont générales
& ne mettent de diverfite dans la langua
que par la diveefité de leurs combinaisons..
Court de Gèbelin fi dan^ Son.- grand ouvrage
du Monde p rimitif analyfé & comparé avec le
monde moderne , a donné en z volum. in-4°. les
Origines latines ou Dictionnaire étymologique
dè la langue latine ; en un autre volume, les
Origines françpifes ,\&. en un autre', les Origines
grêques. Ce Savant a. mis a contribution toutes-'
lès ' langues ,, mortes & vivantes j &• en remarquant
tous le s types d’idées qui-leur Sont communs , il
Semble être Sur la voie pour découvrir les Racines-
même de la langue primitive.. ).;
Or i l eft confiant que, : quand on Sait les Racines?
primitives & que l’on s’eft mis un peu au fait des
particules propres d’une langue , on.n’eft plus guère
arrêté par les mots dérivés.& compofés, qui font en
effet la.majeure partie du Vocabulaire. (M . B e a u *-
Z E E .f
(ïN. ) R A D IC A L , Ë , adj. Qui.fort de racine., ,
qui apartienl à la racine.
‘ Un mot eft radical par raport à ceux qui en
font dérivés:& à ceux- qui-en font compofés;, parce
qu’i l leur Sert- de racine. sAinfi , dans l ’ordre de la
dérivation y. f a i t , & peut-être fimplèment f a , eft
radical de faire , facile , fa c i li t é , faciliter y
facilement, fa culté :, fa ç o n , fa ç o n n e r fa ç o n nier
facteur , facture , factice ,. &c. : & dans
l ’ordre de lacompofition , il eft radical de affaire,
contrefaire ydëfaire-, méf'aire , parfaire, refaire ,
fu r fa b h , & des-dérivés de ces mots. '
Une lettre eft radicate , quand elle Sé trouve
dans la racine d’un mot & de. Ses dérivés , quoiqu'elle
fe-prononce ou ne-fe prononce pas des deux,
côtés. Je. crois qu’il.’ Seroit très - avantageux da.
éonfervei*, dans l ’Orthographe des uns & des autres,
les lettres radicales, hors le cas où le s . règles
-analogiques de la prononciation induiroient a faire
Sonner une lettre qui doit refter muete. Ain f i , il
eft bon d’écrire Temps avec un p muet, à caufe
de temporel, temporifer, & c , où le p Se prononcé
: mais parce quon prononce tout dans Bap-
tifmalj l ’analogie peut induire à prononcer également
le p dans baptême , baptifer, baptifière■,
Jean-Bàptifie, débaptifer, rebaptifer ; d od je
conclus qu’il vaut mieux écrire Sans p , batême ,
batifer, batijîère, Jean - Batifie , débqùfer , re-
batifer. Voye\ Néographisme. ■ ( M. B e a u -
Z ÉE. )
* RAILLERIE ( éntbnd're) , ENTENDRE L A
RAILLERIE. Synon. ( f Ces deux expreffiohs
ne Sont point Synonymes y & peut-être, par cette
râifon , ne devroient- elles pas trouver place ici :
mais elles Se reffemblent- fi Sort â l’extérieur, qu’il
peut y avoir pour bien des gens autant de danger
de prendre l ’une pour l ’autre-, que fi elles étoient
Synonymes en effet.. Les différences^ qui-les diftin-
guent peuvent donc conduire au même butqui- e-ft
de mettre en état de parler avec juftefle. ( M .B e a u -
Z É E .f
Entendre raillerie , c’eft prendre bien ce qu’on
nous dit j c’eft ne s’en point fâcher j c’e ft, non
Seulement Savoir Souffrir les railleries, mais auffi
les . détourner avec adreffe & les repouffer avec
efprit. Entendre la raillerie , c’eft entendre l ’art
rie railler ; comme Entendre.la Poéfîe, c’eft enfen-
-dre l’art & le génie des vers. ( Le chevalier DE
J AU COU RT, )
' ( On dit qu’un homme erirend la raillerie,
pour dire qu’il a la facilité , l ’art, le talent, dè
bien railler ,• & qu’il entend raillerie , pour, dire
qu’i l ne s’oftenfe point de ce qu on lui dit en rail--
lant. Diét. ‘ de Ï A cAD. 1761.
I l y a des auteurs fi amoureux de leurs penfées,
qu’ils n’entendent point raillerie Sur la contradiction
, quelque mefurée qu’elle Soit ; c’eft qu’ils
ont écrit pour être loués, & qu’ils jugent qu’ils
ont manqué leur coup. Les moins emportés ont
quelquefois recours- à i’ironie & au farcafme pour
le venger j c’eft qu’ils ignorent Sans-doute, qu’il
faut plus d’efprit & de talent pour bien entendre
la raillerie , que pour bien défendre une opinion
vraie ou vrai Semblable. Qu’ils n’écrivent que pour
être utiles : ils Seront moins contredits, ou ils feront
moins fenfibies ; cela revient au même pour leur
amour propre.) ( M. B e a u z é e . ).
R A PO R T , f. m. Grammaire. Il fe dit de la
conformité d’une, chofe a une autre : ce font des
qualités communes qui forment le Raport des
caractères, entre eux j ce font des circonftances communes
qui forment le Raport d’un fait avec un
autre, & ainfî des autres objets de comparaison à
l ’infini. I l y a des Raports de convenance, de di£
convenance, de fimilitude, de différence J mais en
général on n’attache guère à çe mot que les idées de
convenance & de fimilitude. •
Raport vicieux, Grammaire. XJ n Raport eft
vicieux , q u a n d u n m o t Se raporte à u n a u t r e a u q u e l
i l n e d e v r o it p o i n t fe ràporter. E x e m p l e s , De
quoi les juges n étant p as d’avis., Qn dépécha
à Vempereur pour favoir lé jien. D ’avis é t a n t
in d é f in i , le fien n e d e v r o it p a s s’y ràporter. S ’i l
y a v o i t d a n s c e t e x e m p l e , I,es juges dirent leur
avis , & on dépécha à V empereur pour favoir le
fien y c e l a Seroit r é g u l i e r -, & le fien fe r a p o : t e r o i t
b ie n à leur avis.
D i f o n s l a m ê m e c h o f e d e s d e u x e x e m p le s S uiv
a n ts f i 0 .- I l n efi p as d’humeur à faire p laifir,
& la mienne efi bienfefante :■ z*. Que j ’ai de
jo ie dé vous revoir ! la vôtre n en aproche point;
S i l ’o n a v o i t d i t , Son humeur n è jt p a s defaire
plaifir ; Que ma joie efi grande de vous revoir \
o n a u r o i t p u a j o u t e r r é g u l i è r e m e n t , La. mienne
efi bienfejante, la vôtre n’'en âproche-point, en
o p p o f a n t ta mienne zfon humeur, ôc la vôtre a ma
jo ie . ( B o u h o u rs . }
V o i c i q u e l q u e s a u t r e s e x e m p le s : Pour ce qui
efi des malheureux, nous les fecourons avec
un plaifir fecret; il efi comme le p r ix qui nous
paye en quelque façon du foulage ment que nous
leur donnons, i l n e Se r a p o r t e p a s b ie n à plaifir
fecret: i l f a i i o i t m e t t r e , qui ; nous les fecourons
avec un plaifir fecret-, qui efi comme le p r i x ,
ôte.
Mette^moi en repos là-deffus ; car cela a
troublé le mien : c e Rapport d e Le mien à repos
n ’e ft p a s r é g u l i e r . Si la Cour de Rome me ïaif-
fo it en repos , j e ne troublerois, celui de per-
Jôjine : i l S e ro it m ie u x d e d i r e , S i la Cour de Rome
ne trouble roit p as mon repos,. je ne trouble rois
celui de perfonne.
O n d o i t é v ite r d e f a ir e ràporter u rt m o t à c e
q u i e f t d i t d e l a c h o f e , a u l i e u d e l e f a ir e raporte
r à l a c h o f e m ê m e d o n t o n p a r l é p r é c is é m e n t.
E x e m p l e : I l fa u t que la converfation fo i t le
plus agréable bien de la vie; mais il fa u t qu’i l
ait fe s bornes. I l f a i i o i t m e t t r e e/Zè a u l i e u d e il ,
f e f a n t ràporter c e p r o n o m à converfation , & n o n
p a s a bien.*
On ne dôme peint que les livres de pié té ne
foient- utiles à un grand nombre de perfonne s ,
& que trouvant dans cette lecture, & c : trouvant
n e f a u r o i t fo ràporter c o r r e c te m e n t à per—
fonne& , p a r c e q u e perfonnes e f t a u g é n i t i f , &
trouvant a u n o m in a tif . ( A n d r y d e B o i s r e i-
GARD. )
L e Raport vicieux e f t u n d é f a u t o ù o n to m b e
S o u v e n t Sans y penler j & l ’a u te u r e f t m o in s ca p
a b l e d e s’è n a p e r c e v o ir q u e l e ce r.S e u r é c la ir é
a u q u e l i l c o m m u n iq u e Son o u v r a g e & q u i l e l it