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cum nominibus fu is occurrent. Sed opits e f flu ü o
prcecedente , & ac q u if ta.' facilitate & quafi re-
pofetâ : namque i f a qiuzrendijudicandi , com-
paranai anxietas dura difcimus adhibenda e f ,
7ion quuni dicimus. ( Quintil. Infi. orat. viij.
Prosein.,) •
Mais il n’eft pas fage d’imaginer que l’étude
aprofondie des lois de la Grammaire puifle nuire
à l ’élocution. » Rien n’en peut être nuifible , dit
encore Quincilien ( lb. j. 7 ). » Eft-ce que Cicéron
» fut moins grand orateur, pour en avoir obfervé
» les règles avec une exaftitude fcrupuleufe , &
» pour y avoir févèrement aflujéti l'élocution de
» Ion fils? L ’éloquence de Céfar fut - elle moins
» nerveufe , parce qu’il avoit compofé des livrés
» fur l ’Analogie ? Meflala eut - il moins d’agré-
» ment , pour avoir donné au Public des traités
» entiers, non feulement fur les mots, mais même
» fur les lettres ? » N ik il ex Grammaticâ no-
£uerit , n i f quod fupervacuum e f . A n ideo
minor e f M. Tullius orator, quod idem artïs
hujiis diligent ijfimus f u i t , & in\ filio .
recîè loquendi ac fcribendi afper quoque exaclpr ?
A ut vim Coefaris fregerunt editi de Anàlogid
libri ? A u t ideo minùs Meffala nitidus , quia
quofdam totos libellos , non de verbis modo fin -
gulis , ,fed etiam litteris , dédit T
» Il y a , dit l’abbé Trublet, deux fortes d*exàc-
» titude dans le ftyle ; une exactitude pliilofophi-
» que , & une exactitude grammaticale* L a pre-
» mière confifte à fe fervir dès termes^, des tours, &
» des conftru étions les plus propres- a bien rendre
j» la penfée ou le fentiment qti’îl s’agit d’exprimer :
» la fécondé confifte dans l ’obfervation des lois de
» la Grammaire. Il faut avoir cette fécondé exac-
» titude toutes les fois qu’elle ne nuit point à
» l ’autre , & y manquer fans fcrupule quand elle
» y nuit. On eft blâmable d’y manquer par né-
» gligence ou par ignorance. Mais on attribue
» quelquefois, â Puné^ou à l ’autre de ces deux
» caufes > une prétendue faute contre la Pureté du
» fty le , qui a été faite exprès & â deflein : on a
v> voulu éviter une faute plus confidérable , ou ne
» pas perdre une beauté. Toutes les règles partr-
» culières, à plus forte raifon celles de la Gram-
» maire, doivent être facrifiées à là grande règle
» de plaire : il faut tâcher néanmoins de tout ac-
» corder , & il eft rare que cela ne foit pas pof-
» fible » ( M . B e a u ZÉE. )
(N .) PU R IS T E , f. m. Celui qui affeéte trop
de parler avec Pureté : on vient de v o ir , dans
l ’article précédent, quelle eft la caufe ordinaire de
ce-vice , & comment on doit le prévenir. .
Mais i l eft encore une autre efpèce de Purifies y
qui ont l ’afleétation pédante (que de cenfûrer les
plus grands écrivains , comme .un régent corrige-
loit la compofition fautive d’un de fes écoliers:
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qu’il paroifle un ouvrage bien conçu, bien écrit
digne des fuffrages du Public ;
E t bientôt vous verrez mille auteurs p o i n t i l l e u x '
. . Pièce à pièce épluchant vos fons & vosparoles,-
Interdire chez vous l’entrée aux hyperboles ; -
Traiter tout noble mot de; terme hafardeux ;
Et dans tous vos difcburs , comme mortft’res hideux,.
Huer la Métaphore & 1» Métonymie ,
Grands mots que P radon Croit des termes de Chirnie.
» Racine , dit l’abbé du B os ( Réflex . eritia»
Part. I l y feét. a 8 ) , » a - t - il mis au jour une
» tragédie ,- dont op n’ait pas-..iniprimé .une criti--
.»que qui la rabaifloit au rang des-pièces mé-
» diocres, & qui concluait â- placer l ’auteur dans
.» la cia (Te de Boyer & de Pradôn .» ? Les auteurs
de ces critiques étoient de ces pitoyables purifiesy
qui , ne voyant partout que folécifmes, -que bar-
barifmes, qu’impropriétés, feroient plus propres«,,
fi on daignoit les croire, ' à décourager les bons
■ écrivains & à apapvrir la langue^ qu’a produire
les effets contraires qu’ils fcmblent toutefois fe
propofer. La Poftérité a fait juftice au poète & à-
i'es eenfeurs. Racine,, comme l ’bbferve fop fils ,
avoit fur les règles de la langue toute la fcience
du plus habile grammairien , 8c n’ a jamais écrit
en grammairien : il brave fouvent les règles , qu’i l
connoiffoit bien j & il les brave pour fervir la-
langue, dont il méprifoit les règles quand il en con-
fultoit le génie. C’eft ainfi qu’il convient d’être P u -
~rifle..
D’ailleurs comme l ’obferve fàgemént La
Bruyère ( Caracl. I ) , » C ’eft une expérience'
» faite, que , s’il fe trouve dix perfonnes• .qui
» effacent d’un livre une expreifion ou un fènti-
» ment , l’on en fournit aifément ufi pareil nom-
» bre qui les réclame. Ceux-ci s’écrient; Pour—
» quoi füpprimer cette penfée T elle. ■e f neuve ,
» elle e f belle , & le tour en e f a dm ir a b le 8c
» ceux-là affirment au.contraire, ou qu’ils auroient
» négligé, cette penfée, ou qu’ils lui- auroient
» donne un autre tour. I l y a uj\ terme , difenfc
» les uns , dans votre ouvrage , qui e f fencon-
» tré & qui ■ peint la chofe au naturel ; I l y a
n un mot . difent les autres , qui e f Jiafarde y
» & qui drailleurs-ne fg ft ifie pas ajfe^ce que
■ » vous voule\ peut être faire, entendre P 8c c’ëffi
» du même trait & du même mot que tous ces
» gens s’expliquent ainfi j & tous font connoif-
» leurs & paffent pour tels. Quel autre parti ,
» pour un auteur , que d’Ôfor pour lors être de
» ravis de ceux qui l ’approuvent » ? ( M. B e a u -
■ ZÉE. )
. . (N .) PYRRHICHE ou P YR RH IQU E , f. m.
C ’eft, dans la Poéfie grèque 8c larine , un piect
de deux fyllabés brèves , comme D e u s , me,ci.
Selon Héfychius, il eft ainfi nommé du nom
wfpixri y d’une danfe très - vive ^ dâns laquelle ii
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^oniitioit à caufe de fa légèreté : & le. nom de
.cette danfe venoit de celui delon inventeur, qui, félon
•quelques- unp , fut Pyrrhus de Cydon, & félon
d’autres , Pyrrhus ffls d’)Achille.
J’écris Pyrrhidie , à caufe de l ’étymologie ; &
P y r r h iq u e à caufe delà prononciation : cette fécondé
manière convientmieu-x|à notre Orthographe,
qui n’a dé jaque trop d’équivoques. ( M. B EAU ZÉE.)
Q Q
, f. m. Grammaire. C ’eft la dix feptième 1
lettre & la treizième confonne de notre alphabet.
Comme elle eft toujoursfùivie d’un w, fi ce n’eft
dans un petit nombre de mots, comme coq ,
oinq y, nous terminons par cette voyelle le nom
de la confonne Q , & nous la nommons Cu. Le
iyftême naturel de l’épellation veut que nous la
nommions Que ou K e . Cette lettre répond au « des
grecs &au p des hébreux.
L ’articulation, repréfentée par cette lettre eft
la même que celle du k ou du c devant a , 0, u
( Vfoye\ K & G ). C ’eft une articulation linguale,
dentale, 8c forte, dont la foible répond au y des
grecs & au A des hébreux : la pointe de la langue
s’appuie contre les dents inférieures , & la racine
s’élève pour préfenter â l ’air l ’obftacle qui doit
en procurer l ’explofion. C’eft pourquoi ces deux
articulations paroiffent retentir au fond de la bouche
' & dans la trachée - artère ç d’où vient que la
plupart des grammairiens les regardent comme
gutturales, furtout les allemands : Gutturales ap-
pello y dit Wachter , quæ in regione. gutturis
formantur ("GlofTar. germ. Proleg.fect. ij, §. î o ) .
Mais comme l’inftrument qui opère ces articulations
eft la langue appuyde contre les dents inférieures
j je crois qu’il vaut mieux cara&érifer l ’ex-
plofion par ce méchanifme, <|ué par le lieu où
elle s’opère. Elle a en outre d autres liaifons d’affinité
avec les autres articulations linguales & dentales
j & je les ai détaillées ailleurs. Voye^ L in g
u a l e .
Comme articulation linguale , elle eft analogue
& commuable avec les autres de la même claffe ;
mais comme dentale , elle q encore plus d’analogie
avec les dentales, & plus avec fa foible qu’avec toutes
les autres.
Comme lettre, c’eft un meuble qui feroit ab-
folument inutile dans notre alphabet , s’i l étoit
raifonné & deftiné â peindre les éléments de la
voix de la manière la plus fimple ÿ 8c ce vice eû
commun au O & au K.. Prifcien-en a fait la re -
marque i l y a long temps j quoique j’aye déjà ra-
porte ailleurs fes paroles à ce fujet, je les citerai
encore ici. K & Q, dit-il, quamvisfigura & nomine
videantur aliquam habere difftrentiam cum C y
tamen eandem tant in fono quam in métro continent
potefatem ,* & K quidem penitûs fuper-
vacua e f ( Libro l ) . Prifcien ne fe déclare que
contre l ’inutilité de la lettre K , quoiqu’au fond
le Q ne foit pas plus néceflaire : ce grammairien
aparemment étoit de ceux qui jugeoient le Q
néceflaire pour indiquer que la lettre u formoit
une diphthongue avec la voyelle fuivante , au lieu
qu’on employoit le c lorfque les deux voyelles
fefoient deux fyllabés ; ainfi voyons-nous encore
qui monofyllabe au nominatif, & cui diflyllabe au
datif. *. v ,
11 fefoit très-bien de s’én tenir â l’ufage de t»
langue ; mais en y obéiflant, il auroit pu & du
l ’apprécier. Si l ’on avoit fait ufage de la diérèfe ,
qu’on eût écrit cui au nominatif , & cui au datif;
on ne feroit pas tombé dans l ’inconvénient réel
-de repréfenter la même articulation par deux fignes
différents. Si donc Varron & Licinius Calvus font
répréhenfibles pour avoir rejeté le Q , ce n’eft
pas*, comme le dit Lancelot dans fa Méthode
latine ( Traité des lettres , chap. i x , §. 1 ) T
parce qu’elle devoit être retenue à caufe de cette
diftinétion; mais parce qu’ils contredifoient , dans
leur pratique, l ’ufage dont aucun particulier n a
droit de s ecarter , mais que tout homme de Lettres
peut difcuter & juger.
» On doit obferver dit Duclos ( Rem. fur le
chap.) ij de la 1 part, de la. Gramm. génér. ) ,
» que le fon du Q eft plus ou moins fort dans
» des mots différents : ii eft plus fort dans ban-
» queroute que dans banquet . . . . Le g ( gue )
» eft aufli plus, ou moins fort ; il eft plus fort
» dans guenon que dans gueule ». J’avoue que je
n’avois jamais aperçu & que je n’aperçois point
encore cette différence; & je fuis , à cet égard,
organifé comme M. Harduin, fecrétaire perpétuel de
l ’Académie ù’ A iras, dont je viens d’emprunter les
termes ( Rem. diverfes fur la prononc. pag. 1x3 ).
Je ferois même tenté de croire que ce qui trompe
ici la fagacité de l ’illuftre fecrétaire de l ’Académie
françoife , c’eft la différence même des fons qui fui-
vent l ’une ou l ’autre de ces confonnes, ou la différente
quantité dû même fon. .
. L ’abbé Dan et , dans fon Dictionnaire fran-
•çois - latin , dit que. le Q eft une lettre double
; car fa figure , dit - i l , eft compofée d’un
C 8c d’un ZI renverfés , joints ; enfemble , qui
font le même fon. S’il fauf prendre cette
preuve à la lettre, elle eft plaçante ; parce que
les traits de la figure ne font rien à la lignification
: fi l ’auteur a voulu dire autre chofe que cç
L 1 i