
X
Cette lettre a dans notre Orthographe différentes
valeurs ; & pour les déterminer , je la confidèrerai
au commencement, au milieu , Sc à la fin des mots.
I. Elle ne fe trouve au commencement que d'un
très-petit nombre de noms propres , empruntés des
langues étrangères ; & il faut l'y prononcer avec
ta valeur primitive C S , excepté quelques - uns
devenus plus communs & adoucis par l ’ufage ;
comme Xavier, que l’on prononce Gravier; Xé-
nophon, que l ’on prononce quelquefois Sénophon ;
Ximéne-{, qui fe prononce Siméne\ ou Chiméne\.
II. Si la lettre X eft au milieu du mot, elle y a differentes valeurs , félon les diverfes pofitions.
i° . Elle tient lieu de C S entre deux voyelles,
lorfque la première n’eft pas un e initial; comme
axe y maxime, Alexandre , Mexique , fexe ,
.flexible y vexation y fix e r y Ixion , oxicrat, paradoxe
, luxe y luxation y fluxion , St c.
On en exceptoit autrefois les mots Bruxelles,
FlexelleSy U x e lle s , qui ne font plus exception ,
parce qu'on les écrit conformément à la prononciation
, Bruffelles , Fleffelles , Uffelles : mais il
faut encore excepter aujourdhui f ix a in , fixième ,
deuxième , dixain, dixaine , dixainier, dixième
o à X fe prononce comme Z ; & fo ixa n te , foixan-
taine, foixantième , que l’on prononce fo i ff ante ,
foijfantaine, foiffantième : ( «f il faut auflî excepter
les mots A u x o n e , A u x o i s , Auxerre
que l ’on prononcé Aujfone, Auffois, Aufferre\
quoique l ’on continue de prononcer Auxerrois
comme on l ’écrit. )
a.0. X tient encore lieu de C S , lorfqu'elle a
après elle un C guttural fuivi d’une des trois
voyelles a y o , w, ou d’une confonne; ou lorf-*
qu’elle eft fuivie de toute autre coufonne excepté H:
comme excavation., excommunié, exeufe, exclu-
fion , excrément, exfplier, expédient, mixtion,
e xp lo it, extrait, &c.
3°. X tient lieu de G Z , lorfqu’étant entre deux
voyelles, la première eft un e initial ; & dans ce
cas , la lettre h qui précéderont Tune des deux
voyelles eft réputée nulle : comme dans examen
hexamètre, exhaujfer, exécution , exhérédation,
exil, exhiber, exorde, exhorter, exaltation ,
humer, Scc.
4°. X tient lieu de C guttural, quand elle, eft
fuivie d’un C fifflant, à caufe de la voyelle V ivante
e ou i j comme excès , exciter, qui fe pro- jnoncent eccès, ecciter.
III. Lorfque U lettre X eft à la fin des mots ,
ç lle y a , félon l ’occurrence , différentes valeurs.
i Q. Elle vaut autant que C S à la fin des,noms
propres F a irfax , EJfex , P a la fo x , P o llux ,
S t y x ; des noms àppellâtifs borax y index, larynx,
ly n x , fphitix ; de de l'adje&if pré f ix .
On feroit pourtant beaucoup mieux d’écrire
cet adjeétif avec un c à la fin , préfixé y comme
on écritjfcce. Les exceptions embàrraffent & trôu-
blent l ’analogie ; & quand. elles fo n t, comme
celle-ci, inutiles & fans fondement, elles désfio-
X
norent le fyftème qui les admet. On écrivoit autrefois
perplex , & on le trouve ainfi dans le Trévoux;
mais l ’Académie écrit aujourdhui perplexe
& il faut efpérer qu’elle,adoptera ioSFpréfixe y par
la même raifon. )
i®. Lorfque les deux adje&ifs numéraux f ix
dix y ne font point fuivis du nom de l ’efpèce nom-
brée , on y prononce X comme un fifflement fort
ou S ; f i en ai dix , prene^-enfix,
3°. Deux y fix y d ix y étant fuivis du nom de
l ’efpèce nombrée, fi ce nom commence par une
confonne ou pas une h afpirée, on ne prononce
point X ; deux héros, f i x p ifio les, dix volumes t
comme deu, f i , di. Si le nom commence par
une voyelle ou par une h muette, ou bien fi dix
n’eft qu’une partie élémentaire d’un mot numéral
compofé & fe trouve fuivi d’un autre mot élémentaire
quelconque de même nature; alors on prononce
X comme un fifflement foible ou Z ; deux
hommes, f i x aunes , dix ans , dix-huit, dix-
neuf y dix-neuvième y comme deu\ , fi^ , di^.
4°. A la fin de tout autre mot X ne fe prononce
pas, ou fe prononce comme Z . Voici les
occafions où l ’on prononce X à là fin des^mots,
le mot fai vaut commençant par une voyelle ou par
une h muette : premièrement après a u x , comme
aux amis, aux hommes : fecondement à la fin
d’un nom fuivi dé fon adjedtif; chevaux alertes ,
cheveux épars y travaux inutiles , fe u x étincelants
y voeux indiferets : troifièmement à la fin
d’un adjedtif immédiatement fuivi du nom avec
lequel il s’accorde ; heureux amant, fa u x accords
y affreux état y féditieiix'infulaires : quatrièmement
après les verbes veux Sc peux ; comme
j e veux y aller y tu peux gécrire, j e peux attendre,
tu en veux une.
( 5 ï l feroit peut-être à défirer, pour la perfection
de notre Orthographe, que nous n’euffions pas
admis X dans notre alphabet, & qu’on mît à la
place C S , ou G Z , o u S S , ou Z , ou C , félon
les circonftances ; on écriroit donc maefime au lieu
de maxime , egrjl au lieu d * e x il y Aufferre au lieu
$ Auxerre y j ’en ai dis au lieu de dix , fi\ aunes
au lieu, de f i x aunes y d'n; - neuvième au lieu de
dix-neuvième : on peindroit ainfi la prononciation ,
& l ’art de lire deviendrait bien plus ailé.
Qu’il me foit permis au moins d’obferver que
les maîtres d Écriture, plus amateurs des traits
enlacés à la fin des mots que de la régularité de
l ’Orthographe , ont introduit dans la nôtre des x
au lieu- d s , au mépris de toutes les confîdérations
qui exigeaient la lettre s i ainfi, ils ont écrit la
v o ix , les lo ix , des f o u x , des poux , ceux, heureux
y la p a ix y aux y travaux, Scc, au lieu de
vois y lois y fo u s y pous , deus, heureus , p a is ,
auSy travaus. On tient aujourdhui avec obftina-
tion à cette mauvaife Orthographe , fous pretexte
qu’elle a le fceau de l’Ufage; comme fi la fantaifie
peu réfléchie des maîtres d’Écriture pouvoit fonder
un bon Ufage , & que l ’imitation encore moins
x
réfléchie de leurs copiftes put le confirmer r 5c cependant
on rejette avec dédain, prefque avec
jndivnation, les corrections propofées par les gens
de Lettres d’après les principes les plus réfléchis
, les plus raifonnables & les mieux combinés.
Pourquoi ne pas garder s pour tous les pluriels ?•
notre règle de déciinaifon feroit plus générale, &
notre Grammaire plusaifée : pourquoi ne pas écrire,
par exemple , heureus ? on* en déduiroit, comme
dans tous les autres adjeétifs , le féminin keureufe
par l ’addition d’un e , & l ’adverbe heureufement
par l’addition de nient au féminin. Eh gardons X
x
tout au plus pour les endroits où elle tient la place
de C S ou de G Z ; encore y reftera-t-il le danger de-
l ’équivoque. )
X , dans la numération romaine, valoit io ; &
avec un trait horizontal X valoit io,coo. X valoit
feulement iooo. lavant X .en loi; lira it une unité ,
&IX=$> : au contraire X I = ï I , X i ï = i XI’ILrn
13,, X IV = I 4 » X V — 15 , De. X avant L ou avant
C , indique qu’il faut déduire 10 de $0 ou de 100 \
ainfi, X^p=40, XC=5>o.
La monnoie frapée à Amiens eft marquée X.
( M . B e a u z ÉE. )
Y
" Y " , f. m. C’eft la vingt-quatrième lettre & la
fixième voyelle de notre alphabet, où on l ’appelle
i grec. Cette dénomination vient de ce que naus en
fefons ufage au lieu de Vu ( u pfilon ) des grecs,
dans les mots qui nous en viennent & que nous
prononçons par un i , comme martyry Jyllabey fym-
%ole, fyntaxe , hypocrite , &c : car la figure que
nous avons prife , après les romains , dans 1 alphabet
grée, y repréfentoit le G guttural, Sc s’y nommoit
gamma.
Les latins avoient pris , comme nous , ce caractère
pour repréfenter Vu grec ; mais ils le pro-
nonçoient vraifemblablement comme nous prononçons
u y & leur u équivaloit à notre ou; ainfi, ils
prononcoient les mots fyria yfyracufee , fymbola,
comme nous prononcerions fu r ia , furacoufaz ,
fumbola. Voici à ce fujet le témoignage de Scaurus :
(De Orth. ) Y litteram fupervacuam latino fer-
moni putaverunty quoniam pro illâ U cederet ;
fed quum queedam in jiojlrum fermonem græca.
nomina admiffa fin t, jn quibus evidenter fonus
hujus litterce exprimitur -, ut hyperbaton <S* hya-
cinthus , & fimilia; in eifdem hiïc litterâ necef-
' fario utimur.
Y
L e riéographifme moderne tend à fubftituer l ’i
fimple à 1 y dans les mots d’origine grèque où l ’on
prononcez, & fait écrire en cônféquence martir ,
fillabéy fimbole, fin ta x e , hipocrite. Si cet ufage
devient général, notre Orthographe en fera plus
fimple de beaucoup , Sc les étymologiftes y perdront
bien peu.
Dans ce cas, à l ’exception du feul adverbe y ,
nous ne ferons plus ufage de ce caraCtère que pour'
repréfenter deux U consécutifs, mais appartenants
a deux fyllabes , comme dans payer, payeur ,
moyen y jo y e u x , qui équivalent a pai-ier ,p ai-ieur,
moi-iefi, joi-ieux*
Anciennement les écrivains avoient introduit l ’y
à la fin des mots, au lieu de l ’i fimple ; on ne le
fait plus aujourdhui, & nous écrivons b a la i, mari
lui y moi y toi y fo i; roi, loi y aujourdhui y Scc :
c’eft une amélioration réelle.
Baronius nous apprend que Y valoit autrefois iyo
dans la numération , Sc Y i^oooo.
Y eft la marque de la monnoie de Bourges.
( M . B e A ü z e e .;)
z
2 j( , f. m. Grammaire , la .vingt-cinquième lettre
& la dix-neuvième confonne de l ’alphabet françois.
C ’eft le figne de l ’articulation fifflante foible dont
nous repréfentons la forte par ƒ au commencement
des mots fa le , f e l , fimon, fon , fur. Nous l’appelons
\ède : mais le vrai nom épellatif eft
Nous repréfentons fouvent la même articulation
foible par la lettre f entre deux voyelles, comme
dans maifon, cloifon , mifère , ufage , &c , que
nous prononçons maison, cloison , misère, u^age,
&c; c’eft l’affinité des deux articulations qui fait
prendre ainfi l’une pour l’autre. P~oye^ S.
Z
Quelquefois encore la lettre x repréfente cette
articulation foible, comme dans deuxième, fixa in ,■
fixième , &c. Voye\ X .
Les deux lettres x Sc % à la fin des mots fe prononcent
toujours comme ^ , quand il faut les pro--
noncer ; excepté dans f i x & dix , lorfqu’ils ne font
pas fuivis du nom de l ’efpèce nombrée : nous prononçons
deux hommes , aux enfants, mes amis ,
vos honneurs y comme s’il y avoit deu--ç-hommes,.
au-ny enfant s , mé-\-amis- ; vo-\-honneurs.
Notre langue Sc l ’angloife font les feules où la-
lettre, £foit une confonne fimple; elle étoit double: