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M É T H O D E
P o u r diriger les Leâeurs dans l ’etude de la G RA m m a i r e £r de
la L i t t é r a t u r e .
I .
Ta b l e a u m é t h o d i q u e p o u r la Gr a m m a i r e .
K a r*en * |§| Quintilien, par où le Dieu
» fuprême, père de la nature & créateur du monde,
» nous ait plus diftingués du relie des animaux
» que par le don de la parole , & conféquemment
» par la raifon furtout, qui nous affoeie avec la
» Divinité ». JD eus ille prinpeps, parens rerum
fabricatorque mundi , nullo magi.s hpminem fe -
paravit^ a crzteris • , . . animalibuj, quant diqj
cendi facultate . . . . . Rationem jgitur nobis
proecipuam dédit, ejt/fqiie nos fôci'os ejje cum -
dits immortalibus yoluif. (Inft. orat. II . r 6.)
Mais cette raifon , dont la pofleffion feule nous
élève fi fort au deflus des brutes , dont l ’abus, -
malheureufement trop fréquent, nous ravale & nous ;
piet bien au deflous de ces ftupides animaux , &
“dont le. bon ufage nous égale prefque aux efprits
çelelles, à quoi nous ferviroit-elle , comment fe
manifefteroit-elle^ en nous , fi nous n'avions la faculté
d’exprimer nos penfées par la parole ? Sed
ipfa ratio ne que tant nos juvaret , neque tant
effet in nobis manifejla, n ifi, quoe concepif- _
j e mus mente, promere etiam Loquendo poffemus...
IJamines quibus negata vox efl quantulum ad-
ju v a t animas ille çoelejlis ! ( Ibid. )
E t cette faculté précieufe de la parole, comment
les hommes viendront-ils à bout de la mettre
pn exercice ? comment imagineront-ils d’analyfer
leurs penfées, d'y diftinguer différentes elpèces
d'idées, d’en difcerner les diverfes relatiçns, de
défigner tous ces afpeéts par autant d^efpèces de
mots, de convenir unanimement des fio-nifications
néceflairement arbitraires qu'ils jugeront à propos
d'y attacher ? C'eft une queftion que Quintilien
réfout en deux mots très-énergiques : « Car qui
» doute, d i t - il , que les hommes, dès l'inftant
V de leur création, n’ayent reçu un langage de ia
» nature même ? >? E t i l en conclut que c’eft à la
nature q u'eft due la prem ière langue. Nam cul
dubium efl, quin fermonem , ab ipsâ rerum
naturel geniti , pro tintes ho mines acceperint ? ....
Initium ergo dicendi dédit natiira. (Ib id .)
L a nature & le D ieu (b'uverain, créateur du
m o n d e, font évidemment la mêm e chofe dans le
lan g ag e de Q u in tilien . M ais com m ent cet hom m e ,
rhéteur de profeflion & feulem ent p hilofophe p ar
Une forte d’in ftin ft, a -t-il pu , à travers les illu -
fions & les ténèbres du p ag an ifm e, pénétrer en
quelque m anière dans le C onfeil de D ieu ? com*
m ent a-t-il pu y découvrir la véritable origine du
la n g a g e , que des philofophes modernes o nt m éconnue
à la clarté mêm e defc lum ières de la R évéla
tio n ?
IJn e rem arque im portante à fa ir e , c’eft que ce
don précieux de la p aro le a été accordé à l'h om m e
exclufivement : quelque sur que paroiffe l ’inftinét
des autres animaux ; quelque perfp icacité, q u elque
fineffe , quelque rufe , quelque tenue m êm e
qu’il nous fem ble voir dans leurs procédés j dès
là q u 'ils ne peuvent fe com m uniquer leurs peiir-
fées, dès là qu’ils font m u ets, ils font privés de
la raifon : Quia carent fermone quoe id faciunt,
muta atque irrationqbilia vopantur. ( Q u in til.
ibid. ) L 'ad jeétif A!\oyts a cette double lignification ,
privé de la parole & privé de la raifon , mutus &
irrationalis; parce que le même m ot Aoyot fighifioit
en grec Parole & Raifon : eh qu’eft-ce en effet
que la P a ro le , fi ce n’eft là R aifon rendue fen-*
fible ?
Mais q uelle a été l’intention du C réa te u r,e n aceçr*
dant exclufivement à l'hom m e le don d e là P arole ?
I l n'eft pas po/fible de s’y méprendre , à moins de
ferm er volontairem ent les ieux à la lum ière. O u tre
que la P aro le ne convient & ne p eut convenir
qu 'à des êtres doués de raifon , cette faculté feroit
même.
H
T ÀBl ' EAÜ
même inutile à un être raifonnable qui ne com-
mumqueroit avec aucun autre ; üeft inutile de parler
quand on eft feul : l'homme n’eft donc pas fait
pour vivre feul & ifo lé , Si c’eft ainfi que Dieu
lui-meme en a jugé, o II n’eft pas bon-que l'homme
» tort feul, fefons - lui un aide femblable à lui » :
?Jl . oni{m effe hominem JbLum, faeïamus ei
aÿuiorium fimile Gen'ef. ij. 1815 Voilà
notre deftmation bien marquée; la fociabilité , Si
i oDiigation de nous entr’aider.
Ils étoient donc en délire, les philofophes qui
o-nt recherché avec tant de peine i dans des fty-
pothefes plus abfurdess les unes que les autres ,
origme , le fondement, & les commencements
de ta l ociété parmi les hommes : la volonté du
Créateur en eft 1 ongine , le befoin qu’a l’homme
du fecours de fes femblables en eft le fondement ,
tes commencements en remontent jufqu’à la créa-
Uon du premterhomme & de la première femme,
j eft le lien wBËSÈ le langage
donne exclufivement à l'homme en eft tout à la
tots 1 inftrument & la preuve.
L ’inftrument de la charité univerfalle, du boudeur
des hommes dans la fociété ! Nous avons
donc le plus grand intérêt d’approfondir la nature
du tangage den étudier le méchanifme, d’en
reconnoitre les principes fondamentaux & les règles
«liencrelles. On a tâché, dans ce Diftionnarre,
c I es developer d’une manière lumine.ufe, de les
• r a,!irC • & l es apprécier avec
jnfteffe. Mais 1 ordre alphabétique n’ayant pas
permis de les préfenter fous le point de vile iu-
tnineux dune difpolîtion fyftématique, on va y
suppléer ici par nn Tableau méthodique , qui in-
diquera. la manière de lire de fuite , comme un
traite didaétique, tous les Articles relatifs à la
O rammaire : les principales divifioms y feront
marquées, de manière à. diftinguer nettement les
” f? 9 1 fyftême grammatical , à indiquer
la fubordination des uns i l ’égard des autret,
mande' T “ a e,glande raalfe de lnufmemiè,brlee. réfultera une *plus
P O I N T D E V Û E G É N É R A L .
GRAMMAIRE. On trouvera dans cet Article, un
tableau analytique de cette fcience, qui fuffi-
, mit peut-être pour diriger les. Lefteurs dans ï
l ’étude raifonuée de fes principes, fi la.com-
pofition des Articles fuivauts n’avoit pas agrandi
les viles & augmenté, la matière. L e Tableau
qui va fuivre fera plus exad & plus complet;
, mais il eft toujours bon de jeter fur celui-ci un
coup d’ceil préliminaire. Tom. I I , pag. 180
.GRAMMAIRIEN . F S T„ ,
Ç r am m ., e t L i t t é r a t * Tome l l l %
M E T H O D I Q U E # 7 3 3
I . D I V I S I O N .
P aro le prononcée ou écriie.
V O IX . Mechanifme de la parole. Tom. ltl}p. 6\ 4
V o ix d e s a n im a u x . ;
V o ix d e s o i s e a u x .
V o ix d e s q u a d r u p è d e s . 6 \ i.
I . É lém en ts de la paro le.
V O IX .
V O Y E L L E .
A R T IC U L A T IO N "*
MOUILLÉ.
C O N S O N N E .
N a s a l e .
N a s a l i t é *
M,
N.
L i q u id e .
L a b ia l e .
L in g u a l e .
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