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Mais il eft un organe qui fe trouve dans tous
les oiféaux, & qui eft fi néceftaire à la formation
de leur V o ix , que tous les autres deviennent inutiles
lorfqu’on abolit ou qu'on fufpend les fonctions
de celui-ci» C ’eft une membrane plus ou
moins folide , fituée prefque tranfverfalement entre
les deux branches de l'os connu fous le nom d’o.r
de la lunette. Cette membrane forme de ce côté-
là une cavité affez grande, qui fe rencontre dans
tous les oi féaux à la partie fiipérieure & interne
de la poitrine , & qui répond à la partie externe
des anches membraneufes dont nous venons de
parler.
Lorfqu’un oifeau veut fe faire entendre , il fait
agir les mufcles deftinés à comprimer les facs du
ventre & de la poitrine, & force par cette aétion
l ’air qui y étoit contenu 'à enfiler la route des
bronches du poumon charnu , où rencontrant d'abord
les petites membranes à reflort dont nous avons
parlé , i l y excite certains mouvements & certains
Ions deftinés à fortifier ceux que doivent produire
les anches membraneufes que le même air rencontre
enfuite ; mais ces dernières n’en rendroient
aucun , fi une partie de l'air contenu dans les poumons
ne paffoit, par de petites ouvertures, dans la
cavité fituée fous l’os de la lunette. Cet air aide
apparemment les anches à entrer en jeu , foit en
'leur prêtant plus de reflort, foit en contrebalançant
par intervalles l’effort de l ’air qui paffe par
la trachée-artère. De quelque façon qu’il agiffe,
fon aftion eft fi néceffaire , que , fi l ’on perce dans
un oifeau récemment tué la membrane qui forme
cette cavité , & qu’ayant introduit un chalumeau
par une ouverture faite entre deux côtes, dans quelqu’un
des facs de la poitrine, on fouffle par ce
chalumeau, on fera maître, avec un peu d’adreffe
& d’attention, de renouveler la V o ix de Voifeau ,
pourvu qu’on tienne, le doigt fur l’ouverture de la
membrane; mais fi-tôt qu’on l ’ôtera & qu’on laif-
fera à l ’air contenu dans la cavité la liberté de
s’échaper, ' l ’organe demeurera abfolument muet ,
quelque chofe qu’on puiffe faire pour le remettre
en jeu. Il n’eft pas étonnant que l ’organe des
oifeaux , deftiné à produire des fons affez communément
variés & prefque toujours harmonieux, foit
compofé avec tant d’art & avec tant de foin. H iß . de
V A c . des fcienc. ann. 1753. (*£* chevalier d e .
J a u c o u r t ) .
V o ix d e s q u a d r u p è d e s , Anat. comparée. La
différence qui fe trouve entre la V o ix humaine &
les cris de différents animaux, & furtout ceux de
ces cris qui paroiffent compofés de plufieurs fons
différents produits en même temps , auroit diî
depuis long temps faire foupçonner que les organes
.qui étoient deftinés à les produire étoient aufli
multipliés que ces fons. Cette réflexion fi naturelle
a échapé ; ori regardoit les organes de la V o ix 1
des animaux, & furtout de celle des quadrupèdes,
comme aufli Amples & prefque de la même na-
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ture que l’organe de la V o ix de l’homme.
Il s’en faut cependant beaucoup que , dans plu-
fleurs des quadrupèdes, & plus encore dans les
oifeaux, l’organe de la V o ix jouïffe d’une aufli
grande fimplicité : la diffeétion anatomique y a
découvert des parties tout à fait fingulières, & qui
n’ont rien de commun avec l’organe delà V o ix humaine.
Les quadrupèdes peuvent fe divifer à cet égard
Cn deux claffes; les uns ont l’organe de la Voix aflez fimple, les autres l’ont fort compofé.
Du nombre de ces derniers eft le cheval. On
fait que le henniffement de cet animal commence
par des tons aigus , tremblottants , & entrecoupés,
& qu’il finit par des tons plus ou moins graves.
Ces derniers ïônt produits par les lèvres de la
glotte, que MM. Dodart & Ferrein nomment cordes dans l’homme : mais les fons aigus font dus à un
organe tout à fait différent : ils font produits par
une membrane à reflort , tendineufe, très-mince ,
très-fine, & très-déliée. La figure en eft triangulaire,
& elle eft aflujétie lâchement à l’extrémité de
chacune des lèvres de la glotte du côté du cartilage
thyroïde ; & comme par fa pofition elle porte en
partie à faux , elle peut facilement être mile en jeu
par le mouvement de l’air qui fort rapidement de
l’ouverture de la glotte.
On peut aifément voir tout le jeu de cette membrane,
en comprimant avec la main un larynx frais
de cheval , & en fefant fouffler par la trachée
fortement & par petites fecoufles : on verra alors
la membrane faire fes vibrations très-promptes, &
on entendra le fon aigu du henniffement. Pour fe
convaincre ,que les lèvres de la glotte n’y contribuent
en rien, on n’aura qu’à y faire tranfverfalement
une légère incifion qui en aboliffe la fonc-
1 tion , fans permettre à l’air un cours trop libre ;
l’on verra pour lors que la membrane continuera
fon jeu , & que le fon aigu ne ceffera point, ce qui
devroit néceflairement arriver s’il étoit produit par
les lèvres de la glotte.
L’organe de la V o ix de l’âne offre encore des
Angularités plus remarquables : la plus grande partie
de cette V o ix eft tout à fait indépendante de
la glotte : elle eft entièrement prodùite par une
partie qui paroît être charnue. Cette partie eft
aflujétie lâchement, comme une peau de tambour
non tendue , fur une cavité affez profonde qui fe
trouve dans le cartilage thyroïde. L’efpèce de peau
qui bouche cette cavité eft fituée dans une dircéïion
prefque verticale : & l’enfoncement qui fert de caiffe
à ce tambour, communique à la trachée-artère par
une petite ouverture fituée à l’extrémité des lèvres
de la glotte : au deffus de ces lèvres fe trouvent
deux grands facs affez épais, placés à droite &à
gauche ; & chacun d’eux a une ouverture ronde ,
taillée comme en bizeau, & tournée du côté de celle
de la caiffe du tambour.
Lorfque l’animal veut braire , il gorge les pouv
o 1
irions d’air par plufieurs grandes infpirations, pendant
lefquelles l’air , entrant rapidemenr par la
glotte qui eft alors rétrécie, fait encore une efpèce
de fifflement ou de râle plus ou moins aigu : alors
le poumon fe trouvant fuffifamment rempli d’air,
il le chaffe par des expirations redoublées ; & cet
air, en trop grande quantité pour fortir aifément
par l’ouverture de la glotte, enfile en grande partie
l’ouverture qui communique dans la cavité du tambour
, & mettant en jeu fa membrane & les facs dont
nous avons parlé, produit le fon éclatant que rend
ordinaitement cet animal.
Tout cé que nous venons de dire fe prouve aifément
, fi, tenant un larynx d’âne tout frais , on
le comprime vers fes parties latérales, & qu’on
pouffe l’air avec force par un chalumeau placé un
peu aû deffous de l’ouverture qui communique dans
le tambour ; on verra alors diftin&ement le jeu
du tambour & des facs. Pour fe convaincre que les
cordes de, la glotte n’y jouent pas un grand rôle,
il ne faudra que les couper , & répéter l’expérience
en comprimant feulement le larynx avec la main ;
on verra que, quoique l’incifion faite aux lèvres de
la glotte les ait. rendues incapables d’aétion, le
même fon fe fera entendre fans aucune différence.
Le' mulet, engendré , comme on fait, d’un âne
& d’une jument, a une Voix prefque femblable à
celle de l’âne : aufli lui trouve - t - on prefque le
même organe, & rien qui reffemble à celui du
cheval ; réflexion importante , & qui femble jufti-
fier que l’examen des animaux nés du mélangé de
différentes efpèces , eft peut-être le moyen le plus
sur pour faire connoître la part que chaque fexe peut
avoir à la génération.
La V o ix du cochon ne dépend pas beaucoup
plus que celle de l’âne de. l’aélion des lèvres de
la glotte; elle eft due prefque entièrement à deux
grands facs membraneux , décrits par Cafferius.
Mais ce que le larynx de cet animai offre de plus
fingujier , c’eft qu’à proprement parler, fa glotte
eft triple : outre la fente qui fe trouve entre les
bords de la véritable glotte , il y en a encore une
autre de chaque côté ; & ce font ces deux ouvertures
latérales qui donnent entrée dans les deux
facs membraneux dont nous venons de parler.
Lorfque l’animal pouffe l’air avec violence en
rétréciflant la glotte , une grande partie de cet air
eft portée dans les facs , où il trouve moins de
réfiftance ; il les gonfle & y excite des mouvements
& des tremblements d’autant plus forts, qu’il y eft
lancé avec plus de violence, d oùréfultentnéceffaire-
ment des cris plus ou moins aigus.
On peut aifément voir le jeu de tous ces organes
en comprimant avec la main un larynx frais d“e
cochon ; & foufflant avec force par la trachée-
artère , on y verra les facs s’enfler & former des
vibrations d autant plus marquées , que l’a&ion de
l’air qui entre, dans les facs fe trouve contrebalancée
jufqu’à un certain point par le courant de celuj
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qui s’échape en partie par la glo tte, & force par ce
moyen les facs à battre l ’un contre l’autre & à produire
un fon.
Si l’on entame les lèvres de la glotte par une:
incifion faite près du cartilage aryténoïde , fans
endommager les facs ; en foufflant par la trachée-
artère , on entendra prefque le même fon qu’au-
paravant : nous difons prefque le même ,* car o»
ne peut nier qu’il n’y ait quelque différence, &
que la glotte n’entre pour quelque chofe dans la
produ&iort de la V o ix de cet animal. Mais fi on
enlève les facs en prenant bien garde de détruire
la glotte, les mêmes fons ne fe feront plus entendre
: preuve évidente de la part qu’ils ont à cette
formation. H iß . déVAcad, desfciences, ann. 1753.
( Le chevalier d e Ja u c o u r t .)
(N .) V O IX , f.f. Gramm.gén. On diftinguedans
la parole deux fortes d’éléments , la V o ix & l’Ar-
ticuiation. Voye\ Articulation.
La V o ix eft un fon qui réfulte de la fimple
émiffion de Pair , & dont les différences effencielles
dépendent de la forme du paffage que la bouche
prête à cet air pendant l’émiflion.
Notre langue me paroît avoir admis huit V o ix
fondamentales, d’où dérivent, par des changements
fort légers, les autres, V o ix ufitées parmi nous.
Les v o ic i, rangées félon l’analogie des difpofitions
de la bouche lors de leur émiffion.
Sg
V o I X F ONDAM EN !
1. A cadre.
2. K tète. ,
3- É a bonté.
4- I -0 misère*
5 EU meunier•
6. O 0 pofer.
7 - U lumière-,
8. O U poudre*
I. L a bouche eft Amplement plus ou moins ouverte
pour la génération des quatre premières V o ix r
qui reteqtiffent dans la cavité de la bouche : je les
appellerais volontiers des V o i x retentijfantes ; 8c
les voyelles qui les repréfenteroient, feraient pareillement
nommées Voyelles retentijfantes.
A eft à la tête , non de droit divin., comme le
dit férieufement Wachter dans les Prolégomènes
de fon Glojfairegermanique ( fe&. II , §. $z ) -y
mais parce que c eft la V o ix la plus naturelle, &
la première ou du moins la plus fréquente dans
la bouche des enfants ( Voye\ A ). L ’ouverture
de bouche néceffaire à la prononciation de cette
V o ix y eft de toutes la plus ailée & celle qui laiffe
le cours le plus libre à l ’air intérieur* Le canal
femble fè rétrécir de plus en plus pour les autres :
la langue s’élève & fe porte en avant pout E ; fert
peu plus pour É ; & les mâchoires fe rapprochent
encore un peu davantage pour I.
Pour la génération des quatre dernières V o ix