
aliéna: domui... Non
aujim diacre ; ne ,
quum te digna dixero,
me indignum quid-
piam dixiffe videar.
( IV* Ad Reren. xxx ,
4 i , )
mèrement au fujet de la
maifon d’un autre . . . Je
n’ôfe achever, de peur
qu’après avoir dit une chofe
digne de toi, je ne paroine
en avoir dit une indigne de
moi.
C’eft un exemple que cite l ’auteur, pour faire
comprendre en quoi confifte la Réticence, qu’il
nomme Précijion , à raifon fans doute de ce que
la période eft coupée tout à coup avant d’être
achevée. Quelques rhéteurs la défignent, avec les
grecs, par le nom d’Apofiopèfe. Je crois le nom
de Réticence plus au goût de notre langue , &
d’ailleurs plus univerfeliement adopté.
Quelques-uns la confondent avec l ’Interruption ;
d’autres , avec la Prétention ou Prêter mi (Jion :
c’eft confondre des idées véritablement différentes ,
quoiqu’analogués entre elles. Voye-^ Interruption
& pRÉTÉRITION. ( M. B e AU ZÉ E . )
* R E T R A N C H E M E N T , C m . Grammaire
françoife. I l y a des Retranchements vicieux & des
Retranchements élégants. L a m atière qu’on traite
demande quelquefois un ftyle v if & c o n cis, mais
il ne faut pas p o ur cela fupprim er ce qui eft abfo-
lum en t néceffaire. E xem ple : Ce déjir ardent avec
lequel les hommes cherchent un objet QU * i l s
PUISSENT AIMER E T EN ÊTKE AIMÉS ; il
fa llo it d ire , qu’ ils puijjent aimer & DON T TLs
PUISSENT ÊTRE AIMÉS : Je ne puis affurer
quand je partirai d’ ici' ^ f i dans un mois, dans
deux j ou dans trois ,* il fa llo it dire , f i CE s e r a
dans un mois, &c.
M ais s’il y a des Retranchements vicieux , il
y en a d’autres q ui font fort élégants , & q ui contribuent
beaucoup à la force & à la beauté du dif-
cours. E n voici quelques exem ples : Citoyens ,
étrangers , ennemis, peuples rois, empereurs,
le plaignent & le révèrent ,• cet endroit devjendroit
foible n T o n d ifo it, L e s citoyens , l e s étrangers
, l e s ennemis, l e s peuples , l e s rois} l e s
empereurs , le plaignent & le révèrent.
V o ici un exem ple tiré du D ifcours de Racine
p our fa réception à l’A cadém ie françoife. » Vous
» fav ez, M eilleurs, en q u el état le trouvoit la
» Scène françoife lorfque M . C o rn eille commença
» à trav ailler 3 q u e l defordre ! q u elle irrégu larité !
» n u l g o û t, n u lle connoiffance des beautés du
» T h é â tre , les auteurs aufll ignorants que les fpec-
» tateurs , la p lu p a rt des fujets extravagants &
» dénués de vraifem blance , la diCtion encore p lus
» vicieufe que l ’aétion ; e n un m o t, toutes les
» règ les de l ’a r t, celles de l ’honnêteté & de la
» hienféance , partout violées » . L ’autçur z retranché
de cette période plufieurs m ots qu’un autre
auteur m oins éloquent n’au ro it pas m anqué d’y
m ettre.
$ S a la tin ité , dit Saint-È vrçipont en p arlan t de
» Sénèque, n’a rien de celle du temps d’Augufte*
» rien de facile, rien de naturel ; toutes pointes t
» toutes imaginations , qui fentent plus la chaleur
» d Afrique ou d’Efpagne que la lumière de Grèce
» ou d Italie ». Ce feroit gâter cet exemple que
de dire , n ’A rien de facile, n ’a rien de naturel
; ce s o n t toutes pointes , ce s o n t toutes imaginations , &c.
I l eft fouvent a propos de retrancher les & ,* en
voici un exemple de Mafcaron, dans fon Oraifon
funèbre deTurenne. » Comme on voit la foudre,
» conçue prefqu’en un moment dans le fein de la
» nue , briller , éclater, fraper , abattre ; ces pre-
» miers feux d’une ardeur militaire font à peine
» allumés dans le coeur du roi , qu’ils brillent ,
» éclatent, frapent partout : les murailles de Char-
» le roi , Douai, Tournai, Ath , L i l l e , Aloft ,
» Oudenarde , tombent à fes pieds ».
Lorfque le fujet qu’on traite demande du feu &
du mouvement, les périodes coupées ont bonne
grâce ; & pour donner de la force & du brillant >
au difcours, il eft élégant de retrancher des mots & des liaifons inutiles. ( Le chevalier d e J AU*
C O U R T . j
( ^ Andri de Boisregard, dans fes Réflexions ou Remarques critiques ftir l’ufage préfent dé la langue françoife , auroit fourni un article plus
confîdérable fur les Retranchements dont il s’agit
i c i , fi le rédacteur n’avoit jugé à propos d’abréger
ce qu’en a écrit cet ancien grammairien, dont il
a même fuprimé le nom , peut-être par la raifon
même que ce n’étoit plus fon véritable ouvrage.
Pour indiquer au leâreur d’autres obfervations fur
cette matière, & des principes qui puiffent le fixer
à cet égard , je le renverrai aux articles Adjonction
, Asyndéton , D isjonction , Ellipse ,
Elliptique , Interrogatif , O ptatif , &c : &
j’ajoûterai ici la Remarque de l ’abbé d’Olivet fur
ce vers de Racine ( Anaromaq> IV , 5 , 91 ) , ou
il fe trouve un Retranchement de la plus grande
hardieife ;
Je c’aîmois, inçonftant j qu’aurois-je fait, fidèle ï
.» V o ilà , de toutes les Ellipfes que Racine s’eft
» permifes, la plus forte & la moins autorifée par
» l ’ufage. Mais avant que d’ôfer la condanner, il y
» a'deux réflexions à faire.
» i°. Ce qui rend l ’Ellipfe , non feulement
» excufable, mais digne même de louange , c’eft:.
» lorfqu’il s’agit , comme ici, de s’exprimer vive-.
» ment & de renfermer beaucoup de fens en peu
» de paroles, j furtout lorfqu’une violente pafliorç,
» agite la perfbnne qui parle. Hermione , dans fon.
» transport, voudroit pouvoir dire plus de chofeç
» qu’.elle n’articule de fyliabes.
» 11 y a de certaines fautes, que le meilleup
» écrivain peut faire par négligence ou même.fans
» s’en apercevoir ; au lieu qu’une Ellipfe qui eft
» fi peu dans les règles ordinaires, quand un grapd
o maître
» maître l ’emploie , c’eft de propos délibéré' & après
» y avoir bien pente-. '
» Je conclus de là que de pareilles hardiéfles
» ne tirent point à confequence pour des écrivains
» du commun : mais d’un autre côté .aufll j’avoue
» qu’un Critique, s’i l condanne abfolument ce qu’un
» grand maître a écrit avec mûre réflexion, fe fent
» plus de courage que je n’en ai ».
I l faudroit en effet du courage, ou quelque chofe
même de pis , pour condanner une Ellipfe à laquelle
on ne peut pas reprocher l ’obfcurité, qui
feule la rendroit condânnable : ce n’eft pas à celle-
là qu’on peut appliquer' le Prévis ejfe laboro 3
obfcurus fio ; & chacun entend très-bien que c’eft
la même chofe pour le fens , que fi Hermione
àvoit dit fans aucun Retranchement, Je t’aimois ,
quoique tu fuffes inconfiant, qu’aurais-je fait, fi
tu âvois été fidèle? ( M . B e a u z é e . j
(N .) REVENIR, R E TO U RN E R .Synonym.
On revient au lieu d’pu l ’on étoit parti. On
mowrne aulieu ou l ’on étoit allé. •
On revient dans fa patrie. On retourne dans fon
•exil.
On dît aufll, Revenir à la vertu, Retourner au
crime. (L’abbé G ir a r d .)
(N.) RÉVERSION, f. f. Voye\ A ntiméta- 30LE.
R ÉV O LU T IO N , f. f. B elles-L ettres. Poefie.
Dans le Poème épique ou dramatique , lorfque la
fable eftimpiexe , il arrive , fur la fin de Taétion,
un évènement qui change la face des chofes, &
qui fait paffer le perfonnage intéreffant du malheur
a la profpérité, ou de la profpérité au malheur 3 c’eft
ce qu’on appelle Révolution.
L’évènement s’annonce quelquefois comme le
terme du ^malheur , & i l en devient le comble 3
quelquefois il femble en être le comble , & il en
devient le terme. Dans Inès , au moment qu’A l-
phonfe fe laiffe fléchir & que Pèdre fe croit le
plus heureux des hommes , Inès fe trouve empoi-
fonnée. Dans Alfire , la mort de Gufman , . qui
femble mener Alzïre & Zamore au fupplice, les^ |
unit & les rend heureux : c’eft Comme un coup
de vent, qui anno'nçoit le naufrage , & qui conduit
au port.:
Le dénoûment le plus parfait eft celui od l ’adion
fe décide par une^ Révolution foudaine, qui porte
l^perfotinage intéfeflant d’une extrémité de fortune
à l’autre : tel eft celui de Rodogune.
Que la Révolution décifive foit heureufe ou
malheureufe, elle né doit jamais être prévue par
l ’aéteur intéreffé 5 & lors même qu’il touche à fa
perte, fa fituation n’eft jamais fi touchante que lo r fqu’il
a le bandeau fur les jeux.
Mais faut - il que la xRévolution foit inattendue
pour le fpeéfateur ? Non pas, fi elle eft funefte ; '
Gr a m m . e t L i t t é r a t . fom eU L
car en la prévoyant , on frémit d’avance, & la
terreur mène à la pitié. On voit dès l ’expofition
d’OEdipe , que ce malheureux .prince va fe convaincre
d’incefte & de parricide , éclairer l ’abîme
où il eft tombé , & finir par être en horreur à la
nature & à lui-même ; & à chaque nouvelle clarté
qui lui vient , la terreur & la pitié redoublent. Il
n’eft donc pas toujours vrai , comme le croyoit
Ariftote, que la terreur & la pitié naiffent de la fur-
priie que nous caufe l ’évènement.
C ’eft lorfque le dénoûment eft heureux, qu’il
ne doit être pour les fpeétateurs que dans l ’ordre
des poffibles, & des poflïbles éloignés, dont les
moyens font inconnus * car le perfonnage en péril
cefle d’être à plaindre, dès qu’on prévoit fa délivrance.
Mais ne la prévoit-on pas, direz - vous ,
quand on a lu la tragédie, ou qu’on l ’a vu jouer
une fois ? le foin qu aura le poète de cacher un
dénoûment heureux fera donc alors inutile. Non ,
fi fon intrigue eft bien liflue. Quelque prévenu
qu’on foit de la manière dont tout va le réfoudre,
la marche de l ’a&ion en écarte la réminifcence ;
l ’impreflïon de ce que l ’on voit empêche de réfléchir
a ce que l ’on fait ; & c’eft parce preftige que
les fpe&ateurs qui le laiffent toucher , pleurent vingt
fois au même fpe&acle : plaifir que ne goûtent
jamais les vains raifonneurs & les froids Critiques.
Ceux-ci portent à nos fpectacles deux principes
°pp°fés 3 le fentiment qui veut être ému, & Te|-
prit qui ne veut pas qu’on le trompe. La prétention
à juger de tout fait qu’on ne jouît de rien :
on veut en même temps prévoir les fituations &
en être furpris, combiner avec l’auteui^& s’attendrir
avec le peuple , être dans l ’illufion & n’y être'
pas. Les nouveautés furtout ont ce défavantage,
qu’on y va moins en Ipeétateur qu’en Critique :
là chacun des connoiffeurs eft. comme double 3 & •
fon coeur a dans fon etprit un incommode & fâcheux
voifin. Ainfi, le poète , qui ne devroit avoir
que l ’imagination à féduire, a de plus la réflexion
à combattre & à repouflér. C ’e ft. un malheur pour
le Public lui-même 3 mais de fon côté il eft fans
remède : ce n’eft que du côté du poète qu’il eft
poflible d’y remédier 3 & en voici les moyens.
Le premier & le plus facile, eft de rendre, par
un dénoûment funefte, le pathétique de l ’évène-
nement indépendant de la furprife : le fécond, de
faire naître le. dénoûment, s’i l eft heureux , du fond
des caractères paflionnés & par là fufceptibles des
mouvements contraires.
Dans le premier cas , ce qui doit arriver étant
en évidence, & l’intérêt n’ayant plus l’inquiétude
pour aliment , le poète n’a plus a craindre la prévoyance
du fpeétateuf. Mais comme le puthéiicue
dépend abfolument de l ’impreifion ré fié if.
de l ’âme de l ’aCteur intéreflanl, fe communique à
la nôtre 3 fi l’impreftion n’étoit pas
contre - coup feroit foible & léger. Pourquoi la
.0 f