eft immédiatement fiiivie d’une proportion corrélative
, fervant à la précédente, ou dé réponfe, ou
de dèvelopement, ou' d’application, ou de conférence
, &c,
• Voyons d’abord le parti ^ue Cicéron tire de
cette figure pour relever tous les avantages de
Pompée (Pro. leg. Man. xxj, 6 1 , 6 z ) : il prend
le tour interrogatif, pour mieux inculquer la considération
qui elt due en général à chacun des traits
qu’il détaille; 8c chaque réponfe- met pofitivement
en fait que ce point eft applicable à fon héros.
Quid enim tam novum
, quam adolefcen-
tulum , privatum, exer-
cuum difficili Reipu-
bLiecb tempore conficere ?
confecit: huic prceejfe ?
preefuit ; rem optime
duclu fuo gerere 1 gef-
ß t .
Quid tam greeter con-
fuetudinem , quam ho-
mini peradolefcenti, cujus
ä fenatorio gradu
cetas Longe abejfet ,
Imperium atque exer-
citum dari , Siciliam
permit.ti atque Afri-
cam , bellumque# in ea
adminiftrandum fu it
in Jiis provinciis fingu-
lari innocentia, gravitate
, virtute; bellum
in Africa maximum
con fecit, viclo rem exer-
citum deportavit.
Quid vero tam inau-
ditum f quant equi-
tem romanum trium-
phare ? at earn quoque
rem populus romanus
non modo vidit, ~ fed
ßtiam ftudio omni vi-
fendam putavit.
Quid: tam inufita-
fujfi , quam ut, quum
duo 'confutes clarißi-
tni fortijjimique ejfent,
eques romanus ad bellum.
maximum formi-
dolojimumque-pro con-*
mifteret^r ? tnijfus
Car qu’y a-t-il d’auffi
nouveau , que de voir un
jeune homme, (impie particulier
, lever une armée
dans une conjoncture fâ-
cheufe de la République ?
il l’a levée : la commander?
il l’a commandée :
trouver dans fes propres
lumières le plus heureux
fuccès ? il l’a fait..
Quoi d’auflï extraordinaire,
que de donner un
commandement & une armée
à un jeune homme ,
que fon âge éioignoit encore
pour long temps de
la dignité de (enateur, de
lui confier la Sicile &
.l’Afrique, & la conduite
de la guerre qui s’y fe-
. foit ? il a montré dans
ces provinces une intégrité
, une fageffe , une
valeur fîngulière ; il a
terminé en Afrique unè
guerre très-confidérable,
& en a ramené fes troupes
viétorieufes.
Quoi d’ailleurs déplus
jnouï, que le triomphe
d’un fimple chevalier romain?
c’eft pourtant une
choie que le peuple romain
non feulement a
vue , mais qu’il a cru devoir
être vue avec tout
l’empreflement polfible.
Quoi de plùs'inufiré,
que , fous lé confulat de
deux hommes très - distingués
païr leur nom &
par leur valeuY, de charger
comme prosonful,
un fimple chevalier romain
, d’une guerre très-
importante M très-dange.-
! efi. Quo quidem tempore
, quum effet non-
nemo in fenatu qui di-
ceret, ryon oportere mitti
hominem privatum pro
confule ; L. Philippus-
dixijfè dicitur, non fe
ilium fud fententiâ pro
c.onfule , fed pro con-
fulibus mittere : tanta
in eo reipublicoe benè
gerendoe fpes conftitue-
batur, ut duorum con-
fulum munus unius ado-
lefcentisrvirtuti commit-
teretur.
Quid tam fingulare,
quam ut,. ex Senatüs ■
confulto' legibus folu-
tus , conful ante fieret
quam ullum al'ium magi
fratum per teges ca-
pere licuiffet ? quid tam
incredibile , quam ut
herum eques romanus ,
ex Senatus confulto
triumphant ? Quoe in
omnibus hominibus nova
pofi ho mi nu ms me-
moriam conftituta finitƒ
ea tant multanon finit-
quam heee qiuz in hoc
uno homine vidimus :
atqué hcBc tot exempla,
tanta' ap tam nova ,
profeclafunt in eundem
hominem à Q. Catuli
atque à ceterorum ejuf-
dem dignitatis cimplif-
fimorum hominum auc-
toritate.
reufe ? on l’en - a chargé.
Dans cette circonitance,
quelques-uns difant dans
le. fénat, qu’il ne conve-
noit pas d’envoyer un particulier
fans' carai&ère à
la -place d’un confûl ; on
raporte que L. Philippus
répondit, que' fon avis
étôit d’envoyer ce particulier
à la place , non
d’un conful, mais des deux
confuls : on efpéroit tant
de lui pour le bien de la
Republique , qu’on le
chargea Teul, * maigre fa
jeu ne (Te, d’un emploi qui
regardoitles deux confuls.
Quoi de plus fingulier,
que de le voir ,. par un
décret du Sénat, difpenfé
des lois & élevé au confulat
avant l’âge requis
pour, toute autre magistrature
? quoi de plus incroyable,
qu’un décretdu
Sénat qui défère un fécond
triomphe à un fimple
chevalier romain? Ce
qu’on a jamais établi de
nouveau en- faveur de
tous les hommes, n’apro-
che pas de tout ce que
nous avons vu accumuler
fur cette feule tête : 8c
ce grand nombre de difi-
tinSions , fi grandes &fî
extraordinaires , ont été
accordées à ce même
homme de l’avis de.Q.Ca-
tulus & des autres per-
nages les- plus relpeét^-
bles du même' rang.
Les premières propofitions paroifient ici (ous
la forme interrogative, ainfi que dans l’exemple
fuivant , qui eft de Maflïlloh : Quel ufage plus
doux & plus flatteur pqurrie\ - vous faire de
votre élévation & de votre Ûpulence ? Vous attirer
des hommages ? mais l ’orgueil lui-même s’en
lajfe : commander aux hoifimes & leur donner
des lois ? mais ce font là les foins de l ’autorité,
ce 'n’en efl pas le plaifir : voir autour de vous
multiplier à l ’infini vos ferviteurs & vos efclaves ?
mais ce font des témoins qui vous embarraffent
& qui vous gênent, plus tôt qu’une pompe qui vous
décore.
Quelquefois les réponfes mêmes font fous la
forme interrogative, & n’en ont que plus d’énergie.
Écoutons encore Maflïllon : Quelle jjffi félon
\X
? Écriture, la voie qui conduit à la mort ? n e fl-
ce pas celle où marche le grand nombre ? Quel
efl le parti des réprouvés 1 n efl-ce p as celui de la
■ multitude ?
Souvent tout y eft pofitif. MaftiÜon parle ainfi
d’une âme renouvelée par l’efprit de Dieu : A
mefure qu’elle fent dans le détail de fa conduite ,
que fon coeur, encore corrompit par Vorgueil ,fe
révolte contre la p lus légère des humiliations ;
elle les cherche & lui en ménage * qu’ i l fe livre
à des antipathies & à des animofilés Jecretes ,•
elle le punit, par des marques extérieures de com-
plaifance & de charité, auxquelles elle fe con-
danne : qu’ il a un goiit vio-lent pour les d iff -
pations & pour les plaifir s 7 elle le châtie par
le recueillement & par la retraite : qu’ i l conferve
Encore des attachements vils & frivoles pour la
parure & pour la vanité ; elle le réduit par la
fimplicité 6* par la modefii.e : que les déjirs de
plaire infe lient encore prefque toutes f s actions i
elle en fu i t les occafions , ou elle en néglige les
moyens : que certains devoirs le trouvent toujours
indocile & rebelle ; elle y ajoute même des
oeuvres de furcroît, afin qu’en l ’obligeant d’aller
au delà, elle lui rende la règle p lus fuppor-
table.
I l peut fe faire qu’on veuille répondre â une
difficulté unique , mais que , pour y répondre de
plufieurs manières , on la reprenne avant chaque
réponfe. Maffillon, qui a connu toutes les ref-
fources de l ’Éloquence, en fournira encore l ’exemple
: Vous ne fa ite s que ce que fo n t les autres l
mais ainfi périrent, du temps de N.oé, tous
ceux. qui furent enfevelis fous les eaux du déluge
,* du temps de Nabuchodonofor, tous ceux
qui fe proflernèrent devant la ftatue facrilège ;
du temps d’É lie , tous ceux qui fléchirent le
genou devant B a ol ; du temps d’Élea^ar, tous
ceux qui abandonnèrent' la loi de leurs pères.
Vous ne fa ite s que ce que fo n t les autres ï
mais c’efl ce que l ’Écriture vous défend ; Ne vous
conformez point à ce fiècle corrompu , nous dit-
elle ; or le fiècle corrompu h efi pas le petit nombre
des jufies que vous nimite\ p o in t , c’eft la
multitude que vous fuive\. Vous ne fa ite s que
ce que fo n t tes autres ! voûs aure\ donc le même
fort qu’eux ,* or Malheur â t o i , s’écrioit autrefo
is S. Augufiin , Torrent fatal des coutumes humaines
! ne fufpendras-tu jamais ton cours I entraîneras
tu jufqu’a la fin les enfants d’Adam dans l ’abîme
immenfe & terrible (
Les.poètes font auffi nfàge de la Subjeclion ; en
voici un exemple dans une Épigramme de Rouf-
feau :
Elî-ôn héros, pour avoir mis aux chaînes
Un peuple ou deux ? Tibère eut cet honneur ?
E ft -o n .héros i en fignalant fes haines
far la vengeance î Qâave eut ce bonheur ;
E ft -o n héros , en régnant par la peur i
Séjan 'f i t to u t t rem b le r , julqu’ à ' fo n maître.
Mais de fo n ir e éteindre le fa lp ê c re ,
Savo ir fe v a in c r e , ôc réprimer les flots
D e fo n o rg u e il ; c 'eft c e que j ’ appelle être
G ran d par fo i-m êm e ., & v o ilà m o n héros.
On peut regarder comme Subjeclion cette viva^
cité de dialogue, par laquelle un des interlocuteurs-
répond fur Te champ à 1 autre , & â peu près ave&
le même nombre de paroles •& le même tour de
phrafe. Tel eft ( Polyeucte , IV. iij j ce dialogue
de Pauline &de fon époux ;
P a u L I -N E.
Q u it te z cette ch im ère , 6c m ’ a im e z .
P O L Y E U C T E.
J e v ous a im e ,
Beaucoup mo ins que mon D ieu , mais b ien plus que mo è*
meme.
P a u l i n e .
A u n om de cet am o u r , n e m’ab andonnez pas.
P o l y e u c T e.
A u n om de cet am o u r , daign ez fuivre mes pas*
P a u l i n e .
C ’ eft peu de me q u it te r , tu v eu x d o n c me féduire?
POLYEUCT E .
C ’eft peu d ’aller au.ciel, je v eu x v ou s y conduirez
P a u l i n e .
Im ag ina tions !
POLYEUCT E .
Céle fte s vérités !
P a u l i n e .
Étrange a v eu glem ent !
POLYEUCT E .
Éternelles clartés l
P a u l i n e .
T u préfères la m o rt à l ’-amour de P au lin e ï
P o l y e u c t e .
V o u s préférez l e mo nd e à la b onté d iv in e !
On dçnnoit anciennement â cette figure le nom
d’Hyperbole , dont notre mot de Subjectif eft 1»
traduction littérale. Voye\ Hypobol e.
[M. B e au zé e .):
* SUBJONCTIF, V E , adj. Grammaire. Pro*'
pofition fubjonclïve, mode fubjoncïif. G’eft fur-
tout dans ce dernier fens que ce terme eft propre
au largage grammatical ÿ pour y défigner un mode