
6 S U P S U P
comme on diroit à Vz€ù£ impetravimus àconfue-
tuâinè.
4°. Le Supin doit être placé dans l ’infinitif, puif-
qu’il eft communément employé pour le prétérit
de l’infinitif : dictiim eft pour dixijfe eft, équivalent
de dicerefuii ( on a dit).
$°. Quelques grammairiens ont prétendu que le
Supin en u n’eft pas un S up in , mais l ’ablatif
d’un nom verbal dérivé du Supin. , lequel eft de la
quatrième déclinai (on : je crois qu’ils le font trompes.
Les noms verbaux de la quatrième déclinaifon
diffèrent de ceux dé la troifièine, en ce que ceux
de la quatrième expriment en effet l’aéte , &. ceux
dè la troifiènie l ’aétion : ainfi, vifto , c’eft l ’aétioni
dé voir , vifus en eft Latte \ paclio , l ’attion de
traiter, pacîus , l ’atte même ou le traité,; aclio
• Sc acTus , d#ou nous viennent action & aclet Or
le ‘Sùpin ayant un nominatif & un accufatif, &
lürtoïït un accufatif qui eft fouvent régi par des
prépofitions , pourquoi n’auroit-il pas un ablatif
pour là même fin ?• On répond que l’ablatif dëvroit
être en o , à ca.ufe du nominatif en um. Mais il
eft vraifemblable que l’ufage a profcrit. l’ablatif
en 6 y pour empêcher qu’on ne le confondît avec
celui du participe paffif, & que ce qui" a donné la
préférence à . l ’ablatif en u , c’eft qu’il prefente toujours
l ’idée fondamentale du Supin , l’idée fimple
de Latte, foit qu’on -le regarde comme aparténant
au Supin y foit qu’on le raporte au nom verbal
dè la quatrième déclinaifon , quand i l en exifte :
car tous les verbes n’ont pas produit ce nom verbal;
& cependant plufieurs , dans ce cas-là même , ne
làiîfént pas d’avoir le Supin en u ; ce qui confirme
l ’opinion que j ’établis ici.' (M * B EAU Z ÉE.)
' SUPPLÉMENT , C m. En Grammaire , on
appelle Supplément, les mots que la conftruttion
analytique ajoute, pour la plénitude du fens , à
ceux qui compofent la phrafe ufuelle. Pat .exemple
, dans cette phrafe de, Virgile ( Bel, ix , x ):
Qiio te,y Mcerî, pedes 7 il n’y a que quatre mots;
mais l ’ànalyfe ne peut en dèveloper le fens, qu’ en
y en ajoutant plufieurs autres. ï°. P ed e s , au, nominatif
pluriel, exige un verbe pluriel dont il
foit le fujet ; & te y qui paroît ici fans relation,
en fera le régime objectif : d’ autre part quo , qui
exprime un complément circonftanciel du lieu de
tendance,- indique que ce verbe doit exprimer un
mouvement qui puiffe s’adapter à cette tendance
vers un terme : le concours de toutes ces circonf1
tances affigne exclufîvement à l ’analyfe le verbe
ferunt. z°. Quo eft un adverbe conjonttif, qui
fuppofe un antécédent ; & la fuppreffion de cet
antécédent indique aufli que la phrafe eft interrogative
: ainfi , l ’analyfe doit fuppléer & le verbe
interrogatif & l ’antécédent de quo , qui fervira
de complément à ce verbe ( voye\ Interrogatif,
R elatif ) : le verbe interrogatif eft die, auquel
on peut ajouter mihi, ainfi que Virgile lui-même
l ’a dit au commencement de fa troifienfe Êglogue ,
D ie miki y DameuiyCujum pecus : 1e complément
•objettif de die fera eum locum , exigé par le fens
de quo ; par conféquent le Supplément total qui
doit précéder quo , c’eft d/V mihi eum locun}. La
conftruttion analytique pleine eft donc : Moeri die
mihi eum locum quo pedes ferunt te ,• où l’on voit
un Supplément d’unfeul mot fe r u n t , & un autre de
quatre , die mihi eum locum.
Quoique. la penfée, foit effenciellement une &
indivifible, la parole ne peut en faire la peinture ,
qu’au moyen de la diftînttion des parties que l ’ana-
lyfe y envifage dans un ordre fucceflif. Mais cette
décompofition-même oppofe, à l ’attivité de l ’efprit
qui penfè , des embarras qui fe renouvellent fans
ceffc, & donne , à la curiofité agiflante de ceux
qui écoutent ou qui lifent un difcours, des entraves
fans fin. De là la néceffité générale de ne mettre,
dans chaque phrafe, que les mots, qui y font’ le&.
plus néceffaires , & de fupprimer' les autres, tant
pour aider Lattivité de Lefprit, que pour fe ra-
procher le plus qu’il eft poffible de l ’unité indivifible
d%. la penfée, dont la parole fait la peinture,
jEft brevîtate opus, ut currat fententia -, neufe
Impediat verbis lafflas onérantïbus aures. .
Ce que dit ic i Horace ( I. Sat. x , 9 f i a ) pour
, carattérifet le ftyle de la Satire , lions1 pouvons
donc en faire uïi principe général de FÉlorciition ;
& ce principe eft d^une néceffité fi grandé & fi ùni-
verfellement fèntie , qu’il a influé fur là fyntaxè de
toutes les langues : point de langues fansi ellipfes, &
r même fans de fréquentes ellipfèsLMais on'vdoit regarder
comme la devife carattériftjqtie dé l ’ElIipfe
ce mot de Cicéron , Obftat quidqüid non adjuvat :
| on n’y fupprime en effet que ce qui eft fuperflu pour
l ’intelligence du fens",- & ce' qu’on fupprime n’eft
fuperffu , que parce qu’i l eft allez défigné par ee qui
refte. | ■
Il ne faut donc pas s’imaginer que le choix & la
manière des Suppléments foiept abandonnés au caprice
des particuliers , ni même que quelques exemples
autorités par l ’ufage; d’une langue puiflenç y
fonder une loi générale d’analogie :i'Èliipfe eft elle-
même une exception à un principe général, qui
ne doit & qui ne peut être anéanti; & il le feroit
par le fait , fi l’exception devenoit générale. L ’ufage,
par exemple , de la langue latine permet de dire
elliptiquement , Vivere Romoe, Lugduni f vivre
à Rome , à Lyon ) , au lieu de la phrafe pleine,
Vivere in urhe Rom ce , ih urbe Lugduni; mais
on feroit un folécifme, fi on alloildire , ;par une
fauffe analogie , vivere Aihenànim pour iï% urbe
Athenarum y ou, pour Athéni's { vivre-à Athènes) ,
' ire Romoe, Lugduni, pour ire in urbem Romar,
in urbem Lugduni, ou pour irè Romam , Lug-
' du.num (aller à Rome, à Lyon') : c’eft que vivere
Romce , Lugduni eft une phrafe q,ue l ’ufâge. n’au-
torifé, que pour les noms propres de villes qui ,fo,nt
finguliers & de l’une des. deux, premières déçlinai-
•fonç, quand cês villes font lé lieu de. la.lpène , .
E U P
on comme difent les Rudiments, à la quéftion a^‘ /
dans d’autres circonftances, rüfageveut quel’onfuive
l ’analogie générale , ou n’en‘ permet que des écarts,
d’une autre efpèce.
Or s’il eft vrai, comme on ne. peut pas en douter ,•
qu’une ellipfe ufitée ne peut pas fonder une ana-
logie générale ; c’eft une conféquence. néceffaire
autfi, que de l ’analogie générale on ne peut pas
conclure contre la réalité de .l’ellipfe particulière.
C’eft pourtant ce que fait , dans fa préface, l’auteur
d’un Rudiment, » I l ne rencontre pas plus.
» jufte, dit-il en parlant de San&ius , quand il
» dit que cette phrafe , natus Romce , eft l’abrégé
» de celle-ci , natus in urbe Romce ; puifque ,
» aveç fon principe, on diroit également natus
» Athenarum , qui feroit auffi l ’abrégé de celie-
». ci , natus in urbt Athenarum ». I l qft évident
que cet auteur prend atfce de l ’analogie générale ,
qui ne permet pas de dire à la faveur de i ’Eliipfe-,
hauts Athenarum y pour en conclure que , quoiqu’on
dife natus Romce y ce n’eft point une ex-
preffion elliptique. Mais, cette ço.nféquence, comme
on vient de le dire, n’eft point légitime,- parce
qu’eJle fuppofe qu’une exception un.é rois conftatée,
peut fonder une loi générale & deftruftive de l ’analogie
, dont elle n’eft qu’une exception.
S’il falloit admettre cette conféquence, qui em-
pêcheroit qu’on ne dît à cet auteur , qu’il eft
certain que natus Romce eft une phrafe très-bonne
& très-latine, & que par conféquent on peut dire,
p^r analogie , - Natus Athenarum y nàtus Ave-
nionis ? S il donne à cette obje&ion quelque ré-
ponfe plaufible , je l ’adopte pour détruire l ’objection
qu’il fait lui-même à Sanétius ; & je reviens
à, ce que j’ai d’abord avancé , que le choix & la
manière des ellipfes ne font' point abandonnés au
caprice des particuliers, parce que ce font des
tranfgreflïons d’une loi générale , à laquelle i l ne
pçut être dérogé que fous l’autorité incommunicable
du légiflàteur, de l ’Ufage en un mot,
Quem pertes arbltrium eji , & jus], & norma loquendi.
Mais fi la plénitude grammaticale eft néceffaire
à l’intégrité de l ’expremon & à l ’intelligence de
la penfee ; l ’Ufage lui-même peut - il étendre fes
droits jufqu’à compromettre la .clarté de renonciation
, en fupprimant des mots néceffaires à la netteté
& même à la vérité de l ’image que la parole
doit tracer ? Non fans doute , & l’autorité- de ce
legiflateur fuprême de la parole , loin de pouvoir
y. établir des lois oppofées à la communication
claire des penfées des hommes ; qui en eft la fin ,
n’.eft au contraire fans bornes, que pour en perfectionner
l’exercice. C ’eft pourquoi, s’ il autorife un
tour elliptique pour donner à la phrafe le mérite
de la brièveté ou de. l’énergie , il a foin d’y con-
ferver quelque mot qui indique, par quelque endroit,
la fuppreffion & l’efpèce des mots fupprimés.
Ici.;, c’eft un cas qui eft effenciellement deftiné
a cara&érifer ou le complément fimple d’une pré-
S U E
pofiiion ,' ou le complément objeébif d’un Verbe
ou le complément déterminatif d’un nom appfel-
latif ; & quoique la prépofîtion , le verbe , du le>
nom appellatif ne loient pas exprimés,, ils font
indiques par ce cas, & entièrement déterminés par-
l ’enfemble de la phrafe : Quem Minerva omnes\
art es edoeuit ,’fuppl. adomnesartes ,* Ne fu s
nervam, fuppl. doceat ; Ad, Minerves , iuppl1.-
cédés.
Là , c’eft un mot conjon&if qui fuppofe un antécédent
, lequel eft fuififamment indiqué par la
nature même- du mot conjonétif & par les circonftances
de la phrafe; fouvent cet antécédent, quand
il eft fuppléé y fe trouve lui-même dans l’un des
cas quel-’qnvient de marquer, & il exige ou un nom'
appeliatif , ou un verbe, ou une prépofîtion :
Quatido venies ? fuppl. die mihi illud terripus, ou quoero illud tempus ; Quo vadis 7 fuppl. die
mihi y ou quoero ilium locum y &c. P'oye^ Relatif , Interrogatif.
Ailleurs une fimple inverfîon, qui déroge à la
conftruftion ordinaire , devient le figpe ufuel d’une
ellipfe dont le Supplément eft indiqué par le fens :
Viendras-tu y c’eft à dire , dismoi Ji tu viendras ;
Dujftons - nous l'acheter, c’eft à dire , quoique
nous dujftons l}acheter \ Que ne l ’airje vu ! c’eft
à dire, j e fu is fâ ch é de ce que je ne l ’ai pas ml ,
&c.
Partout enfin ceux qui entendent la langue re-
conno’iffent, à quelque marque infaillible, ce qu’il
peut y avoir de (opprimé dans la conftruétion analytique
, & ce qu’il convient àe fuppléer pour en rétab
lir l ’intégrité.
L ’art de fuppléer fe réduit en général à deux
points capitaux , que Santtius- exprime ainfi ( Mi-
nerv. I V , ij ) : Ego ilia tantum fupplenda proe~
cipioy quoe veneranda ilia fupplevit Antiquitas ,
aut ea fine \ quibus grammaticci ratio conftare
non poteft. L à première règle , de ne fuppléer que
d’après les anciens , quand les anciens iburniffent
des phrafes pleines qui ont ou le même fens ou tm
fens analogue à celui dont il s’agit ; cette première
règle , dis - je , eft fondée évidemment fur ce qu’il
faut aprendre à parler une langue .co-mme -on la
parle, & que cela ne peut fe faire que par l’imitation
de ceux qui font reconnus pour l ’avoir le ;mieux
parlée. Mais comme il y a quantité.d’ellipfes tellement
autorifées dans toutes les circonftances, qu’il
n’eft pas poffible d’en juftifier 1 ^Suppléments par des
exemples où ils ne foient pas fupprimés ; i l faut
bien fe contenter alors de ceux qui font indiqués
par la Logique grammaticale , en fe raprochant
d’ailleurs>, le plus qu’i l eft poffible , de l ’analogie
& des ufages de la .langue dont il eft queftion : c’eft
le fens de la féconde règ le , qui autorife à jufte titre
lest Suppléments, fine quibus grammatica ratio
conftare non poteft.
On obje&e que ces additions, faites au texte par
forme de Supplément, ne fervent qu’à eu énerver le