
nous repréfentent encore ce qu’il caché. y a en eux de plus
Ainfi -, l’obfcurité de l ’origine de Michel V, empereur
dé Conftantinople, dont les parents calfa-
toient des vaiffeaux , nous eft rappelée par fon
furnomde Càlaphates ; la baffe naiffance du pape
Benoît X II, fils d’un boulanger françois,, par celui
de Jaques du Four, qui lui fut donné étant cardinal
j &,l’opprobre de l’ancienne profeffion de Va-
lère-Maximien devenu empereur, par celui d’A r -
Tnentarius.
L ’évènement heureux pour le fils d’Othon, duc
de Saxe, qui fut élevé à l’Empire , & qu i, lorf-
qu’il s’y attendoit le moins , en aprit la nouvelle
au milieu d’une partie de chafle , eft fignalé par le
furnom de ÏOifeleur, -qui le diftingue de tous les Jlenri. *
L ’empreflement de l’empereur Léon pour détruire
dle’ culte des images, eft bien marqué dans le terme Iconoclafie.
La mauvaife fortune qu’efluya Frédéric I , duc
de Saxe , par la captivité dans laquelle fon père
le tint, eft devenue mémorable par le fiirnom de
Mordu , qui lui eft refté.
La mort ignoininieufe du dernier des Antonin
dont les foldats jetèrent le cadavre dans le Tibre*
après l’avoir trainé par les rues de Rome, ne s’oubliera
jamais a la vue des épithètes de Tracïitius &
cdhe arTgiéb.e rinus, dont' Aurelius- Vi&_o_r_ _dit qu’il fut
Ainfi, rien n’eft à négliger dans l’étude de l’Hif-
toire ; les termes les plus bas , les plus groffïers, ou
les plus injurieux , & qui femblent n’avoir jamais été
que- le partage d’une vile populace, ne font pas pour
cela indignes de l’attention des Savants.
M, Spanheim , dans fon ouvrage fur l’ufage des
médailles antiques ( tom. i l ) , s’eft un peu étendu
fur l’origine des Sobriquets des romains, en les
confidérant par le raport qu’ont aux médailles' consulaires
ceux des principales familles de la République
romaine. M. de la Roque, dans fon Traite'
de Vorigine des noms, auroit du traiter ce fujet
par raport â l’Hiftoire moderne. M. le Vayer en a
dit quelque chofe dans fes ouvrages. Foyer furtout
les Mém. de VAcad, des Infcrip. & Belles-Lettres. ( Le chevalier d e J A u co ur t . ]
* SOCIABLE, AIMABLE. Synonymes. ( ^ Ces deux mots défîgnent un caraârère convenable
à la fociété : mais ils diffèrent d’ailleurs fi
fort, que cette idée commune les rend â peine fyno-
pymes). ( M . B e a ü z ÉE.)
â L ’homme fociable a les qualités propres au
bien de la fociété ; je veux dire la douceur du caractère
, l’humanité, la franchife fans rudeffe, la
pomplaifance fans flatterie, & furtout le cpeur porté
£le lvar abii ecnifteofyaennc.e : en un mot, l’homme fociable eft
a qui on donne aujourdhui ce titre , eft fort indiffé-
I rent fur le bien public, ardent à plaire à toutes
|f||| °ù fon goût & le hafard le jettent, &
prêt a en facrifier chaque particulier j il n’aime
perfonne , n’eft aimé de qui que ce fo it , plaît à
tous, & fouvent eft.méprifé & recherché par les mêmes
gens.
Les liaifons particulières de l ’homme fociable
' pi5^eS ^ ens *IU* Attachent de plus en plus à
a 1 Etat : celles de l ’homme aimable ne font que
de nouvelles diflipations qui retranchent d’autant
les devoirs effenciels. L ’homme fociable infpire le
defir de vivre avec lui : l ’homme aimable en éloigne
ou doit en éloigner tout honnête citoyen. ( Le chevalier
DE JAVCOURT. )
( N. ) SOI-MEME , LUI-MEME. Synonym.
Se fauver , Se perdre foi-même , fignifie Sauver,
Perdre fa propre perfonne. I f eft inutile de fauver
fes^ biens dans un naufrage , fi on ne fe fauve fo i-
meme. Que ferviroit-il à un homme de gagner tout
lè monde, & de fe perdre foi-même ?
Lui-même fignifie autre chofe. Il s’eft fauvé lui-
meme 3 c eft a dire , fans le fecours d’autrui. Il s’eft
perdu lui-même, c’eft à dire , par fa faute , par fa
mauvaife conduite.
Dans les phrafes où Soi - même eft joint avec
les verbes Sauver & Perdre, le mot de Soi-même
eft complément ou régime de ces verbes. I l s’eft:
fauve , Il s’eft perdu foi-même y mais il n’a pas fauvé
ou perdu autre chofe.
Dans les phrafes où Lici-même eft joint avec ces
verbes , Lu i - même eft fujet ou en tient lieu. I l
s eft fauvé, Il s’eft perdu lui-même : c’eft comme
fi l ’on difoit, L u i - même il s’ eft fauvé, i l s’eft
perdu ; I l eft l’auteur de fon falut, de fa perte.
( B o u h o u r s . )
Ce que l ’on vient de dire de Soi - même & de
Lui-même , joints aux verbes Sauver & Perdre ,
s’étend généralement à tous les verbes aétifs après
lefquels on peut mettre Soi-même fans prépofition.
II fe loue lui-même y c’eft à dire , Lui - même fe
loue, & les autres ne le louent peut-être pas. Il fe
loue fo i - même y c’eft à dire , I l loue fa propre
perfonne , & non pas celle d’un autre. [M. B e a u -
ZEE. )
* SOLÉCISME , f. m. Grammaire. Quelques
grammairiens ont prétendu que ce mot, qui fe dit
en grec «ToAiux/fyM.oV, eft formé de ces mots <r\ Aoyv
aUitr/Ms, f i n i fermonis indigna( corruptio , corruption
d’un langage fain. Mais cette origine , quoi-
qu’ingénieufe & probable en fo i , eft démentie par
1 Hiftoire.
»> Ce mot eft formé de z Iaoikoi, qui fignifie les
» habitants de la ville appelée 2oaoi , comme
» AyptUoi, les habitants fie la campagne -a. [ La
terminaifon oncoi vient de Intot, domus y d’cfù o/xéV,
habito J.»# De qr a fait , imiter
» les habitants de la ville appelée s Ia.ii , comme
» de Aj.p.iV.i, a-rpimiÇeiv, imiter les gens de la cam-
» page ». Foye\ Imitatif.
» 11 y Svoit deux villes de ce nom , l ’une en
» C ilic ie , fur les bords du Cydnus, l ’autre dans
» l ’îie de Chypre. Ces deux villes , fuivant un
» grand nombre d’auteurs , avoient été fondées par
» Solon. La v ille qu’il avoit bâtie dans cette pro-
» vince , quitta dans la fuite le nam de fon fon-
» dateur , pour prendre celui de Pompée , qui
» l ’avoit rétablie. A l ’égard de celle de l ’île de
» Chypre, Plutarque nous a confervé i ’hiftoire de
» fa fondation. Solon , étant paffé auprès d’un roi
» de Chypre , aquit bientôt tant d’autorité fur fon
» efprit, qu’il lui pérfuada d’abandonner la villfe
» ou il fefoit fon féjour : l ’afliette en étoit â la
» vérité fort avantageufe ; mais le terrein qui l ’en-
» vironnoit étoit ingrat & difficile. L e roi fuivit
» les avis de Solon, & bâtit dans une belle plaine
» une nouvelle ville , auffi forte que la première,
» dont elle n’étoit pas éloignée, mais beaucoup
» plus grande & plus commode pour la fubfiftance
» dés habitants. On accourut en foule de toutes
» parts pour la peupler ; & il y vint furtout un
» grand nombre d’Athéniens, qui, s’étant mélés
» avec les anciens habitants, perdirent dans leur
» commerce la politeffe de leur langage & par-
»> lèrentbientôt comme des barbares : de là le nom
» SoAo/xo/ , qui eft leur nom , fut fubftitué au mot
» ' /Sapêapoi, & croAo/x/ Çuv à jßapCap/^tiv, qu’on em-
» ployoit auparavant pour défigner ceux qui par-
» loient un mauvais langage ». Mém. de VAcad,
royale des Infcrip. & B e ll. Lettr. tom. y y H iß .
pag. 2io. Le nom de Solécifme, dans fon origine , fut
donc employé dans un fens général, pour défigner
toute efpèce de faute contre l’ufage de la langue j &
il étoit d’abord lynonyme de Barbarifme. Mais le langage des fciences & des arts, guidé
par le même efprit que celui de la fociété générale
, ne fouffre pas plus les mots purement lyno-
nymes; ou il n’en conferve qu’un, ou il les diffémreunnciee
qpuair ldeess irdaéperso cdhifeti.nétives ajoutées à l’idée com(
^ De là la différence qui diftingue aujourdhui
ces deux termes. Le Barbarifme altère la diétion
en introduilànt des mots inufités , ou en leur donnant
un fens infolite, ou en les aflociant d’une manière
choquante & extraordinaire. Le Solécifme viole les lois de la Syntaxe, en tranfgreffant les
règles de la Déclinaifon , ou de la Conjugaifon , ou
dmeo tsla. Concordance, ou du Régime. Voye\ ces
tiaiIf.o n : C’eft faire un Solécifme contre la décli-
i°. De donner à un mot un nombre que l’Ulàge
rf^*e 5 comme fi l’on difoit que S. Louis eß Z’ancetre de Louis Ji F I : il faut dire Vun des
ancêtres , parce qu Ancêtres ne fe dit jamais qu’au
pluriel.
La Bruyère a fait le Solécifme dans un fens contraire
, quand il dit ( Difcours fur Théophrafte } :
A fin que"nuis de ceux qui ont de la ju fle ffe , de
la vivacité, & à qui i l ne manque que d’avoir
lu beaucoup , ne f e reprochent pas même ce petit
défaut, & ne puiffent être arretés dans la lecture
des Caractères. Les mots N u l & A u cu n , quand
ils font articles , n’ont que le fingulier , & de leur
nature répugnent au pluriel. » (Jette obfervation r
» dit l’abbé d’O liv e t, eft d’autant plus néceffaire *
» que d’habiles écrivains ne l ’ont pas toujours
» luivie ».
Achillas dit à Ptolomée ( Pompée de P. Corneille
, 1 . 1 ) :
Vous pouvez adorer Céfar, fi l’on l’ado re ;
Mais quoique vos encens le traitent d’immortel, &c.
C ’eft un Solécifme pareil à celui de La Bruyère ;
Encens ne fouffre point le pluriel; & dans toutes
les langues, les noms des métaux, des minéraux ,
des aromates, ainfi que ceux des paffioms , n’admettent
au fens propre que le nombre fingulier.
2°. De terminer un mot déclinable autrement
que l ’Ufage ne l’ordonne : comme fi l’on difoit,
des cieux de lit pour Jej'ciels de l i t , ou en termes
d’Architefture des ieux de boeuf pour des eeils de
boeuf y ce qui échape en effet à bien des gens ,
parce qu’ils, lavent que Ciel t dans fon acception
primitive , fait au pluriel d e u x , & qu’ (È il y
fait pareillement leu x . 11 eft pourtant des circonstances
où l ’on doit dire des ieux de boeuf y mais
c’eft quand on veut marquer réellement ou des ieux
de l ’animal appelé Boeuf, ou de gïos ieux ftupides
femblables à ceux de cet animal.
IL C’eft: faire un Solécifme contre la Conjugaifon
, de donner, aux parties d’un verbe, des formes
différentes de celles que l ’Ufage autorife.
C ’e ft, par exemple , une règle de notre Conjugaifon
, que dans tous les temps , hors ceux de
l ’Impératif, la fécondé perfonne fingulière foit terminée
par une s : i l y a donc un Solécifme dans ce
vers du fameux fonnet de l’Avorton ,
Et du fond du néant ou m rentre aujourdhui 5
il faut tu rentres : mais cela ajoute une fyllabe, dons
le poète étoit embarrafle.
Plufieurs , trompés par une faufle analogie entre
le fimple & les compofés, difent vous contredites,
vous dédites , vous médites , vous maudites ,
comme on dit vous dites , & vous redites : c’eft
un Solécifme y le bon Ufage n’approuve que vous
contredifc{ , vous dédife\y vous médife^ , & vous
maudiffex.
D’autres, induits en erreur par la reffemblance
matérielle des mots, difent Recouvert pour Recouvré
au fupin du verbe Recouvrer y & on trouve