
f>lus & de moins, foit également fufcep.Üble deS
fens graduels , & puiffe recevoir de* l ’ufage des ter-
râinailons qui y foient relatives.
de plus & de' -moins : i l eft donc néceffairè qae
tout verbe, dont la lignification individuelle présente
à l ’efprit l ’idée d'une qualité fufceptible de
A d j e c t i f . A d v e r b e . g V e r b e .
S en
r c Pofîtîf, ,
1 Absolus. \ Ampliatif, 1 j|a • /.piminutif,
V . in é g a l i t é ,
I C omfa- J'de fujxériorité,
V RATiFS. £ d'infériorité ,
a m o u r e u x -,amoureufement.
très - amoureux. très - amoureufement.
un peu amoureux, un peu amoureufement.
auffî amoitreùx. .aufii amoureufement.
p lus amoureux. . I ƒ p lu s amoureufement.
moins amoureux. moins amoureufement.
aimer.
aimer beaucoupy
aimer un peu.
aimer autant,
aimer plus,
aimer moins.
Quant à la polfibilité des terminaifons qui ca-
xatiériferoient-, dans les verbes, ces différents fens,
c ’eft un point qui .eft inféparable, de la fufceptibi-
lité même des fens, puifque l ’ufage eft d’ailleurs v
le maître abfolu d’exprimer, comme i l lui plaît
tput ce qui éft de l ’objet de la parole. Cela le
juftifie d’ailleurs par plufiêurs ufages particuliers des
langues.
i° . L a voix a&ive & la voix paffive des latins
donnent un exemple qui auro.it pu être étendu davantage.
Si l ’ufage a pu établir fur un même radical
des variations pour deux points de-vile fi différents ,
rien n’empéchoit qu’i l n’en introduisît d’autres pour,
d’autres vues ; & quoique l’oïi ne trouvé point dé.'
terminaifons graduelles dans les verbes latins, ' on-
y rencontre au moins quelques verbes compotes* ,J
qui par là en. ont le fens : amare ( aimer ) , eft
le pofitif ; adamare ( aimer ardemment ) , cJéft
Y ampliatif. » Laprépofition per (dit l’auteur des
Recherches fur la langue latine y ch. xxv, p . 318)
» eft, dans tous les verbes , comme aufii dans les
» noms adje&ifs & les adverbes,- augmentative de
» ce que fignifie le fimple; & dans le plus grand
» nombre des verbes V elle y équipolle à l ’un de ces
» adverbes françois , beaucoup , grandement y fo r -
»> tement , parfaitement ou en perfection, tout
» à f a i t , entièrement » : il eft aifé de reçonnoître
à ces traits le fens ampliatif ; malo eft en quelque
forte le comparatif de fupériorité de volo ,
&c.
z°. Les terminaifons d’un même verbe hébraïque
font en-bien plus grand nombre-, puifqu’à s’en tenir
a la doétrine de Mafclef, laquelle eft beaucoup
plus reftreinte que celle des autres hébraïfants, le
même verbe radical reçoit jufqu’a-cinq formes différentes,
que l ’on appelle Conjugal forés , mais
que j’appellerois plus volontiers des V o ix : ainfî ,
1 on dit ( mefar ) tradidit , 1D03 ( noumefar )
iraditus ejl ; ■ paon ( hemefir ) tradere | fe c it ;
■ SDart ( b e me far j tradi fe c it ,• "IDOfirt (bethmefar) f e
tradiditi Sur quoi il faut obferver que je fuis ici la "
méthode de Mafçlefpour la leélure des mots hébreux.
30. L a langue laponne , que nous ne foupçon-
nons peut-etre pas de mériter la moindre attention
de notre part, nous préfentè néanmoins l ’exemple
d’une dérivation bien plus riche encore par rapojÇ
aux Verbes : on y trouve laidet, conduire; laideleti
continuer l ’a&ioü de conduire ; laidetet, faire conduire;
laidetallet, fe faire conduire ; laidegaetet,
commencer à conduire ; laidéftet , conduire un peu
( c’ eft lé fens diminutif ) ; làulanet, être conduit de
plein gréJ; laidanoyet, être conduit malgré foi ou
fans s aider ; laidetaléi, empêcher de conduire.
Voye\ les Notes fur le chap. iij de la Defcrip-
tion hifiorique de la Laponie fuédoife , traduite de
l ’allemand par M. de Kéraliode Gourlay , aujo.ur-
dhui de. l ’Acad. royale des Infcriptions & Belles-
Lettres.”
Je terminerois ici cet article , fi je ne me rap-
pelois d’avoir vu , dans les Mémoires de Trévoux
( pétôbré'i ‘ IL vol. pag. z668 ) , une Lettre
de M. de W a illy aux auteurs de ces Mémoires,
fu r quelques exprefiions de notre langue, laquelle
peut donner lieu, à quelques observations
utiles. Ce grammairien y examine trois expreffions ,
dont les deux premières ont déjà été difcutëes par
Vaugelas ( Rem. 514 & 85 ) , & la troifîème par
l ’abbé Girard ( Vrais principes. , difc. xT , t. 11,
pagi 118 ). Je né, parlerai point ici de la première
ni de la troifième , qui font étrangères à çet ar-1
tic le , & je ne m’arrêterai qiî’à la fécondé , qui y 3
un raport direét. Rien de mieux que les observations
de M. de Wailly fur la Rem. 85 de Vaugelas ,
& je foufcris à tout ce qu’il en penfe ; je crois
cependant qu’il autoit encore du relever ici quelques
fautes échapées à Vaugelas, ne fut-ce que pour
en arrêter lèslùites, 'parce qu’on prend volontiers les
grands hommes poiir modèles.
Cet académicien énonce ainfi là règle : Tout
adjectif mis après te fu b ftqn tif, avec ce mot
plus entre deux , veut toujours ayoirfon article ,
& cet article f e met immédiatement devant plus
& toujours au nominatif, quoique Varticle du
fubflantif qui va devant fo it en un autre cas ,
q^lielque cas que ce jo it. U àpplique enfuitela règle
a cet exemple : Ç ’ejl la coutume des peuples les
plus barbares.
Or indépendamment de la do&rine dçscas,qul
eft infoutenable d^ns notre langue (vaye% C a s ) ,
il eft notoirement faux que tout adjeétif mis
après fon fubftantif, avec ce mot p lu s^ entre deqx ,
veuille toujours avoir fon articlç : en volçi la preuve
dans un exemple que M. de Wailly cite lui-même , j:
fans en faire la remarque; Je parle d'une matière !
plus délicate que brillante : il n’y a point là d’ai- !
ticle avant p lu s , & il ne doit point y en avoir,
quoiqueTadjeétiffoit après fon fubftantif.
Il femble que Vaugelas ait fenti le vice de fon '
énoncé , & qu’il ait voulu en prévenir l’impreftion, :
» Au refte ; dit-il plus bas,, quand il eft parlé ||
« de plus i c i , c’eft de celui qui n’eft pas pro- '|
,» prement comparatif , mais qui fignifie très., ' I
» comme aux exemples que j’ai proposés ». Mais , ;i
comme l ’obferve très-bien Patru, » cé plus eft 1
»> pourtant comparatif dans les exemples raportés .
» par l’auteur : car en cette façon de parler ( c e jî
» la coutume des peuples les plus barbares ) ,
j, on foufentend de la terre, du monde, & autres ;
» femblables qui n’y font pas exprimés . . . . ..
t> L ’adverbe très ne peut convenir avec ces malt
nières de parler ». J’ajouterai à cette excellente
critique de Patru, qu’il me femble avoir affez
prouvé que notre plus eft toujours le ligne d’un
raport de fupériorité , & conféquemment qu’il exprime
toujours un fens comparatif ; au lieu que
notre très ne marque qu’un fens ampliatif,, qui
eft effenciellement abfolu , d’où vient que ces
deux mots ne peuvent jamais être fynonymes : ce
que Vaugelas envifageoit <jpnc & qu’i l 'n ’a pas *
exprimé , c’eft la diftinélion de la fupériorité individuelle
.& de la fupériorité univerfelle , dont
l’une eft marquée par plus fans article , & l ’aucre
par plus précédé immédiatement d’un article fimple
ou d’un article poffellif; ce qui fait la différence du
Comparatif propre & du Superlatif.
Outre ce mal - entendu , Vaugelas s’e'ft e'ncôre
apérçu lui-même , dans fa règle, d’un autre défaut
qu’ii a voulu corriger ; c’èft qu’elle eft trop particulière
, & ne s’étend pas à tous les cas ou la
conftruélion dont i l s’agit peut avoir lieu ; c’eft
pourquoi il ajoute : » Ce que j’ai dit de plus
» s’entend aufii de ces autres mots mieux, plu s malt
» moins main. Mais cette addition même eft encore
infuffifante , puifque l ’àdjeéiif comparatif meilleur
eft encore dans'le même cas, ainfi que tous
les adverbes qui feront précédés de plus ou de
, lorfqu’ils précèdent eux-mêmes & qu’ils
modifient un adjeétif mis après fon fubftantif, pour
parler le langage ordinaire. Exemple , Je parle
du vin le meilleur que l'on puijfe faire dans
cette province., du fyjlême le plus ingémeiifement
imaginé, le moins heureufement exécuté, le plus
tôt réprouvé, &c.
Puifque M. de Wailly avoit pris c.ette remarque
de Vaugelas en corifidération , il devoit , ce me
femble , relever tous les défauts de là règle pro-
pofée par l ’académicien & des corrections même
^u’il y avoit faites, & ramener le Tout d une
enonciation plus générale , plus claire, & plus.pré-
cife. Voici comme je reéti fier ois la règle , d’après
les principes que j’ai, pofés , foit dans cet article
foit dans tout autre : S i un adjectif fuperlatif ou
Gk a m m . e t L i t t é r a t . Tome III.
précédé d'un adverbe fuperlatif qui le modifie ,
me vient qu après le nom auquel i l fie raporte,
quoique, le nom fo i t accompagné de fo n article ,
il fa u t pourtant répéter l'article fimple avant le
mot qui exprime le raport de fupériorité , mais
fans répéter la prépofition dont le nom peut être
lé complément grammatical.
Vaugelas, non content d’établir une règle, cherche
encore à en reudre raifoii ; & celle qu’il donne
pourquoi on ne répète pas avant le Superlatif la
prépofition qui» peut être avant le nom , c 'e ft ,
dit- il, parce qu'on y foufentend dès deux mots
qui font, ou qui furent, ou qui fera, ou quelque
autre temps du verbe fu b fla n tif avec qui. Voici fur
cela la critique de M. de Wailly.
» Si l ’on ne met point, d it- il, la prépofition
de ou à entre le Superlatif & le fubftantif» [ i l
auroit dit la même chofe de toute autre prépofition
, s’il n’avoit été préoccupé , contre fon intention
même, de l ’idée dés cas dont Vaugelas fait
mention ] , » ce n’eft pas, comme l ’a cru Vau-
» gelas, parce qu’on y foufentend ces mots qui
» fo n t , qui furent y ou qui fera , &c ; c’ eft parce
» que la prépofition n’eft point nécefîaire en
» ce cas entre l ’adjeélif & le fubftantif ». Mais
ne puis-je paS demander à M. de Wailly pourquoi
la prépofition n’eft point néceffaire entre i’adje&if
& le fubftantif, ou plus tôt n’eft-ce pas à cette
queftion même que Vaugelas vouloit répondre?
■‘Quand on veut rendre raifon d’un fait grammatical ,
c’eft pour expliquer la caufe d’une loi de Grammaire;
car ce (ont les faits qui y font loi. L a
remarque de M. de Wailly fignifie donc que la
prépofition n efi point néceffaire en ce cas ,*parce
quelle n'y eft point néceffaire. Or afsürément i l
n'y a perfonne qui ne voye évidemment jufqu’à
quel point eft préférable l ’explication de Vaugelas.
La nécelfité de répéter l ’article avant le mot comparatif
vient du choix que l ’ufage de notre langue
en a fait pour défigner la fupériorité univerfelle,
au moyen de tous lès fuppléments dont l ’article
réveille l ’idée , & que j’ai détaillés plus haut : ce
belbin de l'article fuppofe enfuite la répétition du
nom qualifié , lequel ne peut être répété que
comme partie d’une propofition incidente, fans quoi
il y auroit pléonafme ; & cette propofition incidente eft
amenée tout naturellement par qui f o n t , qui f u rent
, qui fera y &c : donc ces mots doivent eüeiï'*
ciellement être fuppléés, & dès lors la prépofition
qui précède leur antécédent, n’eft plus néceffaire
dans la propofition incidente , qui eft indépendante ,
dans fa conftru&ion, de toutes Ies.pajties de la principale.
» Comme il eft ici queftion du Superlatif y dit
enfuite M. de W a illy ,» permettez-moi d’obferver
» que le célèbre du Marfais pourroit bien s’être
» trompé , quand il a dit dans Cette phrafe , D c o -
» rum antïquijjwnus habebatur Coelum , c*èft
» comme s’ il y avoit Coelum habebatur antiquif-
» f i mus (ë numéro) deorum. I l me femble que
M m m