
chevalerie ; & ce temps eft fort loin de'nous:
je dis de nous , moralement parlant ; car nous
avons encore & des Renauds & des Bavards*
(M . M ARM O R TEL.)
( N. ) SYMPLOQUE , f. f. On a dit Symploce
dans Y Encyclopédie ; c’ eft mal à propos : ce mot
eft le SviKsrAox« des grecs , dont la dernière fyllabe
ne peut fe prononcer qu’avec une articulation gutturale.
Ce mot eft compofé de <rv», cum, & de ■ wAoxiî,
nexus ; c’eft donc à dire , Connexio, Complexio.
C ’eft en effet le nom que quelques rhéteurs donnent
à la figure que nous avons nommée Cotn-
plexion. Voyez ce mot. ( M. B e a u z é e .)
S Y N A L È P H E , f. f. Grammaire. Dans la
Poéfie latine , lorfqu’un mot finiffoit par une m
ou par une voyelle, & que le mot fuivant com-
mençoic par une v o y e lle , on retranchoit dans la
prononciation la lettre finale du premier mot; c’eft
ce qu’on appelle Êlifion. Voye\ Élision.
Les grammairiens latins reconnoiflent deux fortes
d’Élifion : i°. celle de la lettre finale m , qu’ils
appellent Eclhlipfe , du grec , elidere-
(brifer); z®. celle delà voyelle finale, qu’ils appellent
Synalèphe, du grec «rvyaAoicp« , councîio,
mot compofé de e-u» , cum y & de aAwcpa , ungo :
le mot de Synalèphe eft donc ici dans un fens
métaphorique , pour indiquer que les deux voyelles
qui fe rencontrent fe mêlent enfemble comme les
chofes graffes ; une couche de la dernière fait dilpa-
roître la première. .
L ’idéé générale & le leul terme S Elifion me
femblent fuffifants fur cette matière; & fubdivifer
un pareil objet, c’eft s’èxpofer à le rendre inintelligible
: à force de divifer certains corps, on les
réduit en une poudre impalpable que le vent emporte
aifément, 8ç il n’en refte. rien. Voyez, fur
î ’Élifion, les art. Élision, Bâillement, H iatus.
( M. B e a u z é e . )
(N . ) S Y N A T H R O f S M E , f* m. Terme
d’origine gr.èque, employé par quelques rhéteurs
pour défigner la figure que nous nommons en fran-
Çois Conglobation , & dont i l a le fens.. ( Voyez
Ç ongeobation ). C’eft donc un mot inutile dans
notre langue , 8ç dont on ne tient compte ici qu’en
faveur de .ceux qui pourroient le rencontrer fans
l ’entendre. Quelques rhéteurs difent Simplement
Athroïfme. Voyez ce mot*
Dans VEncyclopédie on a écrit Synartrdifme y
ëc l ’on y dit que Longin donne à cette figure le
nom SArthroïfme. L a lettre h. eft dans Pun des
deux mots , & non dans l’ autre , quoiqu’ils foient
de même origine ; d’ailleurs le mot grec n’a jamais
eu la lettre r avant th. (M. B e a u z é e . )
S Y N C H I $ E , f. f. Grammaire. tryyyvirit ,
confufio ; RR. 0-V1, cum, & x vw > fundo. C ’eft
une prétendue efpèce d’Hyperbate, qui fe fait quand
les mots d’une phrafe font mêlés entre eux, fans
aucun égard, tli à la fucceffion de l’ordre analytique,
ni aux raports qui lient les mots entre eux.
• C ’eft le refpeél pour les anciens, porté jtrfqu’à
l ’idolâtrie & à l ’enthoufiafme, qui a fait imaginer
un nom honorable pour des écarts réels , plus tôt
que d’ôfer prononcer que ces grands hommes fe
fuffent mépris. I l y a du fanatifme à les croire
infaillibles , puifqu’ils font hommes : & fouvent on
les compromet davantage en les louant fans mefure,
qu’en les critiquant à propos.
Ajoutons qu’il nous arrive fouvent de prendre
pour Confufion un ordre- très - bien fuivi dont la
liaifon nous échape , parce que nous manquons des
lumières néceffaires ou de l ’attention requife." Il
y a , dans l ’Énéide ( I I . 3 4 8 ) , un paflage regardé
jufqu’ici comme une Synchife tres-compliquée ;
& Servius auroit cru manquer à fon devoir de commentateur
, s’il n’en avoit pas débrouillé la conf-
tru&ion. » Il me femble, dit M. Charpentier
( Défi, de 'la langue franç. D ifc . 1 1 , part, i i j ,
pag. 169 ], » que ce. pauvre grammairien ait donné
» lui-même dans une embufcade des ennemis, dont
» il a toutes les peines ' du monde a fe fauver ;
» & je crois qu’Énée trouva plus facilement un
» afile pour fon père contre la violence des grecs ,
» qu’il n’ en a trouvé un pour fon auteur contre
» cette importante Synchife qu’i l rencontre i c i ,
» c’eft à dire, une franche confufion , dont il n’a
» prefque ôfé prononcer le nom en fa propre
» langue ». On voit que M. Charpentier regarde
auffi la Synchife commie un véritable défaut; mais
il eft pèrfuadé que ce défaut exifte dans le paflage
de Virgile dont il s-’agit : je n’en crois lien ; 8c
i l me lemble avoir prouvé qu’on ne l ’a point encore
bien entendu, faute d*avçir bien connu les
principes de l ’Analyfe , la propriété de quelques
termes latins* & la véritable ponctuation de ce paf-
fage. Voy e% M é t h o d e .
Si donc l ’Analyfe elle-même vient à nous démontrer
la réalité de quelque Synchife bien em-
baraffante dans un ancien , difons nettement que
c eft une /àute : fi la confufion ne va pas au point
de jeter de l ’obfcurité dans la phrafe, difons fimplement
que c’eft une Hyperbatç. Voyez H y p e r -
b â t e . ( M. B e a u z é e . )
S Y N C O P E , f. f. Grammaire. C’eft: un Méta-
plafme ou une figure de Diélion , par laquelle on
retranche du milieu d’un mot quelque lettre 011
quelque fyllabe. *cvyy.oqr* vient de «nb, cum,
ui marque içi ce qui eft originairement compris
ans le mot, lè milieu du mot : 8ç de x«Vr» ,
fcindo.
Les latins fefoient grand ufage dç la Syncope
dans le.urs déclinaifons & leurs conjugaifons : dî
pour dii ÿ deum , virûm , nummûm , feflertiûm ,
libçrum, pour deorum , virorum , nummorum ,
fiflertiorum , liberorum ; apûm , infantûm , ado*
lçfcentûmt loquentûm, aulieu dtapium,i infantiumy
hdolefceiitium, loquentium ; audiiy audierOy audilj-
fent * ou même audîffem pour audiviy audivero,
aadivijfem.
Cé Métaplafriie eft d’un ufage aflez fréquent dans
la génération des mots .compofés ou dérivés, fur-
tout à l^ur paflage d’une langue à une autre. Sans
fortir de la même langue nous trouvons en latin
pojfum y fyncopé de potis fum ,* Jcriptum pour
fcribtum , fyncopé de fcribitum, qui feroit le
fupin analogique ; & une infinité d’autres pareils.
Au paflage d’une langue à une autre : aranea'vient
d’apa^v» , en fupprimant le x , que nous avons
feulement affoibli dans aragnée , que nos pères
prononçoient comme le latin dignus ; notre fur
vient de fuper ; vie, de vita , dortoir pour dormi-
toiry dormitoriumy &c. Voyez M é t a p l a sm e ,
( M. B e a u z é e . )
( N . ) S Y N C O P E R , v. à. A bréger ( un m o t)
par une foùftraéfion fa ite au m ilieu.
Nous avons fyncopé plufieurs mots en les empruntant
des étrangers; par exemple, en formant
goût de gufius.y âpre tfafper, le vetbe fier <\efiderey
mendier de mendicare y.faluer de falutare, na'if de
nativus, &c.
Nos poètes , pour obéir au méchanifme du vers ,
dérogent à la règle générale de la formation des
temps , & écrivent en fyncopant y favoûrai, nous
joûrons y &c , au lieu j ’avouerai, nousfouerons.
L ’euphonie poétique exige même oiïx'Asfyn-
copeni toujours dans ces exemples : & La Chauffée,
dans fa Mélanide, a mal verfifié quand il a d it,
"Vous,les payerez cher, je puis vous l’annoncer j
il. eut mieux valu dire enfyncopant t
Vous le s paîrc\ bien cher, je puis vous l ’annoncer.
( M. B e a u z é e . )
* SYNECDOQUE ou S YN E CD O CH E , f. f.
Grammaire. Cet article efi en entier de du Mariais
( Trop. part, ƒ Z, art. jv , pag. 97). Ce que
j'y a i inféré du mien, je l’ai mis entre deux cro-
cheis [ ]. :
On écrit ordinairement Synecdoche [ c’eft l ’orthographe
étymologique ] ; voici les raifons qui me
déterminent à écrire Synecdoque.
i°. Ce mot n’eft point un mot vulgaire qui foit
dans la bouche des gens du monde , en forte qu’on
puiffe les confulter pour connoître l ’ufage qu’il
faut fuivre par raport à la prononciation de ce
mot.
x°. Les gens de Lettres que j’ai :confultés le
prononcent différemment les uns difent Synecdoche
à la françoife, comme roche ; & les autres fou-
tiennent, avec Richelet, qu’on doit prononcer Synecdoque,
»
3°. Ce mot eft tout grec : £tmx<foxiî [ compre-
tiènfid\ y U faut donc le prononcer en confervant au x
fa prononciation originale : c’eft ainfi qu’on prononce
& qu’on écrit époque, eVox-*’ ; monarque ,
fAdupXYis y 8c p v*f>xts i Pentateuque , Uiira.rtvy iif y
Andromaque , A * v ; Télémaque T W -
/w-axos ; &c. On conferve la même prononciation
dans écho, «x® ? école ( fchola ) x oA” j &c.
Je crois donc que Synecdoque étant un mot
fcientifique , qui n’eft point dans l ’ufage vulgaire ,
i l faut l ’écrire d’une manière qui n’induife pas à
une prononciation peu convenable à fon origine.
4°. L ’ulage de rendre par ch' le % des grecs a introduit une prononciation françoife dans plufieurs
mots que nous avons pris des grecs. Ces mots
étant devenus communs & l’ufage ayant fixé la
manière de les prononcer & de les écrire , refpec-
tons. l’Ufage ; prononçons catéchifme , machine y
chimère , archidiacre, architecte , &c , comme
nous prononçons _chi dans les mots françois : mais ,
encore uh "coup, Synecdoque n’eft point un mot
vulgaire ; écrivons donc & prononçons Synecdoque.
Ce terme fignifie Compréhenfion ; en effet, dans
la Synecdoque , on fait concevoir à l ’efprit plus ou
moins que le mot dont on fe fert ne fignifie dans le
fens propre.
Quand, au lieu de dire d’un homme qu’il aime
le vin y je dis qu’il aime la bouteille ; c’eft une
fimple Métonymie (voyez Métonymie ) , c’eft un
nom pour un autre : mais quand je dis , cent voiles
pour cent vaijfeaux , non feulement je prends un
nom pour un autre, mais je donne au mot voiles
une lignification plus étendue que celle qu’il a
dans le fens propre , je prends la partie pour le
Tout.
La Synecdoque eft donc une efpèce de Métonymie
, par laquelle on donne une lignification
particulière à un mot q u i, dans le fens propre 7
a une lignification générale ; ou au contraire , on
donne une lignification générale à un mot qui ,
dans le fens propre, n’a qu’une lignification particulière
: en un mot, dans la Métonymie , je prends,
un nom pour un autre , au lieu que dans la Synecdoque
y je prends le p lus pour le moins ou le moins
pour le plus.
Voici les différentes fortes de Synecdoques que
les grammairiens ont remarquées.
I. Synecdoque du genre : comme quand on
dit lés mortels pour les hommes ; le terme de
mortels devroit pourtant comprendre auffi les animaux
, qui font fujels à la mort auffi bien que nous :
ainfi, quand par les mortels on n’entena que les
hommes, c’eft une Synecdoque du genre ; on dit le
plus pour le moins.
Dans l ’Écriture fainte, créature ne fignifie ordinairement
que les hommes ; Euntes in mundum
uiiiverfum , prædicate evangelium om.ni CREA-
T U RÆ (Marc, xvj , 15 ) : c’eft encore ce qu’on
appelle la Synecdoque du genre, parce qu alors
un mot générique ne s’entend que d’une efpèce