
». être comparé à Juvénal; trop envelopé & trop
■ » mystérieux pour être joint à Delpreaux. Aufli
» poli que le premier , quelquefois aufli vif que
» le fécond, aufli vertueux que le troifîème , il
» femble être plus philofopne qu’aucun des trois.
» Peu de gens ont le courage de le lire ; cepen-
» dant la première ieftureune fois faite, on trouve
» de quoi Ce dédommager de fa peine dans la
» fécondé : il paroît alors reffembler à ces hommes
» rares, dont le premier abord eft froid ', mais qui
» charment par leur entretien quand ils ont tant
» fait que de le laifferconnoîtïe ». [L e chevalier
DÉ J AU COURT* )
Satire dramatique , A r t dramat. Genre de
drame particulier aux anciens. Les Satires dramatiques
, , ou , fi l’on v eut, les Draines fatiriquesy
fç nommoient en latin Satyri ; au lieu que les
Satires , telles* que celles d’Horace & de Juvénal,
s appeloient Saturée. Il ne nous refte de Drame
Jatirique ' qu’une feule pièce de l ’antiquité, c’eft
le Cyclope d’Euripide. Les perfonnages de cette
pièce font Pol'yphème , Ulyfle , un fylène, & un
choeur de Satyres. L ’aétion efl le danger que Court
IJlyfle dans l ’antre du Cyclope , & la maniéré
dont il s’en tire. Le caractère du Cyclope eft
l ’infolence & une cruauté digne dés bêtes féroces.
Le fylène eft badin à fa manière , mauvais plai-
fant, quelquefois ordurier. Ulyfle eft grave &
férieux, de manière cependant qu’il y a quelques
endroits ou il paroît fe prêter un peu à l ’humeur
bouffonne des fylènes. Le choeur des Satyres a une
gravité burlefque , quelquefois il devient aufli mauvais
plaifant que le fylène. Ce que le P. Brumoi
en a traduit fuifit pour convaincre ceux qui auront
quelque doute.
Peu importe , après cela, de remonter à l ’origine
de Ce fpeétacle , qui fu t, dit - on , d’abord très-
férieux. I l eft certain que, du temps d’Euripide ,
c’étoit un mélange du haut & du bas, du férieux
8f du bouffon. Les romains ayant connu le Théâtre
.grec , introduifîrent chez eux cette forte de fpec-
tacle, pour réjouir , non feulement le peuple &
les acheteurs de noix, mais quelquefois même le s -
philofophes, à qui le contrafte, quoiqu’outré, peut
fournir matière a réflexion.
Horace a proferit , dans Ion A r t poétique , le
goût qui doit régner dans ce genre de Poème ;
& ce qu’il en dit revient à ceci. Si l ’on veut coin-
pofer des Drames fatiriques , il ne faut pas
prendre dans la partie que font les Satyres la
couleur ni le ton de la Tragédie ; il ne faut
pas prendre non plus le ton de la Comédie. Davus
eft trop rufé ; une courtifane qui excroque un talent
à un vieil avare, tout fin qu’i l eft, eft tropfubtile.
Ce caractère de finefle ne peut convenir â un fylène,
qui fort des forêts , qui n’a jamais été que le fer-
viteur & le gardien d un dieu'en nourrice : il doit
être naïf, fimple, du familier le plus commun.
.Tout le monde croira pouvoir faire parler de même
les Satyres, parce que leur élocution femblefa
entièrement négligée ; cependant il y aura un mérite
fecret, & que peu de gens pourront attraper, ce
fera la fuite & la liaifon même des chofes : il eft
aifé de dire quelques mots avec naïveté ; mais de
foutenir long temps ce ton, fans être p la t , fans
laifler du vide, fans faire d’écarts, fans liaifons
forcées, c’eft peut-être le chef-d’oeuvre du goût &du
génie.
Je crois qu’on retrouve chez nous,-à peu de
chofe près, les Satires dramatiques des anciens
dans certaines pièces italiennes j du moins on retrouve,
dans Arlequin , les caractères d’un Satyre.
Qu’on fafle attention à fon mafqùe, à fa ceinture,
- à fon habit collant , qui le fait paroître prefque
comme s’il étoit nud, à Tes genoux couverts, &
qu’on peut fuppofeç rentrants ; il ne lui manque
qu’un ïbulier fourchu : ajoutez à cela fa façon
mièvre & déliée , fon ftyle , fes pointes fouvent
mauvaifes , fon ton de voix tout cela forme
aflurément une manière de Satyre. Le Satyre des
anciens aprochoit du bouc ; l ’Arlequin d’aujourdhui
aproche du chat : c’eft toujours l’homme déguifé
en bête. Comment les Satyres1 jouoient-ils , félon
Horace ? avec un dieu , un héros qui parloit du
haut ton. Arlequin de même paroît vis à vis Sam-'
fon : il figure en grotefque vis à vis d’un héros 5 il
fait le héros lui-même il repréfente Théfée , & t.
(purs - de B elles-Lettres* [ Le chevalier D E J a u -
CO UR T* )
SATURNIEN ( vers ) , Poéjie latine, S a -
titrnius numerus y dans Horace. Les Vers fatur-
niens étoient les mêmes que les vers fefeennins ,
& ces deux noms leur font venus de deux des plus
anciennes villes' de Tofcane. Saturnia étoit
dans le quartier des ru fe la s sv e r s la fource de
l’Albegna; & Tes ruines portent encore aujourdhui
le nom de Sitergna. L ’étymologie que nous donnons
à ces vers , avec le P. Sanadon , eft bien différente
de celle qu’ont imaginée les grammairiens >
& que les commentateurs ont copiée ; mais elle
nous paroît plus raifonnable. Les curieux trouveront
tous les détails qu’ils peuvent délirer fur les Vers
fa tu r n ie n s dans le Traité de la verfificatioh latine
du même P. Sanadon. [L e chevalier D E J a u -
C O U R T . }
(N . ) S A V A N T H O M M E , H A B I L E
H O M M E . Synonymes.
A considérer les chofes de près, ces deux termes
n’ont pas le même fens. La différence confifte en
ce que le mot de Savant homme marque feùle-
ment une mémoire remplie, de beaucoup de choies
aprifes par le moyen de l’étude & du travail: au
lieu que le mot S Habile homme enchérit fur cela;
i l fuppofe cette Icience , & ajoute un génie élevé ,
un efprit folide , un jugement profond, un difeerne-
ment étendu.
Un Homme .ni avec un efprit médiocre, peut
Acvtnufavant par l'étude & par le travail, mais
non pas Habile homme ; parce qu’il trouvera bien
dans les livres de quoi remplir fit mémoire , mais
non pas de quoi élever la bafleffe de Ion génie &
fortifier la foiblefle de fon jugement. Voye\ E r u d
i t , D o c t e , S a v a n t , Syn. & H a b i l e , S a v a n t ,
D o c t e , Syn* [ A n d r y d e B o i s r e g a r d . )
( N. ) SCANDER, v. a£. Prononcer un vers
de manière à en diftinguer les pieds, tant en marquant
la quantité précife des vers métriques, qu’en
indiquant par de petites paufes la fin de chaque
pied , foit dans les vers métriques foit dans lé | vers
-rimés; & alors il faut en effet élider les fymbes '
quiferoient de trop pourlamefure du vers. Voici,
pour exemple , les deux premiers vers du fécond livre
de l’Enéide :
Conticuêre omnes , intentique or a tenebant ;
Inde thoro pater Æneas fie orfus ab alto,
& voici comment on doit les feander :
Contïcü\ edorn | nés, In-1 tentiq | or ci te-\nebânt ;
In d e tho-\ro p a t e r \Æ n è - \ à s s~Lc\orsüs d b \à lto .
Scandons encore quelques autres efpèces de
vers.
Pérît. Indè-\tîbà-\tds\cùncla se-\quùntür o-\pes.
Saph. Oct-\or cer-\vis & a- j gente j nimbos
Adon. ~Ocïor | Euro.
On voit que la manière de feander les vers
métriques varie félon la nature & le nombre des
pieds dont ils font compofés. Quant à nos vers
rimés , on fait les paufes de deux fyllabes en deux
fyllabes ; & lapaufe eft un peu plus grande à l’hémif-
tiche, quand levers eftdefîx ou de cinq pieds. Exemples,
pris dans la dernière fcène du III adte SAthalie:
D ’un coeur | qui t’aime.
Mon Dieu, | qui peut \ troubler | la paix î
II cher-1 ch’en tout|| ta vo- I lonté | fuprême,
Et ne | f e cher- | che ja | mais.
Sur la | terre, | dans le | ciel même ,
Eft-il j d’autre | bonheur |j- que la | tranqui- | le paix
D ’un coeur J, qui t’aime)
Scander vient du verbe latin Scandere ( monter) ; parce qu’en feandant les vers , on avance comme
en montant depuis le premier pied jufqffau dernier.
( M. B e a u z é e . )
( N. ) SCAZON , adj. On nomme ainfi un vers
ïambique tétramètre ou de fix pieds, qui, au lieu
de finir par un fpondée & un ïambe , comme il
eft de règle , finit au contraire par un ïambe fuivr I
d un fpondée : ce qui, le fefant tomber d’une manière I
contraire à la chute de l ’ïambe, l ’a fait nommer
boiteux; car c’eft le fens propre du mot
Le prologue de Perfe eft tout en vers fcoe^ons.
[M . B e a u z é e .)
SCÈNE , f. f. Littérature. Théâtre, lieu ou
* les pièces dramatiques étoient repréfentées. Ce mot
vient du grec o-xhv« , tente pavillon ou cabane ,
dans, laquelle on repféfentoit d’abord les poèmes
dramatiques.
Selon R o llin , la Scène étoit proprement une
fuite d’arbres rangés les uns contre les autres fur
deux ligues parallèles qui formoient une allée &
un portique champêtre pour donner de l ’ombre ,
o-Kia, , & pour garantir des in'urés de l ’air ceux qui
étoient placés deffous. C ’étoit là , dit cet auteur
, qu’on repréfentoit les pièces -avant qu’on
eût conftruit lés théâtres. Cafliodore tire- aufli le
mot Scène de la couverture & de l’ombre du
bocage fous lequel les bergers repréfentoient anciennement
des jeux dans la belle faifon.
Scène fe prend dans un fens plus particulier
pour les décorations du théâtre : de là cette ex-
preflidn , la Scène change , pour exprimer un
changement de décoration. Vitruve nous aprend que
les anciens avoient trois fortes de décorations ou de
Scènes fur leurs théâtres.
L ’ufage ordinaire étoit de repréfenter des bâtiments
ornés de colonnes & de ftatues fur les côtés ;
& dans le fond du théâtre d’autres édifices , dont
le principal étoit un temple ou un palais pour la
Tragédie , une maifon ou une rue pour la Comédie
, une forêt ou un payfage pour la Paftorale ,
c’eft à dire , pour les pièces fatyriques , les atteignes
, &c. Ces décorations étoient. ou ver/utiles ,
lorfqu’elles tournoient fur un pivot, ou ducîiles ,
lorfqu’on les - fefoit gliffer dans des couliffes ,
comme cela fe pratique encore aujourdhui. Selon
les différentes pièces , onchangeoit la.décoration ;
& la partie qui étoit tournée vers le Ipeétateur
s’appeloit Scène tragique, comique, ou pafiorale,
félon la nature du fpeétacle auquel elle étoit
affortie ( V o y e lle s Notes de Perrault fur Vitruve ,
liv .v , chap. vj. Voyei &üfCi le mot D écoration).
On appelle aufli Scène , le lieu où le
poète fuppofe que. l ’aétion s’eft paflee. Ainfi ,
dans. Iphigénie , la Scène eft en Aulide dans la,
tente d’A gamem,non : dans A thalle, la Scène eft:
dans'le temple, de Jérulalem , dans un veftibule de
l ’appartement du grand prêtre. Une des principales
lois du Poème dramatique , eft d’obferver
l ’unité de la Scène , qu’on nomme autrement Unité
de lieu;
En effet , il n’eft pas naturel que la Scène
change de place , & qu’un fpeftacle commencé
dans un endroit , finiffe dans un autre tout diffé-,
rent & fouvent très-éloigné. Les anciens ont gardé
foigneufement cette règl,e ,& particulièrement Té-
rence : dans fes comédies , la Scène ne change
A a a z