
- a un caractère propre qui l’empêche d’être confondu
avec les autres modes. Que penfer d’une pareille
Logique ?
3°. Qu’il eft ridicule de ne vouloir pas regarder
le Participe comme appartenant au verbe, parce
. <ju*il ne le divife point en modes comme le verbe.
N e peut-on pas dire auffi de l’indicatif, qiie nec
modos habet quos continét yerbum ? N’eft-ce pas
la même chofe de l ’impératif, du fuppofitif, du
* fùbjondtif, de l ’optatif, de l’infinitif, pris à part?
C ’eft donc encore dans Prifcien un nouveau principe
de Logique , que la partie n’eft pas de la
nature du T ou t, parce qu’elle ne fe fubdivife pas dans
les mêmes parties que le Tout.
4°. On doit regarder comme appartenant au
verbe tout ce qui en conferve l ’effence, qui eft d’exprimer
l ’exiftence d’un fujet fous un attribut ( voye^
V e r b e ) ; & tojite autre idée acaeffoire qui ne
détruit point celle-là, n’empêche pas plus le verbe
d’exiiler, que ne font les variations des perfonnes1
& des nombres. ‘Or le Participe conferve en effet
la propriété d’exprimer l’çxiftence' d’un fujet fous
un attribut ,Npuifqu’il admet les différences de temps
qui èn font une fuite immédiate & néceffaire ( Voye^
T e m p s ). Prifcien par conféquent avoit tort de
féparer le-Participe du verbe, par la raifon des idées
acceffoires qui font ajoutées à celle qui eft effencielle
au verbe.
J’ajoute qu’aucune autre raifon n’a du faire regarder
le Participe comme une partie^ d’oraifcn
k différente du verbe : outre qu’i l en a la nature fondamentale
, il en conferve , dans toutes les langues,
les propriétés ufuelles. Nous difons en françois ,
lifant une lettre, ayant lu une lettre, comme
. j e lis ou j 1 ai lu une lettre y arrivant ou étant
arrive' des champs à la ville, comme j ’arrive
ou j ’étais arrivé des champs à lcr ville. En grec
& en latin , le complément objectif du Participe
du verbe a&if fe met à l’accufatif, comme quand
le verbe eft dans tout autre m®de : dya.'jria-us xi/pw
rroV ©éov <ry , diliges Dominum Deum tuum ) vous
* aimerez le feigneur votre Dieu ) ; de même dya.ir£>v
xvciov rov ®«ov <ry, diligens Dominum Deum tuum
{aimant le Seigneur votre Dieu). Périzonius {a d
Sancî. Min. I. 15 , not. 1 ) prétend qu’il en eft
de- l ’accufalif mis après la Participe latin, comme
de celui que l ’on trouve après certains noms verbaux
, comme dans Quid tibi hanc rem curatiô
e jl , ou après certains adjectifs, comme omnia
f im ilis , caetera indoclus y & que cet accufatif y
eft également complément d’une prépofition fouf-
e 11 tendue : ainfi , de même que hanc rem çuratio
veut dire propter hanc rem curatio , que omnia
fimilis c’eft fecundàm omnia fimilis , & que
caetera indoclus fignifie cirai caetera indoclus ,
ou , félon l ’interprétation de Périzonius même, in
negotio quod attinet ad coûtera indoclus y de
même auffi amans uxorem fignifie amans érga
ifixorem) ou in negotio quod attinet ad uxorem. Là
principale raifon qu’il en apporte, c’eft que Faccufatif
n’eft jamais régi immédiatement par aucun adjeétif,
& que les Participes enfin font de véritables ad—
j edi fs , puifqu’ils en reçoivent tous les accidents ,
qu’ils fe conftruifent comme les âdjedifs, & que l’on
dit également amans uxoris & amans uxorem ,
patiens inediae &cpatiens inediam.
Il eft vrai que l ’accufatif n’eft. jamais régi immédiatement
par un adjedif qui n’ eft qu’adjedif,
& qu’il ne peut être donné à cette forte de mot
aucun complément déterminatif, qu’au moyen d’une
prépofition exprimée ou foufeptendue. Mais le P articipe
n’eft pas un adjedif pur ; il eft auffi verbe ,
puilqu’il fe conjugue par temps & qu’il exprime
l ’exiftence d’un fujet fous un attribut. Pour quelle
raifon la Syntaxe le confidèreroit- elle comme adjed
if plus tôt que comme verbe ? Je fais bien que ,
fi elle le fefoit en effet, i l faudroit bien en convenir
& admettre ce principe, quand même on n’en
pourroit pas affigner la raifon : mais on ne peut
ftatuer le fait que par l ’ufage ; & l ’ ufage univerfel,
qui s’explique à merveille par l ’analogie commune-
des autres modes du verbe , eft de mettre l ’accu-
fatif fans prépofition après les Participes adifsj
on ne trouve aucun exemple cm le complément
objedif du Participe foit amené par une prépofition
; & fi l’on en rencontre quelqu’un ou ce complément
paroiffe être au génitif, comme dans patiens
inediae , uxoris amans, c’eft alors«* le cas
de conclure que ce génitif n’eft pas le complément
immédiat du Participe, mais celui de quelque autre
nom foufentendu qui fera lui-même complément du
Participe.
U fu s vulgaris (dit Périzonius lui-même , ibid.) ,
quodammodo dijlinxit Participii prerfends figni-
ficationem ratione conjlruclionis ,. feu prout ge-
nitivo vel accufativo jungitur. Nam patiens
inediæ quum dicunt veteres, videtur fignificare
eum qui cequo animo foepiùs patitur vel facile
potefl pati : at patiens inediam , qui uno aclu
aut tempore volçns nolens patitur 11' dit ailleurs
( Min. III , x , a ) : Amans virtutem adhibetur
ad notandum . . . . . . proefens illud temporis
momentüm quo quis virtutem amat y at amans
virtutis ufurpatur adperpetuumvirtutis amorem in
homine aliqüofignificandum.
Cette différence de lignification attachée à celle
de la Syntaxe ufuelle , prouve diredement que
Face ufatif eft le cas propre qui convient .au complément
objedif du Participe , puifque c’eft celui
que l ’on emploie quand on fe fert de ce mode
dans le fens même du verbe auquel il appartient ;
au lieu que , quand on Veut y ajouter l ’idée accef-
foire de facilité ou d’habitude , on ne montre que
le génitif de l ’objet principal , & l’pn foüfentend
le nom qui eft l ’objet immédiat, parce qu’en vertu
de l ’ufage i l eft fuififamment indiqué par le génitif
: ainfi, l ’on devine .aifément que patiens
inediæ fignifie fa c ilè patiens omnia incommoda
inedicz & que amans -virtutis .veut dire de mort
amans omnia negotia virtutis. Alors patiens &
amans font dès préfents pris dans le fens indéfini, &
aduellement raportés à toutes les époques poffibles:
au lieu que dans patiens inediam & amans vip<
tiotem , ce font des préfents employés dans un fens
défini, & raportés à-une époque aduelle , ou
à une époque antérieure, ou à une époque pofte-
rieure , félon les cîrconftances de la phrale. Voye\
.Temps & Présent,
Eh ! il faut bien convenir que le Participe con-
ferve la nature du verbe, puifque tout verbe ad-
jeétif peut fe décompofer & fe décompofe en effet
par le verbe fubftantif, auquel on joint comme
attribut le Participe du verbe déeompofé : que
dis-je ? le fyftêmé complet des temps auroit exigé
dans les verbes latins neuf temps ïimples, lavoir
trois préfents, trois prétérits , &c trois futurs ; &
il y a quantité de verbes qui n’ont de fimples que
les prélents. Tels font les-verbes déponents, dont
les prétérits & les futurs fimples font remplacés
par le prétérit & le futur du Participe avec les
préfents fimples du verbe auxiliaire : & comme on
peut également remplacer les préfents fimples du
même verbe auxiliaire ; voici fous un feul coup
d’oeil l ’anàlyfe- complette des neuf temps de l’indicatif
, par exemple, du verbeprecor :
Préfent.
Indéf. Precor ou fum précan^ g
Antér. Precabar, eram precans.
Poftér. Precabor , èro precans.
Las verbes les plus riches en temps fimples ,
comme les verbes a&ifs relatifs, n’ont encore que
des futurs compofés de la même manière, ama-
turus fum , amaturus eram , amaturus ero : &
ces futurs compofés exprimant des points de vue
néceffaires à la plénitude du fyftême des temps
exigé par l ’effence du verbe , il eft néceffaire auffi
de reconnoître que le Participe qui entre dans ces
circonlocutions, eft de même nature que le verbe dont
i l dérive $ autrement, les vues du fyftême ne feroient
pas effectivement remplies.
San&ius , & après lui Scioppius , prétendent que
tout Participe eft indiftinélement de tous les temps ;
& Lancelot a prefque approuvé cette doCtrine dans
fa Méthode latine. La raifon générale qu’ils allèguent
tous en faveur de cette opinion, c’eft que
chaque Participe fe joint à chaque temps du verbe
auxiliaire , ou même de tout autre verbe , au préfent
, au prétérit , & au futur. Je n’entrerai pas ici
dans le détail immenfe des exemples qu’on allègue
pour la. juftification de ce fyftême : cependant,
comme on pourroit l ’appliquer aux Participes dé
toutes les langues, j’en ferai voir le foible , en
rappelant un principe qui eft effenciel, dont
les grammairiens n’avoient pas une notion bien
exâ&e.
I l faut confidérer deux chofes dans la lignification
générale des temps : i° . un raport d’exiftence
à une époque; i°. l ’époque même, qui eft le terme
de comparaifon. L ’exiftence peut avoir à l’époque
'trois fortes de raports : raport de fimultanéité ,
qui cara&érife les préfents ; raport d’antériorité ,
qui caraétérife les prétérits; & raport de poftériorité,
qui caraftérife les futurs : ainfi , une partie quelconque
d’un verbe eft un préfent quand il exprime
la fimultanéité de l’exiftence à l ’égard d’ une époque
; c’eft un prétérit, s’il en exprime l ’antériorité
; & c’eft.un futur, s’il en exprime la pofté-
jio r ité ..
.On diftingue plufieurs efpèces, ou de préfents,
Prétérit. Futur.,
Preçaïus fum. Precaturus fum.
Precatus eram. Precaturus eram.
Precatus ero. Precaturus ero.
ou de prétérits , ou de futurs, félon la manière
dont l’époque de comparaifon y eft envifagée. Si
l ’exiftence le raporte à une époque quelconque &
indéterminée , le temps 011 elle eft ainfi envifagée
eft ou un préfent, ou un prétérit, ou un futur
indéfini : fi l ’époque eft déterminée , le temps eft
défini. Or l ’époque envifagée dans un temps ne
peut être déterminée que par fa relation au moment
même où l ’on parle ; & cette relation peut
auffi être ou de fimultanéité, ou d’antériorité , ou
de poftériorité, félon que l ’époque concourt avec
l ’afte de la parole*, ou qu’elle le précède , ou qu’elle
le fuit : ce qui divife chacune des trois eipèces générales
de temps définis en attùel, antérieur, & pof-
térjeur. Voye\ T emps.
Cela pofé, l’origine de l ’erreur de Sanétius vient
de ce que les temps du Participe font indéfinis,
qu’ils font abftra&ion de toute époque, & qu’011
peut en conféquence les raporter, tantôt à une
époque & tantôt à une autre, quoique chacun de
ces temps exprime conftamment la même relation
, d’exiftences à l ’époque. Ce font ces variations de
l ’époque qui ont fait croire qu’en effet le même
temps du Participe avoit fucceffivement le fens
du préfent, celui du prétérit,' & celui du futur.
Ainfi , l ’on d it , par exemple , fum metuens
( je fuis craignant, ou je crains ) ; metuens eram
( j’étois craignant, ou je craignois ) ; metuens ero
(je ferai c ra ig n a n tou je craindrai) ; & ces exprefi-
fions marquent toutes ma crainte comme préfente à
l ’égard des diverfes époques défignées par le verbe
fubftantif, époque aétuelle défignée par fum , époque
antérieure défignée par eram, époque poftérieure
défignée par ero.
Il en eft de même de tous les autres temps du
Participe : egrejfurus fum ( je fuis deyant fortir) ,
c’eft à dire, attuellement ma fortie eft future ;
egrejfurus eram { j’ étois devant fortir), c’eft à dire,
par exemple, quand vous êtes arrivé , ma fortie
étoit future ; egrejfurus ero ( je ferai devant fortir),