
JM br em ave s feruntur rapuijfe\ je ne vols pas
même d’Ellipfe dans cette phrafe ; quem fe raporte
a imbrem , qui eft exprimé , & i l équivaut
à & iftum : c’eft donc comme fi T ite -L iv e avoit
dit en décompofant, & ijîum imbrem aves f e runtur
rapuijfe. Il n’y a rien là qui s’écarte en
aucune façon des principes fondamentaux delà Grammaire
3 & je ne lais pourquoi l ’on veut y voir une
Ellipfe ou une Synthèfe.
On cite un autre exemple , qui eft de Sallufte :
Sed antea conjuravêre pauci in rempublicam ,
in quibus Catilina f u i t , de QU A quam verif-
fumè potero dicam. Si l ’on veut lire ainfi, il eft
évident qu’il y a Ellipfe du mot conjuratiohe :
mais quoique ce nom foit défigné. par le verbe
conjuravêre, je ne vois pas qu’il y ait fondement
à y trouver une Synthèfe ; aucune Ellipfe ne peut
être légitime , fi le fupplément n’eft défigné clairement
par les circonftances de la phrafe. Au refte ,
j’ai fous les ieu'x l ’édition de Sailufte par Tliyfius,
& j’y trouve de QUO quam veriffumèpotero dicam :
fi l ’on adopte cette leçon , quo eft au mafculin
ou au neutre ; au mafculin3 il fe raporte au nom
loul entendu* domine compris dans Catilina; au
neutre , qui eft le'"plus vraifemblable , il faut fup-
pléer négocia ou fa c in oie : c’eft la même manière
qu’avec conjuratione ; dans tous les cas c’eft pure
Ellipfe.
L ’exemple de Vaugelas préfente tout à la fois
une difcordance apparente dans le nombre & dans
le genre. i° . U ne INFINITÉ de perfonnes qualifiées
o n t pris la peine ; Je l ’ai déjà- d it, la
pluralité eft exacte ment marquée, ici, & p a r le
nom une infinité, & par l ’addition plurièle de
perfonnes qualifiées ; ainfi , les mots qui fe ra-
portent aux individus de cette pluralité peuvent ,
fans difcordance , fe mettre au pluriel. i° . Ont
pris la peine de me témoigner le déplaifir q u iL s
eh ont eu ; le pronom ils eft au mafculin, quoique
perfonne foit tellement féminin , qu’il a fallu dire
perfonnes qualifiées : or on obferve communé-'
ment.que l ’on a dans l ’efprit l ’idée qu’on pourroit
exprimer par le nom hommes , qui eft mafculin $
& c’eft furtont en cela que confine la Synthèfe.
Mais je peux ajouter ici que le nom petjonne eft
tantôt mafculin & tantôt féminin; Cette perfonne
eft ajfe\ H ARDI E , y a - 1 - il- perfonne ajfe\
HARDI ? l ’Ufage de notre langue, qui a mis ce
mot dans les deux genres., a fixé les circonftances
où il faut préférer l ’un à l ’autre. Au refte , l ’Académie
a obfervé , fur cette phrafe de Vaugelas ,
que j pour faire recevoir cet ils au lieu de elle s,
i l auroit fallu ne pas accompagner le nom perfonnes
d’un adjeétif déterminément féminin, mais
dire, par exemple ; une infinité de perfonnes de
qualité , fans adjeétif, ou de perfonnes confidé-
rables, avec unadje&if dont la terminaifon’eft commune
aux deux genres : & c’eft fur ce point l’interprétation
la plus fhge.
Le Zwa r^Xu -des grecs femble plus difficile
à expliquer. Je tiens .de l ’abbé d’Olivet, qu'Euf-
tathe obferve quelque part, dans fon Commentaire
fur Homère, que cette phrafe ne fut, dans fon
origine, qu’un (olécifme échapé à quelqu’un d’affez
confidérable pour mériter d’être imité fhr fon crédit»
Cela pourroit être jufqu’à certain point ; mais je
ne peux néanmoins me perfuader fans peine , que
l ’Ulàge univerfel adopte une locution fi contraire
aux principes généraux & immuables du langage ,
fans voir aucun moyen de l ’y ramener. Voici la
penfée de Lancelot ( Méth. g u V I I , j , régi. 5 ) :
» Quand on dit Turba ruunt, on met le verbe
» au p luriel, parce qu’on conçoit une multitude
» fous, ce mot de turba ; de même quand on dit
» Animalia currit , on met le verbe ait fingulier ,
» parce qu’on conçoit une univerfalité fous ce mot
» a animalia , comme s’il y avoit omne animal
à currit, ou indéfiniment Vanimal court ». J’avoue
que cela ne me femble pas fuffifant pour accorder
l ’Ufage avec la Grammaire ; mais l ’Ellipfe eft
un moyen autorifé par la Grammaire même , &
en conféquence j’aimerois mieux dire que
Tp£%ei eft mis pour Z S a . ( tvto -ytm) - Tpe%{i,
animalia (hoe genus) currit; de même I l a p a A -
A « A a é î*< « p a » fp « rfp a , c’eft à dire ( r a ^ p îf/A c tra^ 'n rap aA -
A w A a ( t SFto 7£ïcs ) I n ( X p « p a r fit ) (p a v îp S r îp a
( negoJa ) parallela ( hoc genus f eft -( negoria)
evidentiora.
Il eft confiant que ^Ji l’on peut par l ’Ellipfe
rendre raifon de toutes les phrafes qu’on raporte à
la Synthèfe , il eft inutile d’imaginer une autre
figure que l ’Ellipfe ; & je ne fais même s’il pourroit
réellement être autorifé par aucun ufage, de violer
en aucune manière la loi de la Concordance. Jfoye\ Identité..
Je ne veux, pas dire néanmoins qu’on nepuiffe
diftinguer- cette efpèce d’Ellipfe d’avec les autres
par un nom particulier : & dans ce cas, "celui de
Synthèfe s’y accommode avec tant de jufteffe , qu’il
pourroit bien fervir encore a prouver ce que je
penfe de la chofe même. Iv^ans , Compofitio ;
RR. ovt, cum , & Tiâ-ti/Aj, pono : comme fi l ’ on
vouloit dire ici , P o s iT lO vocis alicujus fub- intellecîoe CUM voce exprejfâ. Mais au fond un
feul nom fuffit à un feul principe ; & l’on n’a imaginé
différents noms , que parce qu’on a cru voir
des principes différents nous retrouvons la chaîne
qui les unit , ne les féparons plus. Si nous con-
noiffons jamais toutes les vérités , nous n’èn connoi-
trons qu’une. ( M. B eAUZÉE.)-
SYSTEME, f. m. Belles-Lett. En Poéfie, il' fe dit
d’une hypothèfe que le poète choific, & dont il ne
doit jamais s’éloigner.
Par exemple, s’il fait fan plan felc«n la Mythologie
, il doit fuivre le Syftême fabuleux, s’y
renfermer dans tout-le cours de fon ouvrage, fans y mêler aucune idée de Chriftianilme : fi au contraire
il traite un fujet chrétien, il doit en écarter
toute hypothèfe de Paganilme.
Ainfi , dès qu’une fois il a invoqué Apollon ,
il doit s’abftenir de mettre fur la Scène, le vrai
Dieu , les anges , ou les Saints, afin de ne point confondre
les deux Syftémes. Il eft vrai que le Syflême
fabuleux eft plus g a i, plus riche , plus figuré : mais,
d’un autre côté, quelle figure font & quel rôle peuvent
jouer dans un poème chrétien les dieux du
Paganifme ? Le P. Bouhours obferve que le S y ftême
de la Poéfie eft de fa nature entièrement
païen & fabuleux, & plufieurs auteurs l ’ont penfè
comme lui ; mais cette opinion n’eft pas univer-
felle , & d’autres écrivains célèbres ont prouvé que
les frétions de la Mythologie ne font nullement
effencielles à la Poéfie, qu’aujourdhui même elles
ne font plus de faifon , & qu’un poème, pour plaire
& pour intéreffer, n’a pas befoin de tout cet attirail
de divinités & de machines qu’employoient les. anciens.
Voye\ M e r v e i l l e u x . ( A n o n y m e . )
(N .) ' S Y S T O L E , f. f. Poéfie grèque &
latine. Prétendue figure ou licence poétique, par
laquelle , dit-on, d’une fyllabe longué on en fait
une brève. De là le nom de Syftole, en grec Sv5*oA»!,
Contractio : RR. <n)» , cum, dont on fupprime v
final, & s-gAAw , niitto ; parce qu’on prononce deux
temps en un.
On cite en exemple ce vers de Virgile ( Bel. jv ,
6 1 ) :
Matri longa decem tulèrunt fa ftidia menfes ;
ou ces deux autres du même poète (Æ n . j , 4 ? ;
Unius ob noxam & fur ia s A ja c is O'ileif
Un îus in miferi exitium converfa tulerè.
Mais, comme le remarque l ’auteur de la Méthode
latine de Port - R o y a l, » il paroît que la
» pénultième de la troifième perfonne du prétérit
» en erunt étoit autrefois brève , ou au moins
» commune, furtout aux verbes de la troifième;
» & que l ’on pouvoit dire lepërimt, de même que
» legërant, legerent, legerint, leg&ro , &c ; cette
» analogie étant particulièrement fondée fur 1 e
» fuivi d’un r . . . Auffi Virgile rie fait point de
» difficulté d’en ufer de la forte . . . & les autres
'» poèfes en ont ufé de même ». CependantVirgile,
dans le troifième vers que l’on vient de citer, dit
tuVère, ayant dit au premier tulcrunt, qui eft le
même mot.
Pour-ce qui eft d’^n/wj, dont V irgile fait ici là
fécondé brève , ainfi que Catulle avant lui dans ce
vers ,
Omnes unïus oeftimemus ajfis ;
Virgile lui - même la fait longue dans ce vers
( Æ n .jy 2*5 ) ;
Naribus ( infandum) ami [fis unïus ob iram :
ce qui prouve affez que dès lors cette fyllabe étoit
commune , comme nous la jugeons aujourdhui.
( M . B e A U Z É E . )
T
* T, f. m. Grammaire. C ’eft la vingtième lettre,
& la feizième confonne de notre alphabet. Nous
le nommons té par un é fermé ; i l vaudroit mieux
la nommer te par Ve muet.
La confonne correfpondante chez les grec
eft t ou *1, & ils la nomment tau : fi elle eft jointe
à une afpiration , ce qui eft l’équivalent de th ,
c’eft ô ou S».; & ils l ’appellent thêta, expreffïon
abrégée, de tau êtha , parce qu’anciennement ils
exprimoient la même chofe par m. Voye\ H.
Les hébreux expriment la même articulation
par ü , qu’ils nomment teth; A t t afpiré ou th
par x i, qu’ils appellent thau ; & le t accompagné
d’un fifflement ou ts par y, à quoi ils donnent le
nom de tsade.
La lettre t repréfente une articulation linguale ,
dentale , & forte , dont la foible eft de [ Voye-,£ Linguale ). Comme linguale , elle eft commuable
ayec toutes les autres articulations de même organe:
T
comme dentale , elle fe change plus aifément &
plus fréquemment avec les autres articulations linguales
produites par le même méchanifme ; mais
elle a avec fa foible d la plus grande affinité pof-
fible. De là vient qu’on la trouve {ouvent employée
pour d 'c hez les Anciens, qui ont ditf e t s
aput , quot, haut^ pour J ed, apud, quod, fiaud;
8c au contraire adque pour atque. . ,
Cette dernière propriété eft la çaufé de la manière
dont nous prononçons le d final, quand le
mot fuivant commence par une voyelle ou par
un h afpiré ; nous changeons d en t , & nous prononçons
grand exemple , grand homme, comme
s’il y avoit grant exemple, grant homme. Ce
n’eft pas àbfolument la néceflîté du méchanifme
qui nous conduit à ce changement ; c’eft le befoin
de la netteté : fi l ’on prononçoit foiblement le d
de grand écuyer comme celui de grande écurie, la
diftin&ion des genres ne feroit plus marquée par la
prononciation.
Q q q i