
toutes les chofes de ce monde, & emporte - par
le fait la Renonciation à tous les droits de propriété
^ue 1 on pouvoit avoir avant la prononciation
des voeux. Hoye\ A bandonnement, A bdic
a tio n , Renonciation, D émission, D ésistement
, Synpn. ( M . B E A U Z É E . )
( N . ) RÉPÉTITION , f. f. Emploi réitéré des
mêmes mots. Il faut diftinguer dans l'Élocution
deux fortes de Répétitions ; lune fîmple, & l ’autre
figurée.
§• I- La Répétition fimple eft celle qui eft.
amenée bien ou .mal par les vues, de la Syntaxe •
on peut donc , dans, ce genre, faire des Répétitions
néceflaires ou des Répétitions vicieufes.
I. La Répétition fimple eft nécelfaire , ou pour
la correction , ou pour la netteté de l ’Élocution.
- j\ Voici les principales circonftances où la correction
exige la Répétition fimple.
i° . Lorlque, dans des membres femblables , le
même verbe ou des verbes différents font mis à
des temps différents avec relation a un même complément
; il faut répéter le fujet commun à tous
ees vèrbes , fi c’eft un pronom, ou l'article dé-
monftratif conjonCtif qui , ou l ’un des noms géné-
; aux on , rien. Je foutiens & je foutfindrai toujours
. . . . . L'on a toujours penfé & l ’on penfe
encore avec raifon..........Nous avons dit & nous
allons prouver, qu’ i l n’y a point dé véritable
bonheur fa n s la vertu. Ceux qui ont écouté
& qui obfervent la parole de Dieu. Rien n'a
touché & rien ne toucherajdm ai s fon coeur impitoyable.
i° . On répète les pronoms des deux premières
perfonnes devant des verbes différents qui ont dès
compléments différents , quoique ces verbes foient
au même temps. Vous aimere\ vos ennemis, vous
bénire\ ceux qui vous maudiffcnt, vous fere\ du
bien à ceux qui vous perfécutènt, vous priere^
pour ceux qui vous calomnient.
-3?. C ’eft la même chofe du fujet qui dans les
mêmes circonftances. Ceux qui écoutent la parole
de Dieu , qui en méditent les oracles facrés , qui
foüffrent avec jo ie les tribulations ■ où. ils font
expofes..
,4°. Dans les circonftances mêmes où l ’on ne
répèteroit pas les fujets pronoms , parce que les
.verbes feroient tous employés ou fans négation ou
avec négation ; il. faut les répéter , fi l'un des
verbes a une négation & que l'autre n’en ait point.
I l efl défendu aux ju i f s de travailler le jour du
fabat ; ils n allument point de fe u & ne p'orpent
point d’eau , ils J ont comme enchaînés dans leur
repos.
5®. Cette Répétition eft encore nécêffaire dans
les proportions liées périodiquement par toijt autre
moyen que les conjonctions copulativés. Éllè eft
Vraiment efli niable, pùifquelle efl fage & mo-
defte. On ne mérite point d’ être ejlimé, quand on
fie remplit pas fe s devoirs.
6 , On répète les pronoms en régime, do« vifage.
odieux m afflige & me pourfuit.
7°. On répète de même l ’article conjondif que,
fi les verbes dont il eft complément ont des fujets
differents, ou le même fujet défigné par un pronom
répété. Ç’efi un malheureux , que les remontrances
les plus affecîueufes n’ont point tou-
ché} que les menaces n’ont point ébranlé ,* que
rien n a jamais pu arrêter, ^que perfonne ne
ramener a jamais à fo n devoir. C ’eft une matière,
que j ’ai étudiée & aprofondie , que j ’éclaircis
actuellement, & que je mettrai dans un nouveau
jour.
8°. Si plufieurs noms font réunis pour former
un meme fujet ou un même complément total ; il
faut, ou qu ils foient tous fans article, ou que le
même article foit répété devant chacun d’eux. Sans
article : Prières, remontrances , commandements,
tout eft inutile : Le ventrenverfa tours, cabanes,
p a la is , églifes: Avec l’article répété : Les prié-
res, les remontrances, les commandements, tout
efl inutile : Le vent renverfa les tours , les ca—
bannes , les palais , les églifes : Ses goûts , fe r
travaux, fe s plaijirs * tout efl réglé : Çéfar
tourna toutes fè s forces & toutes fe s penfée s contre.
Ambiorix.
P0- On répète auflî avec chaque verbe l ’article
indicatif le, la , les , qui rappelle l'idée du com-
plément : Je veux les voir, lesprier, les prejfer,
les importuner, les fléchir.
Corneille ( Le C id , I. i i j .) avoit dit , Je Iç
crains & fouhaite : & l'Académie, dans fe’s Sentiments
fu r le Cl D , s’explique ainfi : » L ’ufage
» veut que l’on répète l’article le ; d’autant plu?
» que les deux verbes font de lignification fort di£-
» rerente , & qu’autrement , le mot de fouhaite ,
» fans l'article, fait attendre quelquf phofe en-
» fuite ».
io°. Il faut répéter le verbe , quand l'un des
deux membres eft pofitif, & l ’autre négatif. I l ne
S3agit point de lui enfeigner les fciences : mais
i l s’agit de lui donner du goût, & des méthodes
pour les aprendre quand ce goût fera mieux dèr
velopé. Ce feroit une incorieélion , de fupprimer i l
s ’ agit dans le fécond membre ; ce feroit ce que da
Marfais appelle une difconvenance. Voye\ Disconvenance.
n ° ._O n répète le verbe , quand il a le fens
actif dans un membre & le fens paffif dans ua
autre :. I ls fo n t rien.écrit qui ne méritât d'être
écrit ; & l'abbé Fleury a été incorreét quand1 il a
dit , I ls n’ont rien écrit qui ne méritât de l ’être„
Beaucoup d’écrivains tombent par inattention ,
peut-être même par imitation, dans cette efpèce
de faute ; mais, les exemples .ne peuvent jamaispréf-t
cri ré contre la raifon.
i l 0'. Si le verbe a , pour compléments, un pronom
qui. doit le^flprécéder & un nom qui doit le
fiuvre , i l faut répéter le verbe avec chacun dçs
compléments ;
compléments : on ne doit point dire , Nous vous
déclarons & en même temps a^ toute la ^ terre ;
mais on doit dire , Nous vous déclarons , & nous
déclarons en même temps a toutela terre•
12°. S i, avec de pareils compléments dans une
phrafe comparative, le mot qui énonce la com-
paraifon n’ eft pas immédiatement avant le que def-
tiné à lier les termes comparés ; il faut répéter
le verbe dans chacun des deux membres. On diroit
donc bien , fans répéter le verbe, Les vrais chrétiens
aiment leur prochain autant qu eux-
mêmes ; mais il faut dire , en répétant le verbe ;
Les vrais chrétiens aiment auflî flncèrement leur
prochain qu’ ils s’ aiment eux-mêmes.
• 14*. Lorfque , pour un même raifonnement, on
fait plufieurs fuppofitions confécutives qui doivent
avoir le même verbe; il faut, dans chaque fup-
pofition , le répéter avec tout ce qui de part &
a autre eft commun à ce verbe. Un prince qui
aprenoit à jouer des inftruments , ayant touché
une corde pour une autre, trouva mauvais que
fo n maître Ven reprît : Si c’eft comme ro i, Lui
dit le maître, vous ave\ raifon ; fi c’eft comme mufle
ien , vous faite s mal.
15 ®. Il eft nécelfaire de répéter les mots qui
déterminent les fens graduels des adjectifs ou des
adverbes, comme p eu , trop, f i , a uflî, très,
p lu s y moins , &c. Pour ôfer écrire fu r une matière
aufti fine & aufli délicate que la langue ,
i l fa u t avoir l ’efprit trzs-jufle Ù très'- cultivé ;
autrement, Von ne peut avoir qu’un fuccès peu
brillant & pen folide , & le filence feroit un parti
plus sûr & plus honnête.
16°. Si les mots p lu s , moins, mieux , modifiant
des adjeétifs ou des adverbes, doivent être
précédés de l’article indicatif ou d’un article pof-
fefiïf ; il faut répéter l ’article autant de fois que
ces mots. C’efl la plus inexcufable & la plus in-
fupportable de fe s fautes : Mon plus cher & mon
plus fidèle ami.
17°. Vaugelas étoit d’avis ( Rem. f 8 ) qu’on
ne répétât pas les prépofitions devant les mots fy-
uonymesou équipollents, & que l’on dît, par exemple
, Par les rufes & les artifices de mes ennemis
, pour le bien & l ’honneur de fon maître :
hors de là il vouloit que.la prépofition fût répétée
devant chaque complément, & que l ’on dît, Pour
le bien & pour le mal de fon maître, Par les
rufes & par les armes de mes ennemis. Mais
l ’Académie , dans fon Obfervation fur cette Remarque,
déclare qu’on doit dire également, Pour
le bien & pour Vbonheur de fon maître; & que
quelques académiciens n’ont pas même blâmé , Par
les rufes & par les artifices de mes ennemis.
Cette, autorité doit décider fans retour pour l’ana-
logie , qui ,, en établiffant des règles générales &
fans exception , tend à fixer l ’ufage de notre langue
$c en favorife la propagation. Difons donc hardiment,
qu’il eft plus cotre61 de répéter les pré-
GllAMM. ET L lTTÉRA T. Tom I I P
pofitions devant chaque complément ; & qu’il n’y
a que des raifons d euphonie qui puiffent , dans
certains cas, en autorifer la fuppreffion : car ini-
petratum efl à confuetudine utpeccare fuavitatis
causâ liceret. Mais la mefure même du vers ne
feroit pas toujours une juftification fuffifante de cette
fuppreffion; & je crois répréhenûble ce vers de Th*
Corneille ( Ariane , III. j )}
Il dépendoit de moi de parler ou me taire ;
i l falloit en rigueur, de parler ou de me taire•
ij. Il eft d autres Répétitions néceffaires à la
netteté de l ’Élocution.
i° . Si un membre de phrafe devient fi long ,
que le raport grammatical des mots qui le commencent
à ceux qui fuivent ne foit plus affez fen-
fible; il faut répéter les premiers mots de ce membre
immédiatement avant ceux auxquels ils fe ra-
portent,. Exemple ( de Bouhours) : Sans cet homme
audacieux , qui s ’abandonna le premier à la
merci des flo ts , & qui ne craignit ni les tempêtes
, ni les écueils, ni les monflres de la mer;
fans cet homme, dis-je, à qui Horace donne un
coeur de bronze, on n auroitpas la commodité,
&c. Autre exemple ( de l ’abbé Mallet ) : Ces grecs ,
que les romains Ont afleclé de nous reprefenter.
comme des hommes vains , légers , inconflants ,
& tellement amis des bagatelles, qu’à ce portrait
on les prendrait volontiers pour des petits-
maîtres ; ces mêmes grecs étoient dans le vrai
des gens férieux & fenfés , capables de chercher, .
de découvrir, d’aprofondir, & d’envifager f ix e ment
une vérité.
2,0. Si plufieurs propofîtions font fubordonnées
à un. verbe principal au moyen d’un que , il faut
répéter ce que à la tête de chacune de ces propofitions.
Exemple (deFléchier ) : N ’ attende^ pas,
Meflîeurs , que j ’ouvre ici une fcène tragique;
que j e repréfente ce grand homme étendu fu r fe s
propres trophées ; que je découvre ce corps pâle
& fanglant, auprès duquel fume encore la foudre
qui l ’afrapé; que j e fa jfe crier fon fa n g comme
celui d’A b e l; 6* que j ’expofe à vos ieux l ’image
de la Religion & de la Patrie éplorée.
On ne doit donc pas dire comme Th. Corneille
{A r ia n e , 1V . i i j ) ;
Soit qu’ on fe trompe ou réuflifie au choix :
ildevoit dire ; fo it qu’o/z f e trompe ou qu’o« reufllfle
au choix.
30. Quelquefois il ne fuffit pas de répéter le que
pour éviter l ’obfcurité > parce qu’il y a. d’autres
compléments du verbe principal qui font perdre de
vue les raports précis de chaque membre : alors il
faut, s’il eft poflihle , changer l ’ordre des compléments
, & répéter à chaque membre le verbe principal
; à moins qu’on n’ aime mieux fe contenter d’en
rappeler le fens, en employant d’autres cxprefiîons
qui en aprochent.^