
pag. 4 4 5 ) ,» ne mettent jamais de Virgule avant
» la conjonction & , même dans rénumération ;
» en quoi on ne doit pas les imiter, du moins
». dans la dernière circonftance : car tous les ënu -
» mératifs ont droit de diftinétion , & l ’un n'en
» a pas plus que l ’autre. La Virgule eft alors-
» d’autant plus néçéffaire avant la conjonction',
» qu’elle y fer îv a. faire connaître que c e l le - c i
» emporte là une idée de clôture, par laquelle.
» elle indique la fin de l ’énumération ; & cette
» Virgule y fert de plus à montrer que le dernier
» membre n’a pas , avec celui qui le précède im-
» médiatement, une liaifon plus étroite qu’avec
» les autres. Ainfi , la raifon qui fait diftinguer
» le fécond du premier , fait également diftinguer
« le troifième du fécond, & fucceflivement tous
» ceux dont l ’énumération eft compofée : il faut
» donc que la Virgule fe trouve entre chaque énu-
» mératif fans exception ». J’ajouterai que , fi
les parties de l’énumération doivent être • féparées
par une Ponctuation plus forte que la -Virgule ,
pour quelqu’une des caufes que l’on verra par la
fuite, cette Ponctuation forte doit refter la même
avant la conjonction qui amène la dernière partie.
Iï. D u Point avec une Virgule. Lorfque les
parties principales dans lefquelles une propofition
eft d’abord partagée , font foudivifées en parties
fiibalternes ; les parties fubalternes doivent être
féparées entre elles par une fimple Virgule , &
les parties, principales par un Point 8c une Vir-
g ule-
On ne doit rompre l ’unité de la propofition
entière que le moins qu’il eft polïible ; mais on
doit encore préférer la netteté de l’énonciation
orale ou écrite , à la repréfentation trop fcrupu-
leufe de l ’unité du .feus total , laquelle , après
tout , fe fait affez connoître par l’enfemble de la
phrafe, & dont l ’idée fubfifte toujours , tant qu’on
ne la détruit pas. par des repos trop confidéra-
ràbles ou par des Ponctuations trop fortes.: or,
la netteté de l ’énonciation exige que la fubordi-
jiation refpe&ivé dés fens partiels y fdit rendue
fenfible, ce qui ne peut fe faire que par la différence
marquée dès repos & des caractères .qui les
repréfentent.
S’il n’y a donc dans un fens total que deux
divifions .fubordonnées, il ne faut employer que
deux efpèces de Ponctuations , parce qu’on ne
doit pas employer plus de lignes qu’il n’y a de
chofes à fignifier : il faut y employer la Virgule
our l’une des deux divifions, & un Point avec une
Virgule pour l ’autre, ; parce que -ce font les deux
Ponctuations les moins fortes , & qu’il ne faut
rompre que le moins qu’il eft polfible l ’unité du
fens total : le Point avec une Virgule, doit
diftinguer entre elles les parties principales ou de
la première divifion , & la fimple Virgule doit
diftinguer les parties fubalternes ou de la foudi-
vifion; parce que les parties fubalternes ont une
gftinité plus intime entre elles que les.parties principales,
& qu’elles doivent en conféquence être
moins défunies. Tels font les différents degrés de la
proportion requife dans l ’art de ponctuer. Paffons
aux cas particuliers.
i° . Lorfque les parties fimilaires d’une propo- •
fition compofée ou les membres d’une période ,
ont d’autres parties fubalternes diftinguées par la
Virgule , pour quelqu’une des raifons énoncées ci-
devant; ces parties fimilaires ou ces membres doivent
être féparés les uns des autres par un .Point & une
Virgule. Exemples :
Quelle penfe\-vous qu’ ait été f a douleur, de
quitter Rome , fans Vavoir réduite en cendres ;
d’y laijfer encore des citoyens , fa n s les avoir
paffés au f i l de Vépée ; de voir que nous lui
avons arraché'le fe r d’entre Les mains , avant
qu’ i l l’ ait teint de notre fa n g? ( I L Cat.ilinaiue ,
Trad. par l ’abbé d’Olivet. ) Les parties fimilaires,
diftinguées ici par un Point & une Virgule , font
des compléments déterminatifs du nom douleur.
Qu’un vieillard joue le rôle d’un jeune homme ,
lorjqu un jeune homme jouera le rôle d’un vieillard
1 que les décorations foient champêtres ,
quoique la fcène foie dans un palais ; que les
habillements ne répondent point à la dignité des
perfonnages ; toutes ces difcordances nous bief-
fer ont. ( Théor. des fent. chap. iij. ) C’eft ici l’idée
générale de difcordance préfentée fous trois afpeCts
différents , & le Tout’ forme le fujetUogique de
blefferont.
Quoique vous aye% de la. naijfance, que votre
mérite, fo it connu , & que vous ne manquiez
pas d’amis; vos projets ne réuffiront pourtant
point fa n s l ’aide de Plutus. ( L ’abbé Girard ,
tom. i l , pag- 460. ) G’eft une période de deux
membres , dont le premier eft féparé du fécond par
un Point & une Virgule, parce 'dp!! eft divifé en trois
parties fimilaires fubordonnées a là feule conjonction
quoique.
Comme l’un des caractères de la vraie religion
a toujours été d’dutorifer les princes de la
terre i aujji, par un retour de p ié té, que la recon-
noijfance même fembloit exiger, l ’un des devoirs
ejfenciels des princes de la terre, a toujours été
de maintenir & de défendre la vraie religion.
(Bourdâloue, Oraijbn de Henri de Bourbon y prince
de Condé, II. partie. ) C’eft une autre période de
deux membres féparés l ’un de l ’autre par un Point
& une Virgule , parce que le fécond eft féparé
par des Virgules en diverfes parties pour différentes
raifons : par un retour de p ié té , que la recon-
noijfance même fembloit exiger , fe trouve entre
deux Virgules par la cinquième, règle du premier
article , parce qu’il y a hyperbate ; cette même
phrafe eft coupée en deux par une autre Virgule,
fuivantla fixième règle,, parce que la propofition in-
. cidente eft explicative : il y a une Virgule après
l ’un des devoirs ejfenciels des princes Je la terre
par la cinquième règle , qui veut que l ’on aflïgnc
des repos, dans les propofitions trop longues pour
être énoncées de fuite avec aifance.
z°. Lorfque plufieurs propofitions incidentes font
accumulées fur le même antécédent, & que toutes
ou quelques-unes d’entre elles font foudivifées par'
des Virgules qui y marquent des repos ou des distinctions
; il faut les féparer les unes des autres par
un Point & une Virgule : fi elles font déterminatives,
la première tiendra immédiatement à l ’antécédent
fans aucune Ponctuation ; fi elles font
explicatives , la première fera féparée de l ’antécédent
par une Virgule, félon la fixième règle du premier
article.
Exemplej Politejfe noble, qui fa it approuver
fans fadeur, louer f i n s jaloujîe , railler fans
aigreur ; qui faifit les ridicules avec plus de
gaîté que de malice; qui jette de l ’agrément fu r
Les chofes les p lus férieufes , fo it par le fe l de
l’ ironie , fo it par la finejfe de L’expreffion ; qui
pajfe légèrement du grave à V enjoué y fa it fe faire
entendre en fe fe fant deviner, montre de l ’efprit
fans eh chercher, & donne à des fentiments vertueux
te ton & les douleurs d’une jo ie douce.
{ Theor. des fent. chap. v. ) Ce font ici des propofitions
incidentes explicatives ; 8c c’eft pour cela
qu’il, y a une Virgule après l ’antécédent, politejfe
noble. Si au contraire on difoit, par exemple ,
Eudoxe eft un homme qui fa it approuver .y &c;
comme les mêmes propofitions incidentes deviendraient
déterminatives de l ’antécédent homme, on
ne mettrait point de Virgule entre cet antécédent & la
première incidente ; mais la Ponctuation refteroit
la même partout ailleurs.
3°; Dans le ftyle coupé, fi quelqu’une des pro-
P.°^.ons ^ ackées qui forment le fens tota l, eft
divifée, par quelque caufe que ce fo it , en parties
fubalternes diftinguées par desVirgules ; il faut féparer
par un P oint & une Virgule les pïopofitions partielles
du fens total.
Exemples : Cette perfuajion, fa n s l ’évidence
qui l accompagne , n’auroit p as été f i ferme &
f i durable ,* elle n’auroit pas aquis de nouvelles
forces en vieUlijfant ; elle n’auroit pu réfifier au
torrent des années , & pajfer de jiècle en fiècle
jufqu’ à nous. ( P en fée de Cic. par l ’abbé d’Olivet. j
Cicéron parle ici de la perfuafîon de l ’exiftence de
quelque divinité , aliquod numen proefianùffimce
mentis. (Nat. deor. I I . a .)
4* Dans l ’épumérarion de plufieurs chofes opposes
ou feulement différentes,. que l ’ on compare deux
a deux ; i l faut féparer les uns. des autres, par un
Point & une Virgule, les membres de l ’énumération
qui renferment une çom.paraifon ; & par une fimple
Virgule, les parties fubalternes de ces membres comparatifs.,
Exemples :
Nec erit alid Romeo , alla Athenis ; alla
nttnc, alla pofthac. ( Cioer. frag. lib. u t , de
f i p i
(•RAMM. e t Lit t é RAX, Tome 111.
L ’abbé d’Olivet rend ainfi cette penfée avec les
mêmes lignes dediftinétion : Elle n’ efipoint autre à
Rome y autre à Athènes ; autre aujourdhui, <5*
autre demain.
En général, dans toute énumération dont les principaux
articles font fubdivifés , pour quelque raifon
que ce puiffe être, il faut diftinguer les parties
fubalternes par la Virgule, & les articles principaux
par un Point & une Virgule. Exemple :
Là brillent d’un éclat immortel les vertus politiques
y morales , & chrétiennes des le Telliers,
des Lamoignons, & des Montaufiers ; là. les
reines , les princejfes , les héro'ines chrétiennes,
reçoivent une couronne de Louange qui ne périra, jam ais ; là Turenne paroît aujji grand qu 'il
l ’étoit à la tête des armées & dans le fein de la
victoire. ( L ’abbé Colin , dans la Préface de fa traduc*
tion de 1* Orateur de Cicéron, parle ainfi des Oraifons
funèbres de Fléchier. )
III. D e s deux Points. L a même proportion qui
règle l’ emploi refpeélif de la Virgule & du Point
avec une Virgule , lorfqu’ii y a divifion & foudi-
viûon de fens partiels, doit encore décider de l ’ufage
des deux Points, pour les cas oïlil y a trois divifions
fubordonnées les unes aux autres. Ainfi,
i° . Si ce que les rhéteurs appellent la Protafe.
ou l’Apodofe d’une période , renferme plufieurs
propofitions foudivifées en parties fubalternes ; i l
faudra diftinguer ces parties fubalternes entre elles
par une Virgule , les propofitions intégrantes de la
Protafe ou de l ’Apodofe par un Point & une Virgule
, & les deux parties principales par les deux
Points. Exemples :
S i vous ne trouve^ aucune manière de gagner
honteufe , vous qui êtes d’un rang pour lequel
i l n’y en a point d’honnête ; f i tous les jours
c’efi quelque fourberie nouvelle , quelque traité
frauduleux , quelque tour de fripon , quelque vol ;
f i vous pille\ & les alliés & le tréfor public ; fi,
vous mandie\ des tejlaments qui vous foient f a vorables
y ou même f i vous en fabriquefljPtot&te ) r
dites-moiy fon t - ce là des fignes d’opulence oit
d’indigence ( Apodofe ) ( Penfées de Cicéron, par
l ’abbé d’Olivet ).
E t f i ea verturbatio eft omnium remm, ut fiu e
quemque fortunce maximé pæniteat; nemoque f i t
quih ubivis , quam ibi ubi efiy ejfe malit (Protafe), :
tqmen mihi dubium non efi quin hoc tempore, bono
viro y Romoe ejfe miferrimumfit (Apodofe. ) ( Cic.
A d Torquatum ).
3°. Si après une propofition qui a par elle-même
un fens complet & dont le tour ne donne pas lieu
d’attendre autre chofe, on ajoute une autre proposition
qui ferve d’explication ou d’extenfion à la
première ; i l faut féparer l’une de l ’autre , par une
Ponctuation plus forte d’un degré que celle qui
auroit diftingué les parties de l ’une ou de l’autre.
S i les deux propofitions iont fimples & fans