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conduite, des moeurs , le mot de Réglé dît autre
chofe que celui de Régulier. Une vie réglée peut
s entendre au phyfîque•& au moral : au phyfîque ,
ceft une vie aflujeiie à une règle fuggérée par
des viles de Tant é ou d'économie ; au moral, ceft
une vie extérieurement conforme aux règles de
Morale que le Monde même exige. Mais une vie
régulière eft conforme-/en tout aux principes delà
Morale & aux maximes de - la Religion. C ’eft à
peu près la même différence , en parlant de la conduite
& des moeurs.
On dit d’une femme qu’elle eft réglée, dans un
lens purement phyfîque , pour dire que le retour
périodique de les menftrues eft exaéL C’eft pourquoi
3 dans le fens moral, on dit qu’elle eft régulière
, pour dire qu’elle garde toutes les bien-
léances qu’exige la vertu 5 ce mot alors n’a aucun
trait à la Rel igion : » Ce n’eft pas une femme
» devote , dit Bôuhours ( Rem. nouv. tom. 1 ) ;
» Régulière dit moins que Dévote ; & les femmes
-» que nous appelons régulières .ne font la plupart
» que de vertueufes païennes, elles ont beaucoup
» de vertu & très-peu de dévotion ».
. ors ^e la Morale, ce qui eft -réglé étoit originairement
libre , & n’eft fournis à une règle que
par un choix libre ou par convention; c’eft ainfi
qu il faut l ’entendre d’une difpute réglée d’un
ordinaire réglé, d’un commerce réglé, d’un temps
régie y &c : ou bien il s’agit d’une -règle établie
par le fait, & dont i l eft difficile ou impoflible
de rendre raifbn, comme quand on parle d’une
fievre réglée. Mais tout ce qui eft régulier doit
conforme à la règle , & tend au vicieux dès
qu il s’y fouftrait ; tels font un bâtiment, un discours
, un poème , une conftruétion , une expref-
fion, une. procédure, &c. ( M. B e a u z é e . )
( N .) RÉG LEM ENT, RÉGULIÈREMENT.
Synonymes-
Quand on ne veut marquer que la perfévérance
a faire toujours de la même manière , çes deux
adverbes font fynonymes pour l ’ufage & fe prennent
indifféremment. l’un pour l ’autre. Ainfi , l ’on
peut dire d’un homme de cabinet , qu’i l étudie
réglément ou régulièrement huit heures par jour : j
que tous les jours il fe lève féglément ou régulièrement
à cinq heures : c’eft comme fi l ’on difoit
qu il s’en eft fait une règle , ou qu’il fe conforme à
la règle qu’i l s’en eft faite.
Quoiqu’on les employé ici indifféremment , ce
n’eft donc pas qu’ils ayent le même fens, c’eft que
les deux iens conviennent également à la même
perfonne : par le premier , on loue la fageffc
qu’elle a eue de fe faire une règle; par le fécond ,
fa perfévérance à s’y conformer. Réglément veut
donc dire , d’une manière égale, & qui femble fou-
mife a une réglé ; Régulièrement veut dire , d’une
manière conforme à une règle réelle, ou aux règles
en général.
R É G
Réglément indique de la précifîon, & fuppofe
de la fageffe & de l ’ordre ; Régulièrement défigne
de 1 attention , & fuppofe de la foumiffion & delà«
perfévérance.
Vivre réglément eft un moyen afîuré de ménager
tout à la fois fa bourfe & fa fanté. Vivie régulièrement
eft le moyen le plus efficace d’affiîrer fore
bonheur dans ce monde & dans l ’autre. ( M .B eAU-
z é e . ). . .
RÉGRESSION, f. f. Jé'oyey. ANTiMETAsdiBo-
R ÉG U L IER , E , adj.-.11 y a en Grammaire
des mots réguliers 8c des phrafes régulières.
Les mots déclinables font réguliers , lorfque la
fuite des terminaifons que l ’ufage leur a accordées ,,
eft femblable à la fuite des terminaifons correfpon-
dantes du paradigme commun à tous les mots de la
même efpèce ,■ nom, adjeéHf, ou verbe.
Les phrafes font régulières , lorfque les parties
-en font ehoifies & ordonnées conformément aux
procèdes autorifes par l ’ufage de la langue dans les
cas femblables. ( yoye\ Anomal , Irrégulier
H étéroclite, Paradigme, Phrase, Proposition
, &c. ( M. B ea u zë eé )
f N. ) RELÂCHE , RELÂCHEMENT. Syn*
Le Relâche eft une ceffation de travail ; on en'
prend quand on eft las , il fert â réparer les forces.-
Le Relâchement eft une ceffation d’âuftérité ou de
zèle ; on y tombe quand la ferveur diminue , il
peut mener-au dérèglement ou à une inattention coupable.
L ’homme infatigable travaille fans Relâche*
L ’homme exaét remplit fon devoir fans Relâchement.
(Uabbé G i r a r d . )
Ces deux mots défignent l’interruption ,. l’inter-
mifîion , la difeontinuation d’un premier état: mais-
quelques idées acceffoires ajoutées ace premier fonds,
la fynonymie difparoît.
Relâche fe prend toujours en bonne part ; c’eft
la difeontinuation ou la fufpenfîpti de quelque
exercice pénible, foit pour le corps foi t pour l ’efL
prit. Relâchement , employé feu l, fe prend fou-
vent en mauvaife part ; c’eft la diminution de l ’activité
dans le travail ou dans quelque exercice, ow
de la régularité dans ce qui concerne les moeurs ou
la piété.
Il eft néceffaire que par intervalles l ’efprit & le
corps prennent du R e lâ c h e il fert à ranimer les
forces. En fait de moeurs & de difeipline, le moindre
Relâchement eft dangereux ; il fait mieux fentir
le poids de la règle, & ne manque guère de la rendre
pdieufe.
L e Relâche eft un foulagément qui prépare
à de nouveaux travaux. Le Relâchement dans
ce qui concerne la piété, la difeipline , ou les
moeurs , eft une infraction qui en amène d’autres
& conduit) au défordre. Mais par raport au travail,
le Relâchement ne tire pas toujours à fi grande
R E L
«OTfêqnence; & l ’on peut fe le permettre quelque,
fois jufqu’à certain point, quand on n a pas le loifir
de fe donner entièrement Relâche- ( M- B eAU-
Z É E - )
R E L A T I F , V E , adj. Grammaire. Qui a
relation ou raport à quelque chofe , ou qui fert
à l ’expreffion-de quelque raport. Re latif vient du
fupin relatum \ raporter ) , & la terrainaifon i f y
ive (enlatin ivus ) , vient de juvare ( aider
ainfi , R e la t if fignifie littéralement qui aide à
raporter ou qui fert aux raports. L ’oppofé de
R e la t if t&AbfolUy formé d’abfolutus > qui veut
dire folutus ab ,* comme fi l ’on vouloit dire fo -
lutus ab omni vinculo relationis: Les grammairiens
font du terme de R e la t if tant d’ufages fi différents
, qu’ils feroient peut-être fagement de réformer
là-deffus leur langage.
I. On appelle r elatif y tout mot qui exprime une
relation à un terme conféquent dont il fait abf-
traéfcion ; en forte que , fi l’on emploie un mot de-
cette efpèce fans y joindre l ’expreftion d’un terme
conféquent déterminé , c’eft pour préfenter à l ’efprit
l ’idée générale de la relation , indépendamment
de toute application â "quelque terme conféquent
que ce puifte être; file mot relatif ne peut ou
me doit être envifagé qu’avec application à un terme
conféquent déterminé , alors ce mot feul ne préfente
qu’un fens fufpendu & incomplet, lequel ne fatisfait
l ’efprit que quand 011 y a ajouté le complément.
Il y a des mots de plufieurs efpèces qui font
relatifs en ce fens ; lavoir des oom's, des adjectifs
* des verbes, des adverbes , & des prépofî-
tions.
î °. Il y a des noms relatifs qui préfentent â
l’ efprit des êtres déterminés par la nature de certaines
relations, & il y en a de deux fortes;; les uns
font Amplement relatifs , & les autres le font réciproquement.
Qu’i l me foit permis , pour me faire entendre ,
d’emprunter le langage des mathématiciens. A
8c B font deux grandeurs comparées fous un point
de vue ; B & A font les mêmes, grandeurs comparées
fous un autre afpeCt : fi A 8c B font des
f randeurs inégales , le raport de A à B n’eft pas
e même que celui de B à A ; cependant un des
deux raports étant une fois fixé, l’autre par là
même eft déterminé: fi A y par exemple, contient
B quatre fois , l ’expofant du raport de A à B
eft 4 ; mais 4 n’eft pas l’expofant du raport de B
à A y parce que B n,e 'contient pas réciproquement
A quatre fois ; au contraire B eft contenu dans A
quatre fois , il en eft le quart, & c’eft pourquoi
Texp'ofant de ce fécond raport, au lieu, d’être 4 ,
eft \ ; ce qui eft analogue , fans être identique. Si
A 8c B font des grandeurs égales , le raport de A
à B eft le même que celui de B à A ; A contient
une fois B , & réciproquement B contient
R E L '2 $ p ;
une fois A\s & 1 eft toujours l’expofant du raport
de ces deux grandeurs fous chacune des deux combinaifons.'
1
: C’eft la même chofe de tous les raports imaginables
; tous fuppofent deux termes, & ces deux
termes peuvent être vus fous deux combinaifons.
Il peut arriver que le raport du premier terme au
fécond ne foit pas le même que celui du fécond au
premier, quoiqu’il le détermine ; & il peut arriver
que le raport des deux termes foit le même fous les
deux combinaifons. Cela pofé ,
J’appelle noms réciproquement relatifs , ceux
qui déterminent les êtres par l’idée d’un raport qui
eft toujours le mênra fous chacune des deux combinaifons
des termes® comme frère y collègue \
coufirt y &c : car fi Pierre eft frère y ou coufin , ou
collègue de P a u l, i l eft vrai au (fi que Paul eft
réciproquement frère , ou coufin, ou collègue de-
Pierre,
J’appelle noms Amplement relatifs , ceux qui
déterminent les êtres par l’idée d’un raport, qui
n’ eft tel que fous une feule, des deux combinaifons ;
de forte que le raport qui fe trouve fous l ’autre
combinaifon eft différent, & s’exprime par un autre
nom : ces deux noms, en ce cas, font corrélatifs
l ’un de l ’autre. Par exemple, fi Pierre eft le père ,
ou Y oncle y ouïe roi, ou le maîtrey ou le précepteur,
ou le tuteur y &c , de Paul ; cela n’eft pas réciproque
, mais Paul eft par corrélation le fils , ou le
neveu , ou le fujety ou Yefclave, ou le difcipUy ou
le pupille y Scc, de Pierre : ainfi , père & f ils „
oncle 8c neveu , roi & fu j e t , maître 8c efclave,
précepteur 8c difciple, tuteur 8cpupille , & c , font
corrélatifs entre eux, & chacun d’eux eft Amplement
relatifz°.
Quelques adjeéfifs font relatifs ,* & ce font
ceux qui défignent l’idée précife de quelque relation
générale, corn m« utile , néceffaire , onéreux , égal,
inégal, femblable , dijfemblabié , avantageux 9
nuifible, 8cc.
Il eft évident qu’en grec & en latin les adjeétifs
comparatifs font par là même relatifs, quand même
l ’adjeéfcif pofitif ne le feroit pas, comme loquacior,
j fapientior , facundior, & c , ainfi que leurs cor-
refpondants grecs AaAis-fpoî, o-oynrtpos, tvypccJ'trtfas.-
Si le pofitif eft lui-même relatif y le comparatif
l’eft doublement, parce que toute comparaifon en-
vifage effenciellement un raport entre les deux
termes comparés; ainfi , on peut dire d’une première
maifon, qu’elle eft femblable à une fécondé
(fim ilis SJ, voilà un pofitif relatif ; mais une troi-
fième peut être plus femblable à la fécondé que
ne i ’eft la première ( fitnilior ) , voilà un adjeélif
doublement relatif i° . il défigne par la reffemblance
â la fécondé maifon , 20. par lafupériorité de cette
reffemblance fur la reffemblance de la première
maifon. Nous n’avons en françois que quelques
adjectifs comparatifs exprimés en un feul mot ,
p ir e , moindre, meilleur, fupérieur, • inférieur -,
I P P *